samedi 10 septembre 2011

Ce n'est plus de l'utopie.

Hier soir, en arrivant au familistère Godin à Guise pour la réunion publique de François Hollande, j'ai d'abord eu une petite surprise : Claude et Thierry distribuant une brochure ... de Martine Aubry. Et pourtant, très vite et durant toute la soirée, j'ai eu cette forte impression : c'est François qui sera notre candidat, ce sera peut-être lui le prochain président de la République. Qu'est-ce qui me donne cette intuition ?

D'abord l'arrivée de François Hollande, entouré non pas d'une nuée de photographes et journalistes mais de conseillers généraux et militants, certains cherchant à l'approcher de très près, presque à le toucher. Cette scène ne trompe pas, je l'ai déjà vu : c'était il y a cinq ans, lorsque Ségolène est venue dans l'Aisne, autour de laquelle quasiment les mêmes reproduisaient ce ballet fébrile, à quelques mois seulement de sa désignation massive comme candidate socialiste à la présidentielle.

Il est évident qu'une dynamique identique porte aujourd'hui François Hollande. Il y a un instinct d'élu qui conduit à repérer au premier coup d'oeil celui qui sera élu, et ce sera François, du moins en tant que candidat de la gauche ; président, c'est une autre paire de manches, et l'intéressé en est parfaitement conscient : "Sarkozy est un mauvais président mais un bon candidat", a-t-il reconnu lucidement et honnêtement, en précisant, en réponse à une interpellation venue du public, que l'actuel chef de l'Etat n'avait pas tant été en 2007 le "candidat des riches" qu'aussi le "candidat des pauvres", et que tout le défi pour la gauche en 2012 était bien celui-là.

L'autre signe qui prouve que François Hollande a le vent pour lui, c'est l'importante et incroyable présence des aubryistes, y compris d'élus, à ce meeting en soutien à François Hollande, le fraternel rival. Visite de courtoisie ? Je ne crois guère à la courtoisie gratuite dans ce combat féroce qu'est la politique. On ne commet pas la maladresse d'aller remplir la salle de la concurrence, même quand il s'agit d'un bon camarade et surtout qu'aucune obligation protocolaire ne s'impose. Alors quoi ? La dynamique en faveur d'Hollande, je ne vois que ça : c'est celui qui va gagner, il mobilise donc, bien au-delà de ses partisans, il attire, comme l'aimant la limaille de fer.

Dans la journée, François Hollande a parcouru le Michelin du socialisme axonais : Soissons chez Day, Marle chez Daudigny, Hirson chez Thomas, in fine Guise chez Balligand. La politique, c'est simple comme une carte routière. Pour le reste, il suffit d'avoir de bons yeux et de grandes oreilles. Ainsi, hier, il y avait un absent de marque, poids lourd pourtant de la gauche départementale : René Dosière. A plusieurs reprises, on m'a demandé où les primaires se dérouleraient à Saint-Quentin, aucune indication ne figurant sur le blog de la section. Fastoche : à partir du 12 septembre, les bureaux seront mentionnés sur le site national dédié (tapez "primaires citoyennes").

Dans la salle du familistère (voir vignettes du précédent billet), la réunion a commencé par la présentation du spectacle Godin : Hollande et son aréopage d'élus ont donc pu se mirer en tridimension sur la scène du théâtre, au milieu de Rousseau, Fourier et Hugo. Puis le candidat a fait une allocution pas trop longue, percutante, construite et pleine d'humour. C'est ce que j'aime chez François et qui n'est pas permis à tous : on rit autant qu'on applaudit.

Le début a été consacré au problème de la dette et à sa résolution, ancrant le projet de François Hollande dans le réalisme et le sérieux. Il a ensuite été question d'éducation, après l'annonce à Soissons de ce qui marquera politiquement cette visite dans l'Aisne : la restitution à l'Education nationale, au long du prochain quinquennat, de tous les postes supprimés par Nicolas Sarkozy.

Enfin, Hollande a judicieusement rappelé quel était le critère de choix entre les six candidats aux primaires socialistes : non pas vraiment le projet, puisque celui-ci, adopté par le PS, est le même pour tous, mais la capacité à incarner une démarche présidentielle et à battre Nicolas Sarkozy. Hier soir, dans le palais social de Jean-Baptiste André Godin, ce n'était visiblement plus pour François Hollande une utopie.

Aucun commentaire: