samedi 30 mars 2013

Philippe, de chez Léo



Nous avons ce matin porté en terre Philippe Blot, mon âge, chez lui, à Veslud, charmant petit village près de Laon. Le nom ne vous dit peut-être rien, il n'était pas connu du grand public, mais très présent et influent dans le réseau associatif de l'éducation populaire. A ses obsèques ont pris la parole, entre autres, Jean-Jacques Thomas et Alain Reuter, ce qui suffit à marquer l'importance de celui qui nous a si tôt quittés.

La cérémonie était "singulière", comme l'a remarqué Alain. Pas de messe, pas de cérémonie religieuse mais un "hommage" ... dans l'église de Veslud, mise à disposition par le diocèse, et remplie de laïques fervents, athées notoires, libres-penseurs militants, maçons et anticléricaux actifs ... et de beaucoup d'autres personnes qui n'étaient rien de tout ça. Pourquoi ce choix ? Philippe l'a voulu, parce que l'église de son village incarnait à ses yeux la créativité et la souffrance des hommes, le talent et la peine de ceux qui l'ont construite.

Parmi les beaux témoignages, il a souvent été question de camaraderie : quand l'amour de Dieu est absent, il reste l'amitié des hommes. Pas de religion ? Si, tout de même un peu, et la plus surprenante qui soit, sur le mode animiste, quand les tambours africains ont rappelé à la fin, dans une dernière intervention, que Philippe s'était engagé dans ce continent, au sein de chantiers de jeunes, et que des cérémonies en sa mémoire avaient lieu au même moment au Togo et au Bénin, que son esprit survolait alors la savane ... La poésie rejoint parfois la spiritualité.

Plus prosaïquement, je dois vous dire que Philippe Blot était un inlassable animateur de la fédération Léo Lagrange, qu'il était président de la CPCA (conférence permanente des coordinations associatives) de Picardie, une structure essentielle du monde associatif. Il était aussi militant et responsable socialiste. De l'église au cimetière, il n'y avait qu'un pas, puisque celui-ci jouxte celle-là, comme dans les villages d'autrefois. Chaque enterrement me fait méditer sur la mort : on est peu de choses, tout ce qu'on fait s'efface très vite. Si nous avions très fort conscience de ça, nos comportements et nos pensées changeraient rapidement, la mort nous apprendrait à mieux vivre. Quand on la regarde dans les yeux, tout le reste devient dérisoire.

vendredi 29 mars 2013

Jazz en or



Je ne suis pas du tout amateur de jazz. Pour tout vous dire, la musique, quelle qu'elle soit, ne me parle pas. Mais j'ai tenu à assister ce soir au 60e anniversaire du Blue Rythm Band, en mairie. Parce que le BRB, c'est beaucoup plus qu'un orchestre de jazz : c'est une institution à Saint-Quentin. J'apprécie particulièrement que le groupe ait fait sortir cette musique de son élitisme en l'offrant à tous (je pense notamment aux beaux rendez-vous de l'été dans le parc des Champs-Elysées, qui attirent une foule de tous les âges et de toutes les conditions). C'est pourquoi Serge, Didier Dutfoy et leurs amis ont bien mérité la médaille d'or de la Ville, qui leur a été remise lors de cette sympathique cérémonie, très détendue. Mais c'est comme ça avec le jazz : il nous met à l'aise, il est communicatif. Tiens, finalement, si je m'intéressais d'un peu plus près à la musique ?

jeudi 28 mars 2013

Hollande tient bon



Je viens à l'instant de voir le président de la République à la télévision. Je veux tout de suite vous faire part de mes réactions, avant que les multiples commentaires ne viennent influencer ma réflexion. Mon sentiment le plus puissant, c'est que j'ai trouvé François Hollande égal à lui-même, et ce n'est pas dans ma bouche un moindre compliment. La France a besoin de stabilité (il a parlé à la fin d'"apaisement"), de continuité dans l'action : en bientôt un an d'exercice du pouvoir, Hollande ne s'est pas déjugé, est resté fidèle à son style et à ses engagements de campagne, et c'est pour moi ce qu'il y a de plus important.

Nous vivons dans un monde totalement soumis aux aléas de l'actualité, où il est tentant de faire des "coups" à chaque instant. François Hollande n'est pas là-dedans. Président normal, oui, et je dirais maintenant : président sérieux, qui sait que la réussite s'obtient dans la durée, qu'il faut procéder par étapes et tenir bon dans le cap qu'on s'est donné. Trop longtemps, la gauche a rêvé la rupture et ignoré la continuité : pourtant, en politique, elle seule compte.

Son impopularité ? Mais elle aussi, finalement, est normale. Rendez-vous compte que le chef de l'Etat est en train d'appliquer pour la première fois dans l'histoire de notre pays une politique social-démocrate ! Même Lionel Jospin n'avait pas vraiment osé ! Cette politique prend à revers tant d'habitudes, de préjugés, de préventions au sein même de la gauche qu'il est normal que pour un temps l'impopularité se fasse ressentir.

Car que retiendra-t-on de l'intervention de ce soir en matière économique et sociale ? Que François Hollande veut soutenir l'entreprise, créatrice de richesse et d'emploi, et faire des économies dans les services de l'Etat, pour réduire le déficit et rééquilibrer les comptes : j'applaudis, mais combien à gauche applaudissent ? Beaucoup, et plus qu'on ne croit, mais pas tous, loin de là. C'est la racine de l'impopularité. Mais il faut tenir bon, ne pas fléchir, accomplir la politique pour laquelle le président a été mandaté. A tous les sens du terme, Hollande tient bon, et je m'en réjouis. Voilà mes réactions à chaud, juste après cette émission : un homme égal à lui-même et qui tient bon.

Des certitudes et une volonté



L'Aisne Nouvelle consacre aujourd'hui un article au Front de gauche de Saint-Quentin et à sa stratégie pour les élections municipales, d'où il ressort que rien n'est simple. Le Parti de gauche (des ex-socialistes) veut des listes autonomes, mais le PCF n'est pas trop chaud (ce sont les deux formations principales du Front de gauche). Guy Fontaine, communiste, n'a guère envie de ce cavalier seul. Gérald Brunel, responsable fédéral du PCF, doute lui aussi de l'autonomie et tranche d'une formule : "Il est urgent d'attendre".

Je me félicite de ces réticences : la gauche doit partir unie, sinon c'est perdu (c'est ce que j'ai écrit, par anticipation, dans mon billet de lundi). Mais il ne faut pas trop douter, trop hésiter, trop "attendre", sinon c'est perdu aussi : parce qu'en face, à droite, il n'y a ni doute, ni hésitation, ni attente ! Les partis de gauche à Saint-Quentin doivent se rencontrer dès maintenant et discuter des élections municipales. C'est le devoir du parti socialiste de provoquer cette rencontre. Dans l'idéal, il faudrait s'accorder sur l'organisation de primaires ouvertes qui mobilisent notre électorat et désignent un leader incontestable. La politique c'est simple, quand on le veut bien.

Le responsable départemental du Parti de gauche, Régis Lécoyer (dont le nom curieusement n'est pas cité, mais c'est bien de lui dont il s'agit, ancien premier secrétaire fédéral du PS), devrait, lui, défendre normalement la stratégie d'autonomie de son parti, arrêtée dimanche dernier lors de son congrès. Eh bien non ! (décidément, rien n'est simple en politique, surtout à Saint-Quentin). Il souhaite à son tour une liste d'union de la gauche. Je pourrais de nouveau m'en réjouir, si Régis ne précisait pas que cette union ne serait possible qu'avec certains socialistes, en quelque sorte compatibles avec la ligne radicale du Parti de gauche : il cite Anne Ferreira et il écarte ... les sociaux-démocrates. Je ne peux bien sûr pas être d'accord.

Régis Lécoyer prend soin de préciser, comme s'il n'était pas tout à fait sûr de son fait, que "ce n'est qu'une opinion personnelle", un peu comme Michel Aurigny intervient au Conseil municipal "à titre personnel" pour s'en prendre indirectement au PS. J'avoue en avoir marre de ces élus qui s'expriment "personnellement". J'attends d'un responsable politique qu'il parle publiquement au nom de son parti, ou alors qu'il se taise (ses opinions "personnelles" ne regardent que lui ou les débats internes).

De quoi la gauche saint-quentinoise a-t-elle besoin pour gagner dans un an les élections municipales ? D'une ligne politique simple, de l'union de toutes ses composantes, d'une parole publique claire et assumée, d'un leader et d'une campagne le plus rapidement possible. En un mot, nos électeurs veulent des certitudes, ils veulent sentir à gauche une volonté. A défaut, ils iront voir ailleurs. Mes camarades feront ce qu'ils voudront, avec qui bon leur semble, mais ces certitudes et cette volonté, je les ai.

mercredi 27 mars 2013

Dérapages à gauche



Après Mélenchon et le Parti de gauche qui traitent Moscovici de "salopard", c'est aujourd'hui l'aile gauche du PS qui s'y met, en la personne du député Cherki, qualifiant le président de la République de "conseiller général" (ce qui n'est gentil ni pour Hollande, ni pour les conseillers généraux) et lui demandant de "changer de braquet". Je répondrais à Cherki que c'est à lui de changer de vélo, s'il n'est pas content ! Sinon, qu'il pédale comme tous ses camarades !

C'est le gros problème de notre aile gauche, qui est à cran : ils ne supportent pas la politique social-démocrate du gouvernement. Je me demande comment Marie-Noëlle Lienemann, Anne Ferreira et Jean-Pierre Lançon font pour rester dans un parti qui ne leur ressemble plus. Depuis longtemps, je les sens plus proche de Mélenchon. Mais tant que le PS était dans l'opposition, ça ne se voyait pas, tout le monde se retrouvait contre Sarkozy. Aujourd'hui où il faut être solidaire de la politique Hollande-Ayrault, la contradiction éclate.

Plus généralement, il y a un problème de discipline au sein du parti socialiste. Harlem Désir doit être plus ferme, faire respecter scrupuleusement nos règles. Dans l'Oise, Sylvie Houssin, candidate PS battue au premier tour, a refusé le front républicain, qui consiste à appeler à voter pour le candidat républicain contre le candidat d'extrême droite. C'est ce que demande le parti, c'est la consigne que notre candidate n'a pas appliqué, au risque de faire gagner le Front national (il s'en est fallu de peu).

Dans l'Aisne, aux dernières législatives, Fawaz Karimet s'est maintenu contre René Dosière dans l'entre-deux tours, au mépris de la tradition de désistement républicain à gauche et contre l'avis de la direction nationale. A Saint-Quentin, on sait de quelle façon a été reçu le souhait de Solférino de refaire l'élection du secrétaire de section, après le constat d'une flagrante irrégularité. On ne peut plus laisser faire ces dérapages, il faut passer à des sanctions !

Je veux terminer par un dérapage sur le net, coutumier au Saint-Quentinois Jean-Claude Le Garrec, ancien socialiste, exclu du parti, partisan de Ségolène Royal et aujourd'hui de Jean-Luc Mélenchon. Dans son billet de lundi dernier, intitulé "Avec Hollande, la France touche le fond" (on n'est pas très loin du "salopard"), il conclut par cette phrase consternante et révélatrice du délitement d'une certaine gauche : "En mars 2014, à Saint-Quentin, pourquoi pas une municipalité UMP avec une opposition FN ?" Ce n'est plus un dérapage, c'est un tête-à-queue ...

mardi 26 mars 2013

Ciel ma manif !



Les réactions des manifestants après le rassemblement de dimanche contre le "mariage pour tous", dont beaucoup visiblement participaient pour la première fois à ce genre d'action, m'ont fait remonter le temps et songer à ma première manif, comme Sheila à sa première surprise party, certains à leur premier rendez-vous amoureux et d'autres à leur première communion. C'était à l'automne 1979, j'étais étudiant à la fac de Vincennes et un défilé avait lieu devant Jussieu, je ne sais plus pour quelle raison. A l'époque, le monde post-soixante-huitard se divisait en deux camps : les "orga" (les organisés, membres d'une formation politique) et les "autonomes", libres rebelles prêts à tout casser, qui méprisaient et insultaient copieusement les premiers. Voilà quelle était l'ambiance de ma première manif.

Des "autonomes" s'étaient emparés d'un bus et l'avaient mis en travers de la chaussée. Des types juchés sur les toits de la fac de Jussieu balançaient sur les CRS tout ce qu'ils pouvaient. Je m'étais logé dans un coin, j'observais fasciné cette scène de guérilla urbaine. Quand les CRS ont chargé en lançant des lacrymogènes, j'ai couru comme un lapin, j'ai senti le gaz bloqué mes poumons et mes yeux pleurer. Je revois encore dans la fumée les CRS se rapprocher de moi apeuré, quand une porte s'est ouverte, un type en cravate a demandé aux manifestants présents à ce moment de le suivre, et il nous a fait sortir par derrière, dans une petite rue tranquille. C'était ma première manif, j'avais pris des risques, eu peur et j'étais tout content, baptisé au gaz lacrymo.

Depuis, j'ai fait plein de manifs, je n'ai plus jamais éprouvé l'émotion de la première fois. Ce peuple de droite qui a manifesté dimanche a eu, c'est bien normal, des réactions de bleusaille, de jeune puceau et de premier communiant, comme moi finalement il y a 34 ans. Je les envie quelque part d'avoir pleuré de joie et de rage, d'avoir reçu les coups de matraque qui valent bénédiction, de se sentir à la fois victimes et héros, de vivre l'exaltation des masses qui croient faire l'Histoire, de forcer le destin en forçant les barrages de police pour tenter d'envahir la plus belle avenue du monde et remonter glorieusement vers le palais présidentiel. Si Xavier Bertrand et ses camarades de l'UMP étaient dans la foule, comme ils ont dû s'exciter à cette grandiose perspective ! J'aurais presque aimé être de droite pour vivre moi aussi cet instant-là.

Ce qui lui manque tout de même, à ce peuple de droite, c'est l'expertise de plus d'un siècle du peuple de gauche, c'est une culture de la manif. A défaut, il se met à geindre, à se plaindre là où il devrait au contraire être fier, avoir la dignité du combattant. De mon temps, moi ancien combattant de bien des manifestations, les CRS visaient à tirs tendus au coeur du défilé, tabassaient les passants sur les trottoirs, poursuivaient les récalcitrants sur de petites motos très rapides qui vous laissaient peu de chance d'en réchapper. Aujourd'hui, c'est de la gnognote : les policiers aspergent délicatement avec des bombes aérosols comme le font les coiffeurs au dessus du brushing des dames. Ce n'est pas bien méchant, il suffit de ne pas s'approcher. On distribue même des lingettes pour les yeux qui piquent ! Les manifestants qui résistent à terre sont déplacés désormais avec précaution, comme des vases de Chine.

Le peuple de droite, ses organisations politiques et confessionnelles doivent se former pour leurs prochaines manifs. Je m'autorise à leur donner quelques conseils d'homme expérimenté et réfléchi. D'abord, il faut s'habiller adéquatement, et pas comme si on allait à la messe ou en promenade. Ensuite, il faut laisser les enfants à la maison : une manif est une affaire de grandes personnes et on ne sait jamais comment les mouvements de foule peuvent tourner. Enfin, il faut se doter d'un service d'ordre musclé, sérieux, responsable et négociateur. En la matière, on n'a pas fait mieux que le SO de la CGT (du moins dans ses grandes années, les miennes). Il faut savoir écarter les extrémistes, qui discréditent beaucoup plus une manif que ne peut le faire l'adversaire politique. Il faut aussi strictement respecter le parcours décidé avec les autorités et jouer complètement la carte de la légalité. La droite a de longues années d'opposition devant elle, elle rencontrera de multiples occasions pour parfaire sa toute nouvelle formation en matière de manifestation populaire. C'est tout le mal que je lui souhaite, en toute cordialité républicaine et démocratique.

lundi 25 mars 2013

Qui sont les salopards ?



Le Parti de gauche part à la dérive. Lors de son congrès, Pierre Moscovici a d'abord été traité de "salopard", parce qu'il veut sortir Chypre de son "économie-casino" qui ruine son peuple et menace l'Europe. Surtout, il y a cette formule de Jean-Luc Mélenchon : Moscovici "ne pense pas français, il pense finance internationale". Certains ont parlé d'antisémitisme : non, Méluche est immunisé contre ce travers criminel. Mais que le vocable employé soit d'extrême droite, c'est évident : la référence à une pensée "française" qui serait corrompue par la "finance internationale", c'est le langage des nationalistes depuis plus d'un siècle. Comment Mélenchon et son parti ont-il pu en arriver là ? Je vois quatre raisons à ce tragique mystère :

1- Les membres et dirigeants du Parti de gauche sont d'anciens socialistes qui veulent à tout prix faire oublier leur passé et ce qu'ils ont été. Mélenchon est resté trente ans au PS, a été un ministre discipliné. Les uns et les autres veulent aujourd'hui rattraper le temps perdu en se lançant dans une fuite en avant, se racheter par des excès de langage, en brûlant ce qu'ils ont autrefois adoré. Il y a de la haine de soi dans cette dérive politique, un puissant désir de revanche idéologique.

2- La radicalisation à gauche a toujours eu un moteur principal : la haine de la social-démocratie, que Jean-Luc Mélenchon traduit sur tous les tons. Historiquement, c'est le réflexe de l'extrémisme de gauche, que Mélenchon a adopté. Les socialistes sont associés à des traîtres qui finissent, à ses yeux, par devenir pire que la droite.

3- La virulence du Parti de gauche s'explique aussi par sa concurrence avec le PCF, parti plus fort et plus construit que lui, à qui Jean-Luc Mélenchon ne cesse de vouloir donner des leçons d'opposition, comme si les communistes étaient trop timorés. Ce petit jeu du "plus à gauche que moi tu meurs" est bien connu au PS, où il est passé de mode. Entre PG et PC, il continue à faire des ravages : pour obtenir des places et garder le leadership, Mélenchon est condamné à prouver qu'il est le meilleur opposant, celui qui va le plus loin dans la dénonciation du gouvernement.

4- Enfin, on peut penser que Jean-Luc Mélenchon est piégé par son combat volontairement frontal avec l'extrême droite, qu'il a voulu exclusif et spectaculaire, mais qui a en quelque sorte déteint sur lui. Il y a des duels où l'on finit par ressembler à l'adversaire à force de se battre sur le même terrain. En tout cas, le Moscovici qui "ne pense pas français" mais qui "pense finance internationale" aurait parfaitement pu sortir de la bouche de Marine Le Pen.

Nous n'avons pas affaire à un "dérapage", mot à la mode qui ne veut rien dire. Mélenchon est un lettré, idéologiquement charpenté, qui connaît sa rhétorique, qui maîtrise parfaitement le langage, qui assume et théorise ses outrances. Il n'est donc pas victime d'un lapsus, d'un coup de fatigue ou d'un coup de nerf. C'est bien une logique politique implacable qui le conduit à accoster sur des rivages dangereux.

Hier, le Parti de gauche a donné une liste de 60 villes dans lesquelles il souhaitait présenter des listes autonomes, dont Saint-Quentin. Tant mieux, la dynamique de la clarification se poursuit : il y aura les sociaux-démocrates et leurs partenaires historiques d'un côté et les radicaux de l'autre, mélenchonistes, communistes dissidents et extrême gauche. C'est cette dynamique de la clarification qui pourra enclencher une dynamique de la victoire. J'en reste, plus que jamais, à ma stratégie d'alliances défendue depuis plusieurs années : une liste socialiste ouverte notamment au PCF, car je ne confonds pas celui-ci, sérieux et responsable, avec les égarements du Parti de gauche, des ex-socialistes transformés en anti-socialistes.

dimanche 24 mars 2013

Sans religion ni révolution



Depuis l'adolescence, je lis Télérama, magazine télé très bien fait, d'origine catho, plutôt intello et de gauche. Cette semaine, comme la plupart des hebdos, il aurait pu mettre en une le pape : non, Télérama a préféré Guy Debord, pape du situationnisme, auquel la bibliothèque François-Mitterrand à Paris consacre une expo (Mitterrand-Debord, cherchez l'erreur). Les situs, c'est ce que Mai 68 a fait de mieux, avec les maos (en revanche, je rejette les trotskistes sectaires, les anars ringards et forcément les cocos staliniens).

C'est la revanche de Debord, critique absolu de la société du spectacle : il détrône en couverture le pape François, homme austère, discret et peu communiquant, dont les médias ont pourtant fait depuis son élection, malgré lui, une bête médiatique, mais à leur façon, comme toujours : un pape remixé, formaté, normalisé, si simple, si souriant, si sympa, si peu catho. Guy Debord s'en serait amusé : un souverain pontife récupéré, détourné, aseptisé par la société post-chrétienne du spectacle. Les médias sont désormais les seuls à faire des miracles.

Télérama n'est pas devenu situationniste pour autant. Voilà ce que j'y lis, en page 5 : "Imaginez un espace de plénitude et de bien-être vous offrant tout le calme et la détente dont vous rêvez. Une oasis de sérénité, où le temps n'a plus de prise sur vous et où chacun de vos mouvements se fait en douceur. Un monde où vous vous laissez aller les yeux fermés pour profiter d'un repos bien mérité." A votre avis, de quoi peut bien parler ainsi notre magazine d'origine catho ? La plénitude, la sérénité, jusqu'au temps de l'éternité et aux yeux fermés de la prière, ça ne vous rappelle rien ? Le paradis, la béatitude, bien sûr !

Mais non, vous n'y êtes pas : c'est d'une marque de fauteuils et canapés, Stressless, dont il s'agit, à l'intérieur d'une publicité. Guy Debord avait raison : la société du spectacle récupère tout, y compris la religion dans une revue pourtant catho. Mais ça ne s'arrête pas là : page suivante, je tombe sur ce slogan, "La France a une longue tradition : faire la révolution", qui s'adresse à quoi selon vous ? A la nouvelle voiture électrique de Renault, la Zoé ! Conclusion de la pub : "Changeons de vie, changeons l'automobile". En 1968 on les cramait, aujourd'hui on les célèbre ... en reprenant le vocabulaire de cette année-là. Au passage, je signale que les premières pages de Télérama ouvrent cinq encarts publicitaires à l'industrie automobile.

Trop fort Debord ! Sauf que sa pensée s'est retournée contre lui : il voulait détourner la publicité au profit de la révolution, et c'est la révolution qui a été récupérée au profit de la publicité. Ce monde désormais sans religion ni révolution, entièrement livré au divertissement et à la marchandisation, qui se plait d'un pape sympa et s'interroge gravement pour savoir si les gamins doivent travailler à l'école une demi-journée en moins ou pas, ce monde-là, Guy Debord n'a-t-il pas bien fait de le quitter le 30 novembre 1994 ? De la condition humaine, il aura donné une très belle définition latine, du titre de son dernier film, en 1978 : In girum imus nocte et consumimur igni, "Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu".

samedi 23 mars 2013

Les réformistes et l'école



Depuis maintenant cinq ans, je dénonce la ligne politique suivie par l'opposition municipale à Saint-Quentin qui, en choisissant de s'allier avec l'extrême gauche, a renoncé à notre identité réformiste. L'une des contradictions les plus violentes en a été donnée cette semaine lors de la séance du Conseil municipal. Michel Aurigny (POI) est intervenu à deux reprises sur l'école, en défendant des positions diamétralement opposées à celles des réformistes. C'est d'autant plus inacceptable que l'école est un thème cher aux socialistes et que la majorité de droite a applaudi à cette division au sein de la gauche.

Je veux revenir sur le fond de ce débat. Michel Aurigny refuse qu'on équipe en numérique les écoles de Saint-Quentin (j'ai relaté dans mon billet de mardi ses arguments). Se faisant, l'inégalité se retrouverait renforcée entre les enfants qui peuvent dans leur famille s'approprier l'outil informatique et ceux qui ne le peuvent pas, faute de moyens. L'école est là pour corriger cette inégalité, permettre la maîtrise d'une technologie qui fait la société d'aujourd'hui et qui fera encore plus la société de demain.

Historiquement, la gauche a toujours défendu le progrès technique, pourvu qu'il soit mis au service des hommes et de leur émancipation. C'est à l'école d'apprendre à utiliser à bon escient les nouvelles technologies, en sachant aussi ne pas en abuser, savoir quand il le faut s'en méfier et éventuellement les critiquer. Mais les refuser, leur interdire d'entrer dans les écoles, non ! En son temps déjà, Platon (encore lui !) reprochait à la lecture de figer et de dénaturer la pensée : il lui préférait l'échange philosophique oral, à la façon de Socrate dialoguant avec disciples et adversaires. Mais Platon n'était pas réformiste, ni personne dans cette lointaine époque !

Aujourd'hui, l'usage du livre est au contraire encouragé pour fortifier l'intelligence et développer la culture. Il en sera de la lecture électronique comme il en a été de la lecture manuscrite. N'ayons pas peur des machines, qui ne sont que des machines ! "Les Lumières oui, les écrans non !", c'est un habile mais très mauvais slogan. Michel Aurigny, dans son rejet de la numérisation des écoles, me fait penser à l'anarcho-syndicalisme d'il y a plus d'un siècle, dont les militants détruisaient les machines dans les usines, croyant ainsi lutter contre le chômage et l'exploitation. C'est peut-être, à voir, une logique révolutionnaire ; ce n'est pas, de toute façon, une logique réformiste.

Mais il y a encore plus grave : c'est toute une conception de l'école publique qui oppose les réformistes aux radicaux tels que représentés par Aurigny et le parti ouvrier indépendant. Sa charge, en Conseil municipal, contre la loi Peillon est insupportable pour n'importe quel socialiste authentique, réformiste. Ce n'est pas d'une simple divergence technique sur les rythmes scolaires dont il s'agit, mais d'une véritable opposition à cette école chère au coeur des réformistes, PS, SE-UNSA, SGEN-CFDT, FCPE et mouvements laïques d'éducation populaire, à laquelle Michel Aurigny s'est livré et qui repose sur une idée principale : l'école doit être un lieu d'instruction, pas d'éducation. D'où son hostilité à ce que l'école inclut, dans l'après-midi, des activités périscolaires, complémentaires à l'enseignement des disciplines.

Qu'on me comprenne bien, une fois de plus (mais en politique comme dans la vie, il ne faut pas, par nécessité, hésiter à se répéter) : je respecte Michel Aurigny et le POI, dont les points de vue sont honorables et argumentés, mais ce ne sont pas les miens ni ceux des réformistes. En revanche, j'en veux beaucoup à Jean-Pierre Lançon, soutenu par Anne Ferreira (qu'il me faut là aussi précisément citer, parce qu'ils sont responsables), d'avoir entraîné malgré elle une section dans une voie qui n'est pas celle du réformisme et qui devient, depuis la victoire de Françoise Hollande, carrément antigouvernementale dans certaines de ses expressions, comme celle de Michel Aurigny sur l'école.

L'élection du secrétaire de section aurait été l'occasion de clarifier nos positions et de trancher quant à la ligne politique à suivre. J'en ai été illégalement écarté, le débat n'a pas pu avoir lieu. Mais il aura lieu, il ne pourra pas très longtemps être différé : ce sera, dans l'idéal, à l'occasion de primaires citoyennes, où tous les électeurs de gauche de Saint-Quentin seront appelés à donner leur avis, à défaut dans le cadre d'une désignation seulement interne. Mais le débat aura de toute façon lieu, parce que sans lui, aucune victoire ne sera possible. On ne gagne jamais une élection dans l'ambiguïté.

vendredi 22 mars 2013

Platon et Sarkozy



Platon, dans son ouvrage La République, s'inquiète des excès de la démocratie athénienne, dont la multiplication des juges. Pour le philosophe, quand les hommes ne parviennent plus à régler entre eux, d'homme à homme, leurs conflits mais qu'ils s'adressent, pour se faire, à un juge, c'est que la sagesse et la raison sont en déclin. Notre société n'a pas la dimension ni la mentalité d'une cité grecque ; elle devrait néanmoins relire Platon et s'en inspirer : depuis quelques années, nous vivons de plus en plus sous la République des juges, dans laquelle, parfois pour une broutille, n'importe quel citoyen se réfère au droit, en appelle aux tribunaux et porte plainte. Quand le recours juridique l'emporte sur le débat politique, qui est pourtant l'essence de la démocratie, ce n'est pas forcément un progrès.

Je ne me réjouis pas de la mise en examen de Nicolas Sarkozy. Je ne discute pas de la décision en elle-même (les décisions d'un juge ne se discutent pas), mais de son impact politique, qui m'inquiète comme Platon s'inquiétait de la prolifération en son temps des juges. L'image d'un ancien chef d'Etat ainsi traité ne peut que renforcer dans la population le rejet envers toute la classe politique et profiter à l'extrême droite. Pourtant, innocent est Cahuzac, innocent est Sarkozy, sauf que notre société, dans le traitement des évènements, nous laisse croire tout le contraire. Que devient dans ces conditions le débat politique ? Il laisse place à des problèmes de personnes, à des contentieux privés, à des questions morales, à des considérations psychologiques. C'est la fin du débat public.

Moi même, qui essaie d'être scrupuleux, j'ai failli succomber à cette manie contemporaine : requérir le droit pour régler un problème politique, lorsque la direction de mon parti a demandé de refaire l'élection du secrétaire de section, sans que le souhait soit suivi d'effets. Tout de suite, j'ai appelé un ami avocat, qui m'a assuré de ma victoire en justice. Heureusement, ma faiblesse n'a duré que quelques heures (c'est déjà trop !), je me suis ressaisi, j'ai renoncé (mais pas reculé) : un contentieux politique doit se régler politiquement, pas judiciairement, même quand le droit est avec certitude de notre côté.

Et puis, Platon, non content de déplorer le pouvoir excessif des juges, défend une étrange théorie: la punition est plus dure pour le fautif lorsqu'il échappe aux rigueurs de la justice ! Car alors, marqué du sceau indélébile de l'injustice comme le bétail au fer rouge, son méfait ne cesse de le poursuivre, à la façon de l'oeil de Caïn dans la tombe, et c'est selon Platon la pire des punitions, à côté de quoi une décision de justice est encore trop douce. Pour mon affaire, c'est réconfortant : il y a une justice immanente à laquelle personne n'échappe. Le contrevenant portera sa faute, qui lui sera à chaque fois rappelée, qui le suivra comme son ombre, pour les quelques années qui lui restent d'existence politique. Son irresponsabilité à ne pas démissionner l'enfonce et me sauve, si on en croit Platon et sa conception de la vertu. On a tout intérêt à lire les philosophes.

jeudi 21 mars 2013

Contre le racisme et les discriminations



Ce matin, au lycée Henri-Martin, c'était la célébration de la journée internationale contre le racisme et les discriminations (vignette 1, l'accueil au public par le proviseur, Monsieur Meitinger). Parmi celles et ceux qui ont répondu à notre invitation : Alain Gibout et Stéphane Lepoudère, adjoints au maire ; Marie-Françoise Lefèvre, secrétaire générale de la Ligue de l'enseignement de l'Aisne ; Nathalie Tahri, directrice ; Jean-Claude Simon, délégué culturel ; Daniel Bourdier, représentant des DDEN ; Martine Gérard, de Rencontre Citoy'Aisne ; Jacqueline Hargous, présidente de l'association des amis de l'Ecole publique (à gauche de la vignette 2). La classe de CM2 d'Hélène Deletrez, à droite, ont participé à la manifestation, sonorisée par les étudiants du BTS audio-visuel (à l'extrême droite de la vignette). De nombreux travaux d'élèves ont été présentés, dont les scénettes du club théâtre de l'internat, sous la direction d'Aïssa Houas (Maryne et Arthur, en vignette 3). Les meilleurs textes de la Carte de la Fraternité ont été lus par Pierre-Anh, Léa, Arthur, Maryne et Sullivan (vignette 4). Merci aux enseignants, aux parents et aux élèves pour leur présence et leur participation.

mercredi 20 mars 2013

Salut et soutien à Cahuzac



Je ne connais pas Jérôme Cahuzac, je ne l'ai jamais rencontré. Je sais simplement qu'il est socialiste, comme moi, et depuis longtemps ; membre du gouvernement jusqu'à ce matin. A ce titre, appartenant à une même organisation, le parti socialiste, j'ai un devoir de fidélité et de confiance : Cahuzac affirme n'avoir pas fauté, je n'ai donc pas de raisons de croire qu'il a fauté, je me dois de le soutenir et de le défendre.

Attention : ce n'est pas par réflexe clanique. J'ai horreur de l'esprit "copain", où l'on se serre les coudes entre soi pour mieux dégueuler sur les autres. Non, ce n'est pas par sentiment de complicité ou de connivence : fidélité et confiance ne sont pas chez moi des sentiments personnels mais des règles, des principes. C'est la présomption d'innocence, fondement de notre droit, que je soutiens.

Si un homme de droite se trouvait dans la même situation, j'aurais exactement la même réaction. Lorsque Eric Woerth a rencontré ses problèmes, je n'ai rien écrit sur ce blog contre lui, j'ai laissé la justice "faire son travail", comme on dit. Depuis quelques années, notre société a remplacé la présomption d'innocence par la présomption de culpabilité. C'est un tournant très grave.

Quand on pense que Jérôme Cahuzac n'a même pas été mis en examen ! C'est seulement une enquête judiciaire qui a été ouverte à son propos, rien d'autre ; et nul ne sait ce que seront ses conclusions. Mais le ministre a bien fait de démissionner, sans attendre. Notre société étant ce qu'elle est, la présomption de culpabilité l'aurait durablement affecté, frappant par ricochets l'ensemble du gouvernement.

Jérôme Cahuzac, c'est l'image du coupable idéal, tous les ingrédients d'une affaire à scandale : grand bourgeois élégant, chirurgien esthétique, liens avec l'industrie pharmaceutique, supposé compte bancaire en Suisse et à Singapour, ministre du Budget ... Sa démission est une grande perte politique : Cahuzac était l'un des ministres les plus importants, les plus compétents, très bon communicant, ce qui était utile par les temps qui courent. Surtout, ce ministre est un social-démocrate assumé, ce qui n'est pas si fréquent. Et pour défendre et appliquer une politique social-démocrate, il vaut mieux un social-démocrate. Jérôme Cahuzac est parti, je souhaite qu'il puisse revenir très vite.

mardi 19 mars 2013

Gauche de débat, droite de combat



La séance du conseil municipal hier soir à Saint-Quentin a donné lieu à d'intéressants échanges sur principalement quatre sujets : la numérisation des écoles, la vidéo-protection, le château de la Pilule et les rythmes scolaires.

Michel Aurigny, premier intervenant de l'opposition, a dénoncé, "à titre personnel", l'usage éducatif des nouvelles technologies auprès des jeunes élèves, en parlant d'uniformisation, flicage et tyrannie, finalement d'anti-éducation. Son réquisitoire, long et argumenté, s'est terminé par un vibrant : "Les Lumières oui, les écrans non !" Il a voté contre les 750 000 euros nécessaires à l'équipement numérique des écoles. Jean-Pierre Lançon s'est dit attentif aux arguments de son allié qui font réfléchir, et que pour sa part il n'en savait trop rien. Il a voté pour la subvention en faveur de l'équipement numérique des écoles, et les autres élus d'opposition aussi.

L'extension de la vidéo-protection à 16 nouvelles caméras a suscité l'échange traditionnel d'arguments entre Xavier Bertrand et Olivier Tournay, l'un ayant une approche particulière du sujet, en détaillant les incidents réglés par la vidéo-protection, l'autre ayant une approche globale, en montrant que la baisse de la délinquance n'est pas substantiellement causée par la présence des caméras. Pierre André, Philippe Vignon et Dominique Bouvier sont, fait plutôt rare, intervenus en soutien à la démonstration du maire. Le véritable débat, selon moi, n'a pas été abordé : les limites que l'on se donne dans le développement du système de vidéo-protection. Mais l'opposition frontale, et parfois violente, des pour et des contre l'a empêché.

A l'occasion d'un point consacré à l'urbanisme et au logement, Jean-Pierre Lançon en a profité pour évoquer le dossier du château de la Pilule. Xavier Bertrand regrette sa destruction mais rappelle que les frais de mise aux normes ont dissuadé les acheteurs de le rénover. Jean-Pierre Lançon estime que la pétition, signée y compris par des élus de la majorité, a fait avancer les choses. Le château sera rasé et certains éléments (vitraux) seront conservés.

La réforme des rythmes scolaires a motivé une question orale de Jean-Pierre Lançon, à laquelle a surtout répondu ... Michel Aurigny, qui a méthodiquement déconstruit, en cinq points, tout le projet de Vincent Peillon, sous les applaudissements du maire et, au final, des élus de la majorité (grand moment surréaliste). Sur la lancée, Xavier Bertrand a taxé le ministre de l'Education nationale d'"idéologue qui méprise les enseignants et les acteurs du système éducatif". Jean-Pierre Lançon a voulu reprendre la parole en fin de séance, inaudible dans le brouhaha des conseillers municipaux quittant la salle.

La politique est-elle le lieu du débat ou du combat ? Jean-Pierre aimerait bien que le débat s'instaure, mais il ne provoque que des cris de révulsion, en le regrettant amèrement. Le seul débat qu'il ait initié hier soir, c'est entre Aurigny et lui, en s'en satisfaisant. A Saint-Quentin, gauche de débat et droite de combat ? J'aime moi aussi beaucoup le débat, mais je crains que la politique ne soit que du combat, et que c'est ainsi, et pas autrement, qu'on gagne.

lundi 18 mars 2013

Les leçons d'un recours



A exactement un an des élections municipales, les résultats de l'élection législative dans l'Oise doivent conduire à quelques réflexions en vue du prochain scrutin à Saint-Quentin. Un commentaire posté hier faisait remarquer que le PS avait bien fait, dans notre circonscription, de ne pas déposer de recours, contrairement à l'Oise, puisque le résultat a été désastreux : la candidate passe d'un écart de 63 voix en faveur de l'UMP en juin dernier à 5 245 voix aujourd'hui ! Certes, mais un recours est une démarche juridique, pas politique : quand il y a irrégularité, il est de notre devoir de déposer un recours en annulation. La défaite ou la victoire, c'est autre chose ... Les résultats sont importants en politique, mais il faut commencer par respecter les règles et les principes.

La comparaison avec Saint-Quentin est d'ailleurs erronée : ce qui faisait litige chez nous ne concernait que les résultats d'un bureau de vote, supposés faussés par la présence de propagande électorale en face, le jour de l'élection. Le recours, s'il avait abouti, aurait annulé les résultats de ce bureau et assuré mathématiquement la victoire de la candidate socialiste sans qu'il y ait besoin de refaire tout le vote.

Je crois qu'Anne Ferreira a bien fait de ne pas déposer ce recours, l'issue étant incertaine et même improbable, donnant en plus l'impression d'être mauvaise perdante. Son tort, c'est d'avoir tergiverser, laissant entendre le dimanche soir qu'il y aurait recours, pour se dédire le lundi matin. La politique, c'est peut-être dommage mais c'est ainsi, ne laisse pas place à l'hésitation et à l'improvisation.

Ce qui est grave dans l'échec socialiste de l'Oise, ce n'est pas tant d'être battu par l'UMP (la circonscription est traditionnellement à droite) que par le FN. Ce qui me conduit à rappeler, comme je l'ai déjà fait, que la présence du FN n'est nullement un atout mais au contraire un danger pour le PS. Aux dernières cantonales, personne n'aurait osé penser que les candidats socialistes à Saint-Quentin auraient été battus par l'extrême droite. C'est ce qui s'est pourtant produit ! Veillons à ce que ce scénario catastrophe ne se reproduise pas aux municipales, car ce n'est pas entièrement exclu, la menace est réelle. L'assurance fanfaronne serait malvenue.

Quant à la victoire de l'UMP, il faut retenir qu'un parti au pouvoir est souvent victime des élections intermédiaires, favorables aux partis d'opposition. C'est pourquoi l'élection municipale à Saint-Quentin sera très difficile, je pèse mes mots, pour le parti socialiste. Laisser croire que la victoire serait facile ou acquise revient à mentir. D'autant que l'implantation de Xavier Bertrand et la discrétion du PS dans la vie publique locale compliquent la situation pour la gauche.

La solution, outre une présence politique beaucoup plus forte, c'est d'assumer et d'expliquer la ligne du gouvernement, ses grandes réformes. Plusieurs voix se sont exprimées au niveau national, Jean-Christophe Cambadélis, Gaëtan Gorce, pour demander à ce que le PS soit plus offensif, plus réactif, plus pédagogue. Cela vaut aussi pour Saint-Quentin. A défaut, nous essuierons une quatrième défaite consécutive à des élections municipales, autant dire l'explosion en vol de la section.

dimanche 17 mars 2013

Viva il papa !



Après une semaine blancheur de neige et blancheur pontificale, que faut-il penser, non de l'évènement papal en lui-même (c'est affaire de convictions, selon qu'on est croyant ou pas), mais des réactions qu'il a suscitées dans les médias ? La question m'intéresse à titre expérimental : comment se comporte une société très largement déchristianisée, et même sur certains points antichrétienne, devant le plus grand évènement de l'Eglise catholique, l'élection d'un pape ? C'est un peu comme des Terriens observant un ballet de soucoupes volantes ou un défilé d'extra-terrestres : leurs témoignages méritent d'être examinés. Je n'ai pas été déçu, mais plutôt amusé. Je vous dis pourquoi :

Il y a d'abord eu la prière universelle de cette pauvre traductrice sur TF1, ânonnée, déformée, massacrée au moment où le nouveau pape était au balcon et se faisait connaître au monde. La chaîne de télévision s'est sentie obligée de présenter ses excuses. Mais l'erreur professionnelle était presque un lapsus révélateur applicable à toute notre société, qui ne sait plus grand chose de la foi chrétienne. Il n'y a plus que 5% de croyants pratiquants. Quant aux croyants non pratiquants, ils sont aussi cohérents avec eux-mêmes que les amants qui ne font pas l'amour.

Et le pape dans tout ça ? comme aurait dit Jacques Chancel. On ne sait rien de sa vie, de ce qu'il a dit, écrit ou fait, il a un visage plutôt austère mais il a vaguement souri et durant quelques secondes plaisanté, ce qui suffit à nous rassurer. Et puis, un homme qui paraît-il aime le foot ne peut pas être entièrement mauvais. Il y a quand même plus que ça, moins superficiel : François 1er prend le bus, vit en appartement, fait sa cuisine et mange parfois à midi un sandwich (lire l'interview de l'évêque d'Amiens dans le Courrier picard d'aujourd'hui).

Déduction logique ? C'est le pape des pauvres. Ah bon ? Je crains que ceux qui affirment cela ne savent pas ce qu'est la pauvreté. En vérité, ils veulent dire, autre lapsus, que ce pape leur ressemble et qu'ils en sont très contents. Pourtant, un pape comme tout le monde, est-ce encore un pape ? Autrefois, les hommes d'Eglise étaient vénérés parce qu'ils faisaient des choses extraordinaires, qualifiées de surnaturelles. Aujourd'hui, c'est le contraire : nous admirons un souverain pontife parce qu'il mange des sandwiches.

Il y a l'incontournable et idiote question : est-il conservateur ou réformateur ? Je n'ai jamais compris qu'on applique des catégories politiques à une autorité spirituelle. Tant qu'on y est, pourquoi ne pas se demander s'il est de gauche ou de droite ? Un pape est forcément conservateur puisque sa foi est vieille de 2 000 ans et forcément réformateur puisque cette foi a dû se réformer pour subsister durant deux millénaires.

Mais sur les problèmes de société, l'avortement, le préservatif, le mariage homo ? Qu'est-ce qu'un pape en a à foutre des problèmes de société ! Il a pour lui l'absolu et l'éternité, il ne va pas s'embêter avec les misérables préoccupations humaines. Que la société se démerde avec ses problèmes : elle ne croit plus en Dieu, ne fait appel à l'Eglise que pour le décorum du mariage et l'adieu à ses morts ; qu'elle n'aille pas chercher le pape comme caution morale, qu'elle assume toute seule ses réjouissantes turpitudes !

Quant à demander l'ordination des femmes, le mariage des prêtres et la simplification du protocole du Vatican, de quoi j'me mêle ? Ce ne sont pas des athées, des indifférents, des anticléricaux qui vont expliquer comment l'Eglise catholique doit se comporter et ce qu'elle doit faire ! Pour eux, les rites n'ont aucun sens : pourquoi voudraient-ils leur en donner ?

La seule et l'unique nouveauté, c'est que ce pape est jésuite. Mais qu'est-ce que ça dit aux gens d'aujourd'hui, le mot de jésuite ? Partisan de Jésus, sans aller chercher plus loin, sans savoir qu'en leur temps les jésuites étaient de formidables intellectuels combattus par ... le pape ! Encore il y a trente ans, pas mal de personnes se souvenaient de leur scolarité chez les Pères et n'auraient pas une seconde associé un jésuite à quelqu'un de sympa. On doit à la Compagnie de Jésus d'avoir formée dans ses écoles toute une génération d'athées et d'anticléricaux solides et obtus.

Que demande notre société déchristianisée à un pape dont elle n'a rien à faire ? Qu'il ressemble à tout sauf à un pape. Et quand celui-ci, in fine, aura cessé d'être chrétien, tous pourront le trouver formidable, cet homme-là, et crier cette fois sans réserve : Viva il papa !


Sur le même sujet mais sous une perspective différente, vous pouvez utilement consulter billet et commentaires de http://anevert.blogspot.fr/

samedi 16 mars 2013

Débat sur le mariage



L'UDAF de l'Aisne (Union départementale des associations familiales) m'a invité cette journée à Laon, à la MAL, pour une table ronde sur le mariage pour tous. Les débats ont été ouverts par le sénateur-maire Antoine Lefèvre. Cette importante structure regroupe aussi bien des associations chrétiennes que laïques. La tonalité des échanges a été plutôt défavorable au texte de loi, même si le président départemental, Xavier Lefèvre, a rappelé que l'UDAF n'avait pas pris officiellement position.

Dans ce genre de rencontre, où je suis convié en tant que professeur de philosophie, je cherche moins à faire valoir mon point de vue (pour le mariage homosexuel) qu'à amener les participants à se faire leur propre conviction en sortant des idées toute faites. Je comprends parfaitement qu'on puisse être hostile au mariage entre personnes de même sexe, tant l'humanité nous a habitués depuis des millénaires à des unions hétérosexuelles. Mais je ne peux pas admettre qu'on considère ce projet comme une "monstruosité" (je l'ai entendu !) ou qu'il détruise la civilisation. Il faut que la raison l'emporte sur l'émotion, sans préjuger des avis de chacun.

La politique est un art d'équilibre, dans lequel on recherche le point qui fera consensus (c'est du moins ma conception). Sur un sujet aussi délicat, qui déclenche facilement les passions, il faut se garder de tout excès : c'est la ligne que j'ai essayé de suivre dans mes interventions. L'immense progrès, que j'ai tenu à souligner, c'est que tout le monde aujourd'hui s'accorde à reconnaître la légitimité juridique de l'union homosexuelle, puisque plus personne ne condamne le PACS, pourtant violemment rejeté il y a 14 ans. Ses adversaires d'alors souhaitent même aujourd'hui une amélioration de cette union entre homosexuels !

J'ai été particulièrement sensible à l'argumentation de François Edouard, de l'UDAF, regrettant l'opposition trop radicale de la droite au PACS en 1999, qui a empêché que celui-ci assure aux couples homosexuels les garanties auxquelles ils aspiraient légitimement et qu'ils sont finalement allés chercher dans le mariage, alors que tel n'était pas semble-t-il au départ la revendication de leurs associations. On retrouve ce même problème de radicalisation à gauche, quand des députés socialistes, faisant fi de la position de François Hollande, ajoutent la PMA et pourquoi pas la GPA au texte sur le mariage pour tous, crispant ainsi les positions des uns et des autres et empêchant l'indispensable consensus, le fameux point d'équilibre.

Quoi qu'il en soit, cette journée de débats aura été utile : il est toujours bon de se confronter à ceux qui ne pensent pas forcément comme vous, en restant ouvert, en cherchant à expliquer. Le président Lefèvre a regretté que les élus favorables au mariage pour tous n'aient pas répondu à son invitation. C'est en effet dommage, la dernière table ronde (en vignette) ne pouvant plus alors équilibrer les points de vue. Je crois que la politique nécessite un constant travail de pédagogie.

vendredi 15 mars 2013

Gaby Portemer



Je ne le voyais plus depuis déjà quelques temps dans les cérémonies patriotiques. La dernière fois, c'était devant le monument de la Résistance, aux Champs-Elysées, où il m'avait dit : "La tête est encore là, mais le corps ne suit plus", au bras de son épouse Simone, toujours alerte. Mardi, le corps a définitivement lâché Gaby Portemer. Je le connaissais parce qu'il était ancien combattant, à ce titre très présent dans la vie locale, et sympathisant socialiste.

On me demande parfois : c'est quoi un sympathisant ? Il est vrai que cette catégorie, entre électeur et militant, peut sembler imprécise. Gaby en fournit une excellente définition : c'est un fidèle qui assiste à à peu près toutes les réunions publiques. Il était dans ce cas, quelle que soit l'élection, quel que soit le candidat, pourvu qu'il soit socialiste. Jamais il n'a adhéré au parti, jamais il n'a figuré sur une liste municipale (du moins à ce que j'en sais, depuis ma présence à Saint-Quentin en 1998). Sa fidélité s'exprimait autrement.

Je n'ai de lui qu'une image de retraité, je n'ai vécu de lui que sa période âgée, et même très âgée puisqu'il nous quitte à 90 ans. C'est un sentiment étrange que de connaître des gens au terme de leur existence, dans l'ignorance de ce qu'ils ont pu être et faire avant, pendant très longtemps. Gaby, je l'ai souvent imaginé jeune, je ne sais pas pourquoi : je le vois en grand jeune homme séducteur, gentil, très souriant, les yeux pétillants, se tenant bien droit, avec une belle allure, Simone à son bras, une femme de caractère dotée d'un petit air mutin. Ils ne se sont pas quittés, accrochés l'un à l'autre dans les réunions du PS ou les défilés à travers la ville. Ils se sont quittés mardi, après toute une vie.

Gaby Portemer, c'était d'abord pour moi un prénom rare : je n'ai aucun élève, aucun ami, aucune connaissance qui s'appellent comme ça, à part Gaby Portemer. Ce n'est pas rien, un prénom. Le sien me faisait inévitablement pensé à la chanson de Bashung, qui n'était pas pourtant de sa génération. Et puis aussi à l'actrice très populaire Gaby Morlay, dans son immortel film " Le Voile bleu", en 1942, à une époque où Gaby, le mien, de Saint-Quentin, portait les armes dans la Résistance. Là aussi, je l'imagine en jeune homme audacieux, très physique, prenant des risques. En fait, je n'en sais rien du tout, il ne m'a pas raconté et je n'ai jamais demandé. Mais Gaby Portemer était Résistant, c'est ce qui restera de sa vie publique, comme son titre de chevalier de la Légion d'honneur.

De métier, il était ce que je n'aurais, là pour le coup, jamais imaginé : policier ! Si enseignant socialiste est presque un pléonasme, policier socialiste n'est pas forcément un oxymore. En tout cas, cette diversité sociologique me plaisait beaucoup. Si Gaby avait été plus engagé, plus jeune, s'il avait pris sa carte, peut-être aurait-il réussi à ramener l'ordre dans la section !

Gaby Portemer était enfin le fondateur d'une belle famille, avec huit enfants et dix petits-enfants, auxquels j'adresse, ainsi qu'à Simone, mes sincères condoléances.

jeudi 14 mars 2013

Mauvais citoyens



L'épisode neigeux que nous venons de traverser a aussi une dimension politique et morale. Il a d'abord mis en relief les vertus de nos structures collectives : Météo-France, les autorités publiques, les services de l'Etat, les collectivités locales, les agents territoriaux, la presse régionale, tous ont fait leur travail d'information, de prévention et d'intervention et doivent être à ce titre salués.

En revanche, bien des citoyens se sont comportés lamentablement. L'image qui les condamne, ce sont ces files de voitures individuelles abandonnées le long des routes par leurs occupants, errant je ne sais où, qui m'ont inévitablement fait penser à la débâcle de 1940, où les Français fuyaient hagards l'ennemi, dans un mouvement de panique totalement irrationnel qui gênait la progression de nos armées. L'ennemi en 2 013, c'est la neige, le froid et le n'importe quoi. Sept vices se sont à l'occasion révélés, vices de mauvais citoyens :

1- La peur : elle est toujours mauvaise conseillère, mais le mauvais citoyen l'a oublié. Il a peur de tout, croit qu'on est au printemps parce qu'on est à dix jours du printemps. La neige, le froid, le vent, le gel, le dégel, tout l'inquiète, le préoccupe. C'est le drame de sa vie, mais chacun a les drames qu'il peut. N'a-t-il donc rien d'autres à penser, des peurs qui soient un peu plus nobles ? Non, c'est là aussi sa tragédie.

2- L'inconscience : le mauvais citoyen a tellement la trouille qu'il ne réfléchit plus, ne fait attention à rien, prend sa voiture sans précaution, se jette sur les routes alors que Météo-France lui a demandé depuis dimanche soir d'être prudent. Il est sourd et aveugle, enfermé dans sa bulle de trouille qui lui fait faire n'importe quoi.

3- L'irresponsabilité : par sa décision de rouler coûte que coûte, le mauvais citoyen menace sa propre vie et celle d'autrui. En engorgeant, barrant et bloquant les voies de circulation, il paralyse le trafic, gêne l'intervention des secours, crée lui-même la pagaille et le chaos qu'ensuite il dénonce vicieusement, reportant sur les autres sa propre folie.

4- La perte d'autonomie : le mauvais citoyen est un être dépendant, un individu infantile qui ne peut vivre que sous la tutelle de l'Etat et des structures publiques. Comme l'enfant qui sort alors qu'on le lui a interdit, il ne prend aucune précaution, ne sait pas se débrouiller tout seul. Coincé par sa faute dans son automobile, il voudrait qu'on lui rende visite, qu'on s'occupe de lui, qu'on mobilise la société pour réparer son imprévoyance, sur les deniers publics ! Le mauvais citoyen n'a même pas la prudence de s'équiper d'une pelle de déblaiement dans son coffre et de quelques provisions de bouche. Il geint, il se plaint, il voudrait qu'on lui apporte à domicile, dans son véhicule, café et croissants chauds. Et puis quoi encore ?

5- La cupidité : le mauvais citoyen veut tout recevoir et ne rien donner. Il a un portefeuille en peau d'hérisson. C'est à lui qu'il incombe de débourser pour se munir de pneus neige. Si tous les automobilistes avaient fait cette dépense, nous n'aurions pas connu trois journées de désordre. Mais voilà, les mauvais citoyens sont cupides. Quant à la solution de rester tranquillement chez soi quand le temps est épouvantable, ils n'y pensent même pas, trop anxieux de perdre le salaire d'une ou plusieurs journées. Les entreprises de transport routier partagent une identique cupidité : âpres au gain, elles lancent des milliers de camions sur nos routes, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige. Même en cas de guerre nucléaire, elles se plieraient probablement à la loi du profit. Ces camions circulent au détriment de la santé publique, polluant énormément, et bloquent totalement routes et autoroutes dans les périodes de turbulences atmosphériques.

6- La fainéantise : les chutes nombreuses de piétons sont souvent causées par la paresse des mauvais citoyens qui ne nettoient pas à la pelle leur trottoir, qui ne le protègent pas du gel avec du gros sel. Ils ont perdu cette habitude qui autrefois était naturelle. Ils tiennent à leur petit confort. Sont-ils encore capables de manier une pelle ? Je n'en suis pas certain. Pour se déplacer à quelques centaines de mètres, leur voiture leur est soi-disant indispensable, même quand la chaussée est visiblement impraticable.

7- La stupidité : les mauvais citoyens ne savent plus marcher dans la neige, arpenter un sol gelé, se vêtir contre le froid et le vent. Ils se cassent sans arrêt la gueule, comme Charlot dans ses films. Faut-il être bête pour s'étonner qu'il neige à la mi-mars ! Leurs récriminations sont sottes, ignares, narcissiques. Sur son blog saint-quentinois, Jean-Claude Le Garrec va jusqu'à reprocher aux agents de la ville sur leurs tractopelles de rejeter la neige sur les trottoirs. Peut-être voudrait-il que ces fonctionnaires dévoués et débordés de travail la fassent fondre au sèche-cheveux et au chalumeau ? Quel con !

Pour punir tous ces mauvais citoyens qui auront donné un déplorable exemple ces dernières heures, les autorités devraient leur infliger une lourde amende pour non respect des préconisations de Météo-France, trouble à l'ordre public et mise en danger de la vie d'autrui. Quant à leurs tristes véhicules abandonnés en rase campagne, aucun centime ne devrait être versé pour les rapatrier. Au contraire, les pitoyables carcasses pourrissant sur pied constitueraient de formidables monuments illustrant les inconséquences humaines, les sept vices des mauvais citoyens.

mercredi 13 mars 2013

Un socialiste bon enfant



Je vais vous parler aujourd'hui du socialiste saint-quentinois Jacques Héry, parce que la presse locale, depuis quelques mois, en parle régulièrement dans ses articles politiques. Jacques me fait un peu penser à moi, il y a quatorze ans : j'avais alors son âge, et comme lui aujourd'hui, j'étais secrétaire de section, mon nom commençait à être cité, les journalistes m'appelaient, parfois ma tête apparaissait dans le journal (quatorze ans après, j'évite de me retourner sur ce passé, tant il y aurait de quoi tout de suite arrêter ...).

Jacques Héry est rond de visage et d'esprit. De tempérament aimable, sa voix est douce et souple, sa conversation persuasive et intarissable, avec un ton très commercial, un peu comme Xavier Bertrand. Ils sont l'un et l'autre plus vendeurs que militants (mais ce n'est pas un reproche). Du nom de son débit de boissons et tabacs, Jacques est un socialiste bon enfant, avec une face de poupon, de bonnes grosses joues qu'on a envie de pincer affectueusement. Mais la politique n'est pas un jeu d'enfant. Immanquablement, la question se pose : que veut-il ? que cherche-t-il ? qu'attend-t-il ?

D'abord, Jacques n'est pas un socialiste comme un autre puisqu'il n'est pas enseignant, ni fonctionnaire mais patron de café, et d'un bistro populaire, presque en face de cette mairie UMP qu'il défie. En s'engageant ouvertement, il prend des risques professionnels, que moi par exemple je n'encours pas. Chez lui se croisent beaucoup de gens, qui l'informent et qu'il informe : la bonne communication va dans les deux sens. On y trouve pêle-mêle des élus de droite, des militants de gauche, des journalistes du Courrier picard tout proche, des agents municipaux pas très loin. Il est fréquent d'y rencontrer Freddy Grzeziczak, Antonio Ribeiro, Olivier et Jean-Luc Tournay, Corinne Bécourt, Franck Mousset, parfois Maurice Vatin et quelques autres moins connus. Le microcosme est intéressant et le mélange original. L'aile gauche du PS préfère la fréquentation plus bourgeoise du Carillon : ça fait partie des bizarreries de l'être humain.

Jacques appartient à la génération post-Jospin, qui a rejoint le parti socialiste après la cuisante défaite de 2 002, souvent dans le regret de ne l'avoir pas fait avant, de n'avoir pas soutenu notre candidat pendant les présidentielles. Très vite, il devient proche de la députée tout juste battue, Odette Grzegrzulka (Anne Ferreira et l'aile gauche, c'est pas son truc). En 2 003, Jacques Héry est candidat au poste de secrétaire de section, à ma suite. Il a donc un sens précoce de l'ambition politique, mais échoue devant Philippe Maillot (aile gauche). En 2 008, Jacques s'oppose violemment, comme la majorité des socialistes d'alors, à la candidature unique et minoritaire de Jean-Pierre Lançon, de sa liste et de ses alliances avec l'extrême gauche : c'est l'échec de la culture du débat et du réformisme au profit de la culture du conflit et la radicalité.

Jusque-là, Jacques est un membre du bureau de la section parmi d'autres, pas plus. C'est seulement à la suite du traumatisme des élections municipales (la majorité se fait voler le leadership par la minorité) qu'il va tenter son coup de génie : entrer en dissidence, créer une nouvelle section, celle de Neuville-Saint-Amand. Le pari était risqué, il l'a gagné : c'est à partir de là que Jacques Héry est devenu quelqu'un qui compte, auquel on fait attention. La deuxième étape de sa notoriété politique, c'est son accession récente aux instances départementales du PS, lors du dernier congrès, devenant secrétaire fédéral aux élections et aux relations extérieures, un titre impressionnant qui fait de lui à la fois un ministre de l'Intérieur et un ministre des Affaires étrangères !

Idéologiquement, Jacques Héry est un social-démocrate bon enfant, mais pas strauss-kahnien ni ségoléniste. En son temps, il a soutenu Bertrand Delanoë (ils étaient rarissimes dans l'Aisne) et a été l'un des premiers, et longtemps le seul, à choisir François Hollande. Social-démocrate, il l'est aussi en adhérant à l'association de René Dosière, "Le coeur à gauche", en compagnie de Maurice Vatin (and me). Il y a quelques mois, lors de notre congrès, sa section a voté unanimement, en toute cohérence politique, pour Arnaud Battefort (motion 1) à la tête de la fédération et pour Harlem Désir (motion 1) à la tête du parti, ce que Jean-Pierre Lançon, jamais avare de critiques acides envers ses camarades, avait qualifié de "pensée unique" (dans L'Aisne Nouvelle).

A l'égard de la politique menée par la ville de Saint-Quentin, Jacques est plus sévère que je ne le suis. Ces derniers mois, dans la presse, il a dénoncé la zone franche, la désertification du centre ville, la restauration scolaire. Il y a quelques années, il avait critiqué le parking payant de l'hôpital. Ce sont surtout les questions économiques qui retiennent manifestement son intérêt. Aux dernières législatives, Jacques poussait fortement Anne Ferreira à déposer le recours qui aurait pu selon lui la faire gagner (une histoire d'affiches UMP aux fenêtres, devant un bureau de vote), mais la candidate, hésitante, n'a pas osé.

Jacques Héry serait bien peu, politiquement, s'il n'avait pas aussi un engagement citoyen qui renforce sa crédibilité (une place dans l'appareil, n'importe quel gus peut l'obtenir). Jacques est à la direction du syndicat des buralistes de l'Aisne, ce qui n'est pas rien quand on sait à quel point la profession exerce une influence sur l'opinion : un bar-tabac a plus d'impact électoral qu'une réunion de section.

Mais ce n'est pas tout : le socialiste bon enfant est président de l'association des amis du faubourg d'Isle, organise à ce titre de nombreuses manifestations de quartier, a signé le premier contrat avenir de la ville. Il a succédé à ce poste à Jean-Louis Cabanes, l'homme de confiance d'Odette Grzegrzulka (il n'y a pas de hasard en politique !). Quand la municipalité de Saint-Quentin a lancé sa consultation sur les préoccupations des habitants, Jacques Héry a lancé de son côté, en parallèle, une pétition pour que ne soit pas oubliée l'association des amis du faubourg d'Isle, qui a des activités comparables à celles d'un centre social.

J'en reviens à ma question de départ, qui se pose à propos de n'importe quel individu en politique qui se montre sur la scène publique : que veut-il ? que cherche-t-il ? qu'attend-t-il ? Là, c'est plus compliqué. Jacques n'a jamais été candidat ou aspirant à une élection locale. Songe-t-il à la tête de liste municipale, c'est-à-dire le morceau de choix, la part du lion ? Un socialiste bon enfant n'est pas forcément un grand fauve. Mais dans L'Aisne Nouvelle du 8 novembre 2 012, la réponse est claire : "Je pourrais intégrer une liste ou même la mener. Je fais partie de ceux qui ont de l'ambition pour Saint-Quentin. Mais je déciderai plus tard ...". Voilà une parole de chef, certes avec une petite nuance attentiste.

Qu'est-ce qui me fait alors être un peu sceptique ? Je crois que Jacques a plus le tempérament d'un agent d'influence, d'une éminence grise, d'un tacticien de l'ombre que d'un leader d'opinion, d'un batailleur d'élection, d'un conquérant de mairie, d'un chasseur de mandat. Sa présence dans la lumière des médias est en demi-teinte, plus dans le commentaire que dans l'action. Sa vocation secrète, son intelligence politique, c'est de devenir faiseur de roi. Et son roi, il l'a, il est quelquefois à ses côtés, c'est Michel Garand, statue du Commandeur ou Arlésienne de la vie politique saint-quentinoise, dont Jacques rêve peut-être d'être le Colbert ou le Richelieu. Que de rêves n'avons-nous pas les uns et les autres, et moi le premier !

A la cérémonie de départ d'un autre Jacques, le sous-préfet Destouches, dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville, Jacques Héry était présent, parmi les personnalités de la ville, mais au fond de la pièce, et sans aller saluer les premiers rangs. Tout Jacques est là : y être sans en être ! Pourquoi pas, il faut aussi ce genre de témoin actif, de facilitateur en politique. C'est une façon d'exercer le pouvoir, de jouer un rôle : être celui qui pèse, mais pas celui qui entraîne, être la clé du scrutin au moment de désigner notre tête de liste (c'est pourquoi il est hostile à une primaire locale, qui le priverait de ce pouvoir, la décision étant alors prise par l'électorat, à son tour faiseur de roi).

Que deviendra le destin naissant de Jacques Héry ? Je n'en sais rien, je ne fais que de fragiles hypothèses. Nous aurons la réponse dans une dizaine d'années : les journalistes, à ce moment-là, continueront-ils toujours à l'appeler ? Sa photo sera-t-elle encore dans les journaux ? Ou bien rejoindra-t-il Françoise Mado, Gérard Bécu, Martine Bonvicini et quelques autres que j'ai en quinze ans connus, qui ont eu leur heure de gloire, leur part de lumière, leur bout de pouvoir, leur influence passagère et qui, depuis, ont complètement disparu de la vie publique saint-quentinoise, jusqu'à leur nom qui souvent ne nous dit plus rien, qui n'a pas laissé de souvenir. Je ne souhaite au fond qu'une chose à Jacques : c'est que le socialiste bon enfant ne devienne pas un sale gosse ...

mardi 12 mars 2013

L'apocalypse blanche



En allant ce matin acheter la presse, du côté de l'avenue Faidherbe, je n'ai pas reconnu Saint-Quentin, je n'avais jamais vu la ville ainsi. Ce n'est pas la neige qui m'a surpris : il y en a déjà eu, ce n'est pas la première fois qu'elle tombe d'abondance. Non, c'est le silence et le vide : personne dans les rues, pas de voitures sur les chaussées, beaucoup de commerces fermés. On aurait dit une ville abandonnée par ses habitants après un cataclysme nucléaire, ou une cité-fantôme comme au Far-West (fantôme, avec tout ce blanc, c'est l'image qui convient). Mais à la place des ballots de paille qui traversent les rues, poussés par un vent désolant, c'était des volutes de neige.

Ah si, quand même, j'ai aperçu quelques rares humains et véhicules, mais qui se déplaçaient très lentement, par peur d'un accident, comme dans une scène de film au ralenti. Aux lampes de ville pendaient des stalactites de glace qui faisaient préhistoriques. Pas facile d'avancer dans l'épaisseur de neige : à certains endroits, j'en avais presque jusqu'aux genoux, un peu comme si j'étais dans une rivière. Je suis rentré tout mouillé. D'ailleurs, les monticules de neige travaillés par le vent ressemblaient parfois à des vagues d'océan. C'était vraiment joli. Au milieu de la rue Mariolle-Pinguet, une automobile abandonnée bloquait le chemin, renforçant l'impression d'apocalypse. Des gens aux fenêtres prenaient des photos.

De retour, j'ai su par courriel que mon lycée fermait demain, que plusieurs animations philosophiques (voir mon billet d'hier, "Une semaine très animée") étaient reportées. A la radio, j'ai appris qu'il y avait des centaines de kilomètres de bouchons sur les routes, des dizaines de milliers de foyers privés d'électricité, des millions de gens ayant froid et deux morts. Les autorités recommandent de rester chez soi. Des trains sont bloqués, des automobilistes sont prisonniers de leurs automobiles, dans la faim, la soif et la fatigue. D'autres partent à l'aventure, errant sur le bord des routes.

Des secours ont été mis en place : les gares et les gymnases hébergent les survivants du froid et de la neige, des magasins sont réquisitionnés pour les ravitailler. On annonce que la ville du Havre est coupée du monde, que l'armée a été mobilisée. RTL a bouleversé ses programmes, avec des flashes spéciaux au moins toutes les demi-heures, pour faire le point sur la situation, bizarrement appelée "épisode", comme dans un feuilleton. Il n'est question que de "pluies verglaçantes" et "averses de neige", qui donnent froid rien qu'à écouter (qu'est-ce ça doit être à la télé ...).

Chez moi, j'ai laissé les volets fermés une bonne partie de la matinée. En les ouvrant, miracle ! Mon trottoir avait été débarrassé de sa neige, très proprement, sans que je n'ai besoin d'aller chercher ma pelle. Un bon voisin s'en est chargé, déblayant d'ailleurs pas mal d'autres trottoirs alentours (oui, ces comportements-là existent encore ...). Une apocalypse blanche et un miracle, c'était ma matinée.

lundi 11 mars 2013

La violence malgré le froid



Un peu moins de monde que d'habitude au café philo de ce soir à Saint-Quentin because la neige et le froid. Mais les fidèles étaient là, autour de chocolat chaud (vignette 1), et quelques valeureux élèves (vignette 2). Nous avons disserté très pacifiquement sur le thème : la violence a-t-elle du bon ? La prochaine fois, le 8 avril, nous nous poserons la question : qu'est-ce qu'un homme normal ? et ce ne sera pas un café philo tout à fait normal, puisque je n'en serai pas l'animateur, mais Wadir, un de mes élèves.

Une semaine très animée



Il y a des semaines comme ça, très animées, à l'image de celle-ci, avec une intervention chaque jour. Aujourd'hui, en fin d'après-midi, elle commencera par le traditionnel café philo de Saint-Quentin, à la brasserie du Théâtre, dès 18h30, sur le thème : la violence a-t-elle du bon ? Demain, toujours dans notre ville, mais au Temple, près de Fervaques, à l'invitation du pasteur Marie-Pierre Van Den Bossche, la réflexion portera sur la notion de puissance.

