jeudi 15 novembre 2012

Une gauche durable et gestionnaire



Bruno Le Roux était hier soir l'invité des socialistes axonais, à la Halte Fluviale à Soissons (en vignette). C'est toujours impressionnant de voir une personnalité nationale (Bruno est président du groupe socialiste à l'Assemblée) prendre plusieurs heures d'un temps précieux pour venir nous visiter et expliquer les choix du gouvernement. Aussitôt la réunion terminée, sa voiture l'attendait pour retourner au Palais Bourbon !

Bruno Le Roux a une bonne tête joufflu, ronde, sympa, un Laurent Fabius en plus jeune et en plus gros. Cette bouille ne fait pas homme politique tradi. C'est Jean-Jacques Thomas qui l'a accueilli, faisant à cette occasion sa dernière intervention publique en tant que premier secrétaire fédéral. Dans la salle étaient présents les deux candidats à sa succession, Arnaud Battefort et Anne Ferreira, le maire de Soissons Patrick Day accompagné de plusieurs adjoints, la vice-présidente au Conseil régional de Picardie Mireille Tiquet, Jean-Michel Wattier président de l'association des élus socialistes et républicains de l'Aisne, Jacques Héry, secrétaire de la section de Neuville-Saint-Amand, Stéphane Bizeau, secrétaire de la section d'Hirson, Didier Lhotte, responsable de la section de Soissons.

Bruno a fixé le cap : non seulement réussir les cinq ans qui viennent, en étant jugé sur un critère principal, l'inversion de la courbe du chômage, mais inscrire l'action du gouvernement dans la longue durée, les dix prochaines années, sachant que la gauche en France n'a jamais gouverné plus de cinq ans dans son histoire. Mais quelle gauche ? Pour Le Roux, c'est très clair, et François Hollande l'a parfaitement illustré avant-hier dans sa conférence de presse : une gauche de gestion, qui soutient l'entreprise (c'est le pacte de compétitivité) pour relancer l'emploi. "Etre les meilleurs gestionnaires que la France ait connus", voilà l'ambition, et tant pis si ça déplaît à Mélenchon !

Le changement, oui c'est maintenant, ça a commencé, avec le contrat de génération, signé à la fois par le Medef et la Cgt, un bel exemple de ce "compromis historique" entre partenaires sociaux, dont François Hollande s'est fait mardi le défenseur, fidèle en cela au coeur de métier de la social-démocratie.

Bruno n'a pas hésité, en bon pédagogue, à se frotter aux critiques qui viennent parfois de notre propre camp, en utilisant des arguments simples et percutants. Ce pacte de compétitivité, ne serait-il pas de droite ? Mais alors, pourquoi la droite ne l'a-t-elle pas mis en oeuvre depuis dix ans ? Et pourquoi critique-t-elle aujourd'hui les décisions du gouvernement qui s'en inspirent ? Ce qui est vrai, c'est que la défense de l'entreprise n'est pas dans la culture de la gauche. Il faut que ça change !

Quant aux heures supplémentaires refiscalisées, elles provoquent des inquiétudes en termes de perte de pouvoir d'achat. Mais bien heureux celui qui a du boulot quand il y a trois millions de chômeurs ! Et puis, les heures sup ne sont pas supprimées, elles continuent à être surpayées à 25%. Mais il est normal que ceux qui en bénéficient paient des cotisations dessus, et qu'elles ne soient pas à la charge du contribuable ! S'il y a une menace sur le pouvoir d'achat à propos des heures sup, elle vient d'une partie de la droite qui veut supprimer les 35 heures et donc revenir sur la majoration des quatre heures déclenchée par la réduction du temps de travail.

Dernier point qui a retenu mon attention dans l'intervention de Bruno Le Roux : sa satisfaction de voir la fonction présidentielle retrouver le lustre qu'elle avait perdu sous Nicolas Sarkozy. Paradoxalement, c'est François Hollande qui renoue avec l'esprit de la Ve République en matière de présidence, alors que Sarkozy en avait fait une présidence à l'américaine, un temps séduisante auprès des Français, qui se sont cependant vite lassés d'un style peu conforme à notre tradition nationale.

Y'a pas à dire, écouter un camarade qui vient de Paris, ça fait aussi du bien, ça change.

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