dimanche 30 avril 2017

Les braves gens ne sont pas des salauds



Longtemps, je n'ai pas assisté aux cérémonies patriotiques. Drapeaux, fanfares, gerbes, allocutions me paraissaient vieillots, inutiles. C'était bon, à mes yeux, pour les officiels. Et puis, il y a une vingtaine d'années, devenant représentant d'une famille politique, je me suis senti le devoir d'honorer les invitations à ces manifestations. Très vite, j'ai changé d'avis. N'étant plus responsable, j'ai continué à participer, autant que possible, à ces rendez-vous traditionnels, que je considère maintenant de la plus haute importance : ce sont des leçons d'histoire, dont la valeur symbolique est essentielle. J'aimerais que nos concitoyens soient plus nombreux à les rejoindre.

Ce matin, devant le monument de la Résistance et de la Déportation, boulevard Gambetta, hommage a été rendu à toutes les victimes des camps de concentration. Il est évidemment fondamental de se souvenir de cette monstrueuse tragédie pas si ancienne, en plein cœur du XXème siècle. Bien sûr, il y a tous ceux qui vous diront : c'est vieux, c'est du passé, on ne reverra plus ça, inutile d'en parler, pensons aux problèmes d'aujourd'hui. Non, ce n'est pas du passé, et rien ne garantit que l'horreur ne se reproduira pas, sous des formes nouvelles, inédites, inattendues. L'histoire est pleine de ce genre de répétitions.

La journée nationale de la déportation nous invite aussi à réfléchir : comment un continent civilisé, moderne, humaniste a-t-il pu laisser s'installer une machine de mort collective ? Vu d'aujourd'hui, nous désignons avec raison les salauds : nazis, fachos, collabos. Mais ceux-ci, à toutes les époques, n'ont jamais été qu'une poignée, qui existent et gouvernent parce que des millions de gens les ont soutenus et portés au pouvoir. Des braves gens, des types honnêtes, qui n'auraient pas fait de mal à une mouche, de bons copains, des pères de famille, des travailleurs consciencieux, des citoyens irréprochables : dans les années 30, ils ont peu à peu glissé du côté des salauds, sans toujours s'en rendre vraiment compte ...

Qu'est-ce qui a séduit ces braves gens, en ce temps-là ? Le culte de l'ordre et de l'autorité, la critique de la finance internationale, l'aspiration au protectionnisme économique, l'exaltation de l'identité nationale. Racistes, les braves gens ? Non, seulement un peu xénophobe, juste ce qu'il faut : halte à l'immigration, les étrangers dehors, fermeture des frontières ! Les braves gens ne sont pas des salauds, mais leurs sentiments et leurs ressentiments ont permis aux salauds de s'installer, de poser des miradors et des barbelés et d'exterminer des millions d'innocents.

Impensable aujourd'hui ? Dans les années 30, c'était déjà impensable, et on a vu la suite ... La barbarie peut se reproduite, certes pas à l'identique, mais de façon différence, plus atténuée, mise au goût du jour, présentable. En tout cas, les braves gens ne peuvent plus dire qu'ils ne savent pas. Ils sont encore moins excusables qu'autrefois. Il ne dépend que d'eux de ne pas rejoindre les salauds.


En vignette : dépôt de gerbes, par Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin, William Damien, représentant des associations d'anciens combattants, résistants et déportés, Magali Daverton, sous-préfet.   

samedi 29 avril 2017

Ambiance de marché



J'ai toujours pensé qu'une distribution sur un marché valait bien un sondage d'opinion. Ce matin, nous étions six En Marche ! du côté de la rue des Toiles. Aucun militant FN, contrairement à mercredi dernier, mais ceux du POI, Parti ouvrier indépendant (extrême gauche), avec le tract au titre suivant : "Pas une voix pour les candidats de la réaction ! Pas une voix pour M. Macron et Mme Le Pen ! RESISTANCE !" Ce n'est pas vraiment l'idée que je me fais de la résistance, sur le plan historique du moins. La droite n'était pas absente, mais individuellement : Julien Dive, Marie-Laurence Maitre, Vincent Savelli, Freddy Grzeziczak ...

Autant le dire tout de suite : l'accueil envers Macron est moins bon qu'avant le premier tour. A Saint-Quentin, on sent que les 30% du Front national sont passés par là. C'est qu'un deuxième tour inaugure une campagne nouvelle. Cette fois-ci, les passions, quand il y en a, sont exacerbées : on ne fait pas plus opposés que Le Pen et Macron ! Les réactions traduisent ce choc des candidatures. Et puis, il y a tous ceux, nombreux ce matin, qui rejettent les deux candidats et s'apprêtent à s'abstenir ou à ne pas aller voter. Là aussi, la situation a complétement changé : plus de réflexe anti-FN, plus de vote républicain. On a beaucoup parlé, à propos de Fillon, d'un "vote caché", finalement inexistant. Je crois qu'il pourrait être réel, du côté de l'électorat de Mélenchon, au profit de Le Pen, dans un souci de radicalisation.

Bien sûr, il faut relativiser ces impressions par le fait que de nombreux passants prennent notre tract favorablement, nous assurent de leur soutien, manifestent leur rejet de l'extrême droite. Encore heureux ! Mais si je devais faire une estimation à la louche, je dirais que c'est du 50/50. Il y a aussi les silencieux, les souriants, les polis dont on ne sait pas ce qu'ils pensent ni ce qu'ils feront le jour de l'élection.

Ce qui est stupéfiant, c'est l'influence des médias. Une dame m'asticote sur l'épisode de la Rotonde. Je lui répond assez facilement que c'est une brasserie ordinaire et que Macron a bien le droit d'aller prendre un pot pour remercier son équipe au soir du premier tour. Elle en convient mais me dit que l'image véhiculée par la télévision reste négative aux yeux de beaucoup, y compris à ses propres yeux, nonobstant mon explication. Comme si l'image télévisée prévalait sur la réalité. J'ai immédiatement pensé à la distinction que fait désormais la météo entre la température réelle et la température ressentie. C'est la victoire assumée de la subjectivité sur le réel ! Nous ne sommes plus dans la politique, mais dans le fait de société.

Dans la même veine, une marcheuse se dit horrifiée de ce qu'elle lit sur les réseaux sociaux (où je ne vais pas) contre Emmanuel Macron : un torrent de boue, les pires rumeurs pour l'avilir. Les pères de la République rêvaient à un citoyen responsable faisant des choix argumentés à l'issue d'un débat rationnel : nous en sommes très loin ! Mais, après tout, la République en a vu d'autres et son idéal n'a jamais cessé d'être malmené.

Ce que je retiens de ces deux heures passées sur le marché de Saint-Quentin, c'est que rien n'est joué pour le second tour : le résultat demeure incertain et le pire n'est pas à exclure. Pour tout dire, je suis inquiet, raisonnablement inquiet. Il faudra mobiliser jusqu'au dernier jour, défendre Macron jusqu'au bout, ne lâcher sur rien. J'irais plus loin : la victoire ne suffit pas ; il faut une LARGE victoire. Sinon, aux législatives qui suivront, ce sera une vague FN qui emportera tout et rendra le pays ingouvernable. Oui, aujourd'hui, pour la première fois depuis le lancement d'En Marche ! je suis inquiet.

