vendredi 30 novembre 2012

Débat sur le cumul



Jean-Robert Boutreux organisait ce soir à Saint-Quentin une réunion publique sur le thème du cumul des mandats, en invitant les représentants locaux des partis politiques. Ne pouvant être présent, j'ai envoyé le texte suivant, assez vif et polémique dans la forme, afin de fouetter le débat :



Cher Jean-Robert,

Animant un café philo à Cambrai à cette heure et regrettant vraiment de ne pas pouvoir être parmi vous, je livre par écrit ma réflexion, à lire si tu le souhaites.

D'abord bravo pour cette initiative ! Je trouve qu'il n'y a pas assez, et même pas du tout, de débat politique public à Saint-Quentin et c'est vraiment dommage. Que ce soit une association, Vie Pays Environnement, qui organise ce débat sur le cumul des mandats, et pas un parti politique, qui sont pourtant les premiers concernés, ça veut tout dire ! En tout cas, félicitations !

Sur le fond de la question, je suis comme l'écrasante majorité des Français : contre le cumul des mandats, qui est un scandale absolu pour la démocratie française ! Le cumul, ça veut dire quoi ? Que les hommes veulent du pouvoir, encore et toujours plus de pouvoir. La République n'admet pas ce comportement-là. Les mandats donnés par le peuple ne se collectionnent pas, au petit jeu de savoir celui qui en aura le plus parce que ça fait joli sur une carte de visite, comme autrefois les aristocrates collectionnaient les titres de noblesse. Et qu'on ne me dise pas que c'est le peuple qui choisit ses élus : quand il n'y a que des cumulards, de droite ou de gauche, qui se présentent à une élection, le peuple n'a plus le choix !

Je suis donc très fier de la décision prise par mon parti, le parti socialiste, par François Hollande et son gouvernement, par la commission Jospin, de s'attaquer sérieusement cette fois au cumul des mandats. Un parlementaire a suffisamment de travail en faisant les lois : il ne doit pas gérer en même temps une ville. Le seul contre-argument est pitoyable d'hypocrisie : le fameux ancrage local ! Comme si un député connaissait moins bien le terrain qu'un élu local ! Mais de qui se moque-t-on ? Des citoyens électeurs, évidemment !

Les propositions Jospin ne sont pour moi qu'un premier pas. Il faudra, par la suite, aller plus loin, interdire le cumul des mandats exécutifs : est-il par exemple normal qu'un président ou vice-président de conseil régional soit en même temps maire ou adjoint d'une grande ville ? Non, certainement pas. La démocratie repose sur le partage des responsabilités et le renouvellement de ses dirigeants, pas sur l'entre soi et le maintien perpétuel dans les fonctions.

Ceci dit, je ne suis pas non plus favorable à la mesure trop radicale du mandat unique : on peut être conseiller municipal et détenir un autre mandat plus important, ce n'est pas choquant.

Il y a enfin un problème dont personne ne parle : c'est le cumul des indemnités ! Car même s'il y a écrêtement, le cumul est aussi une affaire de rente, sujet tabou qu'il faudrait tout de même évoquer. Un seul l'a fait avec beaucoup de clarté et d'audace : René Dosière.

En espérant la prochaine fois être des vôtres, bon débat à toutes et à tous, et merci encore une fois à Jean-Robert et à l'association Vie Pays Environnement.

jeudi 29 novembre 2012

Nationaliser ?



La proposition d'Arnaud Montebourg de nationaliser le site de Florange d'ArcelorMittal a fait bondir ce matin Laurence Parisot : "scandaleux", "très grave", a-t-elle dit ce matin chez Apathie, suivi d'une argumentation en trois points, que je veux reprendre et contester :

1- "C'est un chantage". Admettons, mais l'économie libérale n'est-elle pas toute entière un immense chantage, qu'on appellera plus sobrement un rapport de forces ? Dans ce jeu-là, les salariés n'ont que l'Etat pour les protéger, qui doit faire son devoir quand il n'y a pas d'autres solutions.

2- "C'est une atteinte au droit de propriété". Doucement : il y a propriété et propriété. Ma maison, ma voiture, mes biens sont à moi, c'est ma propriété, personnelle. Une entreprise, c'est aussi une propriété collective, socialement parlant : elle ne fonctionne pas avec son seul patron, il lui faut des salariés. Et ses produits vont en direction des consommateurs. Laurence Parisot place mal son indignation, en mélangeant deux types de propriété.

3- "C'est coûteux pour l'Etat". Certes, mais la représentante du patronat a-t-elle songé au coût social d'une non nationalisation ? Et puis, ce serait bien la première fois que Laurence Parisot se préoccuperait des charges de l'Etat !

Soyons clairs : il ne s'agit pas de reproduire le socialisme des années 70 et 80, qui voulait nationaliser les grands moyens de production et d'échange ainsi que le système bancaire. On ne reviendra pas sur la conversion social-démocrate du PS. Florange sera, si elle se fait, une nationalisation ponctuelle, conjoncturelle et provisoire. Rien à voir avec les nationalisations générales, structurelles et permanentes du Programme commun PS-PCF d'autrefois.

Et puis, nationaliser est une mesure technique, non idéologique, qui n'appartient pas à la gauche. Des gouvernements de droite en ont fait usage, dans des circonstances particulières, chez nous le général de Gaulle. Savez-vous qui est l'auteur du concept de "nationalisation temporaire" ? DSK ! Relisez son bouquin d'il y a une dizaine d'années, "La flamme et la cendre".

François Hollande, un social-démocrate qui nationalise ? Le penseur atypique Emmanuel Todd a une petite théorie déjà ancienne : le gouvernement de gauche actuel, par essence réformiste, sera obligé de prendre des mesures radicales, à cause de la gravité de la crise économique. Je ne sais pas si Todd a entièrement raison, mais la nationalisation de Florange irait dans son sens.

mercredi 28 novembre 2012

La lutte continue









Hier soir, au centre Matisse, dans une salle bien remplie (vignette 1), trois associations participaient comme l'an dernier à la journée nationale de lutte contre les violences faites aux femmes : Aster International, l'Asti (association de solidarité avec les travailleurs immigrés) et Rencontre citoy'Aisne. Parmi le public, on retrouvait notamment des membres des centres sociaux, des lycéens d'Henri-Martin, des réseaux d'insertion ...

La soirée a commencé par les interventions de Marie-Lise Semblat, d'Aster, Jocelyne Nardi, de l'Asti, et Nathalie Lobjoie, déléguée départementale aux droits des femmes (vignette 2) et votre serviteur. Puis c'est la troupe du Copion, dans le registre du théâtre-action, qui a enchanté l'assistance avec sa pièce "Sans ça", une heureuse variation sur tous les "sans" de notre société : sans droits, sans travail, sans argent, sans amour, sans parole, etc.

Après le traditionnel salut des comédiens (vignette 3), le débat s'est installé avec les spectateurs (vignette 4). Parmi les nombreuses interpellations, on retenait en particulier celle de Jean-Pierre Semblat et de Sylvie Racle, vice-présidente du Cidff (Centre d'information sur les droits des femmes et de la famille). Un pot de l'amitié a terminé la rencontre, permettant des conversations plus informelles. A l'an prochain ! La lutte continue ...

mardi 27 novembre 2012

Le 2 porte malheur



Je suis philosophe, rationaliste, laïque et républicain donc pas superstitieux pour un sou. Mais pour deux sous ? Car j'ai eu une illumination : le chiffre 2 explique en partie mes malheurs récents, ceux de la section socialiste et de la gauche locale en général. La numérologie n'est pourtant pas mon truc, mais il y a tout de même des faits troublants.

Le chiffre 3 est de bonne réputation : il renvoie à la sainte Trinité, à la devise de la République ou au plan en trois parties d'une dissertation de Sciences-po. En revanche, le 2 porte la poisse, est maudit. C'est le signe du manichéisme et du dia-ble, c'est le symbole de l'éternel conflit des hommes, de Caïn et Abel jusqu'à Copé et Fillon.

La section socialiste de Saint-Quentin a retenu 2 seuls candidats pour l'élection de son secrétaire. Le "vainqueur" l'a emporté avec 2 voix d'avance. Aux élections cantonales, candidat, je n'avais récolté que 2 voix, déjà évincé par une alliance à 2, Lançon-Andurand. Ce dernier, battu par l'extrême droite lors de ces mêmes cantonales, s'était néanmoins félicité devant la presse de son score "à 2 chiffres", le malheur des uns faisant le bonheur des autres.

Mais il y a encore plus impressionnant : Anne Ferreira a été battue aux élections législatives par un triple 2, 222 voix d'écart la séparant de Xavier Bertrand au niveau de la circonscription (comme dans la Bible, le livre de l'Apocalypse, la Bête, l'Antéchrist est désigné par 666 !).

Et ce n'est pas fini ! A Saint-Quentin, il y a 2 sections socialistes et, depuis peu, 2 sections communistes. Au conseil municipal, il n'y a plus que 2 élus socialistes qui siègent, Lançon et Berlemont. Le proche passé confirme aussi cette présence du 2, de la dualité : 2 listes aux dernières élections municipales (avant, il y en avait toujours plusieurs), 2 députées dans la section il y a quelques années, 2 femmes, Grzegrzulka et Ferreira.

J'arrête là cette liste des 2, mais vous pourriez sans doute la continuer et en découvrir de nouveaux. L'embêtant, c'est qu'en politique, le chiffre fétiche, porte-bonheur, c'est le 1 (le 2 est son antithèse) : 1 leader, 1 projet afin de gagner, de devenir le numéro 1. Chez nous, à force d'accumuler des 2 en pagaille, je crains que les Saint-Quentinois ne finissent par nous prendre pour des 0 ! Mais je croise les doigts, les 2 évidemment ...

lundi 26 novembre 2012

Alain Froidefond





J'ai appris ce matin la disparition d'Alain Froidefond, une figure politique et culturelle du sud du département. J'avais fait sa connaissance en 2005, juste après être devenu président de la Ligue de l'enseignement de l'Aisne. Nous avions préparé ensemble, en compagnie de son vieux complice Tony Legendre, le centenaire de la loi de séparation des églises et de l'Etat dans la ville de Château-Thierry. Alain était venu à Saint-Quentin pour participer au grand banquet républicain (vignette 2, à droite, Tony à ses côtés).

La même année, il m'avait beaucoup aidé pour célébrer un autre anniversaire, celui de Jules Verne, une passion que nous avions en commun. Depuis des années, j'attendais avec impatience l'important ouvrage auquel il travaillait avec Tony Legendre, consacré au fondateur de la Ligue de l'enseignement, Jean Macé. Avec le souvenir que nous garderons de lui, c'est ce qu'il léguera à la postérité. Je ne saurais mieux vous présenter Alain Froidefond et son oeuvre qu'Alain Battefort, premier secrétaire fédéral du parti socialiste, ne l'a fait ce matin, dans un courrier dont je vous livre l'essentiel :


Alain Froidefond était une figure de l’engagement discret mais déterminé ; 40 ans au sein du parti socialiste et autant de combats. Le combat pour la reconquête d’abord ; il aura été de ceux qui auront fait la victoire à Château-Thierry où il fut successivement conseiller municipal délégué à la lecture, Maire adjoint chargé de l’éducation et de la culture puis de la culture et du tourisme aux côtés de Dominique JOURDAIN.