Mercredi, direction Laon cette fois, à l'IUTA, pour un atelier philo sur la pensée de Simone Weil. Jeudi, c'est au lycée professionnel Jean Monnet, à La Fère, que j'animerai un café philo pour les internes sur l'amour. Vendredi, rebelote avec la pensée de Simone Weil (c'est cette année le 70e anniversaire de sa disparition), une conférence que je donnerai à Soissons, à 20h00, dans le café associatif Le Bon Coin, rue du Pot d'étain.

La semaine se terminera samedi, si j'ose dire en beauté, avec ma participation à une journée-débat à Laon, à la MAL, organisée par l'UDAF et consacrée au mariage pour tous (voir programme en vignette). Le président, Xavier Lefèvre, a déclaré dans L'Aisne Nouvelle de samedi qu'il avait du mal à trouver deux élus, l'un pour et l'autre contre, qui acceptent de confronter leurs points de vue. La culture du débat a encore du mal a passé parfois dans l'Aisne !

Un copain me disait récemment (en fait, il me le dit tout le temps, à chacune de nos rencontres) : Qu'est-ce que tu t'emmerdes avec la politique ? Ce que tu fait, ça ne te suffit pas ?. Je lui ai répondu sobrement, sans autre explication : Non, ça ne me suffit pas.

dimanche 10 mars 2013

Surtout pas avec le FN



Il ne faut jamais lire la presse locale en prenant son petit déjeuner. C'est pourtant ce que je fais chaque matin. Mais c'est dangereux, il y a risque de s'étrangler. C'est ce qui s'est passé hier matin, en regardant la une du Courrier picard : "Xavier Bertrand peut-il être battu en 2014 ?" Jusque-là, tout va bien, le café passe. "Les socialistes croient à la victoire ...", oui, normal, quand on se bat, c'est pour gagner. Mais il y a la suite et fin : "... surtout si le Front national parvient à monter une liste". Hein ? Quoi ? Gagner parce que l'extrême droite nous ferait gagner ? Non, pas de ça, pas avec moi ! Qu'est-ce qui a pu raconter une telle horreur à Nicolas Totet, l'auteur de l'article ?

D'abord, je ne veux "surtout" pas que le FN soit en capacité de monter une liste. Ce parti n'apportera rien au débat démocratique, parce que ce parti n'est pas un parti démocratique, nonobstant sa légalité. Ce ne serait pas à l'honneur de notre ville de voir une liste d'extrême droite polluer, empoisonner, pervertir le débat des municipales. Je ne le souhaite vraiment pas.

Et ce serait au déshonneur de la gauche de l'emporter, non pas sur ses propres valeurs, mais grâce à la présence et le maintien au second tour d'une liste frontiste. Quant à une défaite de l'extrême droite dès le premier tour et le report de ses voix sur la liste de gauche au second, ce serait la honte absolue : quand on est de gauche, on refuse de se faire élire avec les voix d'extrême droite !

Tête de liste aux élections municipales, je m'engage à ce qu'il y ait une confrontation loyale avec Xavier Bertrand, projet contre projet, idées contre idées. Pas comme au billard, où une première boule se sert d'une deuxième pour dézinguer la troisième. Je ne m'appelle pas Pyrrhus ! Je crois en la victoire, oui, mais honnête, franche et claire. Je sais que le FN fera tout pour faire battre Xavier Bertrand, parce que celui-ci ne fait pas partie des députés UMP complaisants avec l'extrême droite. Mais je ne me prêterai pas à ce jeu ignoble. Entre victoire honnête et défaite dans l'honneur, il n'y a pas de troisième terme acceptable.

Et puis, et "surtout", quelle ânerie de croire qu'une liste d'extrême droite ferait gagner la gauche ! C'est tout le contraire, et c'est électoralement prouvé. A Saint-Quentin, le vote FN touche essentiellement les milieux populaires, ceux qui normalement votent à gauche. Pour le PS, une liste frontiste, c'est autant de voix de perdues au premier tour ... et peut-être aussi au second.

Croire qu'une triangulaire ferait gagner la gauche, c'est une illusion, on l'a vu aux dernières élections cantonales, où les deux candidats socialistes ont été battus à plat de couture par ... l'extrême droite, et dès le premier tour. Veut-on encore prendre le risque d'une telle humiliation ? Aux élections législatives, il n'y a pas eu besoin du FN pour que l'écart entre le PS et l'UMP se resserre de 222 voix. Alors, laissons tomber ce faux espoir, cette tactique déplorable qui consisterait à miser sur l'extrême droite pour battre la droite. Ce n'est pas ainsi, dans un machiavélisme petit bras, que je conçois le combat politique.

Hier matin, après ce léger étranglement dont je viens de vous expliquer les raisons, j'ai continué de boire mon café et de lire l'article de Totet, au demeurant très bons (son papier et mon café).

samedi 9 mars 2013

100 pour le 678



Belle soirée de ciné philo hier à Saint-Quentin, pour célébrer la journée internationale des femmes, une centaine de spectateurs à la projection des "femmes du bus 678" et un débat très animé (vignette 1, l'accueil du public, en présence de Stéphane Lepoudère, maire-adjoint chargé de la culture). Les sujets les plus actuels ont été abordés, de Marcela Iacub aux Femen en passant par le port du voile (libre différence ou symbole d'oppression ?).

Le pot qui a suivi a permis d'échanger plus personnellement avec nos invités, Sylvie Racle, du CIDFF, et Fabienne Bonnard, d'Aster-International. De nombreux responsables associatifs et personnalités locales étaient présents. En vignette 2, on reconnaît au premier plan Manuel Caré, de l'Entente du Gué de l'Oise, en conversation avec Viviane Caron, d'Autrement Dire. En vignette 3, au fond à droite, Jean-Pierre Semblat, Marie-Lise, initialement prévue, s'étant excusée, retenue pour une intervention ... à Rabat !

Traditionnelle photo de fin de séance, devant l'affiche du film (vignette 4) : de gauche à droite, Françoise Gion, trésorière d'Aster, Fabienne, Michèle Zann, directrice du CinéQuai02, Sylvie and me. Le prochain ciné philo aura lieu dans le cadre (prestigieux) du festival international ciné-jeune de l'Aisne, avec "Shifting the blame", de Lars-Gunnar Lotz. A cette occasion, j'aurai le plaisir de recevoir le réalisateur et l'équipe du film. Ce sera le 8 avril, à 20h00. D'ici là, bon cinéma !

vendredi 8 mars 2013

Savoir régler un conflit



Je voudrais aujourd'hui, dans le prolongement de mon billet d'hier, aborder la forme et non plus le fond de cette triste affaire, afin d'en tirer des leçons positives pour l'avenir, en matière de règles et de méthodes. Le conflit fait partie de la politique et même de la vie, ce n'est pas ce qu'il faut craindre. Tout le problème, surtout en politique, c'est de savoir comment on règle un conflit, et c'est ce dont j'aimerais vous entretenir.

Qu'est-ce que la politique, sinon l'art et la manière de régler des conflits ? Etre leader, tête de liste ou maire, c'est avoir cette capacité ; gérer une municipalité, c'est constamment régler des conflits. Si on n'y parvient pas dans l'opposition, on n'y parviendra pas mieux en situation de responsabilité, avec cette fois-ci des conséquences autrement plus graves que celles qui découlent de l'élection ratée d'un simple secrétaire de section. Je veux donc vous proposer trois principes simples, trois règles de gestion des conflits, trois points de méthode qui seront les miens dans la campagne électorale et après la victoire, si les Saint-Quentinois nous font cet honneur :

1- La règle de l'urgence : un problème se transforme rapidement en conflit s'il n'est pas traité dès le début. Il faut donc réagir très vite, au moindre contentieux, apporter tout de suite une réponse, proposer une solution. Dans l'affaire de l'élection ratée du secrétaire de section, nous en sommes au cinquième mois de crise, sans décision officielle ! Plus un conflit dure, plus il est difficile à résoudre. A la règle de l'urgence s'oppose la règle de l'attente : on fait traîner en longueur, on reporte la décision, on compte sur l'usure et sur l'oubli. Mais c'est tout le contraire qui se produit : le temps qui passe ne règle pas un conflit, il l'envenime, il l'exaspère.

2- La règle de la concertation : dès qu'un conflit s'engage, il faut immédiatement mettre autour d'une table ses principaux protagonistes, pour échanger, s'expliquer, éventuellement s'engueuler mais tout mettre en oeuvre, de part et d'autre, pour trouver une solution commune, passer les compromis nécessaires. A Saint-Quentin, à aucune moment les quatre ou cinq acteurs du conflit ne se sont retrouvés pour en discuter. A cette règle s'oppose celle du rapport de forces, qui exacerbe l'affrontement : les prises de contact sont individuelles, cloisonnées, bilatérales, discrètes et téléphoniques, il ne s'agit plus d'aller au compromis mais d'éliminer un des protagonistes afin d'éliminer le problème (croit-on).

3- La règle de l'arbitrage : la discussion ne règle pas tout, loin de là. Elle permet de déblayer le terrain, écarter les malentendus, préciser les points de vue de chacun. Mais il y a un moment où il faut trancher, où l'on ne peut plus discuter indéfiniment. A ce moment-là, un arbitrage est nécessaire, venant d'une autorité indiscutée, reconnue par tous, qui sera suivie dans ses décisions. A Saint-Quentin, cette autorité n'existe pas ; c'est pourquoi les conflits y traîne toujours en longueur, jusqu'à épuisement des forces (on l'a vu lors de la préparation des dernières municipales, en 2007-2008).

Urgence, concertation, arbitrage, j'ai bien conscience que ces règles ne sont pas dans la culture historique de la gauche saint-quentinoise, qui les reçoit avec dédain, leur préférant l'attente, le rapport de forces et l'évincement. Ce n'est pas une question de personnes ou de psychologies, ce sont vraiment deux cultures politiques différentes. La mienne est tirée de la social-démocratie, du réformisme, même s'il s'y ajoute un tempérament, un état d'esprit personnel plus porté à la conciliation qu'à la confrontation.

"Il faut savoir terminer une grève", disait Maurice Thorez. Il faut aussi savoir régler un conflit. Les Saint-Quentinois jugeront la gauche locale là-dessus. Car qui voudrait confier les clés de la mairie à un parti incapable de régler ses propres conflits ?

jeudi 7 mars 2013

Le double refus



De l'article paru ce matin dans L'Aisne Nouvelle à propos de la situation du parti socialiste à Saint-Quentin, je tire plusieurs conclusions, assez contrastées. D'abord, il s'en dégage, dans les réactions de mes camarades, une impression d'incertitude, d'hésitation et d'attente alors que, de mon côté, les positions sont claires, déterminées et immédiates. Ce que je comprends, c'est qu'un nouveau vote de désignation du secrétaire de section n'est plus désormais contesté ni refusé, mais seulement ajourné. En un sens, c'est un progrès, la reconnaissance que le scrutin n'a pas été régulier et qu'il faut le refaire. Plus aucun argument n'est avancé en matière d'interprétation des statuts, contrairement aux déclarations de décembre et janvier. Je m'en félicite.

En revanche, je me désole du report de ce vote ... après les élections municipales, c'est-à-dire un an et demi après le congrès (durant lequel sont élus les secrétaires de section) et après le souhait de la direction nationale du parti. Ce délai est absurde, il ne faut pas attendre si longtemps, au risque de laisser pourrir la situation, dans un interminable feuilleton à rallonges, préjudiciable à l'image de la gauche locale.

Autre point positif : la priorité accordée aux élections municipales, dont je demande la préparation depuis longtemps, à condition que ce ne soit pas seulement verbal mais effectif. Et c'est précisément la raison pour laquelle je souhaite un nouveau vote : afin d'avoir un secrétaire de section pleinement légitime, non fragilisé par l'irrégularité du scrutin. A défaut, c'est donner inutilement des arguments à la droite dans un combat qui sera de toute façon difficile.