Je ne doute évidemment pas qu'une grande partie de la population française est attachée à la République. Mais je crains qu'une autre partie, non négligeable, n'en a rien à faire, est au contraire séduite par la figure autoritaire de Le Pen, dans une société qui travers une crise de l'autorité, à tous les niveaux. Qu'est-ce que cela donnera dans huit jours ? Je n'en sais rien. Je sais seulement qu'il faut tout faire pour que Macron soit élu et Le Pen largement battue.

vendredi 28 avril 2017

Humanisme ou barbarie



Dans cette campagne du second tour, chaque jour apporte sa part de vérité. Hier, Le Pen, attifée d'un ciré jaune, nous a menés en bateau, avec Gilbert Collard à la barre, en faux capitaine Haddock. La scène était grotesque. Le Pen riait, riait, riait. Plus l'échéance approche, plus elle rit. Mais de qui, de quoi ? Rire nerveux, peut-être. Ou bien n'a-t-elle plus rien d'autre à dire qu'à rire ? Moi, ce rire me fait peur.

Macron, c'est l'inverse : très souriant il y a quelques temps, son visage se creuse, devient plus grave, gagne en retenue. Hier, il nous a conduits à Sarcelles, pour jouer au foot avec des jeunes. C'était spontané, joyeux. En bien des coins de France, Le Pen n'est pas la bienvenue, elle ne s'y risque pas. Macron est partout chez lui. Tout le monde, de bonne volonté, quelle que soit sa sensibilité, y compris critique, peut se retrouver en lui. Le Pen, non : elle suscite le rejet, et même le dégoût d'une grande majorité.

Hier soir, Macron était l'invité de l'émission politique de TF1-LCI, deux jours après Le Pen. Des deux candidats, il n'y a plus grand-chose à apprendre ni à attendre : le républicain et le progressiste d'un côté, la nationaliste et la xénophobe de l'autre, voilà le choix. Et un troisième, celui de la lâcheté : l'abstention ou le vote blanc. J'ai tout de même regardé, dans les deux cas, jusqu'au bout. Il y a toujours, dans une émission en direct, un moment de vérité, qui ne dure parfois que quelques secondes. Quand on a demandé à Le Pen ce qu'elle admirait chez son adversaire, elle a répondu :"rien". Quand la même question a été posée à Macron, il a répondu : "la détermination". Et il a ajouté (je cite de mémoire) : il faut admirer en chacun sa part d'humanité, y compris chez son ennemi. Quelques mots départagent beaucoup plus qu'un volumineux programme : Macron est un humaniste, Le Pen ne l'est pas. D'une part l'homme qui sait admirer, de l'autre la femme qui ne sait pas.

Hier soir, d'autres images nous ont interpellés : ces lycéens manifestant derrière le slogan "Ni Marine ni Macron", "Ni patrie ni patron". Il y a quinze ans, la jeunesse déferlait dans les rues pour "faire barrage à Le Pen" en votant Chirac au second tour de la présidentielle. "La jeunesse emmerde le Front national" : c'était le slogan. Comme nous sommes loin de cette époque pourtant si proche ! Le vote Chirac était-il alors plus facile que le vote Macron ? Ce renvoi dos à dos, dans le même sac, de l'extrême droite et du centre gauche a quelque chose de barbare, d'effrayant.

Je pense aux années 20, un siècle bientôt, où le PCF révolutionnaire rejetait à la fois Blum et Hitler, les socialistes et les nazis. C'était la stratégie "classe contre classe", avant que les communistes ne comprennent, dans les années 30, avec le Front populaire, qu'il valait mieux adopter la stratégie du "front de classe", c'est-à-dire l'union des forces républicaines et progressistes. Nous ne sommes plus du tout dans le même contexte, mais l'esprit de défaitisme, la perte des nuances et des repères sont exactement les mêmes. J'ai toujours pensé qu'on ne pouvait faire de la politique qu'en faisant aussi de l'histoire.

Il y en a un qui semble avoir retenu les leçons de l'histoire, c'est Xavier Bertrand : non seulement en appelant à voter pour Macron, parce que Le Pen c'est le pire, mais en demandant à Sarkozy et à son parti de s'impliquer plus clairement dans ce sens. Il faut dire que le président des Hauts-de-France est bien placé, dans l'assemblée régionale, pour voir la réalité du Front national. A l'inverse, et paradoxalement, Martine Aubry ne prend position que du bout des lèvres, comme si le nom de Macron lui arrachait la gueule.

Ne parlons même pas de Mélenchon : son silence coupable, consternant, irresponsable trahit l'homme : un batteur d'estrade, pas un politique digne de ce nom. En se montrant mauvais perdant, il a perdu en une soirée toute crédibilité, il a gâché ce qui était pourtant, avec son score, un beau succès. Au lieu de faire prospérer son résultat en vue des élections législatives, il le détruit, il rompt avec la tradition de désistement républicain. S'il se rattrape, ce sera trop tard, le mal aura été fait. Pourquoi ce naufrage ? Parce que cet homme ne pense qu'à lui, n'écoute que lui, ne croit qu'en lui. C'est du césarisme en bonnet phrygien, pas de l'humanisme.

jeudi 27 avril 2017

Le Pen, Macron et les ouvriers



C'est un passage obligé d'une campagne présidentielle : la visite d'usine, les ouvriers attentifs, le candidat casqué comme un prolétaire, le discours devant les machines, les belles promesses ... C'est un peu ridicule et très électoraliste. Sarkozy l'a fait, Hollande aussi. Hier, sur le site de Whirlpool à Amiens, nous avons eu droit à quelque chose d'approchant, en même temps que différent. Sur le fond du dossier, nous n'avons rien appris, les premiers concernés non plus. C'était essentiellement une bataille d'images. Mais n'est-ce pas aussi ça la politique ?

En tout cas, nous avons beaucoup appris sur les deux candidats, et l'épisode lance vraiment la campagne du second tour. Marine Le Pen n'avait pas prévu de venir. Son intervention est purement tactique. Elle a planté Paris pour atterrir sur le parking de l'usine, entourée de militants FN du cru. Elle est restée un quart d'heure, pour quelques selfies et des cris. Le Pen ne connaît strictement rien au dossier Whirlpool. Pour preuve, elle s'engage à maintenir un site qui est déjà fermé, dont les syndicats eux-mêmes ne demandent pas la réouverture.

Le Pen était là pour le cinéma, pour capter une partie de l'électorat de Mélenchon, ce qui est aberrant : la tradition ouvrière n'a jamais été sensible à l'extrême droite. La sociologie du FN, ce sont les commerçants, les artisans, les PME, la classe moyenne déclassée et les rejetons de la bourgeoisie qui veulent s'encanailler. Un vote authentiquement de gauche, internationaliste, pacifiste et antifasciste comme celui de Mélenchon ne peut pas se reporter sur le FN.

Emmanuel Macron était hier à Amiens parce qu'il l'a choisi, parce qu'il a fait volontairement la démarche. Ce ne sont pas les circonstances qui l'ont pressé. Il n'est pas venu pour les caméras ni pour la campagne (ça, c'était le soir, à Arras, pour son meeting). Non, Macron s'est entretenu, à la Chambre de commerce, avec les délégués syndicaux, pour discuter du dossier, qu'il connaît bien, qu'il a traité quand il était ministre. Après, il a bien fait de se rendre sur le site, sachant que son adversaire exploitait la situation. Le début a été houleux, mais la suite a montré que le candidat reprenait la main, qu'il forçait l'écoute et le respect. Il est resté le temps qu'il fallait, pour dialoguer, pour expliquer, sans se faire suivre constamment par les caméras.

Aux ouvriers, Emmanuel Macron a adressé un message de vérité et d'espoir : non, il n'est pas possible de maintenir le site en l'état ; oui, il faut se battre pour trouver un repreneur ; oui, l'urgence est à l'adoption d'un plan social qui ne soit pas a minima, qui permette aux ouvriers de bénéficier d'une formation et d'un reclassement. Si Macron l'emporte dans dix jours, je crois qu'il le devra beaucoup à cette journée amiénoise où, en matière de sérieux, de compétence, d'honnêteté et de proposition, il n'y a pas photo entre Marine Le Pen et lui. Même en selfie.

mercredi 26 avril 2017

Et pourtant ils existent






Vous connaissez la chanson de Léo Ferré : "Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent ..." Les anarchistes, bien sûr ! Bien que ne partageant pas leurs idées, j'ai une tendresse particulière pour eux. C'est pourquoi, ce week-end, j'ai fait un saut à Paris, au Salon du Livre Libertaire, dans le Marais, où j'ai retrouvé mon vieux copain Dominique Lestrat, l'anarchiste le plus célèbre de l'Aisne (vignette 1).

Si j'aime les anars, c'est parce que ce sont les oubliés et les persécutés de l'Histoire. Qui se souvient qu'au XIXème, ils représentaient le courant de gauche le plus puissant, alors que les communistes n'étaient que des marginaux ? J'aime leur irrévérence envers tous les pouvoirs (voyez ce beau slogan, à l'entrée du Salon, vignette 4). J'aime leur ironie (vignette 2, l'affiche de la manifestation, qui détourne la figure d'un des plus grands tyrans du siècle dernier, Mao, transformé en propagandiste de l'anarchie !).

"Y'en a pas un sur cent ..." et ça fait pourtant du monde (vignette 3, vue d'ensemble). Dans les allées, j'ai croisé l'intellectuel rocardien, l'un des pères de la deuxième gauche, Pierre Rosanvallon. Sa présence ne m'étonne pas. Dans les années 70, pour contrer le socialisme autoritaire et stalinien, Jacques Julliard et lui s'étaient intéressés au courant proudhonien, au syndicalisme révolutionnaire. C'était l'époque où les penseurs irriguaient encore de leurs idées les partis de gauche.

Dimanche, j'ai quitté le Salon du Livre Libertaire pour rejoindre Saint-Quentin et aller voter pour qui vous savez. Que mes amis anarchistes me pardonnent cette infidélité.

mardi 25 avril 2017

Abstention = vote FN



Une élection n'est jamais gagnée d'avance, celle-ci pas plus qu'une autre, et même moins qu'une autre. Le peuple est libre, souverain et imprévisible. Il est hautement probable qu'Emmanuel Macron sera élu président de la République, mais nullement certain. Surtout, un score élevé de Marine Le Pen, même défaite, reste à craindre, car les élections législatives en pâtirait pour le camp du progrès, quelle que soit la sensibilité de ses candidats.

Ce qui m'inquiète fort, c'est que l'écart entre les deux candidats en lice est relativement réduit. Certes, Macron a des réserves de voix, mais on ne peut pas préjuger de leur ampleur. Le Pen en a aussi, même si les reports en sa faveur ne se manifestent pas publiquement. Quinze jours, c'est long. L'opinion peut évoluer, des événements troubler la situation, le grand débat changer la donne. Franchement, il y a hésitation quant au résultat final.

Le pire est ailleurs. En 2002, la présence de l'extrême droite au second tour, à un niveau pourtant plus faible qu'aujourd'hui, avait provoqué une vague d'indignation et de manifestations dans toute la France. Là, rien. Comme si le FN s'était normalisé, était accepté, s'était installé définitivement dans le paysage. C'est affolant. Le Front national progressera entre les deux tours, je le crains. La droite républicaine a choisi clairement de soutenir Emmanuel Macron. Elle sait, au-delà de ses convictions républicaines, qu'une victoire du FN signerait sa mort. Mais une partie de son électorat, peu soucieux de stratégie, ne suivra pas : une fraction de la droite se reconnaitra toujours beaucoup plus dans l'extrême droite que dans Macron. Nous savons aussi qu'aujourd'hui les consignes de vote sont moins suivies qu'autrefois.

Paradoxalement, le plus grand danger vient peut-être de la gauche. Pas de l'électorat socialiste, qui a intégré depuis longtemps la logique de front républicain. Mais l'électorat important de Mélenchon me préoccupe. Cette gauche radicale considère Macron comme un banquier, un privilégié, un homme de droite pour lequel elle n'est pas encline à voter, même pour faire barrage à Le Pen. L'abstention est sans doute sa tentation. Je crois même qu'une minorité de cet électorat irait jusqu'à voter Le Pen, par ressentiment, par goût pour la transgression, pour faire péter le système. La xénophobie lui fait horreur, mais la radicalité, la brutalité et l'antilibéralisme de Le Pen peuvent la séduire. Je crois en l'existence à la marge d'un gaucho-lepénisme. Et les marges comptent, dans ce genre d'élection.

Il faut nous efforcer de détruire une idée fausse : s'abstenir au second tour, ce n'est pas s'abstenir, renvoyer dos à dos les deux candidats ; c'est voter indirectement FN. Toute voix qui manque à Macron favorise Le Pen. L'abstention n'est pas la neutralité, qui n'existe pas en politique. Depuis 15 ans, quand il le faut, je vote à droite, bien que je ne partage pas ses idées : mais parce qu'il faut empêcher le FN. Je le fais sans problème ni hésitation. Que tous ceux qui n'apprécient pas Macron mais sont hostiles à Le Pen fassent comme moi : qu'ils votent pour lui. 

lundi 24 avril 2017

La fin d'une époque


Depuis une vingtaine d'années, j'ai assisté à bien des soirées électorales au palais de Fervaques. Mais des comme hier soir, jamais ! C'était littéralement surréaliste. D'abord, la salle à moitié vide, là où d'habitude, quels que soient les résultats, elle est archi pleine. Explication : la droite, qui assure depuis longtemps le remplissage, est partie massivement dès 20h00, quand elle a su que son candidat ne se serait pas présent au second tour. Il est vrai aussi que l'annonce officielle s'est faite tardivement, vers 22h00, à cause de la fermeture des bureaux une heure plus tard.

En revanche, et contrairement au passé, le Front national était très présent, avec de nombreux militants, jeunes pour la plupart. Le suppléant de Sylvie Saillard aux dernières législatives n'hésitait pas à aller vers les uns et les autres, se faisant notamment connaître auprès de la presse. Le temps de la marginalité est terminé pour ce parti : il est désormais puissant sur Saint-Quentin, il s'installe et ça se voit, au-delà des simples résultats électoraux.

A l'inverse, le Parti socialiste passe en catimini et ne s'attarde pas : pour lui, c'est fini. Mais le plus surprenant est l'absence des partisans de Jean-Luc Mélenchon, qui ont pourtant réalisé chez nous une formidable percée (au moment de la proclamation de leur résultat, aucun applaudissement). Décidemment, d'où qu'on la prenne, cette soirée n'était pas comme les autres. A 21h00, je reçois un texto de Pierre André, qui me dit qu'il votera Macron. Je lui réponds : c'est à votre tour ! En effet, moi aussi, contre le FN, il m'est arrivé souvent de voter pour quelqu'un qui n'était pas de mon camp. Thomas Dudebout me confie également ce vote. S'il n'y a pas de front républicain, il y a manifestement un réflexe républicain.

Un certain Patrick vient discuter avec moi. Au revers de sa veste, j'aperçois la fleur bleue du FN. Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années, chez des amis communs, écologistes à Ribemont. C'est un ancien électeur de gauche, qui a rejoint le Front national il y a quatre ans. Je l'écoute, il me dit : "Je suis un homme de l'ancien monde". Il rejette fortement Macron, qui représente à ses yeux ce nouveau monde dont il ne veut pas. Après tout, ce n'est pas si mal vu, même si nos conclusions divergent totalement. A Patrick et à tous ceux comme lui qui éprouvent des peurs devant ce monde qui change, je veux leur dire qu'il n'y a rien à craindre, qu'il faut épouser notre temps, que le remède illusoire est pire que le mal apparent, que la nostalgie largement fabriquée ne tient pas lieu de ligne politique.

