mardi 31 décembre 2013

Pas de trève



C'est une drôle d'expression : la trève des confiseurs. Elle suppose que la politique fait abstinence, entre dans une période de jeûne au moment où tout le monde au contraire fait bombance. Mais combien de temps dure-t-elle ? Les avis sont partagés : d'une semaine, initialement (de Noël au jour de l'an), jusqu'à deux mois, décembre et janvier. Pas question de faire de politique les semaines où les Français achètent les cadeaux et préparent les repas de réveillon ; pas question non plus les semaines des voeux, privés et protocolaires. Deux mois sans politique, c'est long, surtout pour ceux qui aiment la politique !

J'ai connu autrefois un camarade qui défendait une étrange théorie : la trève des confiseurs, il la généralisait à toute l'année, en retranchant les week-end, les vacances et les périodes où les Français ont la tête ailleurs qu'à la politique. Résultat : l'action militante se réduisait comme peau de chagrin, essentiellement aux temps de campagne officielle. J'ai toujours trouvé l'argument fallacieux et paresseux : il justifiait qu'on ne fasse rien, le vote étant une sorte de jack-pot, où l'on perd ou gagne, sans forcer sur le destin, mais dans l'attente d'un résultat qui de toute façon nous échappe.

Autant vous dire que je ne partage pas cette conception, que je pense même le contraire : il n'y a pas de trève des confiseurs. C'est une invention des marchands de bonbons, pas des politiques. Puisque la politique est un combat permanent, elle ne s'arrête jamais, et surtout pas à trois mois à peine d'une élection ! Ce qu'on appelle trève des confiseurs, c'est le moment ou jamais de faire de la politique, de rencontrer des gens, de se montrer parce que les occasions sont beaucoup plus nombreuses que dans le reste de l'année, des repas des retraités au palais de Fervaques aux diverses cérémonies des voeux, pour ne parler que des rendez-vous les plus spectaculaires.

Il y a mieux, pour rejeter ce faux concept d'une trève des confiseurs : c'est la période durant laquelle l'opinion publique, cette entité mystérieuse mais bien réelle, va se former, dans les conversations de table, parmi la famille, entre amis : Xavier Bertrand, il se représente ou pas ? Michel Garand, tu le connais ? Olivier Tournay, il propose quoi ? Le Front national aura sa liste ? etc. C'est dans ces circonstances, dans ces échanges informels, mi-sérieux, mi-plaisants, que le corps électoral commence à se faire quelques petites idées. C'est mieux qu'une affiche que personne ne lit, qu'un tract que personne ne prend, qu'une réunion où personne ne va, qu'un porte à porte auquel on répond poliment, comme on fait avec les Témoins de Jéhova.

Je ne vais pas complètement récuser une expression si répandue que celle de trève des confiseurs. Le seul sens pertinent que je lui accorde, c'est que durant cette période-là, les armes restent au vestiaire, on cesse la politique partisane, agressive, disqualifiante. C'est un temps de paix et d'espoir. L'homme politique y parle de lui plus qu'il ne dénigre les autres (ce qui n'est pas totalement dans ses habitudes). A l'heure où les citoyens se souhaitent santé, amour et réussite, le candidat doit être à la hauteur de ces voeux, donner le meilleur de lui-même, faire envie qu'on vote pour lui. Il n'y a pas de trève pour ça.

dimanche 29 décembre 2013

L'année des surprises



Comme la presse locale, je cède à la mode rétro, le bilan de l'année qui s'achève, mais vu de ma lucarne, sous l'angle politique. Si j'avais à résumer 2013 d'un seul mot, pas d'hésitation : l'année des surprises !

Surprise de voir Anne Ferreira renoncer à se présenter aux élections municipales. En effet, depuis des années, elle envisageait publiquement sa candidature. Normal : en tant que vice-présidente du Conseil régional, c'est un poids lourd de la politique. Et puis, l'an dernier, aux législatives, si peu de voix l'ont séparée de Xavier Bertrand ... Elle a préféré, étrangement, une place difficilement éligible sur la liste des européennes.

Surprise de voir Michel Garand se présenter aux municipales, lui qu'on annonce régulièrement depuis quinze ans à chaque scrutin et qui finalement ne se présente pas, sauf aux dernières cantonales sur Gauchy. Surprise aussi de voir l'aile gauche soutenir ce social-démocrate jusque-là très discret au sein du parti, et appartenant à une autre section, dissidente, celle de Neuville-Saint-Amand. Si j'avais su plus tôt que Michel se portait candidat, j'aurais renoncé de mon côté : un social-démocrate contre un social-démocrate, ça n'a pas de sens (politique) !

Surprise de me voir attribuer 5 voix seulement lors de la désignation de la tête de liste, et de me retrouver de facto hors-jeu, inapte à figurer sur la liste. Très désagréable surprise, autant vous le dire ! Je ne me faisais certes pas d'illusion, Michel Garand ayant derrière lui les élus, l'appareil fédéral et ses anciens adversaires (un tour de force !). Mais j'avais pour moi ma petite notoriété, mon implantation dans la vie associative, mon expérience du Conseil municipal auquel j'assiste depuis une dizaine d'années. Mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas !

Surprise de constater que plus personne à gauche et à l'extrême gauche ne soutient et ne souhaite des alliances entre la gauche et l'extrême gauche, et surtout pas les initiateurs historiques de ces alliances ! De l'eau a passé sous les ponts, comme on dit. Et ceux qui ont bu la tasse, ce sont les socialistes, qui n'y ont rien gagné. Pourtant, en 2008, ces alliances étaient présentées à la façon d'un "laboratoire" innovant. Il n'en reste plus rien aujourd'hui.

Surprise de voir le PCF constituer une liste en solitaire. Moitié de surprise, il est vrai, tant c'était à prévoir. Mais tout de même, c'est la première fois depuis au moins 50 ans qu'il n'y a pas d'union de la gauche à Saint-Quentin. Et ça c'est assez surprenant.

Surprise de voir que l'extrême droite aura probablement sa liste, que ses militants sont très actifs ces derniers mois. La victoire sur le PS aux cantonales leur a manifestement donné des ailes. Aux deux dernières élections municipales, le FN était absent.

Surprise de voir la bande des Pieds Nickelés, Ribeiro 1, Ribeiro 2 et Monnoyer exploser, eux qui devaient présenter leur propre liste, politiquement claire comme du jus de chique. Ribeiro 1 a été introduit par Jean-Pierre Lançon, puis récupéré par Pierre André. Il a ensuite soutenu Anne Ferreira et maintenant Xavier Bertrand. Avec lui, on va de surprise en surprise. Ribeiro 2, ce n'est pas mieux : proche du MRC, puis proche de Debout la République, se rapprochant de Michel Garand, et finalement s'en écartant. Quant à Monnoyer, il a grenouillé dans toutes les strates de la droite, MPF, UMP, MoDem. De guerre lasse, il s'est lui aussi rapproché de Garand, qui ferait bien, à mon humble avis, de le propulser dans l'espace intersidéral pour qu'on ne le revoit plus jamais nulle part. Ce serait la première bonne surprise de la nouvelle année, qui j'espère n'en manquera pas.

samedi 28 décembre 2013

J'y suis ... j'y reste ?



Sur sa page Facebook, à la date du 24 décembre, Michel Garand a fait sa première proposition précise et chiffrée de campagne, à la suite d'un article du Courrier Picard de ce même jour, donnant la parole aux six derniers locataires de la cité Villard de Honnecourt, qui ne souhaitent pas quitter leur maison. Tous les autres ont été relogés, la cité étant vouée à disparaître. Pour le bailleur social, Habitat Saint-Quentinois, son directeur David Jonnard estime que la réhabilitation est impossible, parce que les maisons sont trop vétustes et mal isolées (ce sont des préfabriqués des années 60).

Michel Garand pense au contraire que le quartier est éligible à la réhabilitation, que les habitations sont bien isolées et fonctionnelles, d'autant que le chauffage collectif a été remis à neuf il y a peu. Le candidat socialiste à la mairie de Saint-Quentin estime le coût de la réhabilitation à 800 euros le m2, contre 2 800 euros dans ce qu'il appelle des "cages à poules" (des immeubles collectifs de type HLM). L'expression est aussi utilisée par un des locataires réticents à partir, Laurent Lepage, qui a carrément apposé des cartons de protestation sur la façade de sa maison : "J'y suis, j'y reste !"

Jean-Pierre Besançon, qu'on a bien connu au centre-ville lorsqu'il était le patron du Café français, fait lui aussi partie des derniers résistants. Leur crainte, c'est d'être relogés à des tarifs plus élevés, notamment en matière de chauffage, tant il est vrai que les conditions matérielles ne pouvant qu'être meilleures, l'augmentation est quasi inévitable. Mais il y a autre chose : l'inquiétude du déracinement, que nous connaissons tous quand on doit partir pour aller s'installer ailleurs ("on sait ce qu'on perd, mais on ne sait pas ce qu'on gagne", dit l'adage populaire), et aussi une forme de nostalgie, une idéalisation d'une cité perçue comme humaine, à taille réduite, avec des maisons individuelles et de petits jardins, un village dans la ville, que Michel Garand décrit très bien.

J'ai fait connaissance avec la cité Villard de Honnecourt il y a dix ans, lors des élections cantonales, puisque le secteur fait partie du canton Nord. Le porte à porte m'a appris que ce quartier populaire était aussi un quartier pauvre, avec des conflits de voisinage que l'habitat de proximité parfois attise. Avec aussi des problèmes de sécurité, de mises aux normes. Mais le pire, c'est surtout son isolement, sa localisation très excentrée, à une sortie de ville. A l'époque, il n'y avait aucun commerce ; aujourd'hui, le plus proche est le magasin discount. L'environnement est d'une géographie singulière, entre les noctambules du Smart (discothèque aujourd'hui fermée), les spectateurs du stade Paul-Debrésie et l'aire des gens du voyage.

Faut-il réhabiliter ou pas cette cité ? La Municipalité pense que non, Michel Garand que oui. Outre la rénovation de l'habitat, il propose de raser l'immeuble collectif, qui serait remplacé par un local technique, un équipement de restauration, de réunions et de loisirs. Son modèle est la résidence de l'amitié, à Gauchy, construite dans les années 70. Le débat est donc lancé. La question du logement social doit aussi être abordée de façon plus globale, à l'échelle de toute la ville. La réhabilitation du quartier Artois-Champagne est une belle réussite. Le problème, c'est que chaque quartier a sa spécificité, qu'il est difficile d'adopter une position générale. Il y a néanmoins un principe universel : là où l'on est bien, on a envie d'y rester !

vendredi 27 décembre 2013

L'inversion de la courbe



Il y a des courbes qui font rêver ... mais pas celles de la statistique, trop froides. Et la courbe du chômage, c'est le cauchemar : 3,2 millions à l'heure qu'il est ! Quant à son inversion, objectif du gouvernement, si elle ne fait pas rêver, du moins fait-elle espérer, et c'est déjà beaucoup. Bien sûr, l'expression n'est pas très sexy : on ne tombe pas amoureux d'un taux de croissance, disait-on autrefois ; on ne tombe pas non plus amoureux de l'inversion d'une courbe. Mais la politique est-elle faite d'amour et de rêve ? Non, de réalité et d'espoir, et c'est ce qui est en train de se passer avec la diminution du chômage.

Est-on sûr au moins que cette inversion de la courbe soit réelle ? Et comment le savoir ? C'est simple : il y a les chiffres de Pôle Emploi, les inscrits aux chômage. Je ne vois pas d'autres moyens d'en juger. Certes, les chiffres, ce n'est pas mon dada, je m'en méfie. Mais Michel Aurigny, maître en la matière, nous a dit lors de la dernière séance du Conseil municipal, qu'il fallait y recourir avec honnêteté. La droite, par exemple, est honnête quand elle dit que François Hollande a échoué, puisque les chiffres nous ont hier appris que le nombre de chômeurs avait augmenté en novembre de 17 800 inscrits supplémentaires. Ce n'est pas une inversion, c'est le contraire : une progression.

