lundi 30 mai 2011

La justice, la morale et l'image.

La démission de Georges Tron, alors que le secrétaire d'Etat n'est même pas inculpé, sonne pour certains comme la victoire de la morale dans la vie politique. C'est l'affaire DSK qui aurait tout changé. Mais est-ce vraiment en bien ? Je suis sceptique devant ce qui arrive, je crois que l'on confond la justice, la morale et l'image.

La justice : un homme politique doit absolument s'y conformer, se montrer en la matière exemplaire. Il est normal qu'on exige de lui beaucoup plus que d'un simple citoyen. Quand on est à l'origine de la loi, il est gravissime de la transgresser. Violer la loi est une expression à comprendre alors dans son sens littéral, criminel.

La justice doit être particulièrement implacable en matière d'utilisation de l'argent public. Il est normal et indispensable qu'un responsable politique rende compte du moindre centime. Je le constate dans le monde associatif : c'est la rigueur et la clarté dans les comptes qui jugent d'un homme. Les situations financières pas nettes, confuses, parfois incompréhensibles le condamnent.

La morale : c'est le choix de vie, les moeurs qu'on adopte et pratique. Là, l'homme politique est, en République, logé à la même enseigne que n'importe quel citoyen. Il fait par exemple ce qu'il veut de son argent personnel, vivre en moine ou dans le luxe. Il n'y a pas à porter de jugement ici. La sexualité, elle aussi, n'appartient qu'à la vie privée et ne doit soulever ni remarque, ni condamnation. C'est la liberté pour tous qui prévaut.

L'image : c'est la réputation qui est faite à l'homme politique à cause de son comportement public. A ce niveau, vie publique et vie privée sont imbriquée et la responsabilité conduit à la prudence. En tant que personne privée, je peux fréquenter souvent les cafés si j'en ai envie, c'est mon choix, ma liberté, il n'y a pas de mal à ça. Mais en tant que personnage public, sous le regard d'autrui, je dois me méfier, être vigilant : se montrer régulièrement à une terrasse autour d'un verre avec des amis, c'est afficher un style qui produit à la longue une réputation, l'homme qui sort, qui glande, qui s'amuse, qui boit, image pas vraiment conforme à l'idéal qu'on se fait d'un responsable sérieux, travailleur, maître de lui, sacrifiant son plaisir personnel au profit du service d'autrui.

Pour me résumer : la justice doit s'appliquer rigoureusement à nos hommes politiques, surtout en matière d'argent, mais il n'y a pas à leur imposer une quelconque morale, surtout en matière de moeurs. Quant à l'image qu'ils donnent d'eux-mêmes, elle relève de leur responsabilité et du simple bon sens, ils ne peuvent pas faire n'importe quoi, se sachant observés et surveillés.

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