Combat pour la reconnaissance culturelle et historique d’un territoire ensuite, puisqu’il fut pêle-mêle à l’origine de la « redécouverte » et de la promotion de l'appellation historique de l'Omois correspondant au périmètre du Sud de l'Aisne, de la création du parcours « Sur les pas de Jean de la Fontaine », de l’ouverture du cabinet d'écriture de Jean de la Fontaine dans sa maison natale et de sa restauration, du développement du Conservatoire municipal de musique, de l’initiation du projet de scène culturelle baptisée « la biscuiterie. »
Combat, enfin, en faveur d’une culture démocratisée, ouverte au plus grand nombre avec la réalisation de la Médiathèque Jean Macé attenante à la maison natale de Jean de la Fontaine.

Porté par l’amour des belles lettres, Alain qui fut professeur de Lettres classiques, laisse derrière lui une trace vivace de sa passion puisqu’il a publié sur l'œuvre de Jules Verne: Voyages au centre de l'horloge. Essai sur un texte-genèse "Maître Zacharius" aux Éditions des Lettres Modernes, ainsi que de nombreuses études sur Jean de la Fontaine.

Jusqu’au bout de ses forces, malgré la maladie, Alain travaillait d’ailleurs avec Tony LEGENDRE (ancien Président de la société historique de Château-Thierry) sur un ouvrage consacré à la pensée et à l'œuvre de Jean Macé: "Jean Macé, Professeur de République".



Un hommage sera rendu à Alain Froidefond, le mercredi 28 novembre, à la salle du parc de Chierry, à partir de 17h. Ma pensée va ce soir, tout particulièrement, à Irène et Olivier. La dernière image que je garderai d'Alain, c'est cette belle photo (vignette 1), ce face-à-face avec Marianne, qui symbolise bien toute son histoire.

En dernier recours



Avec tout ce foin qui est fait à l'UMP, il y a un mot qui revient souvent et qui sonne familièrement à mon oreille : "recours". Avant le tumulte national, il en avait été question localement : mon recours déposé auprès des instances de mon parti pour faire invalider l'élection du secrétaire de section, pour non respect des règles et entrave à la liberté de candidature. Si je m'attendais à ce que le mot soit popularisé à un tout autre niveau et avec des conséquences sans mesure ...

Mais à bien y réfléchir, à des échelles différentes se posent les mêmes problèmes, celui d'un fiasco, d'un échec : quand un parti ne fait plus de politique, quand il se perd dans des débats administratifs ou juridiques, quand il n'a plus pour seule référence que le livre froid des statuts, c'est qu'il est très mal parti ! N'est-ce pas aussi ce qui est recherché ? Egarer dans des querelles de procédure afin de ne pas aborder le vrai débat, qui est politique. A Saint-Quentin, j'aurais bien voulu mettre sur la table le bilan du secrétaire de section et offrir une alternative sur laquelle mes camarades auraient pu donner leur avis et se prononcer ...

Un recours a rarement un avenir. Voyez ce qui se passe à l'UMP : Fillon et Copé ont chacun déposé un recours, mais on ne voit pas du tout où cela peut conduire. Ce qui amène certains à se demander si le seul recours ne serait pas, non une règle mais un homme, Nicolas Sarkozy ! En politique, les textes ne peuvent ni ne disent pas tout. Même si la commission des recours, qui est au travail, délibère, Fillon a déjà averti qu'il n'en tiendrait pas compte, ne lui faisant pas confiance.

Si j'en reviens à ma situation, mon recours est original, puisqu'il précédait le scrutin, a priori en quelque sorte. Ce n'est pas, rigoureusement parlant, un "dernier" recours mais plutôt un premier ! Mais à Saint-Quentin, les comportements de gauche ont souvent une dimension baroque (le PS a deux sections, et c'est maintenant le PCF qui s'y met, avec deux sections concurrentes lui aussi !).

"Recours", le mot avait été aussi prononcé pendant les élections législatives de cette année, par Anne Ferreira, contre Xavier Bertrand : là, c'est une histoire de drapeaux et d'affiches aux fenêtres d'un appartement privé, devant un bureau de vote, qui avait justifié la démarche, cependant vite avortée. Anne, hésitante, a finalement renoncé à "rattraper" ses 222 voix qui auraient pu la faire gagner. C'est que le dépôt d'un recours demande de la détermination : il faut s'engager à aller jusqu'au bout, qui est incertain.

Quand François Fillon envisage de faire appel à la justice, quand ses amis évoquent une possible scission, je crois qu'ils vont trop loin. Le recours interne est en soi le signe d'un échec collectif ; mais l'affaire mise devant les tribunaux, c'est la négation même de la politique, qui est faite de compromis, de rapprochement, d'arbitrage. Un parti où les dirigeants n'arrivent pas à s'entendre ne peut pas prétendre à diriger ou à gérer quoi que ce soit. Le recours à la loi est la pire chose qui puisse advenir à une organisation politique. C'est d'ailleurs historiquement très rare.

Une dernière réflexion à propos de la notion de "recours" : ce mot que je n'aime pas parce qu'il signale un échec, c'est aussi un mot qui a pu être utilisé comme une stratégie positive, un principe politique. Je pense bien sûr au général de Gaulle, se posant dans les années 50 comme un "recours" possible à la crise de régime que traversait alors la France. Faire figure de recours, c'est se mettre en retrait, rester en situation de surplomb, attendre qu'on vienne vous chercher : je déteste ça. La posture allait bien à de Gaulle parce que c'était de Gaulle. Pour le reste, faire de la politique, c'est s'imposer, ce n'est pas attendre qu'on vienne vous solliciter. "Recours", non vraiment je n'aime pas ce mot. Et j'utilise le procédé parce que j'y suis contraint et forcé.

dimanche 25 novembre 2012

Philo à l'ASCyclo



Vendredi soir, avant d'aller voir François de Closets à Fervaques, le sympathique et dynamique président de l'ASCyclo de Montescourt-Lizerolles, Jean-Louis Gasdon, m'a invité à venir animer le deuxième "apéro philo" de son association, ouvert bien sûr à tous. Le précédent et premier, c'était il y a déjà un an ! Cette fois, dans la salle de l'Embellie, à l'intérieur de l'ancienne gare, c'est sur le thème de la liberté dans le sport que nous avons échangé. Le public était nombreux (en vignette, vous n'en voyez qu'une partie, avant de se quitter) et, je crois, heureux de se retrouver et de discuter.

Je tiens à ce que mes animations soient vraiment ouvertes à tous, sur tous les territoires du département, et ne pas les réserver aux villes, ou laisser croire qu'il s'agit de salons d'"intellos" plus ou moins élitistes. Non, pas du tout, chacun peut venir et participer, même si je sais que ce n'est pas toujours évident de s'exprimer dans un micro, surtout quand l'assistance est fournie. D'ailleurs, à Montescourt, nous avons laissé tomber le micro, qui couinait disgracieusement. Ma démarche s'inscrit, et j'y tiens beaucoup, dans ce qu'on appelle "l'éducation populaire". C'est fou en fait ce que les gens, un peu partout, ont besoin de s'exprimer, de communiquer, de réfléchir collectivement. Je crois aussi que c'est à la base de la démocratie et de la citoyenneté.

Lors de la première séance, il y a un an, les personnalités du monde sportif départemental avaient été conviées. Du coup, la prise de parole, quoique toujours libre, était plus difficile et plus réduite. Vendredi soir, en leur absence, c'était plus facile et donc plus réussi, dans une salle plus petite, un peu plus intime (tous ces détails comptent pour réussir un café philo !). Nous n'avons eu aucun problème à remplir la durée que nous nous étions impartie : il y a tant à dire sur le sujet de la liberté dans le sport !

Le sport, c'est aujourd'hui, dans bien des villes et villages, le premier vecteur de lien social, de rencontre entre les habitants. Mais les contraintes, en même temps, existent : la disponibilité n'est plus ce qu'elle était, l'argent et l'équipement peuvent être des obstacles, les règles administratives sont parfois pesantes, les bénévoles surtout se recrutent très difficilement. La discipline sportive en soi est une forme de contrainte sur son corps, soumis à l'effort, quel que soit le sport.

Parmi le public, il y avait bien sûr notre ami Roland Renard, premier magistrat de la commune, vice-président du Conseil général de l'Aisne, député durant trois mandats : une personnalité et une forte personnalité ! un modèle de popularité et d'enracinement politique dans la durée, un homme qu'on écoute quand il parle.

A la fin, je me suis attardé pendant trois quart d'heure à discuter avec les uns et les autres (à Montescourt-Lizerolles, c'est philo d'abord et apéro ensuite) : c'est un moment important que celui-là, à ne pas négliger. Car j'ai beau mettre à l'aise pendant le débat, il y a toujours des réticences à intervenir. Après, dans le tête-à-tête, c'est différent, la réflexion se poursuit, mais autrement. Et puis, je peux recueillir alors les sentiments des uns et des autres, éventuellement les critiques, à noter pour la prochaine fois. A ce propos, la prochaine fois, c'est quand ? Car c'est toujours un plaisir pour moi de revenir à Montescourt-Lizerolles.

samedi 24 novembre 2012

La pensée François-de-Closets



Le journaliste et écrivain François de Closets était hier soir, au palais de Fervaques, l'invité de la librairie Cognet, pour une conférence sur ses derniers ouvrages. La rencontre était animée par Cécile Jaffary, devant une salle bien remplie. Depuis une bonne trentaine d'années, de Closets est un auteur à succès, un personnage médiatique, un homme d'influence dont la notoriété persistante mérite d'être interrogée. L'intervenant, à 79 ans, a gardé un enthousiasme de jeune, sa rhétorique est pétillante, avec parfois des allures de gamin quand il lance des "youpi !" moqueurs. La soirée était excellente, l'essayiste a pu s'exprimer durant presque deux heures, j'ai pu me faire mon idée : en gros, je n'adhère pas à sa pensée. Pourquoi et quelle est-elle exactement ?

La pensée François-de-Closets est d'abord foncièrement catastrophiste, sur le ton : tout va mal, je vous l'avais bien dit, et ça ne va pas s'arranger. Jeune homme pourtant optimiste, le regard qu'il porte maintenant et depuis longtemps sur notre société est très critique, très pessimiste. Rien ne semble trouver grâce à ses yeux. Bien sûr, il a raison de souligner ce qui ne va pas, et beaucoup de choses ne vont pas dans notre pays ! Mais était-ce foncièrement mieux avant ? Et puis, ce tableau sombre de notre économie a quelque chose de désespérant qui n'incite pas à l'action.

Ensuite, la pensée François-de-Closets repose sur une obsession, qu'il reprend quasiment en boucle, qui est le fil conducteur de son analyse : tout le mal viendrait de l'endettement de notre pays. Certes, la classe politique française a trop souvent négligé ce péril budgétaire, dont tout le monde est conscient aujourd'hui. Mais les difficultés de la France, les raisons d'agir pour le bien-être de notre pays ne se réduisent pas exclusivement à ça.

Il s'ensuit, chez François de Closets, une sorte d'effet de miroir, inversé : puisque les Français veulent "toujours plus", il faut que l'Etat leur donne désormais "toujours moins" ! C'est en tout cas l'impression que j'ai eu en l'écoutant. La seule solution qu'il avance, c'est la réduction des dépenses publiques, un régime d'économies drastiques. Pourquoi pas, mais c'est aussi aller un peu vite sur tout le reste, non moins important.

