jeudi 31 août 2017

Macron ou le vrai progressisme



Ce que je retiens de l'admirable entretien du président de la République au Point, c'est que je m'y retrouve entièrement, en tant qu'homme de gauche, de progressiste. Car Emmanuel Macron veut rompre essentiellement avec 30 années de déception politique. Nous avons essayé le socialisme planificateur et redistributeur avec François Mitterrand, de 1981 à 1983 : ça n'a pas marché, il a fallu arrêter. Nous avons ensuite tenté la social-démocratie, avec Fabius, Jospin et Hollande : même sentiment de déception, faute d'aller assez loin. Aujourd'hui, Macron veut instaurer un vrai progressisme, qui fonctionne, qui donne des résultats, qui ne déçoive pas.

Le faux progressisme consiste à défendre une fausse égalité, en prétendant défendre tout le monde ou presque, ce qui revient à n'aider personne. Il y a, dans notre société, des citoyens dans le besoin et d'autres qui vivent dans le confort. Les premiers sont les chômeurs et les précaires, des millions, parfois depuis deux ou trois générations. Le vrai progressisme doit se battre en leur faveur, notamment par la réforme du code du travail, en facilitant l'embauche. Les seconds, ce sont les retraités baby boomer, qu'il est juste de mettre à contribution, pourvu d'exonérer de cet effort les plus modestes.

Oui, voilà le vrai progressisme, qui rompt avec le bla bla habituel. Car la pire des injustices, la plus insupportable, c'est de ne pas avoir de travail. A partir de là, il est normal de soutenir, par exemple par la réforme de l'ISF, ceux qui investissent, prennent des risques, créent de l'emploi. Le faux progressisme prétendait pénaliser leurs profits : et pour quel résultat ? Aucun. Les nationalisations d'il y a  35 ans ? Nulles, à tel point que personne ne propose d'y revenir. L'emploi aidé, la formation ? Des millions, si ce n'est des milliards qui soulagent quelques-uns et partent en fumée dans l'inefficacité. Le vrai progressisme veut en finir avec ces bonnes intentions en pure perte et véritable illusion.

Illusion encore que l'ouverture de l'université à tous, excellent principe égalitaire, mais pour quel résultat ? l'échec, le chômage. Emmanuel Macron, dans son entretien, se fait le défenseur d'un vrai progressisme, en ce sens qu'il est un progressisme du réel et des résultats, pas un progressisme des grands principes et des bonnes intentions. Aux Etats-Unis, Obama s'est fait réélire ; en Allemagne, Merkel s'est fait réélire. En France, d'élections en élections, nous allons de déception en déception. C'est à ce cercle infernal qu'Emmanuel Macron veut mettre un terme, en démontrant que des résultats sont possibles, pourvu qu'on s'en tienne à ce qu'on a promis et ce pour quoi on a été élu (rien de nouveau dans l'entretien au Point, et c'est très bien : ses prédécesseurs avaient toujours une nouveauté sous le coude, croyant ainsi s'attirer la sympathie des Français ...). Depuis 36 ans, la gauche, quand elle était au pouvoir, n'a pas réussi à faire reculer le chômage de masse, malgré la volonté qu'elle a pu y mettre. Le vrai progressisme d'Emmanuel Macron s'attelle à cette tâche, en faisant entrer la France dans le XXIème siècle.

mercredi 30 août 2017

Règlement de comptes



Le procès fait à Benoit Hamon par certains socialistes, dont les plus éminents, est indigne. La figure du bouc émissaire est détestable en politique. Ce n'est pas Hamon qui a perdu aux dernières présidentielles : c'est tout un parti, je dirais même toute une idéologie, qui doit chercher à comprendre son échec, se reconstruire en se renouvelant, pas en s'inventant de faux responsables. Combien de fois faudra-t-il le dire ou l'écrire ? Les défaites comme les victoires, sous l'apparence d'un homme, sont toujours collectives.

Le procès fait à Benoit Hamon est d'autant plus détestable qu'il a quitté le Parti socialiste (à tort ou à raison, c'est une autre question), qu'il n'a plus de comptes à lui rendre, que la page est tournée, que son avenir se joue ailleurs. Un parti qui regarde en arrière au lieu d'aller de l'avant est mal ... parti. Quel est donc l'acte d'accusation ? Hamon aurait détourné de l'argent, rien que ça ! Les fonds de sa campagne présidentielle auraient servi à financer son nouveau mouvement.