L'équipe d'En Marche ! était bien sûr présente à Fervaques (en vignette, en l'absence de Mike Plaza, notre animateur, retenu à Paris). Sans joie excessive, sans satisfaction déplacée, mais fidèle à ce que nous voulons être : une équipe sage et sérieuse, au présent et pour l'avenir, bien conscients que nous sommes en train de vivre la fin d'une époque, que les comportements passés sont dépassés, qu'il nous revient de préparer avec responsabilité le futur. Attention : rien n'est joué. Au premier tour, nous avons mobilisé les progressistes, dans le respect de leurs sensibilités. Au second tour, nous devons rassembler les républicains, dans le respect de leurs sensibilités. Nous vous donnons dès à présent rendez-vous mercredi matin, sur le marché de Saint-Quentin, à partir de 10h30.

vendredi 21 avril 2017

Jeux interdits



La dernière grande émission politique entre tous les candidats à l'élection présidentielle a eu lieue hier soir, sur France 2. Chacun était invité à présenter un objet lui tenant à coeur, comme dans ces jeux pédagogiques, à l'école primaire. Un seul a refusé, n'étant pas "fétichiste", a-t-il justifié. Après, les candidats devaient réagir à une photo d'eux, ancienne : pensaient-ils déjà, à cette époque-là, être président de la République ? Tous ont répondu que non. J'ai pensé à ce petit jeu entre enfants, pour savoir ce qu'ils veulent être plus tard, pompier ou infirmière. Léa (Salamé) ouvrait ses grands yeux de biche et le sourire qui va avec, en écoutant les confidences attendrissantes des grands et des petits candidats. Séquence émotion.

Enfin, l'entretien se terminait par l'aveu d'un regret. Nous n'étions pas loin du désormais célèbre mea culpa, un passage obligé pour toute personnalité publique. Père Pujadas et Soeur Salamé soumettaient leurs invités à confesse, sans leur donner pour autant l'absolution. Ce n'est qu'un jeu, après tout. Certains s'y sont pliés, sachant que l'exercice de la repentance est aujourd'hui très apprécié. D'autres ont résisté, affirmant presque que la politique consiste à dire des choses, faire des choix et entreprendre des actions sans remords ni regrets, en assumant tout. Mais aller jusqu'à cette clarté aurait paru arrogant, voire méprisant : la réponse a donc été atténuée.

En cours d'émission, David (Pujadas) a informé en direct d'une fusillade sur les Champs-Elysées, à Paris, faisant un tué parmi les policiers. Les candidats, embarrassés, ne sachant rien de ce qui était en train de se passer à l'extérieur, ont été sommés malgré tout de dire quelque chose. L'opération était en cours, on ignorait l'identité et l'intention des auteurs, la déontologie aurait exigé que Pujadas n'en parle pas. Mais la loi de l'audimat s'impose : il ne fallait pas que les nombreux spectateurs partent sur les autres chaînes pour s'informer.

Dans leur conclusion, lorsque tous les candidats se sont retrouvés sur le plateau, la gêne dans laquelle les journalistes et les circonstances les avaient plongés était encore plus grande et plus fâcheuse. Tous se sont sentis obligés d'exprimer leurs condoléances et de modifier leur déclaration finale. A trois jours du premier tour, il ne s'agissait pas, pour les possibles gagnants, de risquer un faux pas qui entrainerait leur défaite. En matière de compassion, ils devaient se montrer impeccables. Ce qui n'a pas empêché les fausses notes. Mélenchon a soutenu qu'il ne fallait surtout pas arrêter la campagne, alors que Fillon prétendait qu'il faut la suspendre. Poutou a mis au même niveau le meurtre d'un policier et le suicide d'un ouvrier. Le Pen affirmait que le "cauchemar" recommençait, sans s'être regardée dans une glace : le cauchemar, c'est elle.

Macron a demandé à ce qu'on ne fasse pas "le jeu des terroristes". Mais c'est trop tard : les tueurs voulaient qu'on parle d'eux et déstabiliser la campagne électorale. Ils y sont parvenus, en direct, lors de cette dernière émission politique. Pujadas et Salamé leur ont offert sur un plateau ce qu'ils voulaient. Après, il ne leur restait plus qu'à fuir ou à mourir, puisque leur seul objectif, c'est de faire peur. Hier, sur nos écrans, c'était la peur en direct. L'émission a commencé gentiment par des jeux d'enfants, elle a continué par le jeu tragique des terroristes avec les médias. Il faudrait interdire les uns et les autres.

mercredi 19 avril 2017

La tête de l'emploi



Dans mon billet d'hier, j'ai été arrogant et méprisant envers les indécis, j'ai manqué à leur égard de charité, oui je le confesse. Je veux aujourd'hui me rattraper, avec humilité, en les aidant à sortir de leur indécision. Il faut faire vite, nous n'avons plus que quelques jours. J'ai une solution à leur proposer et à vous proposer, simple et efficace, dont j'use à chaque scrutin : l'observation et l'analyse des affiches électorales, qui économisent la lecture d'un long et fastidieux programme. A d'étonnants détails, qui passent souvent inaperçus, nous pouvons établir des préférences.

Sur les onze affiches, tous sourient, mais deux seulement montrent les dents, ce qui ne vous surprendra pas : Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen ! La facho a évidemment un slogan de facho : "Remettre la France en ordre". Sauf qu'avec d'elle, dès le soir de son élection, ce serait le gros bordel, nous le savons bien. Eliminons tout de suite ces deux dangereux extrémistes (Dupont a beau avoir un brave nom, il a flirté dans un récent passé avec le FN : ils ne sont pas allés jusqu'à coucher ensemble, mais leur frottement suffit à me dégoûter).

Sur les onze affiches, tous fixent l'électeur droit dans les yeux, sauf un qui regarde de travers : Jean Lassalle. Normal, il n'est pas très net. Ce faux berger, qui veut émouvoir dans les bergeries et les chaumières, balance ce slogan : "Le temps est venu". Oui, mais de quoi ? Pas de ce qu'il croit, en tout cas. Jacques Cheminade, lui, se retranche derrière une formule de Résistant : "Se libérer de l'occupation financière". Peut-être que cet anti-américain veut nous faire oublier que son mouvement politique a ses origines dans l'extrême droite américaine ... François Asselineau nous demande de faire "un choix historique". Je n'en doute pas, mais ce ne sera pas le sien. Cheminade et Asselineau sont deux anciens énarques : comment quoi l'intelligence n'est pas une garantie.

Sur les onze affiches, il y a une grosse tête et un slogan, sauf chez Lutte ouvrière, qui nous gratifie d'un long texte, privilégiant ainsi le lecteur à l'électeur. Nathalie Arthaud est en petit : dommage, c'est le plus joli visage. Philippe Poutou, son collègue d'extrême gauche, est le seul des candidats à afficher une barbe naissante (selon ses partisans) ou à être mal rasé (selon ses adversaires). Jean-Luc Mélenchon offre la photo la plus naturelle : un visage reposé, lui dont le verbe est souvent excité. Je crois que ce doux regard, ce sourire serein rassurent alors que son programme, lu de près, inquiète.

