mardi 31 mai 2011

Et si c'était ça la politique ?

Rencontre cet après-midi avec madame Lamballais, directrice de l'Etablissement public de santé mentale départemental de l'Aisne (EPSMDA), sans doute plus connu sous le nom d'hôpital psychiatrique de Prémontré. Elle m'offre un café, dans une belle salle de réunion de ce bâtiment magnifique. C'est une directrice, cela se voit au premier coup d'oeil : stricte, précise, efficace. Elle le porte sur son visage et dans son allure. On dit que l'habit ne fait pas le moine, qu'il ne faut pas se fier aux apparences, etc. On a tort. Rigueur n'est pas raideur : madame Lamballais est par ailleurs une charmante femme.

Que fais-je donc, ce mardi après-midi, à l'intérieur de l'hôpital psychiatrique de Prémontré ? J'y suis présent en tant que président de la Ligue de l'enseignement, parce que des activités culturelles sont proposées dans l'établissement à ceux qu'on n'appelle plus les fous, les aliénés, les malades mentaux mais tout simplement les patients. Je ne vais pas vous faire un cours de philo sur "normalité et folie", mais admettez que les mots ont leur importance. Ce projet culturel, il me tient à coeur, je veux vous en parler :

Des ateliers d'expression artistique sont proposés, musique, théâtre, danse, peinture, dessin, photo, vidéo ... Une bibliothèque met à disposition 10 000 ouvrages. Des films sont programmés, des spectacles vivants (cirque, concerts, etc) sont organisés. Des sorties culturelles (musées, galeries d'art, ...) sont prévues. Ces activités s'ouvrent le plus souvent aux habitants de Prémontré et des environs, car l'hôpital n'est pas un ghetto. Je compte bien y faire, un de ces jours, quand j'aurai le temps, un café philo ou un ciné philo !

Et si c'était ça la politique, finalement ? Oh bien sûr, il n'y a aucun pouvoir, aucune gloire à tirer des activités ci-dessus évoquées. Mais la vraie politique, c'est peut-être autre chose que le pouvoir factice et la gloire éphémère : être utile, apporter, aider, surtout ceux qui en ont le plus besoin. La polis des grecs anciens, c'est la cité. Toute action citoyenne est politique. Je souhaite que ce nouveau blog vous parle de plus en plus de ces actions-là, plus précieuses à mes yeux et dans ma vie que bien d'autres.

Un grand merci, un coup de chapeau à Jean-Claude, Bernadette et Patricia qui font vivre le site de Prémontré.

L'argent, le pouvoir, le sexe.

Victoire de la morale, réaction du féminisme, c'est ainsi qu'on interprète le mouvement d'opinion, l'effet médiatique à l'issue des affaires DSK et Tron. Je crois plutôt que nous assistons à la troisième phase de normalisation de la société française sur les moeurs américaines : après l'argent, après le pouvoir, c'est au tour du sexe.

Je m'explique : au XXème siècle, le grand mouvement de civilisation, c'est l'hégémonie culturelle grandissante des Etats-Unis sur l'ensemble du monde, qui se fait sentir en France dans les années 50 et qui s'accélère à partir des années 60-70. En trois phases : d'abord, l'argent cesse chez nous d'être un tabou dès les années 80-90, alors que pendant longtemps le catholicisme puis le communisme l'avaient condamné (mais l'Amérique n'est ni catholique, ni communiste !).

Ensuite, c'est l'image et la pratique du pouvoir qui se sont transformées, américanisées, dans les années 2 000 : fini la conception monarchique et gaullienne ! Désormais, il n'est plus question que de transparence, compétence, gouvernance. Et surtout, l'homme politique veut ressembler à monsieur tout le monde, comme aux USA, où il n'y a pas véritablement de "gouvernement" au sens français mais une administration, où il n'y a pas de "ministres" mais des secrétaires, où l'Etat n'est pas national mais fédéral. Nous allons désormais en France vers ça.

L'argent, le pouvoir, il ne restait plus que le sexe : c'est fait désormais, nous sommes devenus une nation protestante, après 1 500 ans de catholicisme. L'affaire DSK doit être analysée non d'un point de vue psychologique ou politique mais théologique. Qu'est-ce que le protestantisme ? Une version démocratique du christianisme, une recherche de pureté et de perfection sur terre, l'obsession du mal, l'exigence de vérité, la prédominance de la morale.

Nous y sommes : quand nos hommes publics présentent leurs excuses à tout bout de champ (Guéant encore aujourd'hui), quand l'opinion réclame la vérité et recherche des responsables, quand le zéro défaut est exigé dans n'importe quel domaine, quand on voit le mal partout, quand les citoyens se transforment en justiciers, oui nous sommes devenus sans le savoir des protestants.

A la différence du catholicisme et surtout de l'orthodoxie, qui vénèrent les saints et pardonnent les turpitudes des simples humains, attendant le Royaume pour en goûter les délices, le protestantisme exige que les hommes soient des anges dès maintenant (je force un peu le trait mais il y a de ça). C'est ce qu'on appelle aussi le puritanisme, qui a d'ailleurs sa grandeur d'âme, tout comme le catholicisme, compromis souvent dans les affaires du monde, a ses ombres terribles.

Il faut relire Luther et Calvin pour comprendre ce qui arrive à Strauss et Tron. C'est une histoire des mentalités qu'il faut faire. En matière d'argent, de pouvoir et de sexe, nous sommes devenus américains. Je ne porte d'ailleurs pas de jugement, je ne sais pas si c'est bien ou mal, je vous livre une réflexion.

Zéro macho.

Il est beaucoup question ces temps-ci du machisme en politique, du sexisme au pouvoir. C'est sans doute un vrai débat et une insupportable réalité. Mais il faut aussi se garder de toute exagération. Par exemple, dans ma ville de Saint-Quentin, il y a zéro macho (je parle des lieux de pouvoir, pas de la population).

La preuve : le député de la circonscription est une femme, Pascale Gruny. Le conseiller général du centre ville, une autre femme, Colette Blériot. Le conseil régional de Picardie est représenté sur Saint-Quentin par pas moins de trois femmes ! Anne Ferreira (PS), Michèle Cahu (Verts) et Monique Ryo (Nouveau Centre). La directrice et le chef de cabinet du maire sont des femmes : Frédérique Macarez et Christelle Chabanne.

A gauche, le Parti socialiste a eu longtemps pour leader une femme, Odette Grzegrzulka, députée. C'est une autre femme, Anne Ferreira, qu'on annonce comme prochain chef de file. Aux élections cantonales, j'ai été évincé au profit d'une femme, Carole Berlemont. L'an prochain, aux élections législatives, c'est nécessairement une femme qui sera candidate socialiste puisque la circonscription leur est réservée.

Qui dira après ça que les femmes n'ont pas le pouvoir à Saint-Quentin ? J'aurais même tendance à penser que les hommes, surtout à gauche, sont desservis. Et quand on est homme, berrichon, philosophe et social-démocrate, on est carrément disqualifié !

lundi 30 mai 2011

Les impôts à la bourre.

Comme tout le monde, je m'y suis pris au dernier moment pour remplir ce soir ma déclaration fiscale 2010 et la déposer, en main propre, au centre des impôts. "Déclaration préremplie simplifiée", disent-ils, ce qui tranche avec l'idée que je me faisais, enfant, du remplissage de la fameuse feuille. J'entendais se plaindre de la complexité de l'opération : le casse-tête n'était pas tant de payer ses impôts que de rédiger sa déclaration de revenus.

Je n'ai jamais très bien compris cette légende, qui vaut certainement pour les gens fortunés obligés d'informer chaque rubrique et de se justifier. Mais depuis que je suis en âge de travailler et de payer des impôts, le rituel ne me prend que quelques minutes, et même quelques secondes depuis que les sommes sont d'avance indiquées. Je ne connais pas de tâche administrative qui soit aussi rapide.

En revanche, je ne lis jamais la "notice pour vous aider à remplir votre déclaration de revenus", qui fait vingt pages et qui vient embrouiller les quatre pages très limpides de la déclaration. Ce livret explicatif, dense, fouillis, complique tout. Ne le lisez pas, sinon vous n'y comprendrez plus rien.

A part ça, je n'ai jamais vu je crois de ma vie mes impôts baisser, confirmant ainsi l'adage de bon sens : tout augmente. Je ne m'en plains pas, je suis bon républicain, certain que mon argent est bien utilisé au profit de l'intérêt général. Et puis, payer des impôts, c'est la preuve qu'on gagne quand même un peu, ce dont personne ne devrait se désoler.

Ceci dit, ce soir, j'ai eu tort de m'y prendre tard. Certes, se rendre à pied, vers 22h00, jusqu'au 51 boulevard Roosevelt, en longeant le parc des Champs Elysées, c'est une promenade à la fois agréable, digestive, sportive et civique. On rencontre d'aussi bons citoyens que soi, leur enveloppe kraft au précieux document à la main, avec parfois en laisse le chien. On se croise d'un oeil complice.