Ah ! l'argent. J'ai toujours connu ça, à n'importe quel niveau : quand on veut couler quelqu'un, on va fouiller du côté de l'argent et du sexe, c'est-à-dire de la vie privée, puisqu'il n'y a rien de plus intime que ces deux domaines-là : avec qui tu couches ? Combien tu gagnes ? Il y a bien sûr le conjoint reconnu et la rémunération officielle. Mais nous devinons que la sexualité comme les biens d'un individu ne se réduisent pas à aux apparences légales.

En France, le sexe ne marche pas trop, parce qu'il fait rire et que nous sommes sur ce point très libres, contrairement aux Américains. Mais il est probable que nous allons y venir, comme en tant d'autres choses. L'argent, en revanche, est un soupçon efficace : Benoit Hamon y a donc droit, balancé par ses anciens camarades (qui n'étaient que de faux frères, sinon ils ne se comporteraient pas ainsi). L'argument est léger et même idiot : il y aurait un décalage suspect entre ses frais de campagne et le résultat obtenu. Comme si les voix correspondaient au nombre d'euros qu'on met pour les obtenir !

Je crois Benoit Hamon innocent et ses prétendus amis en quête de revanche, de règlement de comptes. "Malheur au vaincu !" c'est aussi le cruel adage de la vie politique. Les socialistes sont tombés bien bas pour en arriver là. Ce sont des morts qui s'affrontent dans un cimetière. La grande et belle histoire du socialisme français ne méritait pas cette fin-là.

mardi 29 août 2017

La femme du président



Je reviens sur une polémique de l'été : faut-il ou non accorder une reconnaissance officielle à l'épouse du chef de l'Etat ? Emmanuel Macron l'avait promis, il l'a fait. Mais pourquoi une telle mesure, sur laquelle nous pourrions tous nous entendre, a-t-elle suscité une polémique ? En soi, ce débat est totalement dérisoire. Mais c'est ça qui est intéressant : le président de la République peut présenter quoi que ce soit, son opposition sera toujours contre.

Pourtant, les faits sont là : la plupart des épouses des présidents ont joué un rôle politique, se sont servies de leur influence à la tête de l'Etat, en ont utilisé les moyens sans aucun contrôle. En 1981, lorsque François Mitterrand est élu président, en compagnie de qui salue-t-il la foule au balcon de l'hôtel du Vieux Morvan, dans la Nièvre ? Son épouse Danielle ! Et nous savons que celle-ci aura une activité politique importante, parfois discutable, auprès de son mari, y compris ... contre son mari. D'autres exemples pourraient être cités.

Cette situation anormale, ambiguë, problématique devait être clarifiée. Désormais, grâce à Emmanuel Macron, nous saurons ce que fait son épouse et quels moyens lui sont alloués. Encore une fois, cette simple régularisation d'une situation confuse et indéterminée était très secondaire. Mais la polémique s'en est emparée, pour laisser croire que Macron voulait instaurer une "Première Dame" à l'américaine, ce qui n'est pas du tout ça, ou pire : qu'il voulait restaurer une sorte de couple "monarchique" ! Et puis, il y a eu cette exégèse ridicule entre "statut" et "charte", dont on voit bien qu'il désigne la même chose. Mais si la raison d'être de cet inutile tintouin venait du vide de l'actualité en plein été, où il faut bien parler de quelque chose, où l'on se jette donc sur n'importe quoi ?

lundi 28 août 2017

Les contrats aidés ne sont pas la solution



Le gouvernement a décidé de diminuer les contrats aidés, non pas de les supprimer : dans la santé, l'éducation nationale ou les associations, ils sont souvent indispensables. Mais c'est le principe qui est remis en question : le traitement social du chômage, là où il faudrait une solution économique. Car quel est le bilan des contrats aidés, qui existent sous diverses formes depuis une trentaine d'années, TUC, CES, emplois-jeunes et j'en passe ? Le chômage de masse s'est installé et a augmenté. Les contrats aidés ont limité les dégâts, apporté un soutien à la marge : ils n'ont pas réglé le problème de l'emploi.