De plus, ce qui me gêne dans cette pensée François-de-Closets, c'est son fatalisme : hors ce qu'il propose, point de salut ! A l'entendre, il n'y a plus ni droite ni gauche, qu'il renvoie dos-à-dos, pas d'autre politique alternative que la sienne, c'est-à-dire le serrage de ceinture ! A quoi bon alors se présenter aux élections, faire son devoir de citoyen, organiser le débat démocratique puisque l'issue est selon lui unique ?

De là découle, dans la pensée François-de-Closets, une dénonciation excessive, injuste et même dangereuse de toute la classe politique. Derrière le visage souriant et avenant, le discours de bon ton, il y a aussi une forme de violence, de radicalité qui ne dit pas son nom (mais quel est précisément son nom ?). Je ne sais pas ce que lui a fait Jacques Chirac, mais de Closets l'accable durement, au grand dam de sûrement une bonne partie de l'assistance ...

Enfin, si les hommes politiques sont pour lui tous des irresponsables, il n'est pas plus tendre avec les Français en général : la France est un beau et riche pays, quel dommage que ses habitants soient si inconscients ! voilà en substance la pensée François-de-Closets, qui va jusqu'à dire que si le territoire national était rempli de Suédois, tous nos problèmes disparaîtraient (sic). Finalement, sa réflexion est beaucoup plus une psychologie collective qu'une pensée économique. S'en prendre aussi vivement à notre peuple et à sa classe politique n'est pas sans poser de difficultés en termes de démocratie, régime qui repose sur l'expression du peuple et l'élection de ses représentants ...

Pour toutes ces objections, je n'adhère pas à la pensée François-de-Closets. Je n'épouse pas non plus son "isolationnisme", qu'il doit à sa jeunesse démunie et vagabonde : se débrouiller tout seul, ne rien attendre des autres, c'est un peu sa philosophie de vie, qu'il applique à la politique en se montrant fort peu enthousiaste envers la construction européenne : il court chez lui, à peine en filigrane, cette idée selon moi folle selon laquelle la France pourrait et devrait se sortir toute seule, par ses propres moyens, de la crise dans laquelle elle est enfoncée depuis plusieurs décennies. Je n'y crois pas.

Je me demande, en fin de compte, si les obsessions de François-de-Closets à propos de la ruine de la France ne viennent pas de cette enfance au sein d'une famille bourgeoise ruinée, où le petit François ne pouvait même pas ramener chez lui un copain, par honte de la déchéance sociale de ses parents (authentique !). Excusez ce court moment de psychanalyse sauvage ...

Je me demande également d'où vient, depuis trente ans, le succès des ouvrages et du personnage François de Closets. Politiquement, cet homme est atypique, inclassable, même si, à choisir absolument, je le situerai sans hésiter à droite. En même temps, il salue le pacte de compétitivité de François Hollande et trouve "honteux" que la droite n'ait rien fait dans ce domaine-là quand elle était au pouvoir. Je crois que l'engouement de l'opinion pour de Closets vient de là : une contestation tous azimuts, des évidences de bon sens sur lesquelles tout le monde peut s'accorder, des remarques disparates qui peuvent plaire, dans leur diversité, autant à un public de gauche qu'à un public de droite. Ajoutez à ça un sens aigu de la communication, un propos d'une grande clarté sur des sujets habituellement complexes, un ton qui emporte la conviction (mais pas la mienne !) et vous obtenez un début d'explication d'une influence dont le message, aussi contestable soit-il, mérite qu'on s'y intéresse.

Prochain invité, de marque lui aussi, de la librairie Cognet : Michael Lonsdale, le 14 décembre. J'y serai !

vendredi 23 novembre 2012

La conscience et la loi



Sans le barouf à l'UMP, François Hollande aurait suscité un intéressant débat politico-philosophique à propos de la "liberté de conscience" dans l'application de la prochaine loi sur le "mariage pour tous". En dispensant dans un premier temps les maires d'aller contre leurs convictions intimes, il a soulevé un tollé. Certains ont même parlé de disposition "humiliante". Non, c'est un contresens : la notion de "liberté de conscience" est au coeur de la République, l'Eglise l'a d'ailleurs combattue au XIXème siècle, elle est par exemple mentionnée dans l'article 1 de la loi de séparation des églises et de l'Etat. C'est un concept parfaitement laïque et démocratique.

La loi autorisant le mariage homosexuel n'est pas banale, ordinaire, elle ne renvoie pas à un simple contrat, elle aménage une véritable institution, qui porte sur des domaines très intimes de l'être humain, l'amour, la vie commune, la sexualité, souvent la procréation. Ce sont des sujets délicats qu'il faut aborder avec beaucoup d'attention. La référence de François Hollande à la conscience de chacun et à sa liberté fondamentale est donc pleinement justifiée.

Certes, l'esprit et la lettre de la loi exigent son universalité ; une législation à la carte n'est pas acceptable. Mais ce n'est pas de cela dont il s'agit avec la liberté de conscience : le "mariage pour tous" sera un droit pour tous, absolu, sans aucune dérogation ou exception. Simplement, sur un sujet aussi sensible, il ne sert à rien de vouloir inutilement blesser les consciences. Un peu de bon sens et d'esprit tolérant font comprendre qu'un maire qui ne le souhaite vraiment pas, en son âme et conscience, peut déléguer à un adjoint la célébration du mariage. C'est ce qu'a suggéré le président de la République, ni plus ni moins.

En revanche, ce qui n'aurait pas été acceptable, c'est d'inscrire le terme et le principe de la "liberté de conscience" dans le texte de loi. Car alors, ce serait judiciariser un refus éventuel, contre lequel les conjoints n'auraient aucun recours, si d'aventure aucun autre élu n'accepte de procéder à l'union. Ce n'est pas une querelle de mot que je suis en train de soulever, c'est un point précis de droit.

Enfin, il faut rappeler dans quelles circonstances et selon quels principes François Hollande a avancé cette notion de "liberté de conscience" à propos du mariage homosexuel : devant l'assemblée des maires de France, qui font partie de ces "corps intermédiaires" par dessus lesquels Nicolas Sarkozy voulait passer pour réformer la société, alors que François Hollande a choisi une gouvernance nouvelle, faite d'écoute, de partenariat et de négociation, dans le respect des engagements pris pendant la campagne électorale.

De même, comment le président de la République, président de tous les Français et pas seulement de ceux qui ont voté pour lui, comment pourrait-il ignorer les manifestations importantes qui ont eu lieu samedi dernier contre le "mariage pour tous" ? Il ne s'agit pas de reculer, encore moins de renoncer : la loi se fera, le projet passera. Mais il s'agit, en homme politique responsable, en chef de l'Etat digne de ce rang, d'écouter, de respecter, d'expliquer et de rassurer.

jeudi 22 novembre 2012

Suicidaire division



Je ne comprends pas bien ce qui se passe à l'UMP. Jean-François Copé ne veut pas qu'on intègre dans les résultats du scrutin le vote de trois fédérations, ce qui est évidemment anormal. Mais François Fillon, qui fait cette demande, renonce à être président alors que la rectification le donnerait vainqueur ! Quant à une direction collégiale autour d'Alain Juppé, ce n'est pas une solution : on n'organise pas toute une consultation pour aboutir à ça.

Ce qui est terrible dans cette histoire, c'est que des hommes responsables, qui ont exercé au sommet de l'Etat, ont maintenant des comportements suicidaires. En même temps, c'est toute l'histoire de la politique, à gauche comme à droite, qui est marquée par des divisions de ce type, dramatiques et finalement incompréhensibles. A cause de quoi ? La quête du pouvoir, la rivalité des personnes, le choc des idées, il y a un peu de tout ça.

Mais c'est aussi la nature de la démocratie qui le veut : le débat, forcément, porte à se diviser, même le plus digne des débats. Et je préfère cette situation-là à un monde politique sans débat, sans division. La division, c'est aussi un révélateur, un moment de vérité : Fillon et Copé ont mené pendant la campagne de trop sages débats, où leurs divergences réelles étaient refoulées. Maintenant, c'est l'inévitable explosion.

Ce n'est pas la division en soi qui est à déplorer : elle fait partie de la vie et n'appartient pas qu'à l'univers politique. Non, ce qui compte, ce qui est précieux, ce sont les procédures qui permettent de surmonter les conflits, de les dénouer (et sûrement pas de les nier ou de les effacer). D'où viennent les facteurs de la division ? De l'imprécision des règles, de l'absence de leader, de l'éloignement du pouvoir.

Le pire, le plus triste, c'est quand un parti ne trouve pas mieux que de faire appel à la justice pour régler ses différends (c'est ce que n'exclut pas de son côté François Fillon). Quel échec de la démocratie interne ! Y aura-t-il scission, comme il en est question ? Non, je ne le crois pas. Dans l'histoire de la politique française, toutes les scissions, c'est-à-dire les départs collectifs, sont idéologiques : au PS, c'est Chevènement et Mélenchon ; à l'UMP, c'est Dupont-Aignan. Entre Copé et Fillon, il y a différences politiques certes, mais pas divergences idéologiques profondes.

Dès que je suis arrivé à Saint-Quentin, en 1998, j'ai eu très vite la tête pleine d'histoires de divisions, entre Wattiez, Vatin, Lefèvre. Je ne comprenais pas grand chose à cette culture endémique de la conflictualité et de l'éviction. J'ignorais surtout qu'un jour ce serait à mon tour d'être pris dans le tourbillon de la division, malgré moi ! A l'inverse, si la droite locale est forte et respectée, c'est surtout parce qu'elle est unie, qu'elle a su se donner un leader incontesté, faire taire publiquement ses divisions (qui existent inévitablement en privé), mettre chacun à sa place.

A Saint-Quentin ou ailleurs, à gauche ou à droite, la division politique est auto-destructrice, elle se nie elle-même. Ce qui me stupéfait, c'est qu'elle n'a aucune considération pour l'opinion publique, alors que l'action politique est supposée travailler pour elle. Elle n'a aucun égard pour l'image qu'elle donne auprès de son électorat. Plus stupéfiant encore, proprement suicidaire, elle en oublie ce pouvoir pour lequel pourtant elle combat ; elle ignore l'avenir, s'empêchant tout espoir de l'emporter quand la division ravage tout. Finalement, la division en politique est pour moi une énigme.

mercredi 21 novembre 2012

Les partis et la démocratie



Ce qui s'est passé en début de semaine à l'UMP pourrait susciter mon ironie de socialiste. Mais je n'en ferai rien : au contraire, mon sentiment est à la gravité, à la tristesse et à l'inquiétude. Qu'un grand parti d'alternance et de gouvernement se déchire ainsi pour désigner son leader, c'est dramatique pour la démocratie, pour l'image de la politique. On ne doit pas en sourire ni l'exploiter. L'ironie est toujours malvenue en politique, qui est une activité sérieuse.

Entre Copé et Fillon, le problème n'est pas dans le faible écart des résultats. La démocratie a souvent été confrontée au ric-rac, qui n'enlève rien à la légitimité du gagnant : la majorité, principe majeur de la République, c'est la moitié plus une voix, qui sera toujours supérieure à la moitié moins une voix. Aux Etats-Unis d'Amérique, quand il y a eu confusion lors d'une élection présidentielle, le système n'a traversé aucune crise, il y a eu simplement recomptage dans les endroits litigieux.