Le problème avec l'honnêteté, c'est qu'il faut aller jusqu'au bout, ne pas s'arrêter en chemin, c'est-à-dire à novembre. En octobre, Pôle Emploi a enregistré une baisse de 20 500 inscrits. L'un dans l'autre, sur les deux derniers mois, il y a donc eu une baisse. Le problème avec les chiffres, c'est qu'il ne faut pas en rester aux chiffres mais faire des calculs, des comparaisons, avoir une approche tendancielle, exponentielle. C'est le monde du relatif, pas de l'absolu. Il faut donc être vigilant sur les paramètres.

Aussi étrange que cela paraisse, dans ce domaine des chiffres, on peut faire du moins avec du plus. Une courbe n'est pas un segment : il faut l'évaluer sur plusieurs mois. Octobre, novembre, ça ne suffit pas. Prenons par trimestre de cette année : au premier, le chômage augmente de 30 000 inscrits ; au deuxième, de 18 000 ; au troisième, de 5 000. C'est le paradoxe arithmétique d'une augmentation en baisse ! Dis en langage de tous les jours : ça va un peu mieux ou, si vous voulez, c'est moins mauvais. La tendance à la diminution du chômage est donc là, la courbe est entrée dans sa phase d'inversion, qui reste à confirmer en janvier et dans la suite de l'année. Voilà ce qu'affirment les chiffres et l'honnêteté conjugués.

La droite explique que cette inversion est artificielle, dopée par les emplois aidés. Et alors ? L'emploi aidé, c'est de l'emploi, provisoire certes, mais de l'emploi tout de même, avec travail, formation et rémunération. En 2014, le gouvernement débloquera 50 000 emplois d'avenir supplémentaires. Pour l'emploi pérenne, il y a le pacte de compétitivité, le crédit d'impôts aux entreprises dont j'ai parlé hier. L'inversion de la courbe du chômage n'est donc pas illusoire, mais bien réelle. Il faut maintenant qu'elle s'inscrive dans la durée.

La droite reproche à François Hollande de s'obstiner, d'être obsédé par cette inversion de la courbe. Mais c'est tout à l'honneur du président de la République : quoi de plus urgent que de lutter contre le chômage de masse, que d'être soucieux à l'extrême du moindre signe de reprise de l'emploi ? Tout est clair : l'orientation est tracée, les moyens sont donnés. C'est le temps qui décidera du reste ... et les électeurs.

jeudi 26 décembre 2013

Le choix de la TVA



Le n°3 de L'Eveil, journal de la section de Saint-Quentin du PCF, vient de sortir. Vous vous souvenez que le n°2 avait suscité une déplorable polémique. Pour ma part, je me situe exclusivement sur le plan de la confrontation d'idées. De fait, les communistes sont en compétition électorale avec les socialistes pour ces élections municipales : il faut donc leur répondre, honnêtement et dans la clarté. Comme la fois précédente où j'ai défendu la politique éducative du gouvernement (la réforme des rythmes scolaires), je défendrais cette fois-ci sa politique économique (la hausse de la TVA, qui est l'objet d'une pétition hostile des communistes, dont je publie en vignette les arguments, afin que chacun puisse comparer et juger).

D'abord, rappelons les faits : la TVA n'augmente pas totalement, mais seulement ses taux plein et intermédiaire. Le taux de base demeure à 5,5%. La remarque est de taille, puisqu'elle signifie que les produits de première nécessité, l'alimentation, sont exclus des hausses de TVA. Quant aux augmentations, certaines ne me dérangent absolument pas : par exemple le taux plein (qui d'ailleurs ne passe que de 19,6 à 20%) sur le porno et l'alcool. Dans l'Aisne, un club libertin et échangiste a protesté, de même que les chevaux et les poneys, puisque les centres équestres sont concernés. Je suis sensible à la souffrance fiscale des uns et des autres, mais je crois aussi qu'il y a des problèmes autrement plus importants en France.

Le taux intermédiaire de la TVA, lui, passe de 7 à 10%. Ma réticence, c'est que les transports en commun sont touchés, alors que les salariés en ont souvent besoin pour aller travailler. Mais pour les restaurants et les hôtels, qui relèvent de la consommation de plaisir et de confort, non, je ne suis pas choqué. Outre l'alimentation épargnée, le taux de base met aussi à l'abri de toute augmentation le livre, le cinéma et les abonnements de gaz et d'électricité. Ces précisions nuancent tout de même le jugement unilatéral et la condamnation brutale portés par le parti communiste.

Nos camarades dénoncent la reprise par les socialistes de la "TVA sociale" instaurée par Nicolas Sarkozy. Non, celle-ci a été supprimée par François Hollande dans les premières semaines de sa présidence. Son mécanisme était différent : le taux normal de la TVA était élevé à 21,2%, contre un allègement des charges sociales des entreprises. Ce n'est pas la politique de l'actuel gouvernement.

Ceci dit, personne n'aime voir les prix de quoi que ce soit augmenter. Ce n'est donc pas sur ce point que je compte convaincre. La vraie question, la seule qui vaille en politique, c'est de savoir ce qu'on va faire de l'argent dégagé par les hausses de TVA, en l'occurrence 6 milliards d'euros. L'objectif est d'abonder le crédit d'impôt compétitivité emploi, en faveur des entreprises, qui s'élève à 20 milliards. C'est un axe majeur de la politique économique du gouvernement, qui se comprend facilement dans son intitulé : accorder des crédits d'impôts aux entreprises, pour qu'elles soient plus compétitives et créent de l'emploi.

Le gouvernement actuel n'est pas social-libéral ; sinon, il ne favoriserait pas massivement l'emploi aidé. Mais il ne croit pas non plus que les gisements d'emplois se trouvent dans la Fonction publique : c'est l'entreprise qu'il faut aider. Sauf à vouloir mettre en place un système collectiviste et étatiste, je ne vois pas comment faire autrement. Le problème, tout le monde le connait : c'est la concurrence mondiale et notre appareil de production qui n'est plus compétitif. Sauf à vouloir mettre en place un système protectionniste qui nous ferait rompre avec l'Europe et le commerce international, il faut mettre le paquet sur le développement industriel. Entre pouvoir d'achat et emploi, il faut choisir : c'est l'emploi qui passe en premier (quant à vouloir les harmoniser, c'est une agréable fiction). La France doit rompre avec la logique du chômage de masse, dans laquelle elle est prise depuis plusieurs décennies.

Mes camarades communistes me feront sans doute remarquer qu'on peut trouver l'argent ailleurs qu'en taxant la consommation. Mais où ? Faire payer les riches ? C'est moralement satisfaisant, et je ne m'y oppose pas. Mais ce n'est pas comme ça qu'on obtiendra les 6 milliards nécessaires. Ceux qui sont très riches ne sont pas non plus très nombreux. Augmenter les impôts ? Les classes moyennes, qui ont déjà beaucoup donné, n'accepteront pas. Il reste la TVA ... ou la révolution. Mais cette dernière hypothèse, je n'y crois pas trop, je ne suis même pas sûr que je la souhaite.

La TVA est un système injuste, disent les communistes. Oui et non. Tout système a ses défauts. Mais vouloir taxer certaines formes de consommation relève d'un choix politique qui peut être pertinent. Les notions même de consommation et de pouvoir d'achat me gênent. Pour le coup, elles sont complètement liées à l'économie libérale, qui nous encourage à consommer et à acheter. C'est très discutable. En tout cas, je préfère qu'on soutienne la production utile à la consommation inutile. Supprimer totalement la TVA, ce serait une folie.

Contrairement à Michel Aurigny, je pense qu'on fait dire aux chiffres ce qu'on veut, c'est pourquoi je n'en abuse pas. On ne fait pas de politique avec une calculette ou un boulier. Les hausses de TVA peuvent sembler impressionnantes, elles ne le sont pas. Les répercussions sur les prix, qui ne sont pas automatiques, tourneront autour de 0,4%, selon le ministère de Budget.

Entre socialistes et communistes, deux lignes s'opposent : une réformiste, social-démocrate, une autre révolutionnaire. Mes arguments n'y changeront pas grand chose. Les communistes de Saint-Quentin ont un maître-mot pour justifier leur démarche politique : la colère. Je ne crois pas que celle-ci soit bonne conseillère. En tout cas, elle ne constitue pas un projet de société. Plein de choses nous mettent en colère, sans que ça débouche sur quoi que ce soit. La colère peut aussi engendrer le pire. Non, si j'avais un mot à retenir pour définir une politique, ce serait celui de choix. Les hausses de TVA ne me réjouissent pas plus que n'importe qui ; si je me laissais aller, peut-être même que je piquerais une colère, en voyant mon billet de train augmenter. Mais ce choix de la TVA me semble utile et pertinent, étant donnée sa finalité. A d'autres de me convaincre qu'il existerait un choix meilleur.

mercredi 25 décembre 2013

La bonne liste



Nathalie Kosciusko-Morizet était bien partie, dans les élections municipales à Paris. Elle avait pour elle la notoriété médiatique et trois lettres, rares en politique : NKM, à l'instar de JFK, VGE, DSK ... Elle avait changé son look, à la façon de François Hollande pour la présidentielle : fini la BCBG hautaine, précieuse et pète-sec. En allégeant son maquillage et en libérant son épaisse chevelure blonde sur ses épaules, elle cessait d'être cette drôle de bourgeoise gothique un peu inquiétante pour se transformer en bobo parigote branchée qui s'extasie en prenant le métro. Et puis paf, tout a capoté en cette période de fêtes, sur ce qu'il y a de pire dans une élection municipale : la composition de la liste, ou plutôt des listes, puisque le scrutin parisien est à l'image de Paris, compliqué. Borloo proteste, Tibéri conteste et Beigbeder s'en va.

A la décharge de NKM, la composition d'une liste municipale, c'est coton, entre le mélodrame et la tragi-comédie. Les portes claquent comme au théâtre, les lapins sortent du chapeau comme au music-hall. Il y a ceux qu'on attendait et qui finalement n'en sont pas, il y a les inconnus dont on se demande par quel miracle ils sont là. Tous se croient appelés et quelques-uns seulement sont élus. Pour la tête de liste, c'est l'occasion de se faire de solides inimitiés, qui ne s'oublieront pas de sitôt, qui dureront de longues années, avec des relents de revanche et de vengeance, jusqu'à une possible rédemption lors du scrutin suivant. En politique, gagner son paradis, c'est obtenir une place quelque part, éligible bien sûr.

Si encore le travail se résumait à faire une liste ... mais il faut que ce soit une bonne liste, susceptible de l'emporter. Si la tête est correcte mais que la suite est pourrie, c'est fichu. La bonne liste, c'est comme le gendre idéal, le brillant second ou le bon numéro à la loterie : pas facile à trouver. A-t-on même une définition de ce qu'est une bonne liste ? A posteriori, c'est celle qui gagne, qui gère bien et qui regagne. Mais a priori ? Une liste de gens connus, compétents et influents, de préférence. Quoique la définition soit trop théorique et la constitution très difficile : autant chercher des aiguilles dans une botte de foin. Les personnalités locales, sportifs, syndicalistes, associatifs, choisissent souvent de rester ce qu'ils sont et déclinent l'offre, ne voulant pas gâcher leur notoriété en siégeant sur une liste dont la victoire n'est pas forcément acquise. En politique, on peut laisser des plumes pour pas un rond, c'est un risque.

Corinne Bécourt, en deuxième position sur la liste communiste saint-quentinoise, a une formule qui pourrait m'agréer : "Une liste qui rassemble et qui nous ressemble". Oui pour la première partie : on ne gagne qu'en rassemblant les siens ; mais il faut aussi ne pas trop ressembler à soi-même, sous peine d'enfermement ; il faut être à l'image de la population, pour que celle-ci s'y reconnaisse. Je proposerais cette autre définition : la bonne liste, c'est celle où tout le monde s'y retrouve, dans les deux sens du terme, à la fois le parti et l'électorat.