Sauf que cette fois-ci, mauvaise surprise devant les grosses boîtes censées recueillir par trois fentes le courrier : elles étaient complètement bourrées, les entrées quasiment obstruées. J'ai dû plier et forcer pour introduire ma feuille, j'ai poussé les autres, j'y suis arrivé. Mais un monsieur avec une enveloppe beaucoup plus épaisse (un riche sans doute) a dû renoncer et repartir.

Une mini-émeute s'est constituée devant le centre des impôts. Les commentaires allaient bon train : que faire ? Comment est-ce possible ? Ils n'ont donc rien prévu ? Attendre ? Revenir demain ? Mais quid de la date limite de minuit ? Un agent va peut-être venir vider ? Les français sont républicains légalistes mais la moindre colère peut les transformer en insurgés.

Le pire n'était pas tant de faire chou blanc que de prendre le risque de voir sa déclaration fiscale endommagée. Si un anarchiste mal intentionné (mais bien intentionné de son point de vue d'anarchiste) passait par là, il pouvait aisément subtiliser des enveloppes ou y mettre le feu. Heureusement, il y a quelques lambertistes à Saint-Quentin mais pas d'anarchistes.

Je suis reparti tranquillement, me disant que s'il arrivait quelque incident, je n'y serais pour rien et le dommage serait vite réparé. Pendant ce temps-là, les badauds affluaient, les automobiles aussi et je laissais l'insurrection grandissante à son destin.

Mes copines les frangines.

Le temps passe si vite et j'ai tant de choses à vous dire. Jeudi dernier, dans L'Aisne Nouvelle, nous apprenions la création à Saint-Quentin d'une nouvelle loge maçonnique, réservée aux femmes, dépendante de la Grande loge féminine de France. La responsable est Marie-Danièle Tramu. Pour la petite histoire, j'ai été contacté il y a un mois par cette dame, qui m'a pris pour un journaliste de L'Aisne Nouvelle ! (je ne sais pas comment cet amusant quiproquo a pu se produire ...). Je l'ai évidemment dirigé vers qui de droit.

Une nouvelle loge à Saint-Quentin, est-ce un événement ? Je ne sais pas, mais quand L'Aisne Nouvelle y consacre une page entière, oui ça devient un événement. Disons : un petit événement. Politique ? Je ne pense pas, d'autant qu'aucune "personnalité locale" ne figure parmi les fondatrices. Mais un événement intellectuel, oui sûrement : que quelques personnes se réunissent pour réfléchir librement sur des sujets fondamentaux, ce n'est pas si fréquent, c'est une excellente chose.

Ça ne lève pas mes réticences à l'égard de la franc-maçonnerie : les cotisations élevées (280 euros par an) et surtout l'enquête avant admission, la vérification du casier judiciaire, j'ai du mal à l'admettre. Je crois que le débat public, tel qu'il est pratiqué dans l'éducation populaire, doit être complètement ouvert, qu'il ne préjuge pas du passé de chacun. La devise "Etre libre et de bonnes moeurs" me hérisse ; j'y vois une manifestation bien-pensante, notabiliaire et bourgeoise, certes républicaine et libérale, mais éloignée de l'idée que je me fais du socialisme.

La tentation d'une certaine gauche serait d'aller recruter ses cadres et candidats dans les rangs de la maçonnerie. Elle n'y trouvera que des milieux professionnels et sociaux très particuliers, restreints, très "classes moyennes", alors que le problème du PS est de s'ouvrir aux catégories populaires, ouvriers et employés, qui fréquentent aussi peu les loges que les sections du parti.

C'est donc vers les syndicats ou les associations que nous devons orienter notre travail d'influence et d'implantation. Surtout dans une ville comme Saint-Quentin, où c'est le soutien des classes populaires qui nous fait défaut. Et puis, la maçonnerie se grandit de ne pas se mêler de politique (au sens partisan du terme).

Je souhaite un fructueux travail aux soeurs de la loge saint-quentinoise "Tolérance et fraternité".

La (re)conquête d'une femme.

Je suis allé voir le film de Xavier Durringer, "La conquête", consacré à Nicolas Sarkozy, interprété par Denis Podalydès. Dans le genre, c'est une première et un challenge, que j'ai trouvé réussis : faire vivre des personnages de l'actualité, ce n'est pas facile, la caricature est vite atteinte. J'avoue que j'ai eu un peu de mal les premières minutes, où j'avais le sentiment d'entendre Laurent Gerra et les voix des Guignols. Bref, de l'imitation plus que de l'interprétation. Et puis, on s'y fait, on entre dans l'histoire, les protagonistes deviennent réalistes, crédibles, on oublie qu'il s'agit d'acteurs. C'est très bien fait, très bien joué. Vraiment, une performance !