Mais le mal en France est plus profond : c'est tout le problème des rapports difficiles entre nos partis politiques et la démocratie qui est posé. Depuis la Libération, nous avons vécu avec deux grands partis politiques qui n'étaient pas de nature démocratique : le parti gaulliste et son culte du chef, le parti communiste et son centralisme stalinien. Entre les deux, le parti socialiste avait une vie démocratique plus intense, mais certaines de nos fédérations pratiquaient allègrement la fraude aux élections internes. Ce déficit démocratique n'est pas essentiellement dû à la mauvaise volonté des hommes ; c'est une question de culture, de mentalités et de procédures, pour quatre raisons :

1- Un parti politique cultive l'entre soi, l'esprit de "famille" au plus mauvais sens du terme. Son linge sale, il ne le lave pas en public : du coup, il n'est jamais lavé ! La proximité favorise le laisser aller, les tentations de fraudes et de magouilles.

2- Les règles d'un parti politique ne sont pas toujours strictement définies. En la matière, il n'y a pas de droit spécifique qui prévale. Pas de Code des partis comme il y a un Code maritime ! C'est l'exemple de ma mésaventure à Saint-Quentin, qui m'a conduit à déposer un recours. La notion exclusive de "candidat désigné" (par une motion), à laquelle on veut m'astreindre, ne me semble ni démocratique dans son esprit, ni statutaire dans sa lettre. Elle a contre elle l'antériorité de la pratique (la jurisprudence, dirait-on en termes de droit), où plusieurs candidats d'une même motion se sont déjà présentés sans difficulté.

3- La démocratie a une dimension formelle et même rituelle, symbolique, qu'il faut respecter, qui n'est pas du tout secondaire ou superflue. On ne va pas voter n'importe comment, on ne fait pas n'importe quoi. Il est probable que la tenue des bureaux de vote a donné lieu, à l'UMP, en certains endroits, à du laxisme et à du relâchement, qui génèrent ensuite des cafouillages. A la section de Saint-Quentin, tel que L'Aisne Nouvelle a décrit le scrutin (auquel je n'ai pas participé), quand je constate que l'urne (transparente et réglementaire lorsque j'étais secrétaire de section) est une "boîte à chaussures", que l'isoloir est un "placard", que l'assesseur est l'un des candidats, que la soirée Beaujolais commence bien avant que les opérations de vote se terminent, je me dis que ce n'est pas la démocratie mais le foutoir ! Et qu'on ne me dise pas que je suis un rabat-joie : la convivialité cramoisie peut attendre, voter c'est du sérieux.

4- Une élection générale bénéficie du soutien et de l'organisation de l'administration publique, qui a le bénéfice de la compétence, de l'expérience et de la neutralité. Ce n'est pas le cas dans un parti politique, qui ne peut compter que sur les bonnes volontés et les militants disponibles : c'est précieux mais ce n'est pas non plus une garantie d'efficacité. Soyons donc indulgents envers les partis qui font l'effort de pratiquer la démocratie, dont l'exercice n'est jamais facile, et ne moquons pas les inévitables travers, y compris quand ils sont spectaculaires, comme aujourd'hui à l'UMP, comme hier au congrès de Reims du PS.

En matière d'exemplarité démocratique, il y a tout de même un modèle, dont les partis politiques devraient s'inspirer : les primaires citoyennes du parti socialiste, modèle d'organisation, de mobilisation et de réussite. Electorat ouvert, contrôle strict du scrutin, campagne plurielle, aucune contestation au final, légitimité du vainqueur, respect des vaincus, et en prime la victoire à la présidentielle ! A Saint-Quentin, aux primaires, pas de boîte à chaussures, pas de placard, pas d'assesseur candidat, pas de bouffe ou de bouteille qui traînent : des bureaux de vote nickel, démocratiquement corrects. C'est pourquoi je
réclame la même procédure pour les prochaines élections municipales à Saint-Quentin.


(billet rédigé et publié avant le rebondissement du début d'après-midi)




mardi 20 novembre 2012

Un petit conseil



"J'en ai marre" : c'est sur cette phrase de Xavier Bertrand que s'est ouvert et que s'est terminé le conseil municipal, hier soir à Saint-Quentin. Marre de quoi ? Des perturbations sur nos écrans numériques, qui obligent la Ville à acheter un récepteur à 28 000 euros, dépense sur laquelle s'abstient Anne Zanditenas (LO), déplorant le désengagement de l'Etat. Marre des experts irresponsables, à propos de l'explosion de gaz rue Jules-Guesde, à la suite d'une question posée à nouveau par Anne Zanditenas. De fait, les élus d'extrême gauche sont souvent intervenus lors de la séance, à l'exception du NPA, dont le représentant était absent.

Il a aussi souvent été question de la presse locale, l'opposition se basant régulièrement sur elle pour fonder ses critiques. Ce qui a conduit le maire à exposer une petite théorie : il y a les lecteurs, les commentateurs et les acteurs. Il se range dans cette dernière catégorie, faisant l'éloge du "terrain qui ne ment pas", dénonçant "le bureau qui est un piège", en réponse à Jean-Pierre Lançon (PS) qui critiquait une nouvelle fois les visites de quartier des élus de la majorité.

Le chef de file de l'opposition, au début de sa toute première prise de parole, a tendu le bâton pour se faire battre : se disant "flatté" que le maire compare sa réélection à la tête de la section avec celle du secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand a eu beau jeu de lui mettre dans les dents ses 22 voix. De son côté, l'opposant a dénoncé la "panne de projets" de l'équipe municipale, montrant du doigt ce qu'il a appelé un "comité Théodule", l'association lancée récemment par l'adjoint Freddy Grzeziczak, qui ne s'attendait sûrement pas à un tel honneur ... et qui n'a rien daigné répondre.

Le point principal à l'ordre du jour, traditionnel à cette période, c'est le "débat d'orientations budgétaires", que Jean-Pierre Lançon a réduit à un "ronronnement rituel". Pourtant, n'y avait-il pas matière à un véritable débat ? Xavier Bertrand a défendu sa ligne : investissement stable, autofinancement, pas de recours à l'emprunt, taux d'imposition inchangé, recherche d'économies. Michel Aurigny (POI), dans une orgie habituelle de chiffres et de remarques technico-administratives, a voulu démontrer qu'il y avait à Saint-Quentin une augmentation importante de la dette. Je laisse les spécialistes juges.

Ce conseil municipal a été l'occasion de nombreuses attaques contre le gouvernement. D'abord venant de Xavier Bertrand : "Au niveau national, les impôts tombent comme à Gravelotte, contrairement aux promesses", la hausse du taux intermédiaire de la TVA est "une erreur économique qui fait mal à des secteurs entiers". Il s'est même permis le luxe de dire qu'en tant que rapporteur des retraites, il avait défendu une revendication communiste (le départ avant 60 ans de ceux qui ont commencé très tôt à travailler) contre l'avis des socialistes ! Pas de riposte de l'opposition ...

Mais les critiques contre le gouvernement sont aussi venues de l'extrême gauche : Michel Aurigny a dénoncé "l'austérité drastique" à quoi conduit le traité budgétaire européen et a fait remarquer que "le changement politique attendu n'est pas là". Anne Zanditenas a déclaré de son côté qu' "il n'a pas fallu attendre six mois pour se rendre compte que le gouvernement de gauche poursuit la même politique que le gouvernement précédent". Les élus socialistes n'ont pas réagi ...

Seul moment d'indulgence souriante de la part de Xavier Bertrand, comme souvent à l'égard d'Olivier Tournay (PCF), quand celui-ci a de nouveau décortiqué les relations entre l'association Sports-Evènements et la Municipalité : le maire a rendu hommage à l'expertise de l'élu communiste, sous forme de boutade, en lui conseillant de se faire embaucher par Pascal Cordier ! Plus sérieusement, il a promis de soumettre au président de l'association, qu'il doit rencontrer dans dix jours, les questions soulevées par Olivier Tournay.

Michel Aurigny n'est "pas favorable" au Mc Do qui va s'installer quai Gayant. Mais au moment de passer au vote, il se contente de s'abstenir. Pourtant, il tenait là un beau combat contre l'ancien ministre de la Santé, normalement soucieux d'une alimentation équilibrée. Et si Nora Ahmed-Ali (EELV) avait été présente, n'aurait-elle pas proposé l'ouverture, sur ce site, d'un restaurant bio ? Il n'y en a aucun à Saint-Quentin !

Le vote du budget, c'est au prochain conseil. Dans le même "ronronnement rituel" ?

lundi 19 novembre 2012

Le secret de l'enfant fourmi



Belle séance de ciné philo ce soir, avec le film de Christine François, "Le secret de l'enfant fourmi", une étrange et terrible histoire de superstition et d'adoption, sur fond d'infanticide rituel au Bénin. Fabienne Bonnard et François Péry (en vignette), d'Aster-International, nous ont fait profiter de leurs réflexions. La discussion s'est prolongée dans le hall du cinéma autour d'un verre de cidre.

dimanche 18 novembre 2012

De quoi Hollande est-il le nom ?



On se souvient du petit livre à grand succès d'Alain Badiou en 2008, "De quoi Sarkozy est-il le nom ?" qui rattachait le pouvoir d'alors au pétainisme, de façon évidemment très contestable. Mais Hollande aujourd'hui, après six mois de présidence, de quoi est-il le nom ? A quelle idéologie peut-on le raccrocher ?

Depuis l'adoption du pacte de compétitivité, et à la suite du vote sur le traité budgétaire européen, la messe semble dite : social-libéralisme ! voilà l'expression qui le plus souvent revient. C'est mal dit et c'est faux, pour trois raisons :

1- "Social-libéral" est un terme polémique, utilisé par l'extrême gauche pour disqualifier les socialistes, et contradictoire : le libéralisme est une doctrine économique, pas un projet social.

2- La référence est historiquement inadaptée à la situation française actuelle. Elle renvoie à Tony Blair, qui a dû tourner la page à la fois du travaillisme des années 70, très étatiste, et de l'ultra-libéralisme des années 80 de Margaret Thatcher.

3- Le social-libéralisme à la Blair ou à la Schroeder remet en cause certaines conquêtes sociales. Ce n'est nullement le cas du gouvernement Hollande-Ayrault, qui au contraire les renforce (retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé tôt).

De quoi alors Hollande est-il donc le nom ? D'une social-démocratie à la française répondant aux défis de notre époque. Mais ce nom-là, social-démocrate, est méconnu chez nous, trop souvent associé à un socialisme "mou" dont François Hollande a fait litière durant les primaires citoyennes, quand Martine Aubry, mal lui en a pris, a risqué de l'attaquer sur ce terrain. La social-démocratie de François Hollande, comme toute social-démocratie, repose sur quatre principes :

a- La reconnaissance du marché, et le soutien à ce qui le constitue, c'est-à-dire les entreprises (c'est le pacte de compétitivité).

b- La pratique du compromis, entre les partenaires sociaux. C'est par exemple le contrat de génération, signé autant par le Medef que par la Cgt.

c- L'inscription dans la durée. Fini la théorie mitterrandienne des six premiers mois décisifs : les résultats du gouvernement se jugeront sur ses cinq années.

d- La rupture avec la gauche de la gauche, qui ne participe pas au gouvernement et qui le critique plus qu'elle ne le soutient : comme ça, au moins, c'est clair.

Avec François Hollande et Jean-Marc Ayrault, nous avons pour la première fois dans notre pays et dans l'histoire de la gauche française une expérience social-démocrate. Ce n'est pas que les tentatives n'ont pas existé par le passé, mais elles ont toutes avortées : A Pierre Mendès-France, il a manqué la durée ; à Michel Rocard, le pouvoir (car sous l'autorité d'un François Mitterrand qui n'était pas, lui, social-démocrate).