Bref, le b-a ba de la bonne liste, c'est de n'oublier personne. Je ne suis pas un spécialiste de la droite parisienne, quoique ayant vécu quinze ans à Paris, mais je crois que l'erreur de NKM est d'avoir laissé du monde en chemin. Une bonne liste, c'est aussi prendre des gens qu'on n'aime pas, qui ont des défauts comme tout un chacun, mais qu'il faut mettre quand même parce que tout le monde doit s'y retrouver. Le défaut de la gauche saint-quentinoise, ces vingt dernières années, c'est de n'avoir pas su rassembler (je l'ai souvent regretté et dénoncé sur ce blog).

En 1995, la liste socialiste se constituait sans les élus municipaux de l'époque. En 2001, Odette Grzegrzulka excluait de son équipe d'un côté Jacques Wattiez, Jean-Pierre Lançon et Yves Mennesson, et de l'autre côté Maurice Vatin, Denis Lefèvre, Bernard Lebrun et ... Michel Garand. Ca faisait tout de même beaucoup d'écartés ! On l'a oublié, la leçon a été perdue, je l'ai à l'esprit. Tous auraient dû figurer. En 2008, c'était pire : la liste était composée par la minorité, à l'aise dans son bon droit statutaire, mais se crashant politiquement. Pour 2014, la situation est beaucoup plus favorable, prometteuse, je dirais même normale : Michel Garand veut gagner, donc ne peut pas exclure. Néanmoins, la difficulté à constituer une liste demeure. Mon souhait, que j'ai exprimé à plusieurs reprises, c'est que, conformément à la définition que je viens de donner d'une bonne liste, tout le monde s'y retrouve, personne n'en soit écarté. Mine de rien, ce serait depuis 1995 une première.

A droite, la culture de l'unité est bien ancrée, depuis longtemps, Pierre André et Xavier Bertrand sont sur ce point très vigilants. Ce sera donc moins compliqué pour eux. Mais il leur faudra bien renouveler leur liste et se séparer de vieux compagnons, ce qui réintroduit les difficultés (en politique, on n'en sort pas !). Néanmoins, ils ne commettront pas l'erreur de se séparer des têtes les plus emblématiques, qui se sont faits depuis un certain temps connaître, qui ont des mandats de premier plan : parmi elles, j'imagine mal que Monique Ryo, Colette Blériot, Vincent Savelli ou Freddy Grzeziczak n'en soient pas. La boulette, quand on fait une liste, c'est l'absence qui se remarque ... et la présence qui ne se voit pas.

Bonnes listes à toutes et à tous,
et joyeux Noël !

mardi 24 décembre 2013

La laïcité, c'est la liberté



Je suis républicain, laïque et socialiste. Ces trois engagements sont pour moi indissociables. La meilleure preuve, c'est que je peux les définir chacun et ensemble par le même mot : LIBERTE ! Comme républicain, je crois d'abord, selon la devise de ce régime et la Déclaration de 1789, que les hommes naissent libres en droit. Comme laïque, je défends la liberté de conscience, inscrite dans la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat. Comme socialiste, j'adhère à la notion d'émancipation, c'est-à-dire de libération individuelle et collective, telle que la concevait Jean Jaurès.

Des grands mots, tout ça ? Oui, j'assume. Mais il en faut, si l'on veut savoir qui l'on est et ce que l'on pense. Des grands mots qui permettent de se prononcer sur des sujets très concrets, par exemple l'étude du Conseil d'Etat, rendue hier, portant sur les signes religieux des personnes non enseignantes accompagnant les élèves dans les sorties scolaires (que la circulaire Châtel de 2012 déconseille). C'est un point de droit, mais aussi une question politique. Que faut-il en penser ?

En tant que républicain, je mets le droit et la loi par dessus tout. D'un point de vue juridique, on ne peut pas assimiler des accompagnateurs à des agents de l'Etat, ces derniers étant soumis à un devoir de neutralité, et pas les premiers. Je m'étonne qu'il faille attendre le point de vue du Conseil d'Etat pour admettre un raisonnement de bon sens et de pure logique. L'avis a été sollicité par Dominique Baudis, Défenseur des droits, auquel on a fait remonter des incertitudes d'interprétation. Il est malheureux de constater que beaucoup de gens ne savent plus lire une circulaire, et surtout n'acceptent pas la marge de manoeuvre, le discernement, la part de délibération qu'elle encourage (ce qu'on appelle aujourd'hui, improprement, le "flou", qui désigne en réalité la liberté d'appréciation). On réclame une loi, par facilité et par brutalité, au lieu de s'en remettre à la pédagogie et à la discussion.

En tant que laïque, je n'accepte pas qu'on stigmatise une religion. La laïcité, c'est la liberté de culte, l'égalité entre toutes les confessions et la neutralité dans les débats théologiques. Ceux qui brandissent la circulaire Châtel visent un seul signe religieux, le voile islamique. Ce tissu, je ne sais pas s'il est religieux ou traditionnel, je n'ai pas à entrer dans son interprétation. Mais au nom de la liberté, je m'insurge contre ceux qui interdisent à des mères de famille de le porter lors des sorties scolaires. Je ne suis pas un laïque à tête de linotte, j'ai de la mémoire historique : jamais nos grands ancêtres n'ont envisagé ce genre de disposition liberticide. Enfin, je suis un laïque profond, et pas superficiel à la manière d'un bout de tissu qui fait peur : la laïcité à l'école est dans la transmission des enseignements, pas dans la prohibition de certains vêtements ou signes à la symbolique incertaine.

En tant que socialiste, je me scandalise de ce que les plus pauvres, les mères des familles d'immigrés, fassent les frais de cette circulaire abusivement interprétée, que le gouvernement ferait bien d'annuler, pour que les choses soient plus claires. Ce n'est pas la peine d'humilier des populations qui, par leur histoire, l'ont été trop souvent.

A mes amis de gauche, je pose trois questions, avec en cadeau de Noël les réponses : qui a voulu en 2004 la loi interdisant les signes religieux à l'école (c'est-à-dire le voile) ? Jacques Chirac. Qui a voulu en 2012 la circulaire demandant aux parents de ne pas porter de signes religieux (c'est-à-dire le voile) dans les sorties scolaires ? Nicolas Sarkozy. Quel est le seul parti de France qui propose l'interdiction totale des signes religieux dans TOUT l'espace public (dans la suite logique des décisions de 2004 et de 2012) ? Le Front national. Allez, une dernière question en prime : Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen sont-ils des références indiscutables en matière de laïcité ? Désolé, je leur préfère Jean Macé, Ferdinand Buisson et Jules Ferry. Ce sont eux, pas les autres, qui guident ma réflexion sur la laïcité.

Le républicain, laïque et socialiste que je suis dénonce vigoureusement la laïco-xénophobie qui est en train de contaminer les esprits. L'extrême droite détourne la laïcité au profit de son projet politique discriminatoire. Ces dernières années, elle a connu une évolution majeure trop peu soulignée : la rupture avec son courant catholique intégriste, théocratique, qui n'aurait jamais accepté de vanter les vertus de la laïcité (les fêtes du FN s'ouvraient sur une messe en latin et en soutane). Aujourd'hui, le Front national a liquidé toutes références religieuses, qui ne lui rapportent électoralement rien dans une société largement sécularisée. Mais le fond de commerce qu'il entretient et dans lequel se reconnaissent toutes ses sensibilités, c'est la xénophobie, particulièrement anti-maghrébine et anti-musulmane. Voilà ce que cache à peine sa conversion tardive à une hyper-laïcité, refusant tout signe religieux. Les laïcards, ce ne sont plus les gauchos mais les fachos ! Amis de gauche, réfléchissez bien à tout ça.

Les rodomontades autour du "prosélytisme" et du "communautarisme" ne valent rien. Ces deux concepts sont inopérants, mensongers et polémiques. Ils n'ont de sens que dans les petits têtes des xénophobes. Porter un voile, une petite croix, une kippa ou quoi que ce soit, ce n'est pas du prosélytisme : ce terme implique une démarche active, militante par laquelle on veut convaincre et enrôler autrui. Quant au communautarisme, ce mot ne veut rien dire : la République admet que les citoyens se réunissent en communautés, dans le respect de la loi générale. Communautarisme, c'est un sale mot à la mode xénophobe, repris bêtement par des républicains ignorants, des laïques dévoyés ou des socialistes opportunistes. Si les uns et les autres donnaient à la République, à la laïcité et au socialisme la belle définition de LIBERTE, les écailles leur tomberaient des yeux, ils auraient enfin une vision éclairée.

lundi 23 décembre 2013

Fini de rigoler



Il y a des affaires d'Etat, des secrets d'Etat et même des crimes d'Etat. Aujourd'hui, il y a des blagues d'Etat, si j'en crois le tollé qu'ont soulevé les récents propos de François Hollande devant le CRIF, portant sur Manuel Valls et son retour d'Algérie. A vrai dire, ce n'était pas une blague, ni une boutade ou une plaisanterie : seulement une légère allusion, au sens d'ailleurs incertain et discuté. Ce qui est stupéfiant, c'est l'abîme entre la cause et l'effet : quelques mots assez anodins, qui normalement auraient dû être vite oubliés, et c'est quasiment un début de crise internationale, attisé par la condamnation en France de l'opposition. Dans cette disproportion, je pense à l'effet papillon : un clignement d'oeil de François Hollande à Paris déclenche un ouragan à Alger !

La droite a trouvé l'attitude du chef de l'Etat déplacée, Jean-Luc Mélenchon en a eu la nausée. Les uns et les autres sont en train de nous faire un caca nerveux (tiens, moi aussi je m'y mets, j'ai envie de rigoler) pour quelque chose qui n'en vaut vraiment pas la peine. Ou alors il faut poser comme principe qu'un président de la République, et peut-être par extension n'importe quel représentant du peuple, n'ont pas le droit à l'humour, au second degré, de par leurs éminentes fonctions. La République est-elle compatible avec la rigolade ? Voilà un sujet de philosophie politique fort intéressant.

La réponse est dans l'expérience historique et nationale : oui, l'humour a été pratiqué par tous les chefs d'Etat, même si le trait a tendance à se perdre. De Gaulle était un maître en la matière ; Mitterrand maniait souvent l'ironie cruelle. Hollande, par comparaison, est dans un registre plutôt gentillet. En démocratie, l'humour est une arme, comme autrefois dans la monarchie absolue ou l'empire romain on utilisait le poignard et le poison. Il y a quand même eu un progrès dans le degré de civilisation.

Alors, fini de rigoler quand on fait de la politique ? C'est un paradoxe : notre société rit de plus en plus (voyez dans les émissions de télévision, ou bien par le succès que rencontrent les humoristes) et les hommes politiques devraient rire de moins en moins. Ils sont l'objet constant de moqueries mais en seraient interdits. Quel sacerdoce !

A cette affaire de blague politique, je vois aussi une autre explication : la sensibilité contemporaine est devenue hyper-susceptible, très portée à se vexer pour un rien, au moindre mot. Elle est ombrageuse, irritable, chochotte, prompte à se sentir humiliée, méprisée. Autrefois, il n'y a pas si longtemps, dans les grands moments de la IIIe République, les échanges entre politiques étaient virils, violents et même injurieux. Personne ne s'en scandalisait, ne songeait à réagir par des leçons de morale, de bonne tenue et de langage séant, en invoquant à tout bout de champ la notion de respect. C'était le bon vieux temps.

dimanche 22 décembre 2013

Rectificatif



Avant-hier, j'ai rédigé un billet pour m'offusquer que la tribune libre accordée à l'opposition dans le journal municipal de Saint-Quentin critique la politique du gouvernement. Le texte de la tribune est signé Anne Zanditénas, "pour l'opposition", la conseillère municipale étant par ailleurs représentante de Lutte ouvrière. Elle m'a adressé, aujourd'hui par courriel, un certain nombre de précisions qui éclairent et rectifient de ce que j'ai écrit il y a deux jours.

