mercredi 11 décembre 2013

L'Europe, l'Europe, l'Europe



Ca fait chaud au coeur, quand on est européen, de voir le peuple ukrainien défiler avec des drapeaux bleus étoilés, demandant à rejoindre l'Union au lieu de la Russie. A quelques mois des élections européennes, nous ferions bien de méditer cet événement, nous qui trop souvent, en France, dénigrons l'Europe. C'est une vieille hostilité, qui remonte au moins au général de Gaulle et à ses fameux cabris qui s'agitaient sur leurs sièges en criant L'Europe, l'Europe, l'Europe ! De fait, je ne connais aucun autre sujet politique qui donne lieu à autant de préjugés que l'Europe. Passons-les rapidement en revue pour les réfuter :

1- La démocratie : l'Europe l'ignorerait, se construisant dans le dos des peuples. FAUX. Chaque grande étape de la construction européenne a été validée par les peuples. Dans l'histoire de l'humanité, c'est un progrès démocratique unique en son genre. Par le passé ou dans d'autres régions du monde, la constitution d'un ensemble aussi vaste se fait généralement par la conquête militaire. En Europe, c'est un libre choix, qui passe par l'élection. Si demain la France veut quitter l'Union européenne, comme le proposent certains, elle en a le droit et la possibilité.

2- La technocratie : Bruxelles et Strasbourg seraient les sièges d'une immense bureaucratie. FAUX. A proportion du nombre d'habitants et de nations qui la composent, l'Europe a la plus faible administration au monde.

3- La nation : l'Europe nous imposerait ses lois et ferait disparaître l'Etat-nation. FAUX. L'Europe n'impose rien du tout. Ce sont les représentants des nations, au Parlement, au Conseil et à la Commission, qui décident et choisissent ce qui leur semble bon pour leur pays et l'ensemble des pays. Les directives européennes sont traduites ensuite en droit national, validées par les parlementaires nationaux.

4- La crise : l'Europe serait responsable du chômage, de la désindustrialisation et des délocalisations. FAUX. Si l'Europe n'existait pas, la crise serait là quand même, avec les trois maux précédents, dans lesquels l'Europe n'est pour rien. C'est la mondialisation, les évolutions technologiques et le capitalisme financier qui sont à l'origine de la crise, pas l'Europe.

5- L'utilité : l'Europe ne servirait à rien, n'apporterait rien de concret. FAUX. Enlevez aux associations, aux collectivités, à certaines secteurs professionnels (je pense aux agriculteurs) ce qu'ils reçoivent financièrement de l'Europe, et vous les verrez redevenir très vite pro-européens, après avoir été anti dans les mots.

6- L'autre Europe : c'est une foutaise, un prétexte pour les anti-européens de ne pas assumer ce qu'ils sont, de laisser croire qu'ils sont quand même européens. C'est archi FAUX. Il y a notre Europe, il n'y a pas d'autre Europe. L'Europe s'écrit et se construit tout au long de sa récente histoire. Il n'y a pas à proprement parler une Europe de gauche et une Europe de droite, mais des institutions portées par des européens de multiples sensibilités (de même que la République française n'est pas de droite, ni de gauche). En revanche, il y a bien des majorités de droite et de gauche, des politiques de droite et de gauche en Europe, à l'issue des élections.

Espérons que la campagne des élections municipales n'éclipsera pas celle des européennes. Dans l'Aisne, nous avons deux candidats socialistes, Anne Ferreira et Matthieu Mayer, qui nous feront aimer, je le souhaite, l'Europe, qui nous transmettront leur passion européenne. Car de tous les partis politiques français, le parti socialiste est le plus européen.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

si l'Europe était si importante nos grands hommes politiques se battraient pour un mandat de député.
les partis n y envoie que ceux qui ratent des élections locales.

Emmanuel Mousset a dit…

Ce n'est pas tout à fait vrai. Nous avons eu des députés européens de qualité, pas forcément des recalés du suffrage universel. Mais il est exact qu'on n'entend pas assez parler d'eux, sur un sujet si important.

Erwan Blesbois a dit…

Je n'ai de haine pour personne en particulier, même pas pour l'espèce humaine en général. Nous sommes malheureusement tous les victimes d'un système qui se nomme la vie, dont jamais personne ne parviendra à percer le sens. Tous les efforts des philosophes semblent avoir contribué à rendre possible les conditions d'une science épurée de tout affect, de tout sentiment. Maintenant la philosophie s'en mord les doigts et tente de revenir à l'affect. Mais entre temps nous constatons les ravages des sciences et techniques qui semblent conduire à toujours plus de souffrances, sans parvenir à faire advenir un quelconque sens à la vie. Les progrès de la science conduisent effectivement à la multiplication de la vie humaine sur Terre, provoquant la destruction de la nature. Franchement combien de temps tiendrons-nous encore? A cela rajoute que les guerres modernes conduisent à des massacres inédits, à des souffrances sans nom. Tout cela ne fait qu'augmenter la méfiance et le ressentiment généralisé. Méfiance et haine qui conduisent à toujours plus de génocides. On a cru trouver la solution par une sorte de statu quo généralisée, qui se nomme mondialisation économique, où au fond il n'y aura peut-être plus de nationalisme, donc plus de guerres entre nations, mais où chacun se trouve livré en guerre contre tous, sans projet commun, et avec pour seul bagage un reader digest freudien et pour seul arme sa petite libido. En réalité plus augmente l'espèce humaine en nombre, plus augmente la souffrance. Des centaines de millions de personnes sont en état de mort psychique, dans l'anonymat le plus complet, dans l'indifférence généralisée. C'est un réel problème, un avenir viable passera par une régulation du nombre de personnes sur Terre et par un projet commun.

Anonyme a dit…

C'est ce qui explique en partie les ratés de plus en plus fréquentes de la politique européenne , en effet la plupart des députés européens français sont les rebuts des partis, une sorte de deuxième division quand ce n' est pas aussi une équipe réserve ou de vétérans ... C'est évident et vous ne pouvez pas le nier ... La seule excuse que on pourrait leur donner est que les régions ne sont pas assez impliquées dans la politique européenne , on le voit avec SEINE NORD où là on commence à avoir de bonnes réactions en partie dues au Ministre CUVELLIER !!