François Fillon est le plus triste des onze. Triste comme son slogan, triste comme sa campagne, triste comme ses affaires, triste comme sa prochaine défaite. Benoit Hamon est la seule tête qui penche, fortement, à gauche bien sûr. Tous les autres visages se tiennent droit. Le candidat socialiste est bancal. Logique : il manque de soutiens, il baisse dans les sondages, on sent qu'il va s'effondrer. Il aura sans doute le destin de la tour de Pise : elle penche, elle s'enfonce mais elle tient encore.

Voilà, j'ai passé en revue les onze. Mais non ! J'ai gardé le meilleur pour la fin : mon Manu Macron ! C'est le seul qui emploie en gros, dans son slogan, le mot de "président". Aucun autre ne le fait. Et vous savez pourquoi ? Parce qu'ils ne le seront pas, et qu'ils le savent déjà. Il faut savoir observer les signes des temps. A vous maintenant, amis indécis, de faire votre choix. Je vous ai aidés comme j'ai pu. Ne me remerciez pas.

mardi 18 avril 2017

Indécents indécis



Le plus anormal de cette campagne anormale, c'est le nombre d'indécis à quelques jours du premier tour. Pourtant, les réunions font salle comble, les émissions de télévision sont multiples et très suivies, le suspense est grand jusqu'à dimanche prochain, les jeux sont ouverts. Voilà qui manifeste un réel intérêt et devrait mobiliser les électeurs. Eh bien non, pour le moment. Car un indécis, s'il le reste jusqu'au bout, se transforme rapidement en abstentionniste. A force d'indécision, on finit par ne plus savoir quoi choisir et donc par renoncer à voter. Il parait qu'un tiers de l'électorat serait atteint par le mal de l'indécision.

Les abstentionnistes, je peux les comprendre, sans bien sûr les approuver : ils ne s'intéressent pas à la politique, ils ne se sentent pas concernés. Pourquoi pas : s'abstenir, c'est aussi une forme de point de vue. Qu'on ne croit pas au système de gouvernement, qu'on se méfie des hommes de pouvoir, qu'on estime qu'il est plus sage de cultiver son jardin ou d'aller à la pêche, c'est après tout une philosophie de vie qui n'est pas réservée qu'aux anarchistes. Mais les indécis, je ne les comprends pas et, pour tout dire, je ne les aime pas : l'hésitation, la pusillanimité, l'incertitude, ce sont de très condamnables faiblesses, dans la vie d'homme comme dans la vie de citoyen.

Les abstentionnistes, au moins, ne faussent pas la démocratie. Ils veulent rester chez eux ? Qu'ils y restent ! De toute façon, leur abstention compte heureusement pour du beurre dans le calcul des résultats. Mais les indécis, eux, perturbent tout. Ils ne savent pas sur quel pied danser et ils risquent de faire tourner le scrutin en bourrique. On se demande même si le pur hasard ou la stupide intuition de dernière minute ne vont pas conditionner leur choix. Car on me dit que certains indécis demeurent indécis jusque dans l'isoloir ! Pas sérieux, ces gens-là.

Et ne me dites pas que l'indécision aurait sa légitimité : elle n'en a aucune, elle est un vice. Qu'on puisse hésiter à quelques mois de l'élection, je l'admets. Mais à quelques jours, c'est une sottise. Les candidats, leur personnalité et leur programme sont connus pour la plupart depuis longtemps. Il n'y a rien de bien nouveau à en attendre. Les citoyens ont largement eu le temps de se faire une idée. Aussi loin que je remonte dans mon existence d'électeur, je n'ai jamais été indécis. Macron, je savais que j'allais voter pour lui avant même qu'il se porte candidat. Je crois même pouvoir dire que j'étais son supporter avant qu'il soit né, puisque le courant politique qu'il incarne a toujours été le mien, sous d'autres visages.

Alors, comment expliquer le boom actuel de cette manie détestable, anti-citoyenne : l'indécision ? Comme le reste, je pense qu'elle est à l'image de notre société. Le choix est si grand que les gens ne savent plus choisir. Ne pas s'engager, passer de l'un à l'autre, n'être satisfait par personne, c'est notre époque ! L'indécision devient presque une forme de décision, le parti pris de ne pas en prendre. Fromage ou dessert ? La vérité, c'est que l'homme d'aujourd'hui veut les deux, et ne surtout pas trancher. C'est politiquement embêtant, c'est moralement méprisable.

lundi 10 avril 2017

Fermeture provisoire



Fermeture provisoire du blog. Nous nous retrouverons le mardi 18 avril.

dimanche 9 avril 2017

Les militants ne meurent jamais


Les réseaux sociaux, c'est bien ; mais le militantisme classique, c'est mieux. Surtout, c'est irremplaçable. Facebook, ce sont des gens qui échangent entre eux. Le niveau est très bas, entre la dérision et l'invective. Sur un marché, nous rencontrons vraiment tout le monde. On répond aux questions ; de réelles discussions peuvent s'engager.

Vendredi matin, sur le marché du quartier Europe, En Marche ! n'était pas seul. Il y avait aussi Anne Zanditenas et Lutte ouvrière, les candidats du Front de gauche aux législatives et des partisans de ... François Asselineau. Comme quoi les militants ne sont pas une espèce en voie de disparition !

Cette semaine, En Marche ! a distribué à la sortie des lycées de Saint-Quentin, ainsi que devant la gare. Notre prochaine réunion aura lieu le jeudi 13 avril, à 20h00, dans la salle de quartier Europe, 20 rue Henri-Barbusse, sur la politique de la ville. En vignette : avec Benjamin, Bruno, Karim et Mike, vendredi matin.

samedi 8 avril 2017

Manu, la parade





Evénement culturel d'importance cet après-midi à Saint-Quentin : la première pierre de la nouvelle Manufacture, salle de concert et de spectacles, dans le quartier de Vermand, au milieu de la foule et du beau temps. La Compagnie Générik Vapeur nous a fait déambuler en fanfare à partir du Centre social Artois-Champagne (vignette 1), le club théâtre du lycée Henri-Martin en tête (vignette 2). Au passage, la chorale du Centre social Vermandois a manifesté ses talents (vignette 3). C'est sous le regard du géant Maurice que nous avons rejoint le site, pour procéder à l'inauguration (vignette 4).

Manu, l'inauguration





La nouvelle Manufacture, signalée par des poteaux et des rubans, se dresse, délimitée au sol par des fumigènes rouges, saluée dans le ciel par un feu d'artifice unique, en plein jour ! (vignette 1). Les élèves de l'école de danse Angélique Didier se produisent sous une pluie de papiers (vignette 2). La première pierre est inaugurée, devant les officiels et les enfants du Vermandois (vignette 3). Les six gabions, qui ont récolté les objets inspirés par la Manufacture, sont entassés au-dessus (vignette 4).

vendredi 7 avril 2017

Macron à l'Elysée, tout de suite !



J'ai quelques scrupules à rédiger ce billet : les louanges sont toujours un peu ridicules. Mais comment faire autrement, après avoir vu hier soir Emmanuel Macron à la télévision ? Ce type est tout simplement génial, formidable. Et ce ne sont pas des hyperboles ! Il écrase tout le monde par son intelligence, il m'épate à passer d'un dossier à un autre, complètement différents, les connaissant sur le bout des doigts, entrant dans le moindre détail technique, sans aucune note devant lui. Bluffant !