D'abord, j'ai titré ironiquement mon billet "Hollande pire que Sarkozy". La formule n'est pas d'Anne Zanditénas, dont la pensée exacte est que la politique de l'un est la même que la politique de l'autre, et qu'elle aggrave la situation des couches populaires, la crise économique se poursuivant. Il va sans dire que, sur le fond, je ne fais pas la même analyse. Mais je reconnais que mon titre était un raccourci un peu trompeur. D'ailleurs, initialement, j'avais choisi un autre titre : "Au nom de quoi ?" que j'ai abandonné parce que je le trouvais moins percutant.

Ensuite, Anne Zanditénas me rappelle que l'union passée il y a six ans avec les socialistes était circonstanciée : il s'agissait à l'époque de s'opposer à Nicolas Sarkozy et de faire des listes d'union partout où cela était possible (en revanche, et c'est moi qui rajoute, ce n'était pas la position du PS de favoriser de tels rassemblements : la décision saint-quentinoise a été marginale et aventureuse ; les socialistes de Laon, par exemple, ont refusé une pareille ouverture). Anne Zanditénas précise aussi que les élus d'opposition se sont retrouvés, durant leur mandat, sur des positions souvent communes.

Enfin, la fameuse tribune municipale qui a provoqué chez moi un mouvement d'humeur a été initialement signée au nom de Lutte ouvrière, et pas au nom de l'opposition, dans le texte transmis à la Municipalité. Anne Zanditénas souligne que ses interventions au Conseil municipal ne se font pas au nom de toute l'opposition (j'ajouterais, pour prolonger cette remarque, que le protocole d'accord passé en 2007 entre toutes les composantes politiques de la liste municipale reconnaissait à chacune la liberté d'intervenir en son nom propre en séance ; ce qui avait bien sûr suscité ma fureur, mais c'est une autre histoire, intra-socialiste ...).

J'ai déjà signalé, sur ce blog, le respect que j'avais à l'égard du désintéressement, du courage et de la cohérence des militants de Lutte ouvrière, dont je ne partage pourtant pas les idées. Et le mépris que soulevaient en moi l'opportunisme, la paresse et le louvoiement de certains dont je me sens pourtant proche idéologiquement. La réponse d'Anne Zanditénas m'en donne une fois de plus l'occasion.

Coup de fatigue



La réforme des rythmes scolaires va être au coeur de la campagne des élections municipales. Mais déjà, depuis plusieurs mois, une longue plainte monte de beaucoup de familles de France, un cri de détresse et d'alarme : nos enfants sont fatigués ! Ils rentrent épuisés, ils terminent la semaine sur les genoux, ils dorment en classe, ils n'arrêtent pas de faire la sieste. Fatigue nerveuse aussi : ils sont agités, remuants, on ne les tient plus. Et tout ça à cause du fatigant Peillon et de sa fatigante réforme des rythmes scolaires !

L'argument de la fatigue est imparable. Une fois avancé, il ne vous reste plus qu'à vous replier, vous soumettre, renoncer à la réforme. Il faudrait être des barbares pour persévérer dans un projet qui fatigue nos pauvres chéris ! Les autres arguments, on peut en débattre, y répondre, leur riposter : celui-là, c'est le coup de massue. La fatigue de nos enfants n'est pas négociable.

Mais l'argument est trop facile. D'abord, il est très subjectif : un enfant, c'est souvent fatigué. D'ailleurs, il suffit qu'il le dise pour qu'il le soit. C'est la magie de la parole enfantine. Et puis, de quoi, par quoi l'enfant est-il fatigué ? D'aller en classe 4 jours et demi au lieu de 4 jours (se lever un matin supplémentaire, c'est harassant ?) ou bien de passer son temps devant des écrans de toute sorte et de se coucher tard ? O hypocrites parents, ce qui fatigue vos enfants, ce n'est pas l'école, c'est la vie que vous leur faites mener !

Au lieu de gémir, les parents feraient mieux de se réjouir. Eh oui : des enfants sortant de l'école la tête reposée et le corps détendu seraient de petits fainéants, ou bien leurs enseignants laxistes. Comme tout lieu et activité de travail, l'école doit fatiguer. C'est le meilleur signe qu'on y a fait des efforts. D'ailleurs, depuis que l'école existe, les enfants en sont toujours revenus fatigués. Parents, soyez heureux que vos enfants sortent fatigués de l'école : c'est la preuve qu'ils ont travaillé ! Récompensez-les pour cela, et ne les encouragez surtout pas à la paresse.

Les enfants n'aiment pas spontanément l'école, c'est vieux comme le monde (les enseignants sont là pour la leur faire aimer). Les enfants sont également malins comme des singes : en entendant les grands, papa maman, critiquer la nouvelle organisation scolaire, les petits les singent, exagèrent, se saisissent de la trop belle occasion pour manifester leur rejet de l'institution scolaire en se disant fatigués. Ils sont à la fois sincères et comédiens, duplicité typiquement enfantine. Il suffit de ne pas les écouter et les remettre au travail.

Evidemment, ce coup de fatigue national provoqué par la réforme des rythmes scolaires est trop puissant et trop général pour avoir son origine seulement dans le comportement des enfants. C'est peut-être plus les parents qui sont atteints par le coup de pompe ! Un adulte dans la société contemporaine est quelqu'un de très occupé : il y a le travail, les loisirs, la famille ; si en plus il faut conduire à l'école le gamin un mercredi matin ! Le samedi matin, n'en parlons même pas : le week-end est blindé d'activités, comme on dit aujourd'hui. Les parents sont fa-ti-gués.

Mais les enseignants aussi sont fatigués. Avant, ils avaient droit à un mercredi libre, complètement libre, qui coupait agréablement la semaine en deux, une jolie pause d'une journée entière. Deux jours de travail, un jour de repos, deux jours de travail, deux jours de repos : c'était une belle martingale, une sorte d'harmonie universelle, très reposante, des chiffres bien ronds, apaisants. Les 4 jours et demi, c'est boiteux, longuet et donc fatigant.

Mais les élus aussi sont fatigués. Ils doivent mettre en oeuvre la réforme dans leur commune : il faut trouver des sous, avoir de l'imagination, réfléchir à de nouveaux horaires, trouver des intervenants, solliciter des associations, mettre en place un projet pédagogique, réaménager les transports, consulter les parents, négocier avec le Département ... Tout ça est très fatigant. Supposez que la réforme des rythmes scolaires n'ait jamais existé : tous ces efforts non plus n'auraient pas existé, les maires de France auraient donc été beaucoup moins fatigués. CQFD.

A bien y réfléchir, je ne pense pas que les enfants, les parents et les élus soient les seuls à être fatigués, et pas seulement à cause de cette réforme. C'est la France entière qui traverse une sérieuse période de fatigue, de blues, de stress, de burn-out, carrément dépressive. La plupart des gens sont fatigués de la classe politique. Je me demande même si la démocratie ne les fatigue pas. L'Europe aussi fatigue : tant de personnes n'y croient plus, la rejettent violemment. Surtout, la mondialisation économique, la concurrence des pays émergeants fatiguent notre peuple, qui rêve d'un avenir tranquille, pépère, libéré de tout effort : une immense envie de sieste prend la société française, un idéal de charentaises et de roupillon. Allez savoir si les Français ne sont pas fatigués d'eux-mêmes, de leur passé prestigieux et de leur destin incertain ...

Et vous, lecteurs, lectrices, vous sentez-vous à votre tour fatigués ? Attention, c'est contaminant. En ce qui me concerne, ce sentiment m'est étranger. Et quand il m'arrive d'être fatigué, je ne m'en rends pas compte, j'en redemande encore.

samedi 21 décembre 2013

Mort sur ordonnance



Le débat public le plus affolant, et même le plus terrifiant, de cette semaine a porté sur le suicide médicalement assisté (comment une telle expression peut-elle exister sans faire réagir, sans scandaliser ?). Le point de départ de ce projet, c'est une conférence de citoyens, une sorte de panel dont personne ne se demande comment il a pu être constitué. Voyez la différence de traitement et de jugement entre ce cénacle citoyen et le rapport d'élus et d'experts chargés d'une réflexion sur l'intégration (préconisant la fin de la loi portant sur le voile à l'école) : le premier a été porté aux nues, le second a été descendu en flèche. Par les temps qui courent, le simple citoyen est bien vu, le spécialiste et le représentant du peuple sont discrédités. C'est consternant mais c'est ainsi.

Que dit donc cette conférence de citoyens ? Que le suicide en fin de vie est à recommander, mais pas l'euthanasie. C'est un peu contradictoire : quand on veut l'un, on veut forcément l'autre, tous les deux visant à abréger des souffrances insurmontables et irréversibles. Mais je vois bien la distinction : le suicide est volontaire, l'euthanasie est provoquée par le médecin. Ceci dit, l'euthanasie réclame l'assentiment antérieur du patient, et le suicide n'est pas si libre qu'il le prétend, puisqu'il est médicalement assisté. Et puis, au moment de décider du geste fatal, est-on certain que le malade possède tout son discernement ? Les notions de liberté, d'autonomie et de choix n'ont plus guère de sens dans une situation de souffrance et de détresse.

Le débat sur l'euthanasie mérite d'être mené. Mais faire du suicide, même sous conditions très strictes, un terme juridique, une forme de droit, c'est très grave. Et c'est encore plus grave médicalement assisté. Car on n'empêchera pas cette notion de s'élargir, de légitimer plus ou moins toute forme de suicide, aux yeux de l'opinion publique. Si la souffrance physique justifie légalement et médicalement qu'on mette fin à ses jours, qu'est-ce qui peut empêcher que la souffrance morale ne réclame pas le même droit ?

Je comprends parfaitement qu'on veuille en finir avec la vie, par faiblesse, par folie, par malheur. Certains philosophes de l'Antiquité et les samouraïs en font même un point d'honneur. Mais ce geste tragique ne peut pas être inscrit dans la loi, se présenter comme un droit parmi d'autres. Personnellement, je crois qu'il faut se battre pour vivre, même dans les pires circonstances, et ne pas se laisser aller à mourir. J'ai été très choqué par le suicide récent d'un couple d'octogénaires dans un hôtel de luxe parisien. On les a retrouvés la tête asphyxiée sous un sachet en plastique. C'est atroce. Qu'est-ce qui peut expliquer d'en arriver là ? Je me demande si notre société, qui exalte la bonne santé, l'autonomie et la jeunesse, ne finit pas par pousser au crime. La peur de la dépendance, de la décrépitude et de la séparation se sont insinuées dans beaucoup d'esprits.

Ce matin, sur France-Inter, j'ai entendu des propos hallucinants de Christophe Barbier, du magazine L'Express. Pour soutenir le suicide médicalement assisté, il a défendu l'idée d'un suicide altruiste (sic), quand on comprend qu'on est devenu un poids pour la société, inutile, de trop, et qu'on veut généreusement l'en libérer ! On croit rêver, mais c'est un cauchemar. Le rejet de l'assistanat est tel que le vieillard ou le grand malade vont se sentir le devoir (car ce n'est plus seulement un droit) de se supprimer pour ne pas gréver le budget de l'Etat ou de leur famille. Logique odieuse, obscène, barbare : la raison d'être de la société, c'est l'assistance dont elle fait bénéficier tous ses membres, en particulier ceux qui en ont le plus besoin. Etre assisté, c'est un progrès de la civilisation, c'est même son fondement : c'est un principe d'humanité. D'ailleurs, les partisans du suicide médicalisé se contredisent, puisqu'ils demandent à leur tour d'être assistés dans cette démarche.