Mais n'allez pas croire que ce film soit politique ! Il ne l'est que secondairement, en arrière plan, dans les détails (qui sont nombreux). Ce qui trompe, c'est le titre, incomplet et imprécis. Durringer aurait dû l'appeler : "La (re)conquête d'une femme". Car au soir de sa victoire, à quoi pense Nicolas Sarkozy ? Non pas à son destin, ni à la gloire qui l'attend mais à sa femme Cécilia qui vient de le quitter et avec laquelle il veut absolument renouer.

Ce dur de la politique se révèle être un grand sentimental. Et s'il se présente à un moment comme une "bête de sexe", on n'y croit pas un seul instant, on comprend que c'est pour se venger de celle qui ne l'aime plus et qu'il veut néanmoins retrouver. Tout homme politique n'a-t-il pas besoin auprès de lui d'une présence féminine qui l'aide et le guide ? Après tout, qu'aurait été, que serait DSK sans Anne Sinclair ?

Il y a quand même quelques réflexions directement politiques dans ce film d'amour, notamment quand Sarkozy dit et répète à Villepin lors d'un déjeuner : "Je suis seul et je suis libre, c'est pour ça que je gagnerai". La formule est intéressante parce qu'elle contredit le préjugé qu'on se fait sur la politique, où l'homme "seul et libre" semble condamné à ne jamais accéder au pouvoir.

J'ai également aimé le rôle d'Henri Guaino, plume du président, récitant en même temps que lui ses discours, le regard plein d'admiration pour celui dont il est en quelque sorte la voix. C'est tout de même terrible, ce phénomène d'identification en politique ... A vous dégoûter de toute espèce d'admiration ! Je me souviens en son temps de Chevènement : il avait adopté les mêmes intonations, le même phrasé que Mitterrand !

Allez voir "La conquête", encore cette semaine au multiplexe de Saint-Quentin. Vous ne serez pas déçus.

La justice, la morale et l'image.

La démission de Georges Tron, alors que le secrétaire d'Etat n'est même pas inculpé, sonne pour certains comme la victoire de la morale dans la vie politique. C'est l'affaire DSK qui aurait tout changé. Mais est-ce vraiment en bien ? Je suis sceptique devant ce qui arrive, je crois que l'on confond la justice, la morale et l'image.

La justice : un homme politique doit absolument s'y conformer, se montrer en la matière exemplaire. Il est normal qu'on exige de lui beaucoup plus que d'un simple citoyen. Quand on est à l'origine de la loi, il est gravissime de la transgresser. Violer la loi est une expression à comprendre alors dans son sens littéral, criminel.

La justice doit être particulièrement implacable en matière d'utilisation de l'argent public. Il est normal et indispensable qu'un responsable politique rende compte du moindre centime. Je le constate dans le monde associatif : c'est la rigueur et la clarté dans les comptes qui jugent d'un homme. Les situations financières pas nettes, confuses, parfois incompréhensibles le condamnent.

La morale : c'est le choix de vie, les moeurs qu'on adopte et pratique. Là, l'homme politique est, en République, logé à la même enseigne que n'importe quel citoyen. Il fait par exemple ce qu'il veut de son argent personnel, vivre en moine ou dans le luxe. Il n'y a pas à porter de jugement ici. La sexualité, elle aussi, n'appartient qu'à la vie privée et ne doit soulever ni remarque, ni condamnation. C'est la liberté pour tous qui prévaut.

L'image : c'est la réputation qui est faite à l'homme politique à cause de son comportement public. A ce niveau, vie publique et vie privée sont imbriquée et la responsabilité conduit à la prudence. En tant que personne privée, je peux fréquenter souvent les cafés si j'en ai envie, c'est mon choix, ma liberté, il n'y a pas de mal à ça. Mais en tant que personnage public, sous le regard d'autrui, je dois me méfier, être vigilant : se montrer régulièrement à une terrasse autour d'un verre avec des amis, c'est afficher un style qui produit à la longue une réputation, l'homme qui sort, qui glande, qui s'amuse, qui boit, image pas vraiment conforme à l'idéal qu'on se fait d'un responsable sérieux, travailleur, maître de lui, sacrifiant son plaisir personnel au profit du service d'autrui.

Pour me résumer : la justice doit s'appliquer rigoureusement à nos hommes politiques, surtout en matière d'argent, mais il n'y a pas à leur imposer une quelconque morale, surtout en matière de moeurs. Quant à l'image qu'ils donnent d'eux-mêmes, elle relève de leur responsabilité et du simple bon sens, ils ne peuvent pas faire n'importe quoi, se sachant observés et surveillés.

dimanche 29 mai 2011

Les orphelins et les héritiers.