Et puis, il est à l'aise, au naturel, comme chez lui, avec ce qu'il faut d'humour, de distance, de décontraction. Un régal ! J'aurais pu le regarder et l'écouter pendant des heures. Rien ne me semble long quand il parle, et je ne suis pourtant pas un spectateur facile. Je ne comprends pas tout ce qu'il dit, l'économie n'est pas ma partie. Mais même quand je ne comprends pas, je suis d'accord avec lui ! Toute personne de bonne volonté ne peut que le suivre, être séduite et convaincue. Ce que nous a montré surtout l'émission, ce qu'il faut en retenir, c'est l'autorité naturelle que dégage Emmanuel Macron, avec laquelle il parle, il réponde, il tranche. C'est important, car c'est la première qualité qu'on attend d'un chef d'Etat.

Ses contradicteurs faisaient grise mine, n'en menaient pas large, prêtaient à sourire ou à grimace. Macron leur torche le nez, vite fait bien fait. Il a un incroyable sens de la répartie. Le chauffeur de VTC s'accrochait à son boulot et se foutait pas mal de l'ubérisation de son métier, parce qu'elle donne du travail aux autres et pas à sa binette. La prof d'histoire-géo pète-sec lui a cherché des noises sur la colonisation, qu'elle ne considère pas comme un crime contre l'humanité. Comme quoi on peut être enseignant et inculte. Le maire de la Guyane, qui a empoché un milliard, en voulait deux autres : bin voyons ! Pourquoi pas quatre, cinq ou six supplémentaires : quand on aime la Guyane, on ne compte pas ! Bref, aucun des trois intervenants n'étaient sérieux : tant mieux, ils se sont transformés en faire valoir involontaires du candidat, qui ne pouvait que trancher, à son avantage, sur eux.

L'invité surprise, c'était Ruffin. Et pour une surprise, c'était en effet une surprise ! Il est arrivé drôlement attifé, avec des chèques géants sous le bras, pour faire son malin. Et nous dire quoi ? Que Macron était un méchant banquier au cœur sec, ignorant tout de la vie des tites gens. On aurait presque la larme à l'œil en écoutant ce gus. Mais son langage et son visage expriment quelque chose de malveillant, de sectaire et de mensonger qui rassurent : on voit tout de suite à qui on a affaire. L'invité politique était un second couteau, représentant de Fillon, dont j'ai tout oublié de l'intervention tellement elle était plate comme une crêpe.

Après ça, que voulez-vous que je vous dise ! Emmanuel Macron est le meilleur, le seul, et notre pays a besoin de lui. Prenez les autres : Lassalle, Asselineau et Cheminade sont cinglés. Dupont Aignan est vicieux. Le Pen, c'est une folle, une sorcière. Mélenchon est un excellent poète, mais on ne dirige pas la France en récitant par cœur Victor Hugo. Hamon est un gamin en culotte courte, un boy scout avec des faux airs de Charlie Chaplin : sa seule performance sera de ramener le PS en dessous de 10%. Arthaud et Poutou méritent le respect, parce que ce sont de vrais militants ouvriers.

J'aurais rêvé qu'hier soir s'ouvre un second plateau, en fin d'émission, avec un piano, pour que Macron, qui excelle aussi dans cet art, nous montre ou plutôt nous fasse entendre ses talents. Un président mélomane, ça vaut bien un exposé économique aride et indigeste ! Oui, Macron est artiste, et le plus bel artiste qui soit : un pianiste. Le Pen, c'est de la grosse caisse, Mélenchon de la trompette et Hamon du pipeau. Le virtuose, c'est Macron. On devrait aussi choisir le président de la République sur sa maîtrise d'un instrument de musique, qui dit beaucoup du caractère.

Les deux seuls candidats crédibles dans cette élection, ce sont Macron et Fillon, qui tous les deux ont les compétences, l'expérience et le projet, global, cohérent, chiffré. Mais ce que propose Fillon, c'est un remède de cheval qui tuerait le cheval : voilà pourquoi je m'y oppose, hormis le fait que ce candidat n'est pas de ma famille politique. Il reste Macron. Je vais donc aller au bout de ma pensée : il y a encore 15 jours de campagne, mais le résultat est acquis d'avance. Quels que soient les résultats des uns et des autres, c'est Macron au final qui sera élu, inévitablement. Le sondage à la fin de l'émission prouvait que notre candidat arrivait loin devant tous les autres.

Alors, autant faire l'économie de ces deux semaines, qui ne pourront qu'être pénibles, qui verront se multiplier les petites affaires, qui ne profiteront qu'aux scores d'audience de BFMTV. La campagne n'a que trop duré, les arguments des uns et des autres ont été largement exposés et le gagnant est connu. Dans ces conditions, je propose d'abréger les délais, de remplacer l'élection par une désignation immédiate de Macron par le Parlement, réuni en ses deux assemblées, à l'unanimité. Nous gagnerons du temps et nous ferons des économies, dont la France a bien besoin.

J'en profite, en fin de billet, pour lancer un message personnel : Mike, as-tu réservé les caisses de champagne ?

jeudi 6 avril 2017

La France, une chance pour tous



Qui se souvient des slogans de campagne présidentielle ? On en retient très peu. Il y a surtout "La force tranquille", de François Mitterrand, en 1981. La victoire était tellement extraordinaire ! Avant, Giscard a marqué, avec "Le changement dans la continuité", en 1974 : étonnant parce que quasiment contradictoire ! Plus près de nous, "Le changement, c'est maintenant", de François Hollande : la formule est assez plate, mais il a gagné, et c'est tout ce qu'on demande à un slogan, d'ailleurs pas facile à trouver, et si difficile à retenir. Il y a un art du slogan, à la fois politique et publicitaire. Il faut échapper à la banalité, synthétiser en quelques mots tout un message, être percutant sans être folklorique : c'est mission impossible ! En définitive, la victoire ou la défaite décident du bon ou du mauvais slogan.

Emmanuel Macron a dévoilé le sien il y a deux jours. La photo est sobre, ressemble presque à une pièce d'identité. La grosse surprise, c'est la disparition du fameux sourire, qui fait son charme, que l'affiche présidentielle a gommé : Macron est entré dans une autre dimension, celle de la fonction présidentielle, grave, sérieuse. Le slogan : La France doit être une chance pour tous. Une phrase assez longue, qui laisse à la libre interprétation. Je vous donne la mienne :

La France : oui, il fallait s'y référer, non seulement parce que c'est notre pays, que c'est l'enjeu de cette élection, mais parce qu'il fallait l'arracher à l'extrême droite, qui en fait un usage indu, comme du mot de patrie, comme des symboles de la République, drapeau tricolore et hymne national. Et puis, montrer qu'Emmanuel Macron ne s'adresse pas à la gauche, ni à la droite, mais à l'ensemble des Français.

Une chance : pas comme au jeu, pas le hasard, mais l'occasion, l'opportunité, la perche qu'on vous tend, la main vers vous. Qu'est-ce que la politique, dans une République ? Plusieurs définitions répondent à cette question : garantir la liberté, se battre pour l'égalité, travailler à la solidarité. Macron a choisi une formule peut-être plus moderne et plus modeste : donner sa chance, permettre de réussir sa vie, avoir un emploi, bénéficier d'un salaire correct, disposer d'une juste retraite, s'assurer des soins de santé, accéder au logement de son choix et tant d'autres choses qui peuvent être mises derrière le mot chance. Dans la chance, il faut y mettre du sien : je ne crois pas en un Etat qui fasse le bonheur des citoyens. Mais cette chance doit être rendue possible par lui, ce qui est loin d'être actuellement le cas.

Pour tous : certaines politiques donnent leur chance à quelques-uns, en les privilégiant, pensant que le redressement économique viendrait exclusivement de leur impulsion. C'est la vieille réaction des conservateurs. Les progressistes pensent qu'il y va non seulement de la justice, mais aussi de l'efficacité que la chance soit donnée à tous, c'est-à-dire à chacun : la chance du demandeur d'emploi de trouver un travail, la chance du salarié de pouvoir se former pour changer de métier, la chance de l'élève de réussir à l'école et dans ses études, la chance de l'immigré de s'intégrer, la chance des syndicats de pouvoir négocier au plus près de l'entreprise, etc.