Je vous livre ma petite expérience personnelle. A la tête d'une structure associative importante pendant une petite dizaine d'années, nous avons énormément eu recours aux contrats aidés. Financièrement, le dispositif nous a soulagés, mais il n'a aucunement répondu à nos difficultés structurelles : adaptation insuffisante aux nouvelles demandes, prestations vieillissantes, organisation trop lourde, manque de vision et d'anticipation. Je dirais même que les contrats aidés ont été un leurre, repoussant les restructurations nécessaires mais redoutées, jusqu'au jour où il a bien fallu les entreprendre.

Ceux qui aujourd'hui prennent la défense des contrats aidés et militent pour leur maintien intégral sont les mêmes qui les critiquaient, faisant ainsi feu de tout bois. Je les entends encore dénonçant de faux emplois, de petits boulots, des rémunérations dérisoires, des activités au rabais. En même temps, peu soucieux de se contredire quand il ne s'agit que de contester, ils demandaient leur pérennisation, alors qu'un contrat aidé consiste précisément à une limitation dans le temps.

La vérité, c'est qu'un contrat aidé n'a jamais été un véritable emploi, durable et correctement payé. C'est une façon temporaire d'intégrer au marché du travail, en attendant mieux, en préparant une formation. Globalement, le système n'a pas marché ; trop de contrats aidés ont été utilisés comme des bouche-trous (excusez-moi pour ce terme si laid), sans suite professionnelle. L'Etat a mis beaucoup d'argent dans leur financement, avec des résultats pas du tout à la hauteur des attentes. C'est à cela qu'Emmanuel Macron veut remédier. En matière d'emploi, il n'y a qu'un contrat qui tienne, qui doit demeurer la règle : le CDI, quitte à en revoir certaines modalités. Le maquis des contrats aidés est devenu inextricable, des dispositifs s'ajoutant à d'autres dispositifs. C'est tout cela qu'il faut revoir. Je ne vois pas qui pourrait s'en plaindre, qui pourrait se satisfaire de la situation actuelle et déjà ancienne.

samedi 26 août 2017

Les années 70 finissent en 69



L'écrivain et chroniqueur Yann Moix dresse, dans les deux derniers numéros de Paris Match, un portrait intéressant des années 70, qu'il intitule : "Les chemins de la liberté", avec cette idée, un peu cliché, que la décennie a vu le triomphe de la liberté et de la jeunesse. J'étais, au milieu des seventies, adolescent : l'ai-je vécu ainsi ? A ma façon, oui, mais sans drogue ni sexe. Ce qui m'a alors marqué, ma révolte à moi (et à bien d'autres !), c'est d'avoir "écouté pousser mes cheveux", comme dit Jacques Brel dans la deuxième version des Bonbons.

Il faut se souvenir ce qu'étaient les cheveux courts, très courts, quasiment rasés, en ces temps-là : le symbole concret de la soumission, une sorte d'humiliation, l'adhésion à un ordre militaro-fasciste ! J'ai souffert, enfant, de la tondeuse du coiffeur, de sa lame chaude qui s'attaquait à ma nuque. A partir de 1976, je me libère, je deviens un lion à crinière, une sorte de hippy. J'étais très fier de ma chevelure qui descendait sur les épaules. Aujourd'hui, je me dis que je ne faisais passer que d'une norme à une mode. En 1984, c'était terminé : j'ai fait coupé sans problème mes cheveux, les années 70 était finies depuis longtemps.

A part ma révolte capillaire, j'ai sur ces années 70 un regard moins enthousiaste (moins nostalgique ?) que Yann Moix. Politiquement, en 1975, le gauchisme est moribond, sinon mort. Culturellement, en 1977, c'est l'irruption du mouvement punk : no futur, le contraire d'un slogan soixante-huitard ! Le clou, c'est la fin de la décennie, avec le triomphe du disco : paillettes, superficialité, dépolitisation. Nous sommes à l'opposé de ce qu'a été le début de ces années 70.

Il y a pire : le côté obscur, tragique de la décennie, fait de désespoir, de suicides ou d'overdoses. Pour connaître la vérité des années 70, il faut aller aux Etats-Unis, puisque c'est là-bas que tout a commencé (à part mai 68, qui est un événement typiquement français). Les années 70, en Amérique, se terminent dans le sang, la violence et la mort en ... 1969 : le 09 août, Sharon Tate est assassiné à Los Angeles par un hippy dégénéré et satanique, Charles Manson ; le 06 décembre, Meredith Hunter est poignardé par un Hell's Angel lors d'un concert des Rolling Stone, à Altamont.

