mardi 3 décembre 2013

Un Bertrand dans les têtes



On ne pense qu'à ça, on ne parle que de lui : y va, y va pas ? La ville retient son souffle jusqu'à janvier (c'est long à attendre, mine de rien !) : député ou maire, que choisira-t-il ? Et ça va être comme ça pendant un mois et demi ... Vous avez compris : je fais allusion à Xavier Bertrand, député-maire de Saint-Quentin. Matin, midi et soir, la nuit peut-être, droite ou gauche, majorité ou opposition, tout le monde se pose la question, décrypte ses paroles, se lance dans des prophéties : sera-t-il ou non candidat aux prochaines élections municipales ? Pour le moment, l'intéressé se tait ou tient des propos sibyllins, comme dimanche soir à la télévision. Monique Ryo (UDI) les qualifie de "stratégie", Michel Garand (PS) de "mépris", Olivier Tournay (PCF) de "bluff", Yannick Lejeune (FN) d'"illusion".

Tout le monde se pose la question ? Non, un seul, du moins à ma connaissance, n'y pense pas : c'est moi ! Au contraire, j'estime que c'est un tort de se fixer ainsi sur la décision de Xavier Bertrand. La presse, quand elle le fait, exerce son métier. Mais les politiques, les opposants, qui sont des acteurs de la vie publique et pas des commentateurs, ne devraient pas s'en mêler. Pour quatre raisons :

1- Xavier Bertrand ou un autre, ce ne sont pas les personnes qu'on juge, mais la ligne politique, le bilan et le projet. Peu importe que la tête de liste s'appelle Xavier Bertrand, Monique Ryo ou qui vous voudrez ... Il ne faut pas personnaliser, mais politiser la campagne.

2- En focalisant sur Xavier Bertrand, ses adversaires le mettent au centre du jeu, font dépendre la campagne électorale et leur propre avenir de lui. Pris comme cible, il devient du coup la référence. Conséquence : c'est de lui qu'on parle, pas des autres. Ses pires adversaires deviennent paradoxalement et involontairement ses meilleurs agents électoraux !

3- Pourquoi d'ailleurs se poser la question de sa candidature, alors que tout le monde semble avoir la réponse ? Il sera de toute façon candidat, parce qu'il l'est depuis toujours, parce qu'il ne lâchera pas son ancrage local, parce qu'il attendra au moins jusqu'au dernier moment pour y renoncer au profit de député. La polémique est donc inutile, ne profite à personne sinon à lui, qui fait ainsi parler.

4- Quand on veut gagner, on se présente en gagnant, pas en éternel opposant. Un gagnant parle de lui, de ses atouts, de ses qualités, de ses projets, de Saint-Quentin et des Saint-Quentinois. Il ne s'embarrasse pas à commenter les arrière-pensées ou les sous-entendus de l'adversaire. Il ne cite même pas son nom. Il fait comme s'il n'existait pas. Et par dessus tout, il ne se définit pas, ne se détermine pas par rapport à lui. Les vrais adversaires ne se mesurent pas par leurs cris, mais par leurs silences.

Je ne pense pas à Xavier Bertrand, ni le soir en me couchant, ni le matin en me rasant. Je critique quand c'est nécessaire ses idées (comme dans mon billet d'hier), mais je ne commente pas sa vie, ses choix, sa personne. Aux opposants de gauche, à mes amis et camarades, je me permets ce conseil : chassez le Bertrand qui est dans vos têtes ! La victoire dépendra, entre autres, de cette mise au point psychologique.

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