samedi 10 septembre 2011

L'ami Farinet.

Pour ou contre Michel Farinet ? se demande L'Aisne Nouvelle dans son édition du week-end. Pour, je suis forcément pour, puisque Michel est un ami. Nous avons fait connaissance en 2007, au Forum des associations de Saint-Quentin, où je tenais le stand de Rencontre Citoy'Aisne. Citoyenneté, le concept a fait tilt dans sa tête. Nous avons discuté, et depuis nous ne nous sommes plus quittés, jusqu'à ce qu'il anime un café citoyen dans le cadre de l'association et devienne récemment, à la suite de Gérard Blanquart, le président du cercle Condorcet de l'Aisne, affilié à la Ligue de l'enseignement.

Pourtant, au départ, ce n'était pas évident. Michel n'était-il pas une star de Bide et musique, ce qui n'engageait pas à le prendre au sérieux ? Mais qui est vraiment sérieux dans cette vie ? Les mines graves ne sont pas non plus une garantie. Et puis, Bide et musique, ce n'est pas un déshonneur : j'y écoute fréquemment une autre star dans le genre, Jean-Claude Oki, interprète de l'immortel "Soleil", que tout le monde a injustement oublié mais qui a enchanté mon adolescente année 1977. Et je ne suis sûrement pas le seul ! Alors, Farinet, why not ?

Certes, un slameur de 70 piges, avec un polo à la Choron, une tête entre Bourvil et Henri Krasucki , on hésite un peu avant de faire bras dessus bras dessous. Mais Farinet, c'est aussi autre chose, un auteur de bouquins sur la démocratie directe, pas inintéressant du tout (combien de gens autour de nous sont capables de rédiger un livre ?). Et puis, il y a sa vie professionnelle : cadre dans une grande entreprise, syndicaliste à la CGC, siégeant à l'Assédic ...

Michel Farinet, c'est un personnage (il y en a si peu !), un type à la fois décalé, lunaire, une sorte de Zébulon ou de Nimbus, et un monsieur vous entretenant doctement et passionnément des institutions helvètes. C'est un mélange de modestie et d'audace, un timide qui attire à lui la lumière sans vraiment le vouloir.

Quand un quidam a refusé de serrer la main à Nicolas Sarkozy lors d'un mémorable salon de l'agriculture (ce qui lui a valu la réplique "casse-toi pauv'con"), le net s'est emballé, le buzz a fonctionné, la ressemblance trompeuse a fait à tort de Michel Farinet le rebelle du jour et la victime présidentielle. C'est mal le connaître : Michel est la courtoisie incarnée. En attendant, les médias se sont arrachés le citoyen saint-quentinois, qui a largement dépassé les quinze minutes de gloire d'Andy Warhol. Ruquier l'a appelé, Canal+ l'a sollicité. Et qu'a fait notre Michel local ? Il est resté bien tranquillement chez lui, refusant ces honneurs usurpés !

Pour comprendre la psychologie de Michel Farinet, il faut savoir qu'il a travaillé une bonne partie de sa vie dans le contentieux, allant parfois régler les problèmes à l'étranger. Les embrouilles et les emmerdes, il connaît. Et la façon de les démêler, de s'en sortir, aussi. C'est pourquoi son ton est imperturbablement diplomatique, son regard fixé sur l'interlocuteur, cherchant à le comprendre, à s'adapter à lui.

Si j'aime bien Michel Farinet, c'est qu'il est, envers et contre tout, y compris dans la fantaisie, la singularité, un homme libre, peu soucieux des convenances et des protocoles. Bien des protestataires gueulards et poseurs ne lui arrivent pas à la cheville. C'est un anticonformiste discret, tout en finesse. Ce qui ne signifie pas que j'adhère à ses analyses et propositions ! Son dada, la démocratie directe, n'est pas trop mon cheval de bataille. En bon républicain, la démocratie représentative me convient assez, et je me méfie de la tendance plébiscitaire, trop inscrite dans l'histoire française.

J'apprécie encore moins sa critique sévère et injuste de la classe politique, qui ne me semble pas de bon aloi. Enfin, sa façon de renvoyer dos-à-dos la gauche et la droite m'irrite. D'ailleurs, politiquement, où se situe Michel Farinet ? Je n'ai jamais très bien su. Une consolation : il brandissait le drapeau de son syndicat dans les dernières manifs pour les retraites ! Cet homme ne peut donc pas être mauvais ...

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