Pour la liberté, je suis jusqu'à aujourd'hui resté fidèle aux années 70, surtout en notre époque si conformiste et moralisante. Mais je ne peux pas m'empêcher de poser cette question qui est celle de cette formidable décennie, et que se posait en un autre temps Georges Bernanos : La liberté, pour quoi faire ?

vendredi 25 août 2017

Les Français n'aiment pas les réformes



La phrase du chef de l'Etat a pu surprendre. Mais posez-vous la question : y a-t-il une seule grande réforme, depuis 30 ans, qui ait rencontré l'assentiment général des Français et provoqué chez eux un grand enthousiasme ? J'ai beau chercher, je ne trouve pas. Que ces réformes soient de droite (les retraites) ou de gauche (les 35 heures), elles suscitent souvent défiance et même franche hostilité. Qu'elles soient sociales ou sociétales, elles mobilisent contre elles : prenez le mariage homosexuel ; dans aucun autre pays, y compris beaucoup plus catholique que le nôtre, il n'a soulevé autant de gens contre lui.

On pourrait penser que les réformes institutionnelles, puisqu'elles concernent notre cadre démocratique, échappent à la contestation : eh bien non, la Vème République a rencontré une forte opposition à sa naissance (et encore un peu maintenant). Le plus surprenant, c'est que des réformes mineures, comme les rythmes scolaires, qui consistaient simplement à revenir à ce qui existait avant, ne sont pas mieux admises.

Pour comprendre cette allergie à la réforme, qui est une spécialité française, il faut d'abord écarter les fausses raisons. Psychologique : le Français râleur. Non, pas plus que le Britannique ou l'Italien. Sociologique : la montée de l'individualisme, qui fait primer l'intérêt particulier sur l'intérêt général. Oui, mais pourquoi les autres sociétés, tout autant touchées par ce phénomène, n'éprouvent pas autant d'aversion pour les réformes ? Idéologique : le Français serait conservateur ("On sait ce qu'on perd, on ne sait pas ce qu'on gagne", me disait une voisine, réticente à tout changement). Mais nous sommes tout de même le peuple qui a fait 1789 ! Politique : en démocratie, il est normal que les réformes soient débattues et contestées. Certes, mais à ce point, avec une telle régularité, non, il y a quelque chose qui ne va pas. Alors quoi ?

Je crois que la raison est historique : le Français rêve la révolution et refuse la réforme. Nous pensons le changement, auquel nous aspirons, sous forme de rupture, pas de réforme : c'est 1789, 1871, 1936, 1981. La réforme négociée, qui s'impose par le compromis et débouche sur le consensus, n'est pas dans notre culture. Emmanuel Macron arrivera-t-il à lever cette malédiction ? Je pense que oui. D'abord parce qu'il a fait exploser le clivage droite-gauche, que son opposition est complètement éclatée : plus rien ne peut massivement faire barrage. Surtout, contrairement à François Hollande ou même à Lionel Jospin, il ne fait pas dans la demi-mesure qui cherche à contenter tout le monde et qui ne satisfait personne. Il faut sortir des réformes à moitié bonnes par excès de prudence. Enfin, il faut constater qu'une réforme décriée devient avec le temps une réforme acceptée (je pense aux 35 heures). L'ambition de Macron est que l'acceptation soit immédiate, sans conflit ni drame.

jeudi 24 août 2017

Le vieil Espagnol sur un banc



Pendant ces vacances d'été, à Saint-Amand-Montrond, dans mon Berry natal, je reste sur un banc pendant des heures, à lire, à écrire et à rêver. Il m'arrive de m'allonger, de regarder le ciel bleu, les graines de pollen qui s'envolent, qui s'élèvent très haut, que je suis du regard aussi loin que je peux, jusqu'à ce qu'elles disparaissent à mes yeux. Je me distrais aussi aux oiseaux et aux avions qui passent. Parfois, je m'endors quelques minutes.

A côté de mon banc (toujours le même, à l'ombre, dans un coin tranquille), il y a un autre banc. L'autre jour, un vieux en déambulateur est venu s'asseoir et s'est mis à me parler. Ou plutôt il se parlait à lui-même, me regardant à peine. Pendant une demi-heure, je l'ai écouté, je n'ai rien dit. Je n'ai pas toujours tout compris : le vieux avait un fort accent espagnol. Il m'a raconté sa vie. J'ai eu le sentiment que ça aurait pu durer des heures ...

En 1961, ce vieil Espagnol est arrivé en France. "De Gaulle nous a fait venir, il avait besoin de travailleurs immigrés". L'homme ne pouvait séjourner que dans quelques départements du centre de la France. Une histoire d'amour l'a pourtant conduit à Rennes, d'où la police l'a expulsé vers le Berry : la Bretagne ne faisait pas partie des terres où il avait la permission de travailler. A Saint-Amand, il a creusé des tranchées dans à peu près toutes les rues, pour installer le tout-à-l'égout. Puis il a construit les HLM du Vernet, des immeubles qui se sont dressés là où il n'y avait auparavant que des champs avec des vaches, des ânes et des brebis. Quant tout ça a été terminé, il a pris n'importe quel boulot, souvent mal payé, ou même pas payé du tout : "on nous assurait le gîte et le couvert ; c'était mieux que rien". Ce fils d'une famille républicaine n'est pas retourné en Espagne. Il mourra dans ce Berry qui l'a fait venir et qui l'a accueilli.

Voilà l'histoire de mon vieil Espagnol sur son banc, que je n'ai fait que résumer. Pourquoi vous raconter ça ? Parce qu'à l'heure où nous discutons de la directive sur les "travailleurs détachés", où nous nous inquiétons de la "concurrence déloyale" sur le marché du travail entre pays européens, il faut se souvenir de cette histoire, qui est celle de millions d'immigrés venus en France. A l'époque, personne ne se souciait de cette fameuse "concurrence déloyale". On n'en parlait pas, et même on s'en félicitait. A cette époque encore, nul n'était angoissé par ce soi-disant problème de l'"identité nationale". L'extrême droite faisait tout au plus 5% aux élections (Tixier-Vignancourt, en 1965). Ce témoignage et cette réflexion, c'est la carte postale de vacances que je vous adresse. Bonne rentrée.

mercredi 23 août 2017

Qui sont les fous ?



Ces derniers jours, plusieurs attentats "terroristes" ont été provoqués par des non terroristes. Comment les appeler ? Malades mentaux, personnes psychologiquement troublées ou bien fous ? Ce dernier terme est celui du langage populaire : je le retiens. Il s'opère un phénomène bien connu de mimétisme : des esprits faibles et malades reproduisent ce dont tout le monde parle, le geste violent et morbide.

Dans ce genre de situation, nous nous demandons, avec les psychologues, si ces fous sont responsables de leurs actes, s'ils ont le discernement qui permet de les accuser. Un fou a-t-il toute sa raison pour qu'on puisse lui imputer ce qu'il a fait ? Voilà une grave question à laquelle nos psy sont confrontés. Apprendre qu'un fou ne l'est pas complètement, qu'on va pouvoir le juger, nous rassure presque, puisqu'il va pouvoir rendre des comptes !

La difficulté vient aussi du fait que les terroristes, les vrais, sont généralement qualifiés eux aussi de fous. Sacrifier sa vie à une cause perdue, sans que le geste est aucun effet sinon celui de se voir universellement condamné, c'est en effet de la folie. Qu'est-ce qui distingue le fanatique religieux du malade mental ? De toute façon, le résultat est le même : violence, souffrance et mort.

Mais qu'est-ce qui rend fou un fou, qui n'est sans doute pas né ainsi ? Pas la religion musulmane, qui est pratiquée très pacifiquement pas des centaines de millions de gens à travers le monde. La névrose sévère se reconnaît à son mécanisme de répétition obsessionnelle : quelqu'un qui dit ou fait toujours la même chose sans motif apparent n'est pas très net. Quel est dans notre société le lieu le plus flagrant et le plus spectaculaire de la répétition ? Les chaînes d'information continue ! Elles rendent sans doute encore plus fous ceux qui le sont déjà et qui n'attendent que ça pour passer à l'acte. Allons plus loin : n'est-ce pas toute notre société, dans son obsession du contrôle, de la surveillance et de la prévention, qui est devenue doucement folle ?

mardi 1 août 2017