Quatre partis centristes se sont réunis ce week-end pour constituer une nouvelle formation, une confédération de centre droit, "l'Alliance", destinée à soutenir la candidature de Jean-Louis Borloo à la prochaine élection présidentielle. Jean-Marie Bockel, qui fait partie de l'aventure, a lancé à l'occasion un appel aux strauss-kahniens pour qu'ils rejoignent l'Alliance, puisqu'ils sont "orphelins" depuis la défection de DSK.

Comme je reste envers et contre tout strauss-kahnien, je me sens interpellé ... mais pas concerné. Car je ne me considère pas du tout, mais vraiment pas du tout comme un orphelin. D'abord parce que j'ai un père biologique reconnu, ensuite parce que mon père politique n'est pas mort : qu'il soit disqualifié pour la présidentielle n'empêche nullement que ses idées sont vivantes et la social-démocratie présente. La politique ne se résume pas à un homme mais à une ligne, qui se prolonge à l'infini, qui ne meurt pas.

Jean-Louis Borloo a eu cette phrase étonnante en direction de son public : "Vous êtes les véritables héritiers de Jaurès, Mendès et Blum. Vous êtes en train de construire cette véritable social-démocratie introuvable que le PS ne sait pas assumer". Non, les héritiers des personnages évoqués sont évidemment au PS, pas dans ce conglomérat de centre droit qui a participé aux gouvernements UMP et qui en demeure l'allié, nonobstant les quelques timides critiques émises à son égard.

Pour résumé, je ne suis pas orphelin de la social-démocratie, j'en suis l'héritier en appartenant au Parti socialiste, qui en est le meilleur dépositaire, l'usufruitier légitime. Et je refuse cette "Alliance" qu'on propose de me mettre au doigt. Désolé, je suis déjà marié, au PS, et très fidèle en amour politique.

La révolution dans le potager.

Gros succès du festival du livre et de la BD à Saint-Quentin tout ce week-end. 1 600 entrées hier, et beaucoup de monde dans les travées de Fervaques ce dimanche. Seul point faible (il y en a toujours, c'est inévitable mais sûrement perfectible) : les débats en salle des conférences ont été peu suivis (une dizaine de personnes quand j'étais là). A cause de la petite pièce un peu à l'écart ? C'est peut-être une explication, mais ça ne suffit pas. Dommage en tout cas car les invités étaient de qualité et les interventions remarquables.

J'ai assisté à celle de Benjamin André le samedi, qui nous a brossé un tableau très vivant et plein de motivation pour la bande dessinée française. Aujourd'hui, c'est Jean-Pierre Le Dantec qui m'a ravi (les Saint-Quentinois auraient-ils oublié qu'il a été une figure des années 68, certes moins médiatique que Daniel Cohn-Bendit ?) : cet ancien maoïste de la Gauche prolétarienne a décidé désormais, comme Voltaire, de cultiver son jardin.

Mais ce n'est pas une métaphore ! Le Dantec travaille chez lui un bout de terre et médite sur les rapports de l'homme à la nature. A défaut de changer le monde et de transformer la société, il fait sa révolution dans le potager : en binant, bêchant, semant et récoltant, l'homme domine, aménage et humanise son environnement. C'est plus gratifiant et moins meurtrier que suivre le Grand Timonier !

Ce matin, au multiplexe, dans le cadre du festival, ce n'était pas non plus le grand public pour la projection-débat de "Séraphine", où je coanimais avec Pomme Legrand. Nous avons quitté, après le film, la salle trop grande, afin de discuter sympathiquement autour d'un apéritif. Mais à dix ou à cent, ma motivation reste la même, je ne distingue pas, j'agis pareillement.

Vivement dans un an !

Bonne fête maman !

C'est aujourd'hui la fête des mères et j'aimerais offrir un petit quelque chose à nos femmes politiques saint-quentinoises les plus en vu. Mais comme je m'y prends un peu tard, je n'ai eu le choix que d'aller en ce dimanche matin dans la pharmacie de garde ouverte à Saint-Quentin. Peu importe, c'est l'intention qui compte et le geste sera j'en suis sûr apprécié. D'autre part, j'estime que les vrais cadeaux sont les cadeaux utiles. Les mamans ne seront pas déçues.

A notre députée Pascale Gruny, j'ai acheté une boîte de somnifères, de type stilnox, qui permettent un sommeil réparateur et une veille très concentrée. N'en a-t-elle pas besoin avec la vie harassante que mène un parlementaire, les aller et retour incessants entre Saint-Quentin et Paris, les week-end consacrés à sillonner sa circonscription, à participer à de nombreuses fêtes, inaugurations, réunions, ... ? Il faut avoir la tête bien reposée !