Catastrophique en revanche est le refus d'organiser des primaires citoyennes, le seul moyen pourtant pour la gauche locale de mobiliser son électorat (qui en aura bien besoin) et d'espérer gagner. Sinon, c'est se couper l'herbe sous le pied et aller droit dans le mur. C'est d'autant plus désolant que j'avais proposé, dans un esprit de conciliation, de renoncer à demander un nouveau vote si le principe des primaires était accepté. En janvier, l'idée était dans l'air, l'ambiance beaucoup plus optimiste : l'espoir aujourd'hui retombe, par ce double refus d'un nouveau vote immédiat et d'une primaire prochaine.

L'argument pour repousser les primaires est que nous n'aurions pas de problème de leadership à Saint-Quentin : mais si, évidemment ! Anne Ferreira hésite et sa défaite à la législative l'handicape, Michel Garand se montre un peu mais ne se déclare pas. Je suis le seul à m'être porté candidat, sur une ligne politique très claire, que je défends depuis plusieurs années. Aucune de ces candidatures ne s'impose naturellement, chacune a ses avantages et ses inconvénients (voir mon précédent billet "L'élue, le notable et le militant"). Seule une primaire pourrait départager les candidats potentiels et donner à la tête de liste une légitimité incontestable.

Dernier point positif : la possible fusion des deux sections socialistes, Saint-Quentin et Neuville-Saint-Amand, que je préconise là aussi depuis pas mal de temps. Mais pourquoi ne pas le faire maintenant, alors qu'approche une échéance électorale importante où toutes les forces devront être conjuguées ? Là encore, pourquoi attendre, hésiter ? En politique, ce qui ne se fait pas dans l'instant ne se fait jamais.

La lecture de l'article de L'Aisne Nouvelle me laisse donc une impression mitigée, avec des demi-satisfactions et de franches inquiétudes, mais aussi avec le sentiment que tout peut encore changer, tellement les positions des uns et des autres sont fragiles, presque craintives. Ma grande crainte à moi, c'est qu'à un an des élections municipales, l'affaire ne s'engage pas très bien, et je me demande si la défaite n'est pas en quelque sorte intériorisée d'avance (le refus des primaires me le fait penser). Pourtant, la gauche saint-quentinoise peut-elle se permettre une quatrième défaite, après celles de 1995, 2001 et 2008 ? Je veux lever cette fatalité, montrer un nouveau chemin, créer une dynamique, rendre la victoire possible. Pour ça, il faut un secrétaire de section désigné dans les règles et une primaire mobilisatrice. Quel crédit et quel soutien aurons-nous auprès de la direction nationale de notre parti si nous refusons et l'un et l'autre ?

mercredi 6 mars 2013

La cause des femmes



Ce vendredi, à Saint-Quentin, deux manifestations célébreront la journée mondiale des femmes : un spectacle au Splendid et un ciné philo juste à côté, au multiplexe. Vous choisirez : vive la concurrence et la diversité ! Plus il y a d'initiatives, mieux c'est. Mais je vous invite quand même à me rejoindre au cinéma ...

Après la projection du film de Mohamed Diab, "Les femmes du bus 678", nous débattrons de la condition féminine en présence d'une personnalité saint-quentinoise bien connue, Sylvie Racle, avocate et vice-présidente du CIDFF (Centre d'information des droits des femmes et des familles) et de Fabienne Bonnard, animatrice au sein de l'association Aster-International.

La soirée se terminera autour d'un buffet. La cause des femmes, c'est important : essayez d'être présent, consacrez-lui une petite part de votre temps, venez témoigner !

mardi 5 mars 2013

Il faut soutenir Hollande !



Des dizaines de milliers de salariés ont manifesté aujourd'hui en France pour dire leur désaccord avec une mesure capitale de la politique gouvernementale sur l'emploi, la flexisécurité comme on l'appelle souvent : des facilités données aux patrons en matière de flexibilité du marché du travail, des garanties accordées aux salariés en matière de sécurité de l'emploi. C'est un modèle de donnant-donnant, où chacun fait un pas vers l'autre, en renonçant sur certains points pour gagner sur d'autres. C'est la méthode réformiste par excellence, que rejette toute une partie de la gauche, dont les vues sont radicales ou semi-radicales (extrême gauche, Front de gauche et aile gauche du PS).

Je ne suis pas choqué que des salariés manifestent : c'est le rôle des syndicats de faire entendre leurs voix, d'exprimer des intérêts particuliers. Mais c'est le rôle du parti socialiste, parti de gouvernement, de défendre l'intérêt général et la ligne politique sur laquelle il a été élu. C'est pourquoi je suis choqué de voir des parlementaires socialistes (dont Marie-Noëlle Lienemann), certes très peu nombreux, défiler contre le gouvernement qu'ils sont censé soutenir, participer à une manifestation dont les banderoles dénoncent "l'accord de la honte", pour qualifier le projet gouvernemental. Non, ce n'est pas leur place ! Je comprends parfaitement qu'on soit hostile à la social-démocratie (chacun pense ce qu'il veut) ; mais alors, qu'on fasse un choix, qu'on soit clair avec soi-même, qu'on ne reste pas dans une organisation social-démocrate !

Je rappelle que l'accord sur l'emploi a aussi été signé par des syndicats, CFDT, CFTC et CGC. Les opposants appartiennent à l'arc contestataire, anti-réformiste, qui s'est déployé depuis les grandes grèves de 1995 : CGT-FO-FSU-SUD. L'UNSA, réformiste, ne les a pas rejoints.

Les élections municipales, scrutin local mais aussi national, devront être l'occasion d'une grande mobilisation en faveur des réformes gouvernementales, encore plus à Saint-Quentin, ville-test, ville de Xavier Bertrand. C'est ce à quoi je m'efforcerai, si les primaires citoyennes me désignent tête de liste. Pour le moment, du côté du secrétaire de section invalidé, y'a du mou dans le manche, comme on dit en Berry. Logique : avec Anne Ferreira et Marie-Noëlle lienemann, l'aile gauche du PS n'est pas chaude pour soutenir l'accord sur l'emploi, le pacte de compétitivité et la politique européenne du gouvernement. Mais ce n'est pas comme ça, sur des positions contestataires, qu'on peut gagner, surtout à Saint-Quentin. Coûte que coûte, sans états d'âme, il faut soutenir Hollande !

lundi 4 mars 2013

L'élue, le notable et le militant



Dans la perspective de primaires citoyennes à Saint-Quentin en vue de désigner la tête de liste aux prochaines élections municipales, je ne vois que trois candidats socialistes potentiels : Anne Ferreira, Michel Garand et moi. Dans des primaires ouvertes, d'autres candidatures, venues des partis de gauche, pourront s'exprimer, mais je n'y crois pas trop : on ne s'improvise pas candidat au dernier mot. Le lapin qui sort du chapeau est un beau spectacle de magie, pas une bonne stratégie politique.

Ces trois candidats possibles, m'est-il difficile d'en parler puisque j'en suis ? Non, pas du tout, on peut parfaitement être objectif à l'égard de soi et de ses concurrents. Le débat entre nous, s'il a lieu, ne pourra qu'être enrichissant, et beaucoup plus en tout cas qu'une désignation strictement interne, à effectif réduit, échange biaisé et résultat serré. Anne, Michel et moi sommes très différents, et c'est une chance, un atout pour le PS d'avoir ce choix. Pour les électeurs, une seule question se posera : qui est le meilleur pour affronter Xavier Bertrand? Et ce sont eux-seuls qui en décideront, par leur vote.

Je n'aurai pas la stupidité de dire que le meilleur, c'est moi. A vrai dire, je n'en sais rien, seulement que la volonté est en moi. Pour le reste, en démocratie, c'est l'électeur qui est faiseur de roi : celui ou celle qui sera élu sera forcément, par définition, le meilleur, on ne peut dire que cela. Cependant, rien n'empêche de mener une analyse comparative des atouts et des limites des uns et des autres. Normalement, c'est à l'intérieur du parti, à travers une discussion sereine et rationnelle, que cette analyse devrait être menée. C'est ce que j'avais proposé en 2 007, c'est ce qui a été alors refusé et l'on a vu le résultat : des choix imposés contre l'avis de la section et la défaite au bout du compte. Cette fois-ci, on ne m'y reprendra pas : la discussion sera publique, sur ce blog et ailleurs, en souhaitant très fort qu'elle débouche sur l'organisation de primaires.

Anne Ferreira a un gros avantage : elle est déjà titrée, vice-présidente du Conseil régional de Picardie, chargée notamment du développement économique de la région. Ce n'est pas rien, c'est une grosse expérience et surtout elle a le soutien naturel des élus et de l'appareil du parti. On a plus de chances d'être élu si on est déjà élu. Il y a des habitudes qui se créent, des connivences qui s'installent, des liens qui se tissent : on ne gagne pas sans appuis. Anne a les siens, pas Michel, et moi moins encore.

Les limites d'Anne sont dans ses hésitations, parfaitement légitimes, peut-être habiles, sûrement prudentes, mais mal adaptées à la grande bagarre qui s'annonce, dans laquelle il faudra être sûr de soi. Face à Xavier Bertrand et à la force de frappe de l'UMP, aucune fragilité ne sera permise. Sinon, le candidat se fera bouffer sur pied, sans avoir le temps de dire ouf! Il aura reçu la balle avant d'avoir dégainé.

Michel Garand, lui aussi, a un gros avantage : il a le physique de l'emploi (pas moi!), il a le profil et le costume de maire avant d'habiter la fonction et d'entrer en mairie. Remarque superficielle ? Non, l'image compte en politique, mais elle ne suffit pas. Michel est un notable, au bon sens du terme : quelqu'un qui a une surface sociale, un carnet d'adresses, un passé saint-quentinois. Avec ça la diplomatie qui sied à tout notable, le respect qui s'en dégage.

Les limites de Michel sont dans un marquage à gauche assez faible, un déficit d'image socialiste, hormis dans les milieux autorisés, qui ne font cependant pas une élection. Et puis, quand il faudra s'affronter à Xavier Bertrand (car il faudra bien en venir là), comment s'y prendra-t-il, puisqu'il est en bons termes avec lui ? Je le vois difficilement en chef de bande montant à l'assaut du pouvoir. Dans un terrain déminé d'avance et par d'autres, oui, mais ce ne sera pas le cas. Le problème de Michel, ce n'est pas d'être maire mais candidat.

J'en viens maintenant à moi, puisqu'il le faut bien. Mon atout principal, c'est ma détermination, ma dimension militante, mon ancrage associatif, mon image publique, déjà ancienne, ma culture politique : face à Xavier Bertrand, je crois pouvoir tenir le choc.

Mes limites : je ne suis pas un élu important comme Anne, ni un notable influent comme Michel. Mais surtout, mon plus grand handicap, c'est que je n'ai pas l'échine souple qu'exige l'appareil, ce goût de l'entre soi qui donne les appuis nécessaires et encourage les amitiés intéressés. Mon profil au sein du PS est atypique, mes comportements sont inhabituels, parfois singuliers aux yeux de mes camarades : ce n'est pas de cette façon qu'on y fait carrière, qu'on suscite les soutiens indispensables, qu'on y obtient une place ou une investiture. Le pire, c'est que je m'en fous, par une sorte d'indifférence à la reconnaissance de mes pairs et à l'ambition strictement personnelle. Vu de l'extérieur, tout ça semble dérisoire ; de l'intérieur, c'est fondamental.

De l'élue, du notable et du militant, qui est le favori ? Impossible à dire, il y a qualités et inconvénients en chacun. Le mieux, c'est que les Saint-Quentinois tranchent. Je suis prêt à me soumettre à leur verdict. Anne et Michel aussi, j'espère. Et même s'il faut aussi compter parmi nous un lapin sorti du chapeau au dernier moment, puisque c'est un plat qui fait partie, à gauche, des spécialités locales.