La France doit être une chance pour tous : c'est une impérieuse nécessité. Les jours qui suivront nous diront si une majorité de Français se retrouvent ou non dans ce slogan.

mercredi 5 avril 2017

Le débat continue sur le marché



Alors, ce débat, entre les onze, hier soir ? Je m'attendais à pire (voir mon billet d'hier). Bien sûr, il y a les candidatures loufoques (Lassalle, Cheminade et Asselineau) et des moments de franche rigolade. Poutou se retournait sans cesse vers ses supporters, comme pour leur demander leur avis. Il parlait très vite, à la façon d'un élève qui craint d'oublier quelque chose. La durée du débat, trois heures trente, était évidemment inhumaine, mais l'ensemble n'était pas trop ridicule.

Les petits se sont faits remarquer, les grands ont été égaux à eux-mêmes, sauf Le Pen, plus éteinte que dans le premier débat. Surtout, elle a été violemment attaquée par l'extrême gauche, qui a osé dire ce que les autres candidats hélas n'osent pas : Le Pen est raciste et corrompu. Raciste, la démonstration n'est plus à faire ; corrompu, il faut rappeler qu'elle détourne l'argent public, celui du Parlement européen, au profit des activités de son parti.

Autre vertu de ce débat, non négligeable : montrer, de façon magistrale, que le discours de Le Pen, en comparaison avec Poutou et Arthaud, n'est en rien social, ni économiquement radical. Ce n'est pas la candidate du Front national qui porte les revendications populaires ou qui exprime la souffrance des petites gens. Nous le savions depuis longtemps, depuis toujours, que l'extrême droite était une vaste imposture, dont la seule réalité est la xénophobie et le nationalisme. Mais quand la vérité éclate en direct, ça fait du bien !

A part ça, j'ai retenu la séquence sur l'Europe, fort inquiétante : la majorité des candidats y sont hostiles, Emmanuel Macron a été le plus clair et le plus engagé. Beaucoup veulent sortir des traités européens et évoquent un hypothétique plan B : c'est une chimère ! L'Europe actuelle n'existe qu'à travers une suite de traités : en sortir, c'est tout simplement la détruire, sans aucun plan de rechange. Nous n'avons pas fini de payer très chère la dramatique victoire du non en 2005, qui a empêché l'adoption du Traité constitutionnel européen. Avec celui-ci, les multiples traités auraient été refondus dans un texte plus synthétique, l'Europe aurait obtenu de nouveaux pouvoirs, sa construction politique aurait nettement progressé. Nous avons, en 2005, raté un rendez-vous avec l'Histoire. A la suite, il a fallu, dans l'urgence et par nécessité, adopter le traité de Lisbonne, sans lequel l'Europe aurait été ingouvernable, par la faute des vainqueurs du non.

Les échanges sur la directive concernant les travailleurs détachés étaient également très instructifs. Cette directive, je suis pour. Macron l'a rappelé : de nombreux salariés français à l'étranger en profitent. Le problème n'est pas dans cette directive, qui facilite le travail à travers l'Europe, mais dans le faible niveau social des pays d'origine. Harmonisation sociale ? Oui, avec plus d'Europe politique, nécessairement. Or, ceux qui réclament cette harmonisation sociale veulent moins d'Europe, et même pas d'Europe du tout ! N'oublie pas que si l'harmonisation sociale est difficile et la directive sur les travailleurs détachés imparfaite, c'est parce que les fameux traités tant détestés laissent à chaque pays la responsabilité de sa législation sociale (contrairement aux mensonges des antieuropéens).

J'ai apprécie la fougue et l'honnêteté de Nathalie Arthaud, quand elle a soutenu, face aux europhobes, que nos malheurs ne venaient pas de l'Europe, mais du capitalisme hexagonal et des politiques nationales. La contestation de l'Europe est, à la racine, nationaliste et xénophobe ; elle ne fait le jeu que de l'extrême droite, qui ne s'affiche jamais avec le drapeau européen, détail significatif. Le candidat que j'ai trouvé malhonnête, démagogue, détestable, c'est Dupont-Aignan : il a porté le soupçon sur Macron, à propos d'une opération financière de la banque Rothschild, sans rapport avec le candidat d'En Marche ! Dupont-Aignan est venimeux, malfaisant, autant que Le Pen.

Le débat s'est prolongé ce matin sur le marché de Saint-Quentin, où Mike, Bruno, Antoine et moi (en vignette) avons distribué le programme d'Emmanuel Macron, bien reçus par la population. A quelques mètres de nous, les partisans de François Fillon distribuaient aussi, pas le programme de leur candidat, mais un tract de Julien Dive, pour l'élection législative, comme s'ils zappaient la présidentielle. Le slogan, pas mal trouvé : "Un député qui ne fait pas semblant !". Pour en revenir à Fillon, je trouve qu'il ne s'en est pas trop mal tiré hier, pendant le débat, sa situation étant ce qu'elle est. Mais comme je l'ai dit ce matin à une dame : c'est maintenant aux citoyens de réfléchir et de choisir. Il reste 18 jours pour ça.  

mardi 4 avril 2017

Bonne nuit les petits



C'est donc ce soir l'événement politique inédit, le premier débat de premier tour entre les onze candidats à la présidentielle. Vous savez tout le mal que je pense de cette initiative. Elle instaure une fausse égalité. On ne peut pas mettre sur un même pied des candidats qui sont là pour gagner et d'autres qui ne songent qu'à témoigner. On ne peut pas disposer à rang égal des hommes ou des femmes qui se préparent, souvent depuis longtemps, à exercer la magistrature suprême, et ceux qui se servent de ce scrutin comme d'une tribune, sans souci de la fonction qu'ils sont censés briguer. Certains parmi eux sont même hostiles au pouvoir présidentiel ... pour lequel pourtant ils se présentent. On comprend évidemment le faux semblant. Une compétition, n'importe laquelle, doit être sincère pour être valable. Ce soir, ce ne sera pas le cas.

Vous me ferez sans doute remarquer que c'est leur droit, à tous ces candidats, de se présenter aux suffrages des Français, que la loi de la République le leur permet, que l'élection présidentielle n'est pas réservée à un club restreint. Oui, je sais et je ne le conteste absolument pas. L'égalité existe, je la défends : c'est la période de la campagne officielle, à la radio et à la télévision, où le temps de parole doit être rigoureusement réparti entre tous, à durée égale. Mais ce soir, c'est autre chose, qui n'a rien à voir, qui n'est qu'une parodie d'égalité, en réalité une grande confusion, qui ajoutera à l'indécision de nos concitoyens, qui n'aidera pas aiguiser leur discernement. Sous des apparences de démocratie, c'est un mauvais coup porté à la démocratie.

Et ne me parlez pas de mépris ou d'arrogance envers les petits candidats ! Celle-là, on ne me la fait pas, et vous savez où je me la mets, leçon de morale et psychologie de comptoir. Ce soir, les grands candidats seront au contraire disqualifiés, auront tout à y perdre. On les connaît déjà ; ce sont les petits qu'on attend, qui pourront faire leur show, qui créeront sans doute le buzz, qui alimenteront les commentaires d'après et du lendemain. Nous n'aurons d'yeux que pour eux. Il risque d'y avoir de sacrées surprises, je préfère ne citer personne. La politique n'en ressortira pas grandie, c'est le cas de le dire.

La démocratie va mal, la classe politique est discréditée, l'abstention s'annonce importante, les extrêmes ont le vent en poupe : le débat de ce soir, propice au folklore, ne va rien arranger. Vais-je le regarder ? Oui, bien sûr, en grignotant des cacahuètes et en sirotant quelque chose, après une journée de travail, pour me délasser à un spectacle où l'on sait que tout peut arriver, surtout le pire. Je regarderai comme on va au cirque ou à la ménagerie. Ce n'est pas ma conscience de citoyen qui sera en éveil, mais mon désir de voyeur. Je crains que ce soir nous soyons des millions dans cet état-là.

lundi 3 avril 2017

Argent, morale et politique



Quand le député de l'Aisne René Dosière a rédigé son dernier ouvrage, Argent, morale, politique, paru récemment au Seuil, il ne s'attendait sans doute pas à ce que sa publication tombe à pic dans l'actualité. L'avantage de ce livre est de parler de moralisation de la vie publique, sans basculer dans le moralisme, c'est-à-dire l'imposition d'un comportement privé. Les événements récents et leurs commentaires ont tendance à entretenir cette fâcheuse confusion. Qu'un parlementaire emploie comme assistants des membres de sa famille ou qu'il accepte des cadeaux luxueux, ce sont des questions de morale personnelle, qui ne contreviennent pas à la loi. La moralisation de la vie publique, c'est autre chose : introduire plus de clarté, de rationalité et de justice dans l'activité politique.

René Dosière fait cinq propositions, que j'approuve entièrement :

1- Supprimer le cumul des indemnités, afin que le gain ne l'emporte pas sur les convictions.
2- Instaurer le mandat unique, pour que chaque élu se concentre sur sa tâche et ne soit distrait par rien d'autre.
3- En finir avec les "carrière politiques", qui font que certains (beaucoup ?) ne vivent que de la politique, en font une profession comme une autre, alors qu'elle est une vocation.
4- Limiter les mandats dans le temps, afin que les mêmes ne restent pas indéfiniment au pouvoir, même sous couvert démocratique. C'est le seul moyen, avec le mandat unique, de renouveler le personnel politique.
5- Contrôler les finances des partis politiques. Elles le sont déjà beaucoup, mais c'est encore insuffisant. Un parti doit rendre des comptes, autant que peuvent le faire une association ou une entreprise.

René Dosière, à 75 ans, ne se représentera pas aux élections législatives de juin. Pour la présidentielle, il a donné son parrainage à Emmanuel Macron. Si celui-ci l'emportait, je vois bien René devenir ministre ou secrétaire d'Etat chargé de la moralisation de la vie publique. C'est l'une des préoccupations de Macron et Dosière s'en est fait sa spécialité. De plus, il a tout à fait le profil d'En Marche ! : un progressiste, en délicatesse avec l'appareil socialiste, qui l'a exclu localement mais rattrapé au Parlement. Un rebelle, quoi.

dimanche 2 avril 2017

L'élection des électrons



Electron libre : jusqu'à présent, dans le vocabulaire politique, l'expression était péjorative, synonyme d'indiscipline, d'individualisme et même d'incohérence. A Saint-Quentin, auprès de certains socialistes, j'ai pu apparaître comme un électron libre, ne disant pas et ne faisant pas ce qu'on attendait de moi. L'étiquette suintait l'ironie et un léger mépris. Je l'ai toujours récusée : j'ai ma ligne, je me retrouve dans une sensibilité, je suis fidèle à mes idées. Mais aux yeux de l'alcoolique qui zigzague, celui qui va tout droit n'a pas une démarche normale.

A la limite, j'accepterais d'être qualifié d'électron libre, à cause de l'adjectif. En République, nous sommes tous libres, même les électrons. Et puis, un électron non libre est prisonnier de son atome : en politique, c'est un militant enfermé dans son parti, son appareil, sectaire et fanatique. Ce temps-là est révolu. L'actuelle élection présidentielle voit se libérer une multitude d'électrons :

Emmanuel Macron était l'électron de François Hollande : il s'en est émancipé en quittant le gouvernement. Benoit Hamon s'est écarté du gouvernement socialiste et de sa majorité parlementaire : les frondeurs sont des électrons libres, à plusieurs. Jean-Luc Mélenchon est un électron libre par rapport au Parti communiste, qu'il a décidé de ne plus suivre mais de précéder. François Bayrou est le plus vieil électron libre qu'on connaisse : il s'est détaché depuis une dizaine d'années de la droite, son camp d'autrefois. Marine Le Pen, en rompant avec son père et l'ancien FN, est aussi un électron libre, mais moins libre qu'on ne le croit, tant la filiation avec l'extrême droite demeure.

Allons plus loin : les électrons libres ont gagné le monde entier, notamment ses deux plus grandes puissances. Aux Etats-Unis d'Amérique, Donald Trump est un électron hélas libre, perturbant sa famille politique, le Parti républicain. En Russie, Vladimir Poutine est un électron libre au regard de son passé de fonctionnaire communiste, au service d'un système qu'ensuite il a contribué à dynamiter.

Cette affaire d'électrons libres est trop nouvelle, trop déconcertante, trop universelle pour la laisser à la seule politique : il faut que la philosophie nous apporte ses lumières. Dans l'Antiquité, Epicure avait une théorie pour expliquer l'origine du monde, à une époque où sévissait la mythologie. Son nom : le clinamen. Sa thèse : au commencement, l'univers est une pluie d'atomes qui chutent verticalement dans le vide, dans un strict parallélisme, qui fait qu'ils ne se rencontrent jamais. Le hasard va amener un de ces atomes (ou électrons, puisqu'alors on ne distingue pas) à légèrement dévier, entrer en collusion avec un autre, qui a son tour etc. De ce chaos va naitre le monde, par agrégation et désagrégation. Conclusion d'Epicure, traduite avec les mots d'aujourd'hui : ce n'est pas Dieu qui a créé le monde, c'est le premier électron libre, malgré lui, sans intention.

Notre monde politique, qui a besoin d'être recréé, assiste actuellement à l'heureuse éclosion d'électrons libres, pour le meilleur ou pour le pire. Ce désordre peut légitimement inquiéter, les repères de jadis sont malmenés mais c'est ainsi qu'un monde nouveau peut émerger. Vive les électrons libres !

samedi 1 avril 2017

En Marche ! vers la victoire




En Marche ! Saint-Quentin tient des réunions publiques dans chaque quartier de notre ville. Après Saint-Martin et Vermand, c'était hier soir au tour de Saint-Jean, dans la salle Paringault. Chacun a pu expliquer pourquoi il avait choisi de soutenir Emmanuel Macron. Le thème général portait sur la moralisation de la vie publique, une question devenue très sensible à nos concitoyens (en vignette 1, Pétula M'Bella ; en vignette 2, Cyril Thirion).

Ce n'est pas être présomptueux que de dire que la candidature de Macron est bien partie pour gagner. Nous couvrons très largement, ce week-end encore, l'espace médiatique. Les sondages nous donnent à la première place, en concurrence avec Marine Le Pen. Il ne reste plus que trois semaines avant le premier tour ! François Fillon peut améliorer sa situation, il ne rattrapera jamais son retard ni n'effacera l'impact négatif des affaires. Jean-Luc Mélenchon a le vent en poupe, mais c'est un protestataire, certes de génie, qu'on n'imagine pas président de la République. Benoit Hamon est fini. Oui, nous sommes en marche vers la victoire, et ça vaut le coup de trinquer ! (vignette 3). Retrouvez-nous sur les marchés de Saint-Quentin jusqu'à l'élection.