A notre conseillère générale Colette Blériot, j'offre un tube de dentifrice de la meilleure qualité, pour préserver son éclatant sourire, que ses adversaires politiques lui reprochent mais que ses électeurs semblent apprécier. Ne m'a-t-elle pas conseillé à moi-même, récemment, d'être un peu plus souriant ? J'ai été touché par l'attention, j'aime qu'on se préoccupe de mon avenir politique, qui en a bien besoin.

A notre première adjointe au maire Monique Ryo, j'ai réservé une boîte d'aspirine, à forte dose. Elle doit en effet ces temps-ci avoir de grosses migraines, de terribles maux de tête à devoir choisir entre sa fidélité à la famille centriste et sa solidarité avec l'équipe municipale UMP.

A notre vice-présidente du conseil régional Anne Ferreira, je donne une boîte de vitamines, du genre de celle que je consommais quand j'étais étudiant et que j'avais un examen ou concours important à préparer et à passer. Si elle souhaite affronter dans l'avenir Xavier Bertrand, il lui faudra beaucoup de peps, d'énergie, de vivacité. Les vitamines sont toute recommandées.

Dans la ville du ministre de la Santé, passer chez le pharmacien pour songer à un cadeau n'est pas anodin.

Bonne fête maman !

samedi 28 mai 2011

Voyage à Djibouti.

Des dizaines de milliers de postes ferment dans l'Education nationale, des milliers d'enseignants vacataires sont embauchés par Pôle emploi pour effectuer des remplacements. C'est la nouvelle de la semaine qui a frappé par son irrationalité, presque son absurdité. Ne faut-il pas y voir au contraire une implacable logique ? Celle d'un service public qui "dégraisse" pour s'ouvrir à des contrats plus souples que l'emploi statutaire.

Cette actualité me conduit à une anecdote assez étonnante que j'ai vécue il y a quelques jours, concernant là aussi un problème de remplacement, mais d'un genre particulier. Dimanche dernier, un message de mon inspecteur s'affiche sur mon écran d'ordinateur. C'est inhabituel : l'inspecteur vient pour inspecter et ne s'annonce pas un week-end par courriel. D'autant que mon inspection est récente et qu'il faut plusieurs années avant qu'elle ne se répète. Que se passe-t-il donc ? Ceci : un remplacement pour le bac m'est proposé ... à Djibouti.

D'abord j'ai du mal à y croire, je relis le texte mais c'est bien ça : la demande est URGENTE (c'est écrit ainsi, en majuscules), je peux appeler l'inspecteur sur son portable, dès ce dimanche après-midi. Djibouti ! Aller faire passer le bac là-bas ! J'ai déjà corrigé des copies qui provenaient du Liban, mais en restant assis dans ma cuisine à Saint-Quentin. J'ai deux réactions : ouvrir un atlas (je ne suis pas très bon en géographie) puis mon agenda. Le premier geste me fait rêver, le second me désespère.

Djibouti, c'est pour trois semaines, du 11 juin au 4 juillet, et j'ai précisément dix engagements de tous ordres dans ce laps de temps : conférences, animations, réunions, ... dont deux quasi incontournables, l'assemblée générale de la Ligue de l'enseignement de l'Aisne qu'il me revient de présider et une journée de formation à Ribemont pour les bibliothécaires du département.

Je fais quoi ? J'annule tout ? C'est possible. Tout est toujours possible. Mais ce ne serait pas sérieux, ni très honnête. Je n'ai même pas le prétexte d'un ordre de mission, qu'un fonctionnaire ne peut pas refuser. Mon inspecteur ne m'ordonne pas, il propose.

Mais Djibouti, trois semaines, une autre vie, une expérience qui ne se renouvellera sans doute pas de ma carrière professionnelle ? J'hésite, j'ai envie, je réfléchis. Je n'aurais eu que quelques engagements à annuler, c'était faisable. Mais dix ! Et deux sur lesquels je peux difficilement faire l'impasse ...

J'appelle sur le champ mon inspecteur, je décline l'offre, je lui explique pourquoi. Il comprend et tente de me consoler en disant qu'à Djibouti il fait très chaud en cette saison, qu'il y a beaucoup de taf (il n'emploie pas ce mot-là mais l'idée est là) et donc que sa proposition n'est pas si séduisante qu'il y paraît. Ça ne me console bien sûr pas.

Le lendemain, de retour au lycée, je me suis fait à l'idée que je ne verrai jamais Djibouti de ma vie. Mais je me dis que j'ai la morale pour moi. Si j'avais répondu oui, j'aurais sans doute eu mauvaise conscience. Et puis, je n'ai pas l'esprit touriste. Les vacances, ce n'est pas mon truc ; Saint-Quentin ou le Berry, ça me suffit. Pourquoi vouloir aller à Djibouti ? Le voyage est une illusion : en philosophant un peu, on comprend vite ça.