Derrière tout ce débat, il y a une dérive que j'ai souvent dénoncée : un affolement du droit, notre société se tournant systématiquement vers la loi ou le règlement pour traiter ses problèmes et trouver des solutions. Le droit envahit tout, s'occupe de tout, normalise les comportements, moralise les rapports entre les individus, impose une idéologie collective. Initialement, la loi avait un champ d'intervention limité, une fonction emblématique : elle n'était pas censée répondre à toutes nos difficultés, à nos angoisses privées, à nos interrogations métaphysiques. La loi aujourd'hui gère notre vie, notre mort, notre santé, notre sexualité ... Jusqu'où va-t-on aller comme ça ?

vendredi 20 décembre 2013

Hollande pire que Sarkozy !!!



Au nom de quoi fait-on de la politique ? Pas au nom de soi, en son nom propre, à titre personnel mais à titre collectif, au nom d'un groupe, généralement d'un parti, de certaines convictions, lorsqu'on a été mandaté pour cela. On fait de la politique au nom de. Ces réflexions évidentes et élémentaires me viennent à l'esprit en lisant le dernier numéro de Saint-Quent'infos, reçu ce matin dans mon courrier.

Le journal municipal de la Ville de Saint-Quentin contient toujours, comme la loi l'exige, une tribune libre réservée aux groupes politiques, majorité et opposition, siégeant an Conseil municipal. Comme j'aime et que je m'intéresse à la politique, je commence ma lecture par cette page. Cette fois-ci, Anne Zanditenas s'exprime "pour l'opposition" (je cite). Nulle autre précision n'est apportée, et c'est normal : pas besoin de savoir qui est la personne, pourvu qu'on sache ce qu'elle représente, l'opposition à Xavier Bertrand. Et que dit cette opposition, par la bouche d'Anne Zanditenas ? Ceci, entre autres, que je rapporte exactement :

Le gouvernement Hollande, en poursuivant les attaques menées par Sarkozy, sur les retraites, le pouvoir d'achat et en facilitant les licenciements, aggrave la situation. En prolongeant le gel des barèmes, mesure de Sarkozy, il augmente le nombre de familles imposables.
Le gouvernement est au service des grands patrons et des privilégiés. Il n'a pas d'argent pour les services publics mais il trouve des milliards pour satisfaire les exigences des patrons.


Voilà donc ce qu'on peut lire dans un bulletin diffusé dans chaque foyer de Saint-Quentin, à quelques mois des élections municipales. Et à propos de ce scrutin, la tribune libre signée au nom de l'opposition termine ainsi : Les élections municipales et européennes seront une occasion d'affirmer ce point de vue. C'est à dire, tout le monde l'aura compris, de ne surtout pas voter socialiste. C'est ainsi la position proprement scandaleuse d'une opposition conduite pas un chef de file ... socialiste.

Si Anne Zanditenas avait précisé qu'elle appartenait à Lutte ouvrière, je n'aurais pas plus partagé son point de vue, mais je n'aurais pas été offusqué : là, je le suis, au-delà de toute mesure, parce qu'elle fait passer une analyse d'extrême gauche pour celle de toute l'opposition. Combien de Saint-Quentinois vont lire ce texte, ne connaissant pas l'origine politique de sa rédactrice, en étant stupéfait de voir que l'opposition de gauche, menée par un socialiste, considère que Hollande est pire que Sarkozy !!!

Je n'en veux pas à Anne, qui m'est sympathique, sincère dans ses convictions et désintéressée dans son militantisme. Mais j'en veux beaucoup, depuis 2007, et j'en voudrai toujours à ceux des socialistes qui ont conclu ces alliances avec l'extrême gauche, incohérentes politiquement et désastreuses électoralement. Je ne le fais pas par rancune : personnellement, je n'ai rien à y gagner, rien à y perdre non plus, et je n'éprouve aucun sentiment, d'animosité ou d'enthousiasme, en politique. Je le fais par fidélité à un parti, à des idées et à une espérance, celle d'une victoire possible de la gauche à Saint-Quentin.

J'en voudrai toujours à ceux qui, motivés par des raisons que je n'ai pas à expliquer ni à juger, ont compromis cette espérance par des alliances douteuses, non crédibles, irresponsables et démobilisatrices. Aujourd'hui, ils se sont retirés du jeu, n'assumant pas les conséquences de leurs choix, laissant à Michel Garand, qui heureusement n'est pas sur ces orientations-là, le soin de gérer un héritage difficile. Corriger les erreurs commises, rattraper le retard pris, donner une autre image de la gauche, c'est bien sûr possible et je crois que Michel a les capacités d'y parvenir, de nous faire gagner. Mais la tâche ne lui aura pas été facilitée, après toutes ces années de dévoiement, d'égarement et d'absence.

Xavier Bertrand rêve, selon l'expression qu'il a utilisée lors du dernier Conseil municipal, d'une tournay-isation des esprits à gauche, qui empêcherait celle-ci de l'emporter. Non, cette radicalisation est désormais derrière nous, et je crois que la rupture sera manifeste lorsque nous connaîtrons le projet de Michel Garand : sur la vidéo-surveillance (à laquelle Michel n'est pas hostile) comme sur la délégation de service public (à laquelle Olivier Tournay veut systématiquement mettre fin), le projet municipal du parti socialiste rompra, je n'en doute pas parce que Michel Garand l'a publiquement annoncé (dans L'Aisne Nouvelle du 24 juin dernier), avec les positions et les pratiques de l'actuelle opposition. Pour que plus jamais nous ne puissions lire, dans la tribune libre de la gauche locale, que Hollande est pire que Sarkozy !!!

jeudi 19 décembre 2013

Camarade syndiqué



La candidature d'Edouard Martin aux élections européennes est une bonne nouvelle, pour la démocratie, pour le monde ouvrier et pour le parti socialiste. Enfin une liste qui s'ouvre, au plus haut niveau, à une catégorie sociale souvent oubliée de la classe politique ! La gauche renoue ainsi avec une tradition un peu mise de côté ces dernières années : faire appel à des syndicalistes, se tourner vers les représentants du monde du travail. Historiquement, la CGT a été très liée au PCF, et la CFDT au PS. L'exemple d'Edouard Martin est à suivre, doit être multiplié. Aux élections municipales, il serait bon de faire monter des militants syndicaux sur nos listes (je pense bien sûr à Saint-Quentin).

Les critiques qui ont été émises à cette occasion, souvent violentes, sont minables et misérables. Un citoyen, y compris un syndicaliste, a le droit de se présenter à une élection. On devrait s'en réjouir au lieu de le déplorer. Il n'y a pas confusion des genres, puisque Martin a remis son mandat de représentant de la CFDT au comité d'entreprise d'ArcelorMittal. L'homme ne se contredit pas : il a toujours été de sensibilité socialiste, sans appartenir au PS.

Sa virulence dans l'affaire de Florange, c'est le ton coutumier de tout leader syndical, quand il défend les siens, quand il exerce son mandat, y compris en critiquant lorsqu'il le faut les décisions d'un gouvernement de gauche. Maintenant, Edouard Martin est passé à autre chose, la politique active, et c'est éminemment respectable. Bravo pour tous ces combats, distincts mais semblablement progressistes. Dans le syndicalisme comme dans la politique, Edouard Martin est un homme libre.

mercredi 18 décembre 2013

Projets en attente



Après avoir décrit dans mon billet d'hier l'ambiance et les échanges de la dernière séance du Conseil municipal, je veux revenir aujourd'hui sur le fond, dans la perspective des prochaines élections municipales. A droite comme à gauche, les projets sont en attente, et présentés en janvier. Seul le parti communiste a donné les grandes orientations de son programme. Dans mon billet du 14 novembre, Des projets pour notre ville, j'ai proposé quelques pistes de réflexion et des propositions. J'y reviens donc, en toile de fond du Conseil municipal.

Xavier Bertrand a affirmé que la question principale de la campagne serait fiscale : augmenter ou pas les impôts locaux. Non, la question principale sera dans les projets futurs. L'outil fiscal est un moyen, ce n'est pas une fin en soi. En revanche, ce qui est vrai, c'est que chaque liste devra se déterminer clairement par rapport à la pression fiscale : stop ou encore ? Pour le maire de Saint-Quentin, c'est stop, depuis longtemps. Mais il a prétendu, avant-hier, que pour la tête de liste PS [Michel Garand], c'était encore, en faisant référence aux propos de ce dernier dans L'Aisne Nouvelle. Ces propos, les voici, très précisément (L'Aisne Nouvelle du 24 juin 2013) :

- Pour financer votre politique, augmenterez-vous les impôts ?
- Si possible non.
- Si possible ? Vous ne le garantissez donc pas ?
- On ne peut pas offrir de garantie complète lorsqu'on est confronté aux réalités
.

Les propos de Michel sont donc clairs : contrairement à ce qu'affirme Xavier Bertrand, il ne prévoit pas une augmentation d'impôts, mais il assortit son choix d'un bémol, d'une réserve : la condition de faisabilité. Ce n'est pas une incertitude ou une hésitation, mais de la prudence.

Pendant le Conseil municipal, Jean-Pierre Lançon a résumé sa position sur la question par une formule, plusieurs fois répétée : Non à l'augmentation des impôts, oui à l'impôt utile. Le début de phrase a le mérite là aussi de la clarté : la gauche n'augmentera pas les impôts ! En même temps, le deuxième segment peut prêter à ambiguïté, si l'on cherche à pinailler (mais la politique exige les mots justes, sans ambivalence) : si l'impôt est utile (ce dont personne ne doute, et il est même indispensable), pourquoi ne pas éventuellement l'augmenter ? Augmentation possible ou utile, attention mes camarades, Xavier Bertrand est la grosse bête qui cherche la petite bête !

Pour ma part, interrogé par L'Aisne Nouvelle le 25 juin 2013, dans le cadre de la campagne interne pour la désignation de la tête de liste socialiste, j'avais répondu ceci :

Pas de hausse d'impôts. C'est un engagement de campagne et ce sera le seul point non négociable ! A Saint-Quentin, il ne faut pas augmenter les impôts car la population est défavorisée. Je préfère renoncer ou revoir à la baisse un grand projet plutôt que de grever le pouvoir d'achat des Saint-Quentinois.

Dans mon billet d'hier, j'ai souligné une évolution significative de la politique municipale : la fin des grands projets, du moins seront-ils revue à la baisse, ce qui se fait déjà sentir avec le ralentissement de la réhabilitation du quai Gayant. Pierre André l'a justifiée par la réduction des dotations d'Etat et l'impossibilité de recourir à l'impôt. Depuis 1995, l'aura de la droite locale, et ses bons résultats aux élections, viennent de sa capacité à mettre en place de grands travaux, en allant chercher les subventions nécessaires. C'est cette politique qui a changé le visage de Saint-Quentin et rendu populaire l'équipe en place depuis 18 ans. Après deux mandats, cette politique-là ne sera plus la même. Pour la gauche aussi, la réalité s'impose.

Mais la fin des grands projets n'est pas la fin de tout projet, qui n'ont pas à être forcément grandioses. En tout cas, une page est bel et bien tournée pour les uns et pour les autres. Ce qui oblige la gauche et la droite à redoubler d'imagination pour continuer à proposer ... sans trop coûter. Dans mon billet du 14 novembre, j'avais évoqué la possibilité de faire venir le tramway à Saint-Quentin. C'était pour provoquer, au bon sens du terme, le débat, sortir de la guerre de tranchées ou des attaques personnelles. Pierre André m'a confié y avoir songé les premières années de son mandat, puis avoir renoncé à cause du coût.

Dans le domaine du faisable, il y a, toujours et encore, la redynamisation du centre-ville. Dans mon billet du 14 novembre, j'avais proposé d'occuper le grand vide de la place de l'Hôtel de Ville par une structure muséale, un centre de culture et d'histoire notamment dédié à l'art déco. L'objectif : consacré l'hyper-centre au développement du tourisme, en s'appuyant sur notre patrimoine exceptionnel. Xavier Bertrand a exprimé une intention très proche, en soulignant qu'il y avait un déficit de la ville en matière touristique, que les courts et moyens séjours pouvaient être multipliés.