Laurent Fabius est un faux social-démocrate : dans l'opposition, il tient un discours radical (par exemple anti-européen en 2005) et une fois au pouvoir, il devient moderniste. C'est en fait la tradition opportuniste de Guy Mollet (dure dans le discours, accommodante dans la pratique), que je n'aime pas du tout. Je ne vois qu'un seul gouvernement "social-libéral", celui du fabiusien Pierre Bérégovoy, dont les mesures financières allaient assez dans le sens du libéralisme. Mais c'est l'unique tentation de la gauche française. Lionel Jospin a ébauché une politique social-démocrate, limitée par ses alliances avec la gauche plurielle.

A Saint-Quentin, j'aimerais faire vivre ce courant social-démocrate, face à Anne Ferreira, héritière du poperénisme, et à Jean-Pierre Lançon, initiateur de l'ouverture à l'extrême gauche, opposant frontal à Pierre André et à Xavier Bertrand, défenseur d'un projet municipal radical. Mes deux camarades sont, par choix et par culture, étrangers à la social-démocratie. Lorsque L'Aisne Nouvelle, dans son édition du week-end, demande au secrétaire de section pourquoi il a été aussi faiblement réélu, il a cet incroyable lapsus révélateur : "Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il y avait une tendance très nette à soutenir François Hollande. Les socialistes sont assez légitimistes". J'ai bien compris : Jean-Pierre ne s'inclut pas parmi les "légitimistes", ceux qui soutiennent complètement François Hollande ! Au moins, ça aussi, c'est clair.

samedi 17 novembre 2012

Une semaine très animée







J'ai commencé mes animations de la semaine par une réflexion sur la solitude, au sein de l'atelier d'insertion du centre social de Guise, en compagnie de Maria Vermeersch et de ses stagiaires (vignette 1). Juste après, j'ai enchaîné avec une séance de café philo, dans la même ville, organisée par Lise Rauscher et Manuel Caré. Thème : Où est le paradis ? (vignette 2). Pour un peu, j'allais, à la suite, en soirée à Hirson pour animer le ciné philo (ciné bla-bla, comme ils l'appellent là-bas) , à l'invitation de Claude Trévin, autour du film de François Ozon, "Dans la maison". Mais la projection a été finalement déprogrammée.

Mercredi, ce sont mes amis de l'Université du Temps Libre de Cambrai que j'ai retrouvés, pour une conférence assez originale puisqu'elle portait sur ... le feu. Jeudi soir, grand retour du café philo à Saint-Quentin, mais dans un nouveau lieu, la Brasserie du Théâtre, place de l'Hôtel de Ville, à l'étage (vignette 3). Merci à Laurent Plaquet de mettre la salle à notre disposition. Cette reprise a commencé très fort : une quarantaine de participants, dont une majorité de lycéens (parmi lesquels des internes du lycée Henri-Martin). La question : Faut-il croire au hasard ? Comme c'était la journée, les adultes se sont vus offrir un verre de beaujolais (In vino veritas, paraît-il) et les jeunes des jus de fruit (je ne sais pas si l'effet est le même pour stimuler la pensée ...).

La semaine qui vient s'annonce animée elle aussi. Lundi, ce sera le ciné philo, dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale, en partenariat avec l'association présidée par Marie-Lise Semblat, Aster-Internationale. Le film, "Le secret de l'enfant fourmi", a été réalisé par une Amiénoise, Christine François. Il traite d'un sujet délicat, douloureux et malheureusement actuel : l'infanticide au Bénin et l'adoption en France. J'aurai à mes côtés, pour éclairer notre réflexion, Fabienne Bonnard et François Péry, membres d'Aster. Nous terminerons la rencontre par une dégustation de gâteaux et de cidre (que du bio !).

Jeudi, ce sera le traditionnel rendez-vous avec les jeunes de l'Epide, qui ont choisi le sujet suivant : Que nous apporte l'amitié ? Vendredi, Jean-Louis Gasdon a eu la bonne idée de me reproposer la sympathique formule de l'apéro philo, dans le cadre de l'association sportive de cyclotourisme (AS cyclo) de Montescourt-Lizerolles. A partir de 18h00, dans l'ancienne gare, nous débattrons de la liberté dans le sport. Trois ou quatre animations par semaine, c'est le bon rythme !

vendredi 16 novembre 2012

Bonnes et mauvaises nouvelles



Les résultats de la section socialiste de Saint-Quentin pour les élections du secrétaire de section et du premier fédéral sont, comme toute consultation, riches en enseignements. D'abord, ce qui frappe, c'est la faiblesse des scores, 22 pour Jean-Pierre Lançon, 20 pour Stéphane Andurand, des petits chiffres qui contrastent avec une ville de tout de même 60 000 habitants et pour un parti de gouvernement tel que le parti socialiste.

Ensuite, il y a le faible écart entre les deux postulants, assez surprenant : quand on est secrétaire de section sortant, chef de file de l'opposition municipale, soutenu par une vice-présidente au Conseil régional, on s'attend forcément à un score plus important. C'est donc une forme de désaveu à l'égard d'une ligne, d'une méthode mais aussi d'un style qui passent mal.

Faible score ou pas, il n'empêche que Jean-Pierre a été réélu et que ce n'est pas une bonne nouvelle (sauf pour lui !). En effet, comment va-t-on maintenant aborder les élections municipales et la rupture avec l'extrême gauche en présence d'un secrétaire de section qui est le défenseur de ces alliances ? Comment va-t-on redynamiser la section, être plus présent et plus actif si les mêmes méthodes perdurent, sans aucune remise en question ? Pas facile ...

Ce qui est à souligner, c'est que le vote est moins un choix de motions que de personnes. Ce sont les considérations locales plus que nationales qui ont joué. C'est flagrant lorsqu'on compare les résultats pour la section et les résultats pour la fédération : en toute cohérence politique, les chiffres devraient se superposer. Ce n'est pas le cas : la motion 3, quand elle est représentée par Jean-Pierre Lançon pour la section, obtient 22 voix ; mais quand c'est Anne Ferreira sa candidate pour le poste de premier secrétaire fédéral, elle obtient 30 voix. A l'inverse, la motion 1, pour la section, rassemble 20 voix, mais ils ne sont plus que 13 à se reporter sur Arnaud Battefort, pourtant candidat de cette motion au niveau fédéral.

J'ai bon espoir que le scrutin local soit invalidé. L'argument de l'impossibilité de candidatures pour deux signataires d'une même motion ne tient absolument pas : dans la Somme, à un niveau pourtant beaucoup plus important, celui de premier secrétaire fédéral, les deux postulants, Pascale Boistard et Benjamin Lucas, appartiennent à la motion 1. En cas de nouveau scrutin, il est peu probable que la désignation de Jean-Pierre Lançon soit acquise : avec trois candidats, il y aura un deuxième tour ; la motion 1 mobilisera alors plus largement et le candidat arrivé en tête, Stéphane Andurand ou moi, bénéficiera naturellement des reports de voix. A deux voix d'écart entre les deux motions, c'est jouable.

Quel malheur d'être obligé d'en arriver là, de passer par tout un débat administratif pour forcer le seul débat qui compte, la confrontation politique, le débat d'idées ! Même si je suis confiant pour la suite, quel gâchis ! Je ne peux que déplorer cet étalage public de nos divisions, cette absence de maîtrise de la communication, qui sont préjudiciables à tous.

En politique, il ne faut avoir à l'esprit que l'intérêt collectif et général, mais permettez-moi ce soir d'émettre aussi un jugement plus personnel : quand on aime comme moi la politique, quand on a des choses à dire, des convictions à défendre, il n'y a rien de plus frustrant que de ne pas pouvoir se présenter, alors même qu'on a rigoureusement respecté les règles de son parti. Je ne suis pas du genre sentimental, mais je voulais malgré tout exprimer ce sentiment d'injustice qu'il y a d'être écarté par ses propres camarades, sans explication ni raison valables.

Mais je veux terminer sur une note d'optimisme, en félicitant Arnaud Battefort, que je vous ai présenté dans mon billet d'avant-hier, pour son élection au poste de premier des socialistes dans l'Aisne. Ce n'était pas gagné d'avance, même si la tendance était favorable : qu'un simple militant, sans mandat, l'emporte très largement sur une vice-présidente du Conseil régional, c'est un signe des temps, très positif. Je souhaite bonne chance à Arnaud, qu'il motive les troupes, développe le parti et nous assure de belles victoires aux prochaines élections municipales !

jeudi 15 novembre 2012

Une gauche durable et gestionnaire



Bruno Le Roux était hier soir l'invité des socialistes axonais, à la Halte Fluviale à Soissons (en vignette). C'est toujours impressionnant de voir une personnalité nationale (Bruno est président du groupe socialiste à l'Assemblée) prendre plusieurs heures d'un temps précieux pour venir nous visiter et expliquer les choix du gouvernement. Aussitôt la réunion terminée, sa voiture l'attendait pour retourner au Palais Bourbon !

Bruno Le Roux a une bonne tête joufflu, ronde, sympa, un Laurent Fabius en plus jeune et en plus gros. Cette bouille ne fait pas homme politique tradi. C'est Jean-Jacques Thomas qui l'a accueilli, faisant à cette occasion sa dernière intervention publique en tant que premier secrétaire fédéral. Dans la salle étaient présents les deux candidats à sa succession, Arnaud Battefort et Anne Ferreira, le maire de Soissons Patrick Day accompagné de plusieurs adjoints, la vice-présidente au Conseil régional de Picardie Mireille Tiquet, Jean-Michel Wattier président de l'association des élus socialistes et républicains de l'Aisne, Jacques Héry, secrétaire de la section de Neuville-Saint-Amand, Stéphane Bizeau, secrétaire de la section d'Hirson, Didier Lhotte, responsable de la section de Soissons.

Bruno a fixé le cap : non seulement réussir les cinq ans qui viennent, en étant jugé sur un critère principal, l'inversion de la courbe du chômage, mais inscrire l'action du gouvernement dans la longue durée, les dix prochaines années, sachant que la gauche en France n'a jamais gouverné plus de cinq ans dans son histoire. Mais quelle gauche ? Pour Le Roux, c'est très clair, et François Hollande l'a parfaitement illustré avant-hier dans sa conférence de presse : une gauche de gestion, qui soutient l'entreprise (c'est le pacte de compétitivité) pour relancer l'emploi. "Etre les meilleurs gestionnaires que la France ait connus", voilà l'ambition, et tant pis si ça déplaît à Mélenchon !

Le changement, oui c'est maintenant, ça a commencé, avec le contrat de génération, signé à la fois par le Medef et la Cgt, un bel exemple de ce "compromis historique" entre partenaires sociaux, dont François Hollande s'est fait mardi le défenseur, fidèle en cela au coeur de métier de la social-démocratie.

Bruno n'a pas hésité, en bon pédagogue, à se frotter aux critiques qui viennent parfois de notre propre camp, en utilisant des arguments simples et percutants. Ce pacte de compétitivité, ne serait-il pas de droite ? Mais alors, pourquoi la droite ne l'a-t-elle pas mis en oeuvre depuis dix ans ? Et pourquoi critique-t-elle aujourd'hui les décisions du gouvernement qui s'en inspirent ? Ce qui est vrai, c'est que la défense de l'entreprise n'est pas dans la culture de la gauche. Il faut que ça change !