Sauf que, dans l'après-midi de ce lundi très ensoleillé, j'ai vu passer très haut dans le ciel bleu, par la fenêtre de ma classe, un avion et sa traînée blanche. Et brusquement, tous les regrets me sont revenus, me sont littéralement tombés dessus : n'aurais-je pas dû quand même aller à Djibouti, acquiescer à mon inspecteur ? Mais il était trop tard. Je ne sais pas quelle est la morale de cette histoire, mais j'ai voulu vous la raconter.

Tout sauf machin(e).

Le Parti socialiste réunit aujourd'hui à Paris une convention nationale afin d'adopter son projet. C'est la première grande réunion collective depuis l'affaire DSK. De Saint-Quentin, les bruits de couloir me reviennent : un TSH serait en marche, Martine Aubry et Ségolène Royal se rapprocheraient pour mettre en oeuvre le "tout sauf Hollande".

Je ne sais pas si cela est vrai : j'écoute les discours de tribune, pas les rumeurs de couloir. Mais si cela était, ce serait déplorable. Chaque camarade est libre de soutenir qui bon lui semble, avec passion et intelligence. Mais se déterminer par rapport à un autre, dans un effet de contraste et de rejet, non ce n'est pas bien, ça ne va pas. Je vois la politique en positif, pas en négatif. Il faut être pour et pas contre.

Tout sauf ... : cette déplorable tactique est née en 1995, à droite, quand certains ont cru bon de s'opposer absolument à la candidature du Premier ministre d'alors : tout sauf Balladur (TSB). Et ça a finalement, hélas, fonctionné, puisqu'il a été battu au premier tour de la présidentielle. La gauche n'a pas été épargnée par cette ineptie : en 2 007, le TSS (Tout sauf Ségolène) n'a pas été mal non plus. Strauss-kahnien, je n'ai cependant jamais cédé à cette facilité.

TSB, TSS, maintenant TSH ; mais au niveau local, ne retrouve-t-on pas parfois aussi ce réflexe primaire, tout sauf machin(e) ? A Saint-Quentin, aux dernières cantonales, n'ai-je pas été moi-même la victime du "tout sauf ...", TSM cette fois ? A vrai dire, je n'accepte et pratique ce positionnement que dans une seule circonstance politique : TSFN, tout sauf le Front national. Là, je n'hésite pas. Pour le reste, je dis non.

Des bulles tout le week-end.

Inauguration en fin de matinée du festival du livre et de la BD à Saint-Quentin, en présence notamment du maire Xavier Bertrand et de la députée Pascale Gruny. Après la polémique sur la programmation culturelle d'il y a une quinzaine de jours, l'ambiance était au calme, adoucie par les bulles de BD et les bulles de champagne. Il faut dire que ce festival nous offre une palette d'auteurs de grande qualité et qu'il fait honneur à la ville.

Je ne suis pas très BD. J'en suis resté aux classiques de mon enfance : Tintin, Lucky Luke, Rahan, Pif-Gadget et le Journal de Mickey. J'ai raté le coche des oeuvres contemporaines, ces albums dont on dit qu'ils sont pour adultes. Mais j'ai plaisir, sur les stands du festival, de retrouver un vieux magazine des Pieds Nickelés ou un Bob Morane, que j'achète sans vraiment songer à les lire, par pure sentimentalité.

J'ai mon programme du week-end : cet après-midi, une conférence de Benjamin André à Fervaques sur l'histoire de la BD en France, qui m'oblige cependant à renoncer au débat sur le malaise dans le monde du travail, au même moment mais au musée Antoine Lécuyer. Mieux vaut l'embarras du choix que pas de choix ! Demain, je ne veux pas manquer la conférence de Jean-Pierre Le Dantec, un ancien mao, une figure de Mai 68 qui se passionne maintenant et depuis longtemps pour les ... jardins. Du petit livre rouge à la main verte, quel trajet, quelle histoire !

Et puis, j'interviens moi aussi dans le cadre du festival du livre et de la BD, en animant dimanche au multiplexe un débat sur l'art brut, l'art naïf, l'art outsider. Je serai en compagnie de Pomme Legrand, professeur d'arts plastiques à l'école de dessin, présidente de l'artothèque de l'Aisne et last but not least artiste peintre. Le dialogue s'instaurera avec la salle après la projection du film à succès "Séraphine". Venez, ça nous fera plaisir. Un apéritif suivra la rencontre. Et encore des bulles ...

Les voisins de nos voisins.