A propos de la Plage de l'Hôtel de Ville et du Village de Noël, Xavier Bertrand a soutenu à plusieurs reprises que Jean-Pierre Lançon voulait les supprimer. Non, je n'ai rien entendu ou lu de tel. Ce qui est vrai, c'est que la Plage, au début de son installation il y a une quinzaine d'années, a suscité les critiques et l'ironie de certains à gauche (pas moi). Mais ni dans le programme de 2001, ni dans le programme de 2008 ne figurait sa suppression. En ce qui me concerne, comme je l'ai écrit le 24 novembre, je souhaite leur déplacement : la Plage dans le quartier Europe, le Village sur la place du Marché (dans la perspective d'une place de l'Hôtel de Ville occupée en partie par un centre culturel, artistique et historique).

Je crois que ces précisions, ces rappels et ces mises en perspective peuvent être utiles pour le débat autour des projets municipaux, qui ne saurait maintenant tarder.

mardi 17 décembre 2013

Le Conseil municipal s'éclate



Pour sa séance consacrée hier soir au budget 2014, le Conseil municipal de Saint-Quentin s'est éclaté. D'abord parce que les interventions d'élus ont été plus nombreuses qu'à l'ordinaire ; ensuite parce que la fin de mandature et l'approche des élections municipales encourageaient à se lâcher ; enfin parce que les bons (ou mauvais) mots, les remarques cryptées, les remises en cause personnelles, les développements techniques, les flash-back (parfois 30 ans en arrière) ont fusé.

La première intervention du maire a été brève : le budget de la ville, c'est 103,1 millions d'euros, pas d'augmentation des taux d'imposition pour la 7ème année consécutive, des investissements constants. A la suite de quoi Michel Aurigny (POI) a pris la parole pendant vingt minutes, demandant des précisions sur les chiffres, car il a trouvé des "erreurs", des "pourcentages fantaisistes", en comparant les données du ministère du Budget et celles de la Municipalité. Le fond de sa démonstration, c'est que la dette par habitant a augmenté, ce que conteste Xavier Bertrand. Le lambertiste récuse aussi la réalité d'une "explosion fiscale" sous la municipalité de gauche (thème récurrent de la droite).

Les propos d'Aurigny ont soulevé deux points intéressants de philosophie politique. Peut-on faire dire n'importe quoi aux chiffres ? Pour moi, oui ; pour lui, non, à quoi il met cependant une restriction de taille (qui abonde dans mon sens) : les chiffres doivent s'accompagner d'honnêteté. CQFD. A Bertrand qui soutient que les seuls chiffres qui comptent, c'est le résultat des élections, le prof de maths répond : "on ne vote pas pour décider si 2 et 2 font 4 ou 5". Le lambertisme, c'est une mathématique morale et politique (je ne suis pas sûr que Marx y retrouverait ses petits).

Michel Aurigny a terminé par un verdict définitif : "Le gouvernement actuel poursuit et aggrave la politique du gouvernement précédent". Anne Zanditenas (LO) et Olivier Tournay (PCF) ont continué dans la même veine, sans oublier de condamner à leur tour la politique socialiste. Jean-Pierre Lançon, socialiste, n'a pas bronché. Il est intervenu en quatrième position, revenant d'abord sur la séance précédente, du 25 novembre, qu'il n'a visiblement pas digérée, à cause des paroles jugées "humiliantes" de Xavier Bertrand, ainsi que les "grognements" et "gloussements" des élus de la majorité. S'en est suivi un exercice d'imitation censé dénoncer le style oratoire du maire, où il a été question, entre autres, de la déesse romaine Fama et de ses deux trompettes, de la comparaison entre deux restaurants de la rue Vignon à Paris, le "Terres de Truffe" que fréquente Nicolas Sarkozy, et le "Cristal", où va Jean-Pierre, au prix de 17 euros le repas (je cite de mémoire, je n'ai pas tout bien compris).

Jean-Pierre Lançon a tenu à justifier sa 13ème place sur la liste socialiste, interprétée par Xavier Bertrand comme une rétrogradation, alors que ce n'est qu'un choix personnel de redevenir "militant de base", après avoir détenu plusieurs mandats (mais si la gauche gagne, Jean-Pierre sera encore élu municipal, et même en situation de devenir adjoint ?). Sur la question du budget, le chef de file de l'opposition a rappelé que la politique de l'actuel maire n'était possible qu'en partenariat financier avec les collectivités territoriales, département et région, que pourtant le premier magistrat de la commune critique sévèrement. Il a martelé un principe, en riposte aux accusations fiscales de Xavier Bertrand : "Non à l'augmentation des impôts locaux et oui à l'impôt utile". Enfin, il a conclu par une métaphore, annonciatrice d'une prochaine victoire socialiste : "Après l'hiver viendra le printemps".

Ce sont ensuite plusieurs conseillers de la majorité qui sont intervenus pour manifester leur soutien à Xavier Bertrand, en premier lieu Pierre André, qui s'est appuyé sur un article récent dans Le Monde du socialiste Christian Pierret, lançant un "cri d'alarme" des villes moyennes qui voient leurs dotations en baisse et le levier fiscal devenu inutilisable. Mine de rien, l'ancien maire a révélé une tendance nouvelle : la "pédale douce" sur les grands projets, dont celui du quai Gayant. Comme Jean-Pierre Lançon a imité Xavier Bertrand, Pierre André a imité Michel Aurigny, en citant sa feuille d'impôts et les différentes taxes, pour démontrer ... le contraire du conseiller municipal d'opposition.

A son tour, Monique Ryo a tenu à exprimer la solidarité des centristes, en reprochant, comme conseillère régionale, aux socialistes picards d'avoir abandonné la région de Saint-Quentin dans le tracé du canal Seine-Nord, sacrifiant ainsi des centaines d'emplois. Ce qui a suscité la réplique de Nora Ahmed Ali, qui a justifié son refus du projet et s'est étonnée que la Maison de l'Emploi ait accordé des formations pour une réalisation qui ne verra pas le jour. Freddy Grzeziczak et Vincent Savelli ont clos les soutiens majoritaires.

A 19h42, après une heure trente d'interventions où il est resté la plupart du temps silencieux, Xavier Bertrand a repris la parole, en pointant une seule question pour l'avenir de Saint-Quentin : l'augmentation ou non des impôts, ajoutant que ce qui avait été raté avec la machine-outil, il fallait le réussir avec le robonumérique, en préparant les métiers d'avenir, non délocalisables. Il a confirmé la prudence évoquée par Pierre André : "ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre", "pas de projets pharaoniques".

En réponse aux attaques de l'opposition, le maire a employé un néologisme : la "tournay-isation des esprits", la gauche s'étant alignée selon lui sur les positions communistes, à propos de la vidéo-surveillance et de la fiscalité. Il s'est particulièrement focalisé, à son habitude, sur Jean-Pierre Lançon, accusé malgré ses dénégations virulentes de vouloir supprimer la Plage de l'Hôtel de Ville et le Village de Noël. Il s'est essayé à une formule : "L'homme libre est devenu l'homme-lige", allusion au soutien de Jean-Pierre à Michel Garand, perché au dessus des débatteurs. Mais curieusement, ni le maire, ni le socialiste n'ont prononcé son nom.

"L'homme-lige" n'a évidemment pas laissé passer, en s'écriant : "J'ai peur de personne, personne ne me fera plier, je suis un homme libre !" Mais après avoir soupçonné de "copinage" l'attribution des chalets sur le Village de Noël, il a retiré le mot, sous la menace judiciaire de Xavier Bertrand. Courageux, mais pas téméraire ... Et puis, cette étrange formule est sortie de sa bouche : "Je suis un homme libre et de bonnes moeurs" (sic), dont le sens n'a pu être compris que de quelques-uns, le maire, certains élus de la majorité et de l'opposition, initiés à la chose.

Après le ralentissement des grands projets, j'ai discerné une autre inflexion de la politique municipale : la reconnaissance, par Xavier Bertrand, de l'insuffisance en matière de tourisme, dans l'exploitation du patrimoine historique et de l'art déco, notamment les séjours de courte et moyenne durée.

Le Conseil municipal s'est éclaté hier soir pendant près de trois heures, durée exceptionnelle. Mais il n'a pas explosé : en politique, on recolle toujours les morceaux. A droite, les intervenants ont marqué leur territoire, sachant que la liste à venir sera très largement renouvelée et que les places seront chères. A gauche, les prises de parole, plus longues qu'à l'ordinaire, ont été en partie testamentaires, sachant que la plupart ne retrouveront pas leurs sièges d'élus. Oui, après l'hiver viendra le printemps.

lundi 16 décembre 2013

Le rapport au feu



Les commentaires autour du rapport sur la refondation de la politique d'intégration, adressé au Premier ministre, ont ces jours-ci frisé l'hystérie. D'abord, la droite est malhonnête lorsqu'elle affirme que ces préconisations sont soutenues par le gouvernement, qui au contraire a pris ses distances. Le texte n'est qu'une base de discussion. Qu'il ait été publié sur le site de Matignon n'est rien d'autre qu'un souci de transparence, pas un quitus. Ensuite, la façon de discréditer un travail d'experts nombreux et variés est démagogique, populiste : on devrait au moins prendre ce rapport au sérieux et en débattre rationnellement, y compris pour le critiquer. Enfin, ce rapport que l'opposition condamne et que la majorité refuse est pourtant riche de propositions, que j'aimerais commenter et défendre.

Une mesure, parmi beaucoup d'autres, a créé la polémique : il s'agit de la suppression de la loi sur le port ostentatoire de signes religieux à l'école. Je me réjouis de cette proposition, que j'ai soutenue à plusieurs reprises sur ce blog, en conformité avec l'association laïque à laquelle j'appartiens, la Ligue de l'enseignement. Pourquoi ? Parce que depuis que l'école laïque existe, aucune loi n'a prohibé le port des signes religieux, laissant aux enseignants le soin de traiter avec douceur et fermeté ce problème humainement délicat, tant il est vrai que les appartenances spirituelles doivent demeurer discrètes, respectueuses et non conflictuelles. La laïcité s'exerce par le contenu des cours, pas dans l'interdiction des tissus, des objets ou des talismans.

Surtout, cette loi contre les signes religieux à l'école est anti-laïque, anti-républicaine, sous de fausses apparences. Elle contrevient à la liberté élémentaire des enfants et des parents (c'est pourquoi je me réjouis aussi de la remise en cause de la circulaire de mars 2012, privant les mères voilées d'accompagner les enfants dans les sorties scolaires). Plus grave, elle stigmatise une communauté, une religion, les musulmans et l'Islam, alors que la laïcité s'interdit toute prise de position en matière religieuse, favorable ou hostile : sa règle, c'est la neutralité. Les laïques n'ont pas à juger de la façon dont les citoyens s'habillent et quel sens attribuer à leurs vêtements.

Le malheur de cette loi, c'est qu'elle donne le mauvais exemple : elle généralise des situations particulières et même marginales, elle crée le problème qu'elle prétend régler, elle conforte l'opinion xénophobe, elle répand dans toutes les sphères de la société son infect ostracisme (après l'école, pourquoi pas l'université, les services publics, les entreprises et la rue, tant qu'on y est ?).

Le meilleur argument contre l'actuelle loi sur les signes religieux se trouve, involontairement, dans les commentaires de ses partisans, qui ont tous affirmé durant ce week-end qu'il ne fallait pas revenir sur l'interdiction du voile à l'école, preuve que cette loi, dans l'interprétation qu'on en fait, se focalise sur une seule religion, alors que la République n'en reconnaît aucune (loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat), en pour ou en contre. De même, il ne s'agit pas pour moi d'autoriser le voile ou les signes religieux à l'école, mais d'exclure cette question de la législation (c'était la sage position de Lionel Jospin en 1989).

Cet excellent rapport contient d'autres suggestions intéressantes. La recommandation aux médias et journalistes de ne plus mentionner l'origine, l'appartenance ou la couleur de peau des gens, lorsqu'il n'y a pas nécessité. Laissons à l'extrême droite le soin ignoble de faire ce genre de distinctions, dont les républicains doivent s'abstenir. Il y a là un point de déontologie à réglementer. Et puis, plus anecdotique mais non moins utile, donner de nouveaux noms de rues et de places à des personnalités en rapport avec l'histoire des migrations (les vieilles barbes du XIXe siècle dont plus personne ne se souvient de l'action, ça suffit !).

En revanche, je suis plus réservé sur certains propositions. La création d'un délit de harcèlement racial me semble céder à la mode des multiples harcèlements. Notre droit a déjà ce qu'il faut en la matière, pas besoin d'en rajouter. J'ai la même réaction à propos de l'inscription dans les programmes scolaires de l'histoire des migrations, de l'esclavage et de la colonisation, qui existent déjà, qui n'ont pas besoin de chapitres spécifiques. Il y a enfin une mesure dont on n'a pas parlé et qui est pourtant la plus révolutionnaire : supprimer les conditions de nationalité pour accéder à un emploi, qui vise essentiellement la Fonction publique. Franchement, je ne sais pas trop quoi en penser, je suis indécis.

Vous vous souvenez de cette comptine de fin d'année scolaire : Les cahiers au feu, la maîtresse au milieu ! Pendant tout le week-end, je l'ai entendu ainsi : le rapport au feu, les laïques au milieu ! Paradoxalement, ceux qui entretiennent le bûcher le font au nom de la laïcité, dont ils ont perverti le sens. Et ceux qui fournissent le combustible, ce sont toujours les mêmes : l'extrême droite anti-laïque. Je regrette que le gouvernement ait pris ses distances avec ce rapport, croyant qu'il y avait le feu à la maison. Mais le parti socialiste, qui n'est pas tenu à cette prudence élémentaire, doit organiser dans ses sections des débats autour de ce rapport (il a été rédigé pour ça, en discuter).

dimanche 15 décembre 2013

L'oeil de Kepler



Il y a des moments où il faut s'élever au dessus de notre Terre et rejoindre les étoiles. C'est ce que nous avons fait lundi dernier, au ciné philo, avec le film de Stan Neumann, L'oeil de l'astronome, consacré à Kepler (vignette 2). J'étais en compagnie de Laurent Portois, président de l'association Saint Quentin astronomie (vignette 1).

Qui aujourd'hui lève les yeux au ciel pour s'interroger ? Depuis que les astronautes voyagent dans l'espace, les astronomes ont cessé d'être philosophes, et c'est bien dommage. Kepler, à la suite de Copernic, Galilée et Tycho Brahé, a remis en cause la conception du monde que les hommes se faisaient depuis longtemps et que la religion soutenait. Il ne voit pas notre planète au centre de l'univers, il conteste que le mouvement des astres soit des cercles parfaits (mais des ellipses), il considère la Lune comme une autre Terre : c'est une véritable révolution.

Et pourtant, Kepler rencontre des limites dans son approche scientifique : il estime encore que le monde est clos, que l'infini est inconcevable, que l'astrologie n'est pas entièrement à rejeter, que la mystique peut nous aider à comprendre notre place dans l'univers. Kepler va tellement observer les étoiles qu'il en aura l'oeil malade ! Nous aussi, sachons parfois lever la tête et voir plus haut que nos misérables préoccupations humaines.

Hommage à Mandela



Nelson Mandela a été enterré aujourd'hui chez lui. Chez nous, à Saint-Quentin, nous lui avons rendu un dernier hommage ce matin, à l'initiative de la section locale du parti communiste français. En toute logique, c'est devant le monument en l'honneur de la Résistance, boulevard Gambetta, que nous nous sommes rassemblés (vignette 2). Car Nelson Mandela incarne un triple symbole de l'action politique : résistance, persévérance, sacrifice. Il a refusé l'apartheid, il a lutté toute sa vie, il a passé plusieurs décennies en prison. C'est autre chose que la course au pouvoir, à la gloire et à l'argent !

Après que Marie, Flora et Céline aient déposé une gerbe (vignette 1), Jean-Luc Tournay, au côté de Corinne Bécourt et Olivier Tournay, a rappelé qu'elle avait été le parcours de Mandela. Depuis sa disparition, tous les grands de ce monde communient dans la célébration de sa mémoire, même le Front national (ce qui est un comble !). Mais on oublie trop souvent qu'il a été communiste, révolutionnaire, partisan de la lutte armée et admirateur de Fidel Castro. C'est évidemment moins glamour que vanter son rôle d'humaniste, de chrétien et de réconciliateur. Mais nous nous devons de respecter la vérité et le trajet de l'homme dans sa totalité.

Pour ma part, j'insisterais surtout sur son action au gouvernement, dans la transition d'un système raciste à un régime démocratique. Généralement, ce type d'évolution se fait dans la violence et le sang. Nelson Mandela a préféré la réparation à la vengeance, la paix à la guerre intérieure. Il reste encore beaucoup à faire en Afrique du sud, où les injustices sévissent, où la misère est grande. Mais Mandela nous a appris à continuer le combat, à ne jamais renoncer devant les difficultés, à prendre conscience que la lutte paie toujours. La déception ou le découragement n'ont aucun sens en politique.

samedi 14 décembre 2013

Mektoub



Est-on libre, même quand tout est écrit à l'avance ? C'était la question, pas facile, traitée cet après-midi au café philo de Soissons. Pas facile parce qu'il y a une question dans la question, et parce que la réponse semble évidemment négative. Mais nous avons réussi à en faire quelque chose, c'est-à-dire une forme de pensée. D'abord, en interrogeant les rapports entre liberté, destin, fatalité, hasard, incertitude et avenir. Ensuite, en nous demandant de quel livre et de quel auteur nous parlons lorsque nous affirmons que tout est écrit à l'avance. Il y a au moins une chose qui est écrite : que nous allons mourir ! Enfin, si l'on admet que tout est écrit, n'est-ce pas à nous de tenir la plume, sur la page blanche de notre existence ? A votre tour, bonne réflexion !

Héritiers et héritage




La politique n'est pas une démarche individuelle : c'est une affaire d'héritage, de fidélité, de mémoire. Le militant politique n'est presque rien par lui-même ; il s'inscrit dans une histoire, il reçoit en legs tout un passé, il n'est que le maillon d'une longue chaîne. La droite saint-quentinoise l'a bien compris, qui honore régulièrement les siens, comme ce matin, en souvenir de Jacques Braconnier, maire de la ville, et René Huel, adjoint.

Les siens ? Pas tout à fait. Un élu est désigné par une majorité, mais dans le cadre de ses fonctions, il est l'élu de tous, y compris de ceux qui n'ont pas voté pour lui. Ainsi le veut l'esprit républicain. C'est pourquoi, ce matin, j'étais présent, à l'une et à l'autre de ces commémorations, bien que ne partageant pas les idées politiques de Jacques Braconnier et de René Huel.

Il y a une autre raison à ma participation, plus liée cette fois à la politique qu'à la République. Une ville n'est pas un pays. Au niveau national, le clivage gauche-droite est très tranché. Au niveau local, c'est moins vrai. La gauche à la tête de la Municipalité ne peut pas prétendre défaire tout ce qu'à fait la droite. Il y a une forme de continuité à assurer. Jacques Braconnier a été, comme Pierre André, un grand maire de Saint-Quentin, qui a su faire évoluer la ville, marquer ses mandats par de grandes réalisations. René Huel aussi, dans sa tâche d'adjoint, a abattu un travail considérable. Si la gauche gagne en mars prochain, elle devra assumer une part de cet héritage, même si elle mettra en oeuvre son propre projet, pour lequel elle aura été élue. L'alternance n'est pas une page blanche, mais le nouveau chapitre d'un livre.

Qui dit héritiers et héritage dit aussi famille. De fait, un parti n'est pas un clan ou une bande, encore moins un gang, mais une famille, c'est-à-dire qu'à la différence du clan, de la bande et du gang, on n'en choisit pas les membres, mais on les reconnaît, on les admet. Ce n'est bien sûr pas le sang qui commande, contrairement à la famille biologique, mais ce sont les convictions. On peut aimer ou ne pas aimer les membres de sa famille politique, il faut les accepter tels qu'ils sont et pour ce qu'ils font. Je crois que la droite locale, à quelques exceptions près, a toujours agi de cette façon, et ce matin en était l'illustration.

Devant l'entrée du parc d'Isle, en hommage à Jacques Braconnier, il y avait surtout des militants et sympathisants UMP. Mais ce n'était pas une manifestation organisée par ce parti (sinon je n'y serai pas allé !). Une heure plus tard, au Centre Technique d'Agglomération, chemin d'Itancourt, en mémoire à René Huel, le public était beaucoup plus nombreux et plus diversifié : des chefs de service, des contremaîtres, des agents territoriaux, et des personnalités de gauche (Antoine Crestani, Viviane et Dominique Gayraud, Georges Varenne, Christian Vilport, entre autres), dont Xavier Bertrand a salué la présence, comme preuve du respect qu'inspirait le travail de René Huel, au-delà de son propre cercle politique.

Pierre André, qui se fait rare dans les manifestations publiques, était des deux événements, en grande forme, n'ayant rien perdu de son charisme, très écouté quand il a pris la parole pour saluer la mémoire de René Huel, rappeler combien celui-ci avait contribué, à travers le Centre Technique d'Agglomération qui porte désormais son nom (vignette 2), à la modernisation des conditions de travail des territoriaux (vignette 1, à ses côtés Frédéric, le fils de René Huel).

A la suite, Xavier Bertrand a donné des nouvelles rassurantes de Thierry Roux, qui est sorti du coma, après le terrible accident qui a coûté la vie à deux jeunes employés municipaux, Serge Duchesne et Olivier Painsec (vignette 3). Le maire de Saint-Quentin a cité la définition que René Huel aimait donner de l'homme politique et qu'il a tenu à appliquer dans sa vie d'élu : "la relation de ceux qui n'ont pas de relations", et qui de ce fait viennent le solliciter, à charge pour lui de les aider. Oui, je crois que c'est une belle définition. Et c'était une belle matinée.

vendredi 13 décembre 2013

Brrrrrrr



C'est dans toutes les conversations actuellement : qu'est-ce qu'il fait froid ! Attention, ça va glisser ... Couvrez-vous avant de sortir, etc. L'hiver n'est pas encore là, mais le psychodrame des saisons précédentes s'installe doucement. Aux premiers flocons, c'est sûr, les passions vont se déchaîner autour des trottoirs enneigés, des routes bloquées, des agents municipaux et de la DDE qui ne font pas leur travail, etc. Les superlatifs seront bientôt de retour : glacial, polaire, sibérien. Le site de la Ville de Saint-Quentin a anticipé les cris et les gémissements, en mettant une belle photo (de l'an dernier) montrant des employés municipaux en pleine action, sablant nos chaussées couvertes de neige. Est-ce que cela suffira à rassurer, à faire baisser d'un cran l'angoisse hivernale ? Pas sûr ...

Vous vous souvenez de ce slogan publicitaire, aujourd'hui imprononçable, d'une marque de maillot de corps : Froid, moi ? Jamais ! Désormais, nous sommes tous plus ou moins frigorifiés. Dans mes réunions publiques, je commence par veiller au thermostat. L'uniforme est de sortie : bonnet à pompon, chapka soviétique, grosse laine autour du visage, sorte de burka pour frileux. Quand je pense que l'enfant que j'étais a lutté pendant des années contre le port des cagoules et des bonnets, que je trouvais ridicules, inutiles et humiliants ... Ils sont devenus maintenant des objets de fierté. Je résiste encore : une tête est faite pour être nue, pas pour qu'on pose quelque chose dessus.

Car, en fin de compte, il ne fait pas si froid que ça. La température est normale pour un mois de décembre. On a connu pire. Il n'y a pas si longtemps (20 ou 30 ans ?), le froid ne faisait pas parler de lui, on le remarquait à peine tant il semblait naturel. J'ai vécu en montagne, des pays de neige : La Bourboule, Argelès-Gazost. Je n'y faisais pas attention, ça ne me préoccupait pas. Et je crois que la plupart des gens étaient ainsi, vivant encore aux rythmes de la nature, ne songeant pas à s'en plaindre. Qu'est-ce qui a donc changé dans notre société, en l'espace d'une génération, pour en arriver là, pour que le froid devienne un problème ?

D'abord, la civilisation du confort s'est installée dans les têtes. Or, le froid, c'est le comble de l'inconfort. Et le pire, c'est qu'on ne peut rien contre lui, une fois sortis de nos appartements et maisons. On ne peut que geindre, le maudire. Le froid, c'est le grand scandale contemporain. Sa présence et son invincibilité nous renvoient aux temps préhistoriques, à la barbarie, à l'absence de civilisation. Le froid, c'est la grande régression.

Mais ça ne suffit pas pour expliquer la phobie du froid, l'hystérie collective douce que parfois il provoque. Il faut y ajouter que nous sommes entrés dans un monde de vieux, qui donnent le ton. Quand j'étais gamin, qui avait froid ? Pas les gamins, pas même les adultes actifs, mais les personnes âgées. Les enfants, au contraire, se réjouissaient de la venue des grands froids, prélude à l'époque merveilleuse des fêtes de Noël. Les parents partageaient souvent cette joie. Dans une société où la durée de vie s'est allongée, où les seniors seront de plus en plus nombreux et de plus en plus influents, nous aurons de plus en plus froids, même si la température ne monte pas.

Troisième facteur de cette ère néo-glaciaire, ou plutôt qui se perçoit comme telle : la médiatisation de la météorologie. Il y a quelques décennies, la météo n'avait pas l'importance qu'elle a prise aujourd'hui. Je me souviens des interventions à la radio d'Albert Simon et de sa grenouille, reconnaissable à sa voix rocailleuse (Albert, pas la grenouille). C'était à la fois utile et rigolo, sérieux mais un peu folklo. Aujourd'hui, le bulletin météo, à la télévision, est devenu un spectacle à part entière, avec ses stars. Les chaînes d'information continue nous parlent du temps qu'il fait comme s'il s'agissait de nouvelles du front, en période de guerre. Ainsi, la célèbre "alerte orange" qui frappe les départements, dont on ne sait pas très bien ce qu'elle signifie, mais qui interpelle et inquiète.

Il y a un dernier élément qui explique l'émergence du froid dans nos préoccupations quotidiennes : avec lui, c'est aussi le retour du tragique, que nos sociétés hyper-sécurisées ont tenté de refouler, mais qui ne surprenait pas autrefois, qui était assumé par les êtres humains. Cette tragédie, c'est celle de la fatalité mêlée au hasard : le froid tue. Ce phénomène a priori aussi inoffensif que le froid, qui est peu de choses par rapport aux catastrophes naturelles, peut se révéler meurtrier. Une simple plaque de verglas sur la route, et c'est l'accident absurde et mortel. Chez nous, deux agents municipaux et un facteur, dans le cadre de leur activité professionnelle, y ont ces jours-ci perdu la vie. Il y a une cruauté invisible du froid, dans ses effets pernicieux. C'est pourquoi l'humanité ne s'y fera pas, ne l'acceptera jamais. C'est la chaleur que nous recherchons, pas le froid.

jeudi 12 décembre 2013

La laideur du monde



La laideur envahit progressivement le monde. Il suffit de voir nos grandes villes, l'urbanisme moderne et même nos campagnes. Les cités antiques étaient peuplées de temples, de statues et de fresques, celles du Moyen Age de cathédrales et de chapelles. Aujourd'hui, il n'y a pas d'équivalent : toutes les grandes constructions sont purement utilitaires, dépourvues d'intention esthétique, routes, ponts ou immeubles. Certes, jadis, les centres urbains étaient sales et la plupart des gens mal soignés, ce qui n'est plus le cas. Mais globalement, la laideur s'est répandue à travers le monde, de façon souvent inconsciente. En tout cas, la beauté n'est plus cet idéal qu'on recherchait et vénérait par le passé.

Le plus impressionnant, mais le moins souvent évoqué, c'est la laideur ordinaire des comportements. J'ai trois exemples actuels en tête, mais nous pourrions les multiplier :

1- Le vapotage. Le mot lui-même n'est pas beau. Vapoter, ça me fait penser à ... crapoter ! Une "cigarette électronique", c'est presque une contradiction dans les termes. Il y a de la sensualité, de l'élégance dans l'acte de fumer, sa gestuelle, le nuage de fumée qui s'en échappe, quelque chose d'inspiré et de méditatif. On a l'impression que le tabac rend beau et intelligent. Une femme qui fume dégage d'elle un sentiment d'érotisme (c'est pourquoi, pendant longtemps, c'était très mal vu). La forme, la couleur, le toucher de la cigarette sont agréables. Même le paquet est évocateur de plaisir. Les puritains, moralistes et hygiénistes de notre temps ont mis fin à tout cela, en le condamnant et en l'interdisant en certains lieux, pour notre bien, disent-ils. A la place, nous avons l'ignoble vapotage, qui ne fait que le bonheur des commerçants. Cette fausse cigarette, en métal froid, qui renvoie de la fausse fumée, est très vilaine. Elle a aboli le geste de la main, si gracieux, que révélait la vraie cigarette. Ceux qui vapotent sucent un embout qu'ils cachent au creux de leur main, comme une pipe qui aurait perdu son culot : ce n'est pas beau du tout. Vous n'avez plus une cigarette entre les lèvres, mais un tuyau dans la bouche, comme les grands malades.

2- La poussette renforcée (ou sécurisée). La naissance d'un enfant, c'est très beau, c'est le triomphe de la vie. C'est pourquoi le nouveau-né reçoit un véhicule digne de son avènement. Jusque dans les années 80, c'était le landau, surélevé, fin, très joli, un véritable petit nid douillet pour l'enfant, une sorte de carrosse, qu'on poussait tranquillement, qui était fait pour susciter la curiosité et l'admiration. Depuis, sur nos trottoirs, il a été remplacé par une ignoble poussette, sombre, trapue, grossière, fonctionnelle, suréquipée, qui fait peur quand on la voit arriver. Elle fait penser à une chaise roulante pour handicapés. Le gamin à l'intérieur est parfois protégé par un plastique transparent qui le fait ressembler à de la viande surgelé. C'est affreux. Comment des parents peuvent-ils infliger ce spectacle désolant ? C'est l'obsession de la sécurité qui a tué la beauté. Le côté pratique des choses, privilégié aujourd'hui, diminue ou carrément abolit l'aspect esthétique des objets.

3- La zumba. Quoi de plus beau qu'un homme et une femme dansant ensemble ? Les danses collectives, celles des indiens par excellence, ont pour elles une beauté spirituelle. Même le rock n'est pas sans une dimension esthétique. La zumba, le mot nous le fait sentir, c'est n'importe quoi, esthétiquement parlant. Est-ce d'ailleurs une danse, ou plutôt une gymnastique ? Cette activité très en vogue est bâtarde. Les mouvements sont désarticulés, les musiques sont des prétextes, les participants sont vêtus n'importe comment : la zumba, c'est carnaval. Beaucoup d'histoires d'amour sont nées sur des pistes de danse. D'une séance de zumba, il n'en ressortira aucun sentiment un peu grand, seulement la satisfaction d'avoir bougé, dans une société où l'individu est de plus en plus sédentaire. La zumba, c'est la fierté du ridicule assumé. Après tout, c'est peut-être une forme de libération de l'être humain, qui serait allé jusqu'à s'affranchir de l'exigence de beauté (on sait que l'esthétique impose toujours des canons).

Cigarette électronique, poussette surdimensionnée, danse zumba, ce sont trois exemples parmi d'autres de défaites de la beauté, de laideurs du monde. Revenons un peu à la politique et aux prochaines élections : dans les prérogatives d'une municipalité, il y a l'aménagement de la ville. Je rêve d'une liste qui mettrait à son programme la revendication de la beauté. Encore faudrait-il que ses candidats ne vapotent pas, ne trimbalent pas leurs gosses ou petits-enfants en poussette contemporaine, ni n'aillent le soir transpirer sur des airs de zumba ...

mercredi 11 décembre 2013

L'Europe, l'Europe, l'Europe



Ca fait chaud au coeur, quand on est européen, de voir le peuple ukrainien défiler avec des drapeaux bleus étoilés, demandant à rejoindre l'Union au lieu de la Russie. A quelques mois des élections européennes, nous ferions bien de méditer cet événement, nous qui trop souvent, en France, dénigrons l'Europe. C'est une vieille hostilité, qui remonte au moins au général de Gaulle et à ses fameux cabris qui s'agitaient sur leurs sièges en criant L'Europe, l'Europe, l'Europe ! De fait, je ne connais aucun autre sujet politique qui donne lieu à autant de préjugés que l'Europe. Passons-les rapidement en revue pour les réfuter :

1- La démocratie : l'Europe l'ignorerait, se construisant dans le dos des peuples. FAUX. Chaque grande étape de la construction européenne a été validée par les peuples. Dans l'histoire de l'humanité, c'est un progrès démocratique unique en son genre. Par le passé ou dans d'autres régions du monde, la constitution d'un ensemble aussi vaste se fait généralement par la conquête militaire. En Europe, c'est un libre choix, qui passe par l'élection. Si demain la France veut quitter l'Union européenne, comme le proposent certains, elle en a le droit et la possibilité.

2- La technocratie : Bruxelles et Strasbourg seraient les sièges d'une immense bureaucratie. FAUX. A proportion du nombre d'habitants et de nations qui la composent, l'Europe a la plus faible administration au monde.

3- La nation : l'Europe nous imposerait ses lois et ferait disparaître l'Etat-nation. FAUX. L'Europe n'impose rien du tout. Ce sont les représentants des nations, au Parlement, au Conseil et à la Commission, qui décident et choisissent ce qui leur semble bon pour leur pays et l'ensemble des pays. Les directives européennes sont traduites ensuite en droit national, validées par les parlementaires nationaux.

4- La crise : l'Europe serait responsable du chômage, de la désindustrialisation et des délocalisations. FAUX. Si l'Europe n'existait pas, la crise serait là quand même, avec les trois maux précédents, dans lesquels l'Europe n'est pour rien. C'est la mondialisation, les évolutions technologiques et le capitalisme financier qui sont à l'origine de la crise, pas l'Europe.

5- L'utilité : l'Europe ne servirait à rien, n'apporterait rien de concret. FAUX. Enlevez aux associations, aux collectivités, à certaines secteurs professionnels (je pense aux agriculteurs) ce qu'ils reçoivent financièrement de l'Europe, et vous les verrez redevenir très vite pro-européens, après avoir été anti dans les mots.

6- L'autre Europe : c'est une foutaise, un prétexte pour les anti-européens de ne pas assumer ce qu'ils sont, de laisser croire qu'ils sont quand même européens. C'est archi FAUX. Il y a notre Europe, il n'y a pas d'autre Europe. L'Europe s'écrit et se construit tout au long de sa récente histoire. Il n'y a pas à proprement parler une Europe de gauche et une Europe de droite, mais des institutions portées par des européens de multiples sensibilités (de même que la République française n'est pas de droite, ni de gauche). En revanche, il y a bien des majorités de droite et de gauche, des politiques de droite et de gauche en Europe, à l'issue des élections.

Espérons que la campagne des élections municipales n'éclipsera pas celle des européennes. Dans l'Aisne, nous avons deux candidats socialistes, Anne Ferreira et Matthieu Mayer, qui nous feront aimer, je le souhaite, l'Europe, qui nous transmettront leur passion européenne. Car de tous les partis politiques français, le parti socialiste est le plus européen.