mercredi 30 août 2017

Règlement de comptes



Le procès fait à Benoit Hamon par certains socialistes, dont les plus éminents, est indigne. La figure du bouc émissaire est détestable en politique. Ce n'est pas Hamon qui a perdu aux dernières présidentielles : c'est tout un parti, je dirais même toute une idéologie, qui doit chercher à comprendre son échec, se reconstruire en se renouvelant, pas en s'inventant de faux responsables. Combien de fois faudra-t-il le dire ou l'écrire ? Les défaites comme les victoires, sous l'apparence d'un homme, sont toujours collectives.

Le procès fait à Benoit Hamon est d'autant plus détestable qu'il a quitté le Parti socialiste (à tort ou à raison, c'est une autre question), qu'il n'a plus de comptes à lui rendre, que la page est tournée, que son avenir se joue ailleurs. Un parti qui regarde en arrière au lieu d'aller de l'avant est mal ... parti. Quel est donc l'acte d'accusation ? Hamon aurait détourné de l'argent, rien que ça ! Les fonds de sa campagne présidentielle auraient servi à financer son nouveau mouvement.

Ah ! l'argent. J'ai toujours connu ça, à n'importe quel niveau : quand on veut couler quelqu'un, on va fouiller du côté de l'argent et du sexe, c'est-à-dire de la vie privée, puisqu'il n'y a rien de plus intime que ces deux domaines-là : avec qui tu couches ? Combien tu gagnes ? Il y a bien sûr le conjoint reconnu et la rémunération officielle. Mais nous devinons que la sexualité comme les biens d'un individu ne se réduisent pas à aux apparences légales.

En France, le sexe ne marche pas trop, parce qu'il fait rire et que nous sommes sur ce point très libres, contrairement aux Américains. Mais il est probable que nous allons y venir, comme en tant d'autres choses. L'argent, en revanche, est un soupçon efficace : Benoit Hamon y a donc droit, balancé par ses anciens camarades (qui n'étaient que de faux frères, sinon ils ne se comporteraient pas ainsi). L'argument est léger et même idiot : il y aurait un décalage suspect entre ses frais de campagne et le résultat obtenu. Comme si les voix correspondaient au nombre d'euros qu'on met pour les obtenir !

Je crois Benoit Hamon innocent et ses prétendus amis en quête de revanche, de règlement de comptes. "Malheur au vaincu !" c'est aussi le cruel adage de la vie politique. Les socialistes sont tombés bien bas pour en arriver là. Ce sont des morts qui s'affrontent dans un cimetière. La grande et belle histoire du socialisme français ne méritait pas cette fin-là.

Aucun commentaire: