lundi 30 juin 2014

Nuit bleue



En allant ce soir au théâtre Jean-Vilar pour assister au spectacle d'enfants de l'école Lyon-Jumentier (voir billet de demain), j'ai rencontré plusieurs véhicules, drapeaux français déployés, tous feux allumés et klaxonnant (vignette 1, rue Emile Zola ; vignette 2, à l'entrée de la rue de la Comédie). Il était 20h30, une demi-heure après la victoire de notre équipe nationale de football dans la Coupe du monde.

En sortant du théâtre, vers 22h00, surprise : encore les voitures, les klaxons, les feux, les drapeaux, et quelques groupes ou individus isolés dans les rues du centre-ville (vignette 3, devant la basilique ; vignette 4, un drôle de personnage qui s'exhibe sur des sortes d'échasses). J'ai fait un tour, pour sentir l'ambiance, difficile à décrire.

Ce n'est pas une fête, il n'y a pas suffisamment de monde. C'est tribal, clanique, groupusculaire, pas réellement populaire. On entend des cris qui ne sont pas exactement joyeux : c'est masculin, brutal, épais, un côté petit mec, de la testostérone en quête d'excitation. Ce sont des cris de victoire, des décharges d'adrénaline, quelque chose d'un peu violent, une forme d'affirmation de soi, une atmosphère étrange, pas jouissive, pas jubilatoire.

C'est plus une démonstration de force qu'un partage collectif, une satisfaction enragée mais pas un moment de bonheur paisible. Des automobilistes prennent des risques, debout aux portières, ou le coffre ouvert. Devant la basilique, la police veille, contrôle, des agents en uniforme et en civil. Les forces de l'ordre auront cette nuit du travail, d'autant qu'un match en suit un autre, Algérie contre Allemagne. La collusion entre les deux est pleine de danger. Le climat est irrationnel, incertain. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que tout pourrait dégénérer assez vite, du moins ponctuellement, que nous serions rapidement à la merci d'un incident ou d'un accident. Au sol, il y a des débris de pétards.

C'est tendu, lourd, sauvage, anarchique : pas d'embrassades, pas de rires, rien qui permette d'identifier une vraie joie, légère, émotive. Ce n'est pas une communion. Personne ne discute avec personne ; il n'y a que des hurlements qui se croisent. Quelque chose s'exprime ce soir, cherche à se dire, mais quoi ? En tout cas, ce n'est pas le coeur qui parle, plutôt les tripes, une passion qui vient de nulle part (et qui va nulle part ?), qui tourne en rond, comme les automobiles pavoisées ce soir dans les rues de Saint-Quentin (au fait, où sont-ils allés chercher leurs drapeaux tricolores ?). J'ai une certaine expérience des manifestations de masse, des mouvements de foule. Là, c'est différent, ça n'a rien à voir : c'est désorganisé, perlé, sporadique, chaotique. La nuit (la pluie aussi) va sûrement chasser tout ça. Ou plutôt ce côté obscur, sombre d'une furie paradoxalement beaucoup plus individuelle que collective va se fondre dans la nuit. Jusqu'à quand ?

Cérémonie sous influence



La traditionnelle cérémonie de fin d'année scolaire de l'association des amis de l'école publique, à l'école Lyon-Jumentier, a eu aujourd'hui un redoutable concurrent, plusieurs fois cité dans les interventions : le match de foot, presque à la même heure !

Néanmoins, les départs en retraite ont été dignement fêtés, en présence de M. Kraviec, inspecteur de Saint-Quentin, et de Mme Carra, inspectrice de Saint-Quentin nord. Les trois enseignantes mises à l'honneur portent le même prénom, Françoise, Maufroy (maternelle Camille Desmoulins), Caille (école Henri Arnould) et Gobinaux (école des Patriotes, vignette 1, de gauche à droite, puis monsieur l'inspecteur, enfin Jacqueline Hargous, présidente de l'association). Après le rappel du parcours de chacune, le pot de l'amitié a rassemblé les participants (vignette 2).

Un conseil pas comme l'autre



Quand on assiste au conseil d'agglomération, on pense forcément au conseil municipal et on compare. C'est complètement différent. Il n'y a que le lieu et le président qui ne changent pas. La séance a commencé à 13h00, et pas à 18h00, à cause du match de foot. Au balcon, j'étais tout seul (à part le photographe de L'Aisne Nouvelle). Le FN et le PCF étaient là, mais pas mon chef ("absent") ni ma cheftaine ("pouvoir"). Xavier Bertrand ne portait pas de cravate, son vice-président non plus, ainsi que plusieurs élus. Olivier Tournay, au privilège de l'âge, était secrétaire de séance, tout à côté de Xavier Bertrand, et se donnait la parole à lui-même, en tant que maître des micros : tout ça fait un peu bizarre. "On se complète bien", a dit le maire à celui qui était aujourd'hui son unique opposant, et le seul intervenant de toute la séance. Décidément, un conseil d'agglo n'est pas un conseil comme un autre ...

Pourtant, les sujets abordés sont des sujets comme d'autres, très politiques. La communauté d'agglomération ne respecte pas la loi, dixit Xavier Bertrand, en ne mettant pas une aire de grand passage pour accueillir les gens du voyage, ce qui entraîne des occupations sauvages. Sujet délicat s'il en est : sur quelle commune va-t-on installer cette structure ? On devine les réticences des uns et des autres. Pour Xavier Bertrand, c'est l'intérêt communautaire qui doit prévaloir, pour lequel il faudra trancher.

Le compte administratif 2013 a été présenté par Guy Dambre. Olivier Tournay a émis quelques critiques : la hausse de la taxe des ordures ménagères, la baisse de la dotation de l'Etat. Résultats du vote : 1 contre, 2 abstentions, le reste pour. L'élu communiste a regretté la hausse des tarifs des piscines et de la BUL. "Tout augmente" (frais de chauffage, d'entretien, ...), a répondu Xavier Bertrand, en soulignant cependant le faible impact sur le prix des entrées, et en préférant que l'usager plutôt que le contribuable subisse cette hausse.

Le prix de l'eau lui aussi augmente (pour couvrir notamment les investissements). C'est pourquoi le président de l'agglomération propose de réfléchir à une stratégie globale sur tout le mandat. Sur ce dossier aussi, Olivier Tournay a joué son rôle d'opposant, en repérant une contradiction dans le rapport concernant la qualité de l'eau et la présence de plomb. Xavier Bertrand a indiqué que le contrôle des 300 km de réseau serait renforcés et que des réfections auraient lieu pour minimiser les fuites. Sur l'eau, il a été question des mauvais payeurs, qui n'honorent pas leurs factures, laissées à la charge de la collectivité : ceux qui ont les moyens de les régler seront sévèrement rappelés à l'ordre, avec une tolérance à l'égard des personnes réellement en difficulté de payer.

Un point de l'ordre du jour sur la réserve du marais d'Isle a donné l'occasion à Xavier Bertrand de revenir sur la petite polémique avec L'Aisne nouvelle. Samir Heddar, le rédacteur en chef, ayant récemment répondu dans le journal, le maire de Saint-Quentin a fait une réponse à la réponse. On pourrait continuer longtemps la partie de ping pong. Ce diable d'homme ne lâche rien ...

Le conseil d'agglomération aura duré une toute petite heure, pour une petite quarantaine de dossiers. Avec l'entrée de l'opposition, les séances sont un peu plus vivantes et un peu plus démocratiques. Mais il reste encore beaucoup à faire. Et en premier lieu que l'ensemble de l'opposition soit présente et s'exprime. Quand elle ne pouvait pas siéger, dans les mandatures précédentes, elle le regrettait vertement. Qu'elle en profite donc pleinement aujourd'hui.

dimanche 29 juin 2014

O gays, vive la rose !



J'ai fait un p'tit tour hier après-midi par la Gay Pride, à Paris. Pourtant, je ne suis qu'un pauvre "hétéro normé", pour parler le langage LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transsexuels), en vigueur tout au long du boulevard Saint-Michel. Le carré de tête était mené par la toute nouvelle maire de Paris, Anne Hidalgo, hétéro elle aussi, mais ici comme un poisson dans l'eau (vignette 1). La banderole qui barrait la rue disait tout : "Nos corps, nos vies, nos familles : plus de droits pour tou-te-s !"

La Gay Pride, c'est pas mon style, je ne faisais pas très couleur locale, mais c'est ma famille, celle de la gauche, des défenseurs de toutes les libertés qui n'empiètent pas sur celles des autres. Bon, les homos en font parfois un peu trop, comme ces militants radicaux qui accusent violemment le gouvernement de ne pas en faire assez (notamment en matière de PMA et GPA). Le mariage homosexuel, c'est quand même le PS, et ça a été moins facile qu'on pouvait le penser !

Sur le fond, quelque chose me surprend : il y a 30 ou 40 ans, être pédé, gouine, bi ou trans, c'était contester l'ordre établi, la morale conventionnelle, la société bourgeoise. Aujourd'hui, nos amis LGBT ne sont plus