vendredi 30 septembre 2011

Tous derrière et lui devant.

Vous vous souvenez de la jolie chanson de Georges Brassens, "Le petit cheval blanc" ? Elle se termine par ces mots : "Tous derrière et lui devant". Je me suis mis ce matin à la fredonner, en lisant le Courrier Picard. Pourquoi cette humeur guillerette ? Parce qu'en tombant sur la rubrique "Sous la plume de Maurice" (page 9), j'apprends que Freddy Grzeziczak est habile à "se glisser sur les photos susceptibles de paraître dans un journal local". Plus fort, beaucoup plus fort : être derrière Nicolas Dupont-Aignan de passage sur Canal+. Il paraît que Jérôme Lavrilleux dispose du même savoir faire, en fond cette fois-ci de Jean-François Copé. Le Courrier Picard avait déjà taclé Stéphane Lepoudère dans son édition du 23 septembre, en signalant sa propension à figurer (au sens propre du terme) derrière Xavier Bertrand.

A vrai dire, rien de bien méchant, juste un peu amusant : il est courant de voir, à la télévision, des personnalités interviewées et des anonymes s'agglutiner derrière, dans le but évident d'être vus à la télé. Pourquoi pas, mais personnellement, je n'aime pas : jouer les figurants, les seconds rôles, les faire valoir, les muets du sérail, les serviteurs attentionnés, les plantes vertes, non merci, ce n'est pas mon genre, et je ne suis pas loin de penser que ça fait légèrement mauvais genre que se poster de cette façon derrière un grand ou un demi-grand de ce monde.

Attention : vouloir avoir sa photo dans le journal est parfaitement légitime, et même recommandé, quand on est un personnage public, homme politique ou responsable quelconque. Mais il faut pour cela avoir quelque chose à dire ou à faire qui mérite qu'on en parle, qui ait quelque importance. Pour ma part, j'use systématiquement de la communication, et je regrette que la gauche locale ne suive pas mon exemple. Après, les journalistes sont libres de prendre ou de laisser. C'est leur métier de discerner ce qui fait partie ou non de l'actualité. Mais montrer ma tête par dessus l'épaule de qui que ce soit (même DSK !), non je ne le conçois pas.

En même temps, j'ai peut-être tort : "Tous derrière et lui devant", n'est-ce pas la loi universelle de la politique ? Faire allégeance à quelqu'un, plus puissant que soi, le lui faire savoir et l'afficher aux yeux de tous, en manifestant physiquement son soutien, sa fidélité, voilà ce qu'exprime la fameuse photo du chef écouté, regardé, respecté, admiré par ses partisans. Lui a besoin d'eux pour conserver son rang, eux ont besoin de lui pour espérer accéder un jour à ce rang.

Dans ce système, chacun est l'obligé d'un autre et le chef de quelqu'un, dans une sorte de mise en abîme : le chef a un chef qui a un chef etc ..., l'obligé a un obligé qui a un obligé etc ... C'est la file indienne, la queuleuleu, le je te tiens tu me tiens par la barbichette. Il n'y a donc pas servilité absolue et domination suprême, comme on pourrait le croire au premier abord. Pourquoi je ne rentre pas dans ce système, cette chaîne de solidarité ? Je ne sais pas, je ne suis pas né pour ça, ce n'est pas ma mentalité.

Au contraire, je me fais une autre et haute idée de l'engagement politique, qui est un service à la population. Pour moi, le comportement idéal serait celui d'un élu ou responsable ne se mettant pas en avant mais en arrière, poussant sur le devant de la scène et face à l'objectif des journalistes les anonymes dont le travail mérite cette mise à l'honneur. "Tous devant et lui derrière", oui ce serait beau, et certains le font.

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