Hier soir, dans le quartier de Oëstres, au bout du bout de Saint-Quentin, j'ai participé à la fête des voisins, organisée par le centre social Saint-Martin et l'association Rencontre Citoy'Aisne. Frédérique Delalande et Guy Douay ont été les chevilles ouvrières de la manifestation ; j'ai animé une discussion sur la solitude (c'est aussi la grande cause nationale de cette année 2 011, la lutte contre la solitude). Des membres de l'APEI (les Papillons blancs) étaient présents, leur foyer n'est pas loin.

Nous avons commencé la soirée en trinquant au "Prévert". Cet apéritif a une belle histoire : Marie-Françoise Lefèvre, l'ancienne directrice de l'école Jacques Prévert, a retrouvé deux élèves en âge de se marier, mais à qui ils manquaient de quoi offrir le champagne. Pour l'occasion, c'est l'apéritif thiérachien (sirop de pamplemousse et vin rosé) concocté par Marie-Françoise qui a remplacé et qui a été baptisé du nom de l'école de Oëstres !

La fête des voisins est une création récente qui répond au principe : les voisins de nos voisins sont nos voisins, et tous se retrouvent. Il n'y a pas si longtemps, c'était inconcevable. Comme me l'a dit Guy, la fête des voisins, c'était alors tous les jours, quand on se mettait par beau temps sur une chaise au pas de sa porte, quand on faisait jouer l'hiver les solidarités naturelles de quartier, qui n'avaient pas besoin d'être célébrées.

Aujourd'hui, d'une rue à l'autre, on peut ne pas se rencontrer pendant une année. Ce n'est pas que les gens sont devenus plus mauvais, c'est que la société a changé : chez soi, on a tout ce qu'on ne trouvait autrefois qu'au dehors ; on ne connaît plus son quartier mais on voyage dans le monde, virtuellement ou réellement.

Mais les angoisses demeurent. Pour preuve, ces faits divers qui marquent l'opinion : cette dame enfermée plusieurs jours dans sa salle de bain sans qu'on l'en délivre, cette personne décédée dont on n'a pas remarqué l'absence. Notre société est passée de la question classique "Que fait la police ?" à "Où sont les voisins ?" Et c'est désormais vers les politiques qu'on se tourne non seulement pour régler les problèmes de voisinage mais pour créer du voisinage, du lien social, du vivre ensemble.

Je ne termine bien un projet que lorsque d'autres le prolongent. Hier soir, après discussion, trois ont été envisagés : un café philo à l'APEI, un débat sur l'indignation (Stéphane Hessel est passé par là !) en vue du prochain congrès des centres sociaux de l'Aisne, une visite guidée et chantée du Père-Lachaise (ma grande spécialité !) avec Saint-Martin. C'est sûr : les voisins de nos voisins sont bien nos voisins ...

vendredi 27 mai 2011

Heureux ensemble.

Ce nouveau blog parlera bien sûr de politique, puisque c'est ma passion. Mais ce n'est pas la seule, j'en ai d'autres, qui peut-être vous surprendront et que je veux vous faire partager. Avec la politique, je vais prendre de la distance c'est sûr, mais dans le sens de la hauteur. Je souhaite aussi élargir mon public en abordant d'autres sujets.

Ce qui est certain, c'est que ce blog sera moins militant que le précédent. Je veux m'ouvrir, tout en conservant et défendant les convictions qui sont les miennes. Mon seul objectif, c'est d'être utile, de vous apporter quelque chose lorsque vous me lirez, de vous donner des informations que vous ne trouverez pas ailleurs, des points de vue qui ne se contentent pas de répéter ce que d'autres pensent.

Par exemple, j'aimerai vous parler de mes activités associatives, de ce que je fais à la tête de la Ligue de l'enseignement de l'Aisne, qui est pour moi très important en ce moment. Ce sera donc un blog plus intime, plus personnel (même si, comme dans le précédent, je n'évoquerai jamais ma vie strictement privée !). L'actualité locale, saint-quentinoise restera évidemment un sujet d'attention, sans doute encore plus qu'avant. Des photos viendront agrémenter régulièrement les billets.

Je ne sais pas ce que ce blog sera et deviendra, ce sont les lecteurs, leur fréquentation, le bouche à oreille qui en décideront. Mais j'aspire à un style plus serein, moins polémique, tant il est vrai cependant qu'on ne se refait pas ou difficilement ! Vos commentaires seront les bienvenus, mais s'il vous plaît, pas d'attaques personnelles, pas de remarques mesquines. L'important, c'est que nous soyons heureux ensemble. Voyez-vous d'autre but dans la vie ? J'ai tant de choses à vous dire, et vous aussi sûrement.