Quant aux heures supplémentaires refiscalisées, elles provoquent des inquiétudes en termes de perte de pouvoir d'achat. Mais bien heureux celui qui a du boulot quand il y a trois millions de chômeurs ! Et puis, les heures sup ne sont pas supprimées, elles continuent à être surpayées à 25%. Mais il est normal que ceux qui en bénéficient paient des cotisations dessus, et qu'elles ne soient pas à la charge du contribuable ! S'il y a une menace sur le pouvoir d'achat à propos des heures sup, elle vient d'une partie de la droite qui veut supprimer les 35 heures et donc revenir sur la majoration des quatre heures déclenchée par la réduction du temps de travail.

Dernier point qui a retenu mon attention dans l'intervention de Bruno Le Roux : sa satisfaction de voir la fonction présidentielle retrouver le lustre qu'elle avait perdu sous Nicolas Sarkozy. Paradoxalement, c'est François Hollande qui renoue avec l'esprit de la Ve République en matière de présidence, alors que Sarkozy en avait fait une présidence à l'américaine, un temps séduisante auprès des Français, qui se sont cependant vite lassés d'un style peu conforme à notre tradition nationale.

Y'a pas à dire, écouter un camarade qui vient de Paris, ça fait aussi du bien, ça change.

mercredi 14 novembre 2012

Votez Battefort !



Arnaud Battefort : Ce nom ne vous dit peut-être rien. Et pourtant, retenez-le, ainsi que ce visage (en vignette) : cet homme sera probablement demain soir le premier secrétaire fédéral du parti socialiste dans l'Aisne, c'est-à-dire le "patron" des socialistes du département. Ces neuf dernières années, c'était Jean-Jacques Thomas, qui n'a pas souhaité se représenter. Le deuxième candidat à briguer le poste de numéro 1 est Anne Ferreira. Entre les deux, pas d'hésitation pour moi : c'est Arnaud mon champion !

Bien sûr, ce qui nous rapproche d'abord, c'est que nous sommes signataires tous les deux de la même motion, défendue par Harlem Désir. Mais il y a plus que ça. Dans la situation où se trouvent actuellement le président de la République et le gouvernement, face aux attaques qui viennent de toute part, il nous faut un premier secrétaire fédéral qui soit à 200% derrière François Hollande, qui soutienne à fond sa politique. Ce n'est pas le cas d'Anne, dont le courant rejette le traité budgétaire européen et émet des réserves sur le pacte de compétitivité, autant dire n'est pas en phase avec deux actes majeurs de la politique gouvernementale. Dans ces conditions, je vois mal comment elle pourrait répondre efficacement aux reproches de la droite.

Ensuite, puisque François Hollande a choisi de faire du non cumul des mandats un axe fort de sa politique, je crois qu'il faut, dans les responsabilités du parti, être au diapason, donner l'exemple. Arnaud Battefort n'a aucun mandat, c'est un militant de base, engagé depuis très longtemps dans le combat politique et syndical, donnons-lui sa chance ! Anne Ferreira a le très grand honneur d'être 4ème vice-présidente du Conseil régional de Picardie, chargée du développement économique, de l'agriculture, de la recherche, de l'innovation, de l'enseignement supérieur, de l'Europe et du co-développement. Je veux un premier fédéral qui n'ait que ça à faire, qui soit premier fédéral à plein temps, qui se consacre seulement au développement du parti dans l'Aisne.

Enfin, mais c'est plus subjectif, il nous faut un leader, quelqu'un qui entraîne l'adhésion, qui dégage de l'enthousiasme, qui sache haranguer une foule : pour moi, y'a pas photo, celui qui a l'étoffe d'un leader, c'est Arnaud !

Normalement, c'est lui qui doit être demain soir élu, puisque sa motion est majoritaire, et que le vote sur les textes se traduit ensuite mécaniquement par un vote sur les personnes. Mais est-ce que tout est complètement normal en politique ? Au dernier congrès, celui de Reims, c'est Claire Le Flécher qui devait devenir première secrétaire fédérale, ayant logiquement la majorité. Mais non ! La politique est fâchée avec l'arithmétique ...

L'explication ? Claire n'était pas élue, tout comme Arnaud. Dans un parti d'élus, il y a une sorte de solidarité naturelle, presque de déférence obligée à l'égard de ceux qui sont porteurs d'un mandat, une forme de connivence, d'esprit de corps comme on en voit un peu partout ailleurs dans la société. Un élu a du pouvoir à revendre, si j'ose dire ; un militant n'a que sa bonne volonté à offrir. Claire a été il y a trois ans la victime de ce tropisme, j'espère qu'il n'en sera pas de même demain avec Arnaud.

Et puis, j'ai un regret : pour la première fois depuis que je suis adhérent au parti socialiste, je n'irai pas voter, déposant un recours en annulation (voir billets précédents sur ce sujet) et ne pouvant donc pas participer à un scrutin dont je conteste à Saint-Quentin la légalité.

mardi 13 novembre 2012

Primaires : le débat est ouvert



C'était hier soir à Gauchy la réunion de présentation de candidature des deux postulants à la fonction de premier secrétaire fédéral dans l'Aisne, Arnaud Battefort et Anne Ferreira. Pour le parti socialiste, c'est un moment important dans sa vie démocratique. Pour moi, c'est toujours intéressant d'écouter les uns et les autres s'exprimer, y compris à travers les oublis, les allusions et les lapsus : dès que quelqu'un parle, on apprend toujours quelque chose, même si les positions des candidats sont bien connues, même si les interventions de la salle sont sans surprise.

Dans ce genre de rencontre, j'ai une méthode, toujours la même : y aller avec une question, très précise, sur laquelle je me concentre, en ressortir avec une réponse, claire si possible. Hier soir, ma question portait sur l'organisation de primaires citoyennes à Saint-Quentin en vue de la désignation de notre tête de liste aux élections municipales. Arnaud et Anne y sont-ils favorables ? C'est une vraie question (c'est-à-dire que la réponse était a priori incertaine ... sinon je ne poserais pas la question!) : on peut être d'accord avec des primaires au niveau national et hostile au niveau local, en estimant qu'il suffit aux adhérents du parti de choisir leur tête de liste (c'est ce que prévoient les statuts du parti).

Ces primaires locales, j'y suis personnellement très favorable, pour deux raisons : elles permettront de mobiliser notre électorat et de mieux affronter le scrutin municipal, elles départageront les candidats à la conduite de la liste (quatre se sont déjà déclarés ou positionnés), sans querelles de légitimité. J'ai donc été très satisfait d'entendre Arnaud et Anne émettre un accord de principe aux primaires locales, sous réserve de leur coût et des modalités d'application. En tout cas, le débat est ouvert, c'est un acquis. Je craignais que le projet soit tout simplement écarté, puisque ce dispositif n'est pas statutaire. Comme quoi le politique est plus fort que l'administratif, les mouvements d'opinion plus forts que la logique d'appareil (forcément réticent, puisque les primaires le privent de son pouvoir d'investiture).

La question du coût peut être à mon avis facilement levée. Le gros de la dépense est dans l'achat du fichier électoral et la prise en compte financière de la procédure dans les comptes de campagne. Pour le reste, l'information se fera par voie de presse, messages électroniques, tracts et affiches, ce qui ne représente pas une dépense exorbitante. Et puis, l'euro versé par chaque votant reviendra à la section, qui pourra certainement bénéficier d'une aide nationale et fédérale (sachant qu'il est probable que Saint-Quentin sera dans l'Aisne la seule ville à organiser des primaires citoyennes).

La question des modalités doit s'inspirer au plus près de ce qui s'est fait nationalement, avec nécessairement des variantes. Il faut que ces primaires soient ouvertes à tous les partis de gauche saint-quentinois et, pourquoi pas, aux personnalités de la société civile. Le parrainage par des élus est évidemment exclu puisqu'il y a très peu d'élus de gauche dans la ville (cette condition n'est possible qu'au niveau national). Soit nous en restons à la liberté de candidature, soit nous introduisons un parrainage citoyen (100 à 200 Saint-Quentinois pour parrainer une candidature, sans possibilité de parrainages multiples bien sûr). C'est un point qui est à discuter.

Quant à l'organisation du scrutin, ce qui s'est fait pour les primaires nationales se fera de même pour les primaires locales : la mobilisation de nos sympathisants pour tenir les bureaux et participer aux opérations de vote. Il reste un dernier point (mais j'en ai sûrement oubliés) : le nécessaire débat public entre les candidats. La presse locale pourra être sollicitée pour l'organiser, pourquoi pas aussi France 3 Picardie. De toute façon, il nous reste une petite année pour préparer ces primaires locales, qui ne pourraient avoir lieu qu'à l'automne 2013. L'essentiel, encore une fois, c'est que le principe n'ait pas été écarté.

lundi 12 novembre 2012

La guerre des guerres



Ce n'est plus la der des der, c'est la guerre des guerres ! La polémique est très française, faussement idéologique, inutilement clivante : nous sommes sommés de choisir entre une commémoration commune ou une commémoration séparée des deux derniers conflits mondiaux. En 2014, on fêtera aussi bien le début de la Grande guerre que la fin de la Seconde, avec le débarquement des alliés en Normandie. Derrière les pétitions de principes, il y a probablement aussi des histoires de gros sous et de petits, des économies d'échelle, comme on dit aujourd'hui (deux en une, ça coûte moins cher).

Le gouvernement est favorable à une seule commémo, l'opposition est au contraire favorable à deux sans doute parce que le gouvernement est favorable à une ! Ce n'est plus la guerre, c'est la guéguerre. Les élus des départements les plus concernés optent pour deux célébrations, même quand ces élus appartiennent à la majorité. Bref, on n'y comprend plus rien, les arguments circulent en boucle, aussi valables les uns que les autres, tout le monde semble avoir raison et tort à la fois. Au lendemain du 11 novembre, j'ai voulu revenir sur cette affaire.

D'abord, il est évident que ces deux guerres, 1914-1918 et 1939-1945, sont de nature différente. La première est un affrontement classique avec des moyens modernes : elle commence dans la joie, "la fleur au fusil" et "la tête à Guillaume" au bout, et s'enlise dans l'horreur des tranchées et ses massacres de masses. Jamais une guerre n'aura autant montré son absurdité. La seconde est une entreprise idéologique, celle du nazisme, qui vise, en plus de la conquête de territoires, à l'extermination de certaines populations, en premier lieu du peuple juif. Rien de tel en 14-18. De ce point de vue-là, la confusion des commémorations est préjudiciable à la bonne compréhension des évènements.

Mais faut-il cependant s'enfermer dans leur particularisme ? Il y a tout de même des lignes de continuité, de terribles points communs : la guerre reste la guerre, quels que soient ses motifs et ses moyens. A vrai dire, la distinction et le rapprochement vont de paire. Le XXe siècle est plein de sang, de boue, de fer et de feu. Ce qui est proprement hallucinant, c'est que l'Europe ait pu engendrer en si peu de temps deux conflits qui se sont très vite répandus à travers la planète, faisant des dizaines de millions de morts. C'est sûrement ce que l'Histoire retiendra.

Alors, une ou deux commémorations ? Je ne vois pas la contradiction : la mémoire de tous les morts, de toutes les victimes, de tous les innocents sacrifiés doit être sans distinction célébrée, dans un élan d'unité en faveur de ce qui finalement seul compte : la paix et la démocratie. Mais cela n'empêche nullement les chercheurs, les historiens, les intellectuels, les pédagogues de nous montrer que les mécanismes de ces deux guerres mondiales sont spécifiques, et que les leçons à en tirer ne sont pas les mêmes.

dimanche 11 novembre 2012

St-Quentin au cinéma





Saint-Quentin a inspiré plusieurs cinéastes dans de nombreuses scènes. Mais jamais la ville tout entière n'avait été la toile de fond d'un film. C'est fait, grâce à un enfant du pays, le réalisateur Claude Berne, dans sa savoureuse et émouvante comédie dramatique "Hôtel du Paradis", qui a été présentée hier soir en avant-première exceptionnelle au multiplexe. Auparavant, la Municipalité lui avait fait honneur en le recevant dans la salle des mariage de l'Hôtel de Ville (vignette 1, au côté de l'adjoint à la culture Stéphane Lepoudère).

L'Hôtel du Paradis, c'est l'ancien hôtel France-Angleterre, en haut de la rue Emile Zola, où j'ai passé plusieurs nuits, quand j'étais un turbo prof, entre Paris et Saint-Quentin. Paul et Marie (interprétés par Claude Berne et Caroline Ducey, radieuse) s'y croisent et sympathisent, deux êtres déchirés par la vie, "en attente" (le mot revient souvent) d'amour mais aussi de mort. Je n'en dis pas plus, mais je vous parle quand même de l'hommage rendu à notre ville, d'abord à travers ses bistros, au sein de cette convivialité populaire qu'affectionne particulièrement Claude Berne : le Pacific, les Bons Enfants, le Méphisto, le bar africain le Paradeso, voilà quelques hauts lieux de chaleur humaine que j'ai cru reconnaître. A l'inverse de quoi le réalisateur nous décrit avec beaucoup d'humour une administration kafkaïenne !

Le film nous conduit, au gré de son histoire, dans le hall de la gare, sur la place de l'Hôtel de Ville, à la pâtisserie Henry, au bord du canal, dans l'école Lyon-Jumentier, à l'entrée de l'hôpital, au cimetière de la Tombelle et dans plusieurs rues du centre. Les bruits, les odeurs et les images de la ville sont présents : le portrait de Maurice-Quentin de La Tour, le son du carillon et même la pluie, sans laquelle Saint-Quentin ne serait pas Saint-Quentin !

Des Saint-Quentinois ont été sollicités pour interpréter des rôles de composition, dont quelques figures locales bien connues, parmi lesquelles la très souriante Fatima Bendif, de la MCL de Gauchy, Jacques et Dolorès Héry, les sympathiques patrons des Bons Enfants, Mohamed Belaïdi, guitariste, Dominique Prouveur, musicien, Jean-Pierre Besançon, ancien patron du café Le Français et même un homme politique axonais, surprenant Jean-Pierre Balligand qui, après trente ans de vie parlementaire, entreprend peut-être ici une nouvelle carrière ...

La projection du film a été suivie d'un débat entre les 130 spectateurs et les deux comédiens, que j'ai eu le plaisir d'animer (vignette 2, à la sortie). De nombreuses personnalités étaient présentes, les élus Stéphane Lepoudère, Vincent Savelli, Marie-Odile Lefèvre, Nora Ahmed-Ali, le producteur du film Didier Leclercq, Philippe Nowak, responsable du BTS audio-visuel au lycée Henri-Martin, Jacqueline Debadier, la cinéphile Anna Osman, Valérie d'Amico, directrice de la bibliothèque, Bernard Visse, directeur de la culture à la Ville.

Pourquoi ce titre, "Hôtel du Paradis" ? C'est un clin d'oeil et un hommage de Claude Berne à Marcel Carné, "Hôtel du Nord" et "Les Enfants du Paradis". Et maintenant, il ne vous reste plus qu'à aller voir le film, dès mercredi prochain en salles.

samedi 10 novembre 2012

Il faut des alliés fiables



Un parti ou un homme ne font pas de la politique seuls ; il leur faut des alliés pour gagner. Encore faut-il que ces alliés soient fiables. Ce n'est pas le cas de nos partenaires écologistes, qui soutiennent au gouvernement une ligne politique et dans leur parti, EELV, une autre ligne politique. Quand Jean-Vincent Placé se demande ce que les écolos font au gouvernement, il est logique avec lui-même. Quand François Hollande évoque leur "possible" départ, c'est logique aussi, quoique il "ne le souhaite pas" : c'est aux Verts à faire face à leurs propres contradictions et à en assumer les conséquences ; côté socialistes, nous sommes clairs avec nous-mêmes.

Le cas des communistes est très différent : ils ont appelé à voter Hollande, mais ont refusé d'entrer au gouvernement, et très vite se sont mis à critiquer ses décisions. Que les sénateurs communistes ne votent pas le budget n'est qu'une confirmation : par ce geste, ils manifestent ostensiblement leur non appartenance à la majorité présidentielle. Et quand ils mêlent leurs voix à la droite pour repousser telle réforme du gouvernement, la messe est dite, pas besoin de clarification supplémentaire. Tant mieux : la vieille union de la gauche, la plus récente gauche plurielle sont bel et bien, l'une et l'autre, mortes.

A Saint-Quentin, à l'occasion jeudi prochain de l'élection du secrétaire de section, la question des alliances sera aussi posée. Si je me suis porté candidat, c'est en particulier pour en débattre et m'opposer à ce qui se pratique depuis cinq ans, l'alliance avec l'extrême gauche, qui nous a fait perdre, facteur parmi d'autres, les dernières élections municipales, cantonales et législatives. Je souhaite que les adhérents, qui avaient refusé majoritairement en 2008 cette alliance incohérente, puissent à nouveau s'exprimer là-dessus. Or, je suis le seul socialiste, depuis cinq ans, à avoir condamné clairement les alliances avec l'extrême gauche. Ma voix doit pouvoir se faire entendre et les socialistes donner leur avis, pour qu'on ne leur vole pas à nouveau leur vote, comme en 2008 !

Mais quelles nouvelles alliances proposer ? Les communistes locaux sont des dissidents de leur propre parti, les écologistes et les radicaux de gauche sont inexistants. Soyons réalistes : je ne vois qu'une seule force politique relativement présente à Saint-Quentin, incarnant cet électorat du centre qui permet jusqu'à maintenant à l'UMP de l'emporter à chaque scrutin local, il s'agit bien sûr du MoDem. Son président national, François Bayrou, a appelé à voter pour François Hollande, rejoignant ainsi la majorité présidentielle. A la différence des communistes, il ne rejette pas frontalement la politique du gouvernement (même s'il émet des réserves et des critiques, ce qui est normal, sinon Bayrou serait socialiste !). A Saint-Quentin, Paul Paringault, président départemental du MoDem, et Paul Gironde, conseiller municipal délégué, affirment vouloir prendre leur indépendance à l'égard de l'actuelle équipe municipale. Pourquoi ne pas engager avec eux une discussion, qui ne préjuge pas des choix des uns et des autres, en vue de former une liste commune, ouverte à d'autres forces et sensibilités, pour les prochaines municipales ? C'est ce à quoi je m'engage si je suis élu secrétaire de la section.

vendredi 9 novembre 2012

Moi, secrétaire de section ...



En vue de l'élection du secrétaire de la section socialiste de Saint-Quentin, j'ai décidé d'envoyer à mes camarades, qui pour la plupart lisent ce blog, ma profession de foi, rédigée à la façon de quelqu'un que nous aimons bien :


Moi, secrétaire de section, je soutiendrai à 100% François Hollande et la politique du gouvernement, sans émettre la moindre critique déstabilisant forcément la majorité.

Moi, secrétaire de section, je respecterai rigoureusement les statuts de notre parti, les avis majoritaires de la section, je m'interdirai tout propos public ou privé ironique ou désobligeant à l'égard d'un camarade, je ne travaillerai qu'en vue de l'intérêt général de la section et non pas au service d'un courant ou d'un clan.

Moi, secrétaire de section, je m'engage à représenter le parti socialiste dans toutes les manifestations publiques de la vie locale, à rendre visible à la population notre existence politique.

Moi, secrétaire de section, je mettrai en place, dès la semaine qui suivra mon élection, une commission chargée de réfléchir dès maintenant à la liste, à la stratégie, aux alliances et au projet pour les élections municipales de 2014.

Moi, secrétaire de section, j'entamerai immédiatement des rencontres et des discussions avec les partis de gauche, les syndicats et les associations afin de nous repositionner dans la vie locale.

Moi, secrétaire de section, j'organiserai régulièrement des réunions publiques où seront exposées et défendues les grandes réformes du gouvernement, en premier lieu, dès le mois de décembre, une réunion ouverte à la population sur le thème du mariage pour tous, en février sur le droit de vote des immigrés et en avril sur l'euthanasie.

Moi, secrétaire de section, je ferai venir à Saint-Quentin chaque année un responsable national du parti, ce qui ne se fait actuellement, et très rarement, que pendant les campagnes électorales et les scrutins internes, généralement en soutien d'un courant ou d'une élue.

Moi, secrétaire de section, je conduirai une véritable politique de communication, avec une conférence de presse tous les trimestres, afin d'informer, d'analyser, de critiquer et de proposer. Certaines de nos réunions de section seront accessibles à nos sympathisants et aux journalistes. La tribune libre dans L'Aisne Nouvelle, abandonnée depuis plusieurs années, sera réactivée.

Moi, secrétaire de section, je fermerai le site internet actuel, figé depuis plusieurs mois, et je le remplacerai par un blog collectif, participatif et interactif qui mobilisera tous les talents de la section, sans discrimination de courants ni de personnes.

Moi, secrétaire de section, j'inviterai chaque année tous les camarades à un repas de section et une soirée conviviale, comme il en existait il y a dix ans.

Moi, secrétaire de section, je ferai tout pour rassembler les socialistes de Saint-Quentin, aujourd'hui divisés en deux sections concurrentes, que je me propose de rapprocher et si possible de réunifier.

Moi, secrétaire de section, je mettrai en place, à l'automne 2013, des primaires citoyennes sur le modèle des primaires nationales, afin de mobiliser notre électorat et lui laisser le soin de choisir la tête de liste la plus apte à mener la bataille des prochaines municipales.

Moi, secrétaire de section, pour prouver mon engagement à plein temps à la tête du parti socialiste local et me consacrer entièrement à l'activité militante, j'abandonnerai, juste après ma désignation, les présidences des deux associations que j'assure depuis plusieurs années, Rencontre Citoy'Aisne et la Ligue de l'enseignement de l'Aisne.

jeudi 8 novembre 2012

Une affaire consternante



Lundi, avec tous mes amis laïques, j'ai aidé au déménagement de la Ligue de l'enseignement de l'Aisne (voir billet de ce jour), inaugurant pour cette structure une vie nouvelle. Mardi, en compagnie de Marie-Lise Semblat, j'ai présenté à la presse le programme de la Semaine de la Solidarité Internationale, qui se tiendra dans quinze jours. Mercredi, rencontrant Emmanuel Lienard, responsable du musée de la Caverne du Dragon, nous avons commencé à mettre en place un beau projet de cafés philo dans le cadre des visites sur ce site magnifique. Samedi, en partenariat avec Michelle Zann et le multiplexe de Saint-Quentin, je recevrai le réalisateur saint-quentinois Claude Berne, pour la projection en avant-première de son film "Hôtel du Paradis", tourné dans notre ville, avec la participation de ses habitants. Hier, sur ce blog, j'ai rédigé une réflexion argumentée en faveur du "mariage pour tous" ; avant hier, j'ai analysé et soutenu le pacte de compétitivité présenté par le gouvernement.

Pourquoi vous dire tout ça ? Parce que l'action publique, associative, politique ou citoyenne, je la vois comme ça, à travers des activités, des initiatives, des prises de position qui ont pour but d'apporter quelque chose, d'être utile, de contribuer à la vie de la cité. Nous sommes nombreux à être ainsi dans notre ville, même si nous ne faisons pas tous la même chose, même si nous ne partageons pas tous les mêmes opinions. C'est très bien ainsi, c'est la vie, c'est la démocratie ! Si je vous rappelle ces évidences, c'est parce que je suis consterné, et le mot est faible, par ce qui se passe en ce moment dans la section socialiste de Saint-Quentin, dont L'Aisne Nouvelle se fait encore écho ce matin, évoquant cette affaire avant même de parler de la venue de François Fillon dans la ville, et en lui accordant autant de place !

Vous savez de quoi il s'agit, c'est extrêmement simple : depuis cinq ans, je conteste, comme c'est mon droit et sûrement mon devoir de militant, la ligne politique suivie par la section locale, qui n'est pas selon moi conforme à nos orientations nationales (alliances avec l'extrême gauche), qui n'est pas non plus débordante d'activités publiques. Cette critique, j'ai toujours veillé à la situer sur le plan des idées et des méthodes, jamais en visant les personnes, que je respecte et qui ont le droit d'avoir des idées et des méthodes différentes des miennes. En conséquence, je me suis porté candidat au poste de secrétaire de section, pour proposer à mes camarades une ligne politique nouvelle, des mesures pour dynamiser une section qui en a bien besoin, d'autant que les élections municipales ont lieu dans un peu plus d'un an.

Je souhaitais un débat loyal entre camarades, tranché par le vote des adhérents. Qu'est-ce que la presse locale m'apprend ? Que ma candidature est rejetée pour des raisons qui ne tiennent pas, pour un motif qui sent le faisan (deux candidats ayant signé une même motion n'auraient pas le droit de se présenter ensemble). Résultat : c'est le bureau national qui est désormais chargé de statuer sur le litige ! Consternant, je vous dis ... Et quelle image déplorable les socialistes saint-quentinois donnent d'eux-mêmes ! Je sais bien qu'une théorie affirme qu'en politique il faut "tuer" son rival, mais de là à bafouer grossièrement les statuts ... En tout cas, j'attends avec confiance la décision des instances nationales, ayant toujours respecté les règles de mon parti.

Non, vraiment, l'idée que je me fais de la politique n'est pas du tout celle que montre cette affaire consternante, qui renforce encore plus ma détermination à me présenter, dans un an, pour la tête de liste aux élections municipales. Et cette fois, j'espère que rien ne viendra faire barrage ! En attendant, le débat se poursuit, car c'est pour moi le fond politique qui compte, pas les querelles administratives sciemment orchestrées : demain, je présenterai mon programme pour redynamiser la section locale et préparer les prochaines élections municipales, en espérant que mes camarades pourront se prononcer la semaine prochaine sur ce projet.

mercredi 7 novembre 2012

A mes amis chrétiens



La loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe est abordée aujourd'hui en conseil des ministres. Elle fait débat, et c'est normal. L'hostilité vient essentiellement des milieux religieux, on comprend bien pourquoi. Chacun ses opinions, et je reconnais que cette loi puisse susciter des inquiétudes, des réticences, et même choquer. Je ne chercherai pas à convaincre, respectueux des différents points de vue. Mais j'aimerai tout de même rassurer mes amis chrétiens sur ce fameux "mariage pour tous" :

1- A l'époque du Christ et de saint Paul, la notion d'homosexualité n'était pas du tout la même qu'aujourd'hui. Sous l'empire romain, elle était associée au débordement des sens, à la licence ; elle était condamnée par les chrétiens au même titre que n'importe quelle autre forme de concupiscence. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas : l'homosexualité est une relation sentimentale et affective entre deux êtres, qui cherchent légitimement une reconnaissance publique de leur amour à travers le mariage.

2- Le "mariage pour tous" est un dispositif juridique, l'élargissement d'un droit, et absolument pas la promotion d'un mode de vie ou d'un comportement sexuel, sur lesquels le législateur n'a pas, en République, à se prononcer. Nous sommes ici dans l'ordre de la loi, pas dans une préférence idéologique ou éthique.

3- L'accès des homosexuels au mariage civile ne menace aucunement le mariage religieux et ses fondements transcendantaux. Au contraire, la dimension singulière et sacrée de celui-ci n'en sera que plus renforcée. En effet, il faut distinguer le mariage en tant que contrat et le mariage en tant que sacrement : le premier est une nécessité sociale à base d'intérêts individuels (la subsistance matérielle de la famille, la protection de la propriété, les avantages fiscaux, les droits de la descendance), le second est un acte surnaturel, un engagement devant les hommes et devant Dieu, une promesse d'amour et d'éternité. On voit que les termes ne sont pas les mêmes, bien qu'ils s'entrecroisent. Remarquons que dans le débat autour du mariage homosexuel, personne n'envisage d'élargir le sacrement du mariage aux personnes de même sexe, personne ne remet en cause la différence anthropologique entre l'homme et la femme que les religions ont choisi de défendre, comme c'est leur droit.

4- L'adoption du "mariage pour tous" ne menacera nullement la civilisation, comme le craignent certains religieux. Qu'est-ce qui sape les fondements d'une société ? Le vol, le mensonge, le crime, la cruauté, la guerre, le mal, et c'est pourquoi la Bible, à juste titre, les condamne. Mais pas l'extension du mariage aux couples homosexuels : on peut le désapprouver, on ne peut pas le soupçonner d'une telle portée apocalyptique et cataclysmique ! Le passage des homos devant monsieur le maire n'empêchera pas la terre de tourner ni n'éteindra le soleil ...

5- Il n'y a pas non plus à craindre une dérive vers la polygamie, l'union incestueuse ou je ne sais quelle autre liaison perverse, dont l'angoisse est plus le produit du fantasme que d'une sage réflexion. L'inceste est un crime, la polygamie est une discrimination : le "mariage pour tous" est un contrat librement consenti entre personnes conscientes et responsables, soumises à des droits et à des devoirs, dans un cadre républicain et selon les normes morales les plus couramment admises. Je ne vois pas où est le danger, où est le possible glissement vers des horreurs que tout le monde condamne.

6- Le mariage homosexuel ne concernera, forcément, qu'une minorité de personnes, et même sans doute très peu. Comme dans tous les pays qui l'ont adopté, il sera vite banalisé et le scandale provoqué ne sera plus alors qu'un souvenir incompréhensible.

7- Quant à l'adoption des enfants, l'essentiel pour moi est que des petits êtres puissent trouver des gens qui les aiment et les protègent, quand la vie les en a privés. La sexualité des parents adoptifs me semble une question secondaire et discutable. Bien des enfants, dans l'histoire de l'humanité, n'ont pas été élevés dans le cadre de papa-maman : en ont-ils pour autant souffert ? En sont-ils des victimes ? A l'inverse, le couple hétérosexuel classique est-il nécessairement une sérieuse garantie de bonne éducation ? Laissons ce débat contradictoire aux psychologues et restons-en au besoin d'adoption de l'enfance malheureuse, félicitons-nous de l'amour que certains, hétéros ou homos, veulent leur donner, en nous réjouissant qu'il puisse exister.

mardi 6 novembre 2012

Pacte de compétitivité



Le choix du gouvernement de suivre la "quasi totalité" des mesures du rapport Gallois est un évènement politique fondamental. Ce qu'on aurait pu craindre, c'était les demi-mesures, le mi-chèvre mi-chou, le compromis diplomatique incompréhensible et politiquement illisible : non, le Premier ministre a tranché, en faveur du rapport Gallois, et c'est heureux. Ce choix est aussi important que celui d'adopter le traité budgétaire européen. L'un et l'autre, rapport et traité, sont désormais des fondamentaux de la politique gouvernementale, des identifiants, des marqueurs idéologiques pour les prochaines années. La gauche de la gauche, et secondairement l'aile gauche du PS n'ont qu'à bien se tenir : plus question de pérorer sur la nature de la ligne gouvernementale, qui est social-démocrate pur jus, s'il était encore besoin de le démontrer. En 1983, il avait fallu attendre deux ans pour que la gauche se convertisse à la rigueur (c'est-à-dire aux exigences du marché) ; là, c'est en début de mandat, et c'est excellent car les illusions créent fatalement les déceptions. Vive enfin la gauche réaliste !

Le gouvernement a fait preuve de courage politique, la facilité aurait été de ne pas choisir. Car la droite nous attendait au coin du bois, mais le rendez-vous est pour elle raté : la gauche gouvernementale a pris ses responsabilités, alors qu'elle pouvait se défier d'un rapport ostensiblement soutenu par la droite. Se défaire de la réaction idiote qui consiste à refuser systématiquement tout ce que la droite approuve est un signe d'intelligence politique qui n'est pas si fréquent que ça. Rappelons tout de même que Louis Gallois est un homme de gauche, autrefois directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement, grand patron d'entreprises prestigieuses, nommé par le gouvernement pour réfléchir à la compétitivité française, un mot qui est mal porté à gauche, à tort.

Pourtant, le fond du problème économique est là : la compétitivité. Est-ce que la France peut continuer avec des millions de chômeurs et des milliards de dettes ? Dans une telle situation, même pas la peine de penser à de nouvelles conquêtes sociales, quand ce sont les acquis des luttes ouvrières qui sont à court terme menacés. Tant que les économies étaient nationales, largement protégées, tant que le reste du monde était sous-développé, le marché fonctionnait à la simple concurrence. Avec la mondialisation, c'est de guerre économique dont il faut parler : des pans entiers de notre industrie s'écroulent, les produits étrangers s'imposent parce qu'ils sont plus performants, l'emploi est à la ramasse, quand quelques postes sont créés quelque part c'est champagne, alors que ce sont des milliers dont nous aurions besoin !

Cette guerre économique n'est pas forcément une tragédie planétaire, si on la replace dans l'histoire de l'humanité : jadis, pendant des millénaires, c'était la guerre militaire qui prévalait, et c'était pire ! Au moins, quand les entreprises remplacent les armées, la lutte est pacifique et le résultat est souvent la prospérité, au lieu de la conquête territoriale (la mondialisation permet aux pays pauvres de s'enrichir). En même temps, la guerre reste la guerre, avec son lot de souffrances cette fois sociales, auxquelles il faut remédier. C'est ce que propose le rapport Gallois, plébiscité par le gouvernement : décharger les entreprises pour les rendre plus compétitives sur le marché mondial, il n'y a pas d'autres solutions. Le Premier ministre a dit, avec la gravité nécessaire, les choix à faire pour éviter le déclin. Car l'enjeu est celui-là : la survie de l'économie française, qui aujourd'hui ne produit rien, ne vend plus, n'exporte pas (je force le trait volontairement, mais la tendance est bel et bien là). Ce fameux "pacte de compétitivité" est certainement un pacte avec le diable, puisque le capitalisme a des côtés diaboliques ; mais c'est à ce prix que le bien sera préservé. Il vaut mieux ça que les bonnes intentions révolutionnaires dont l'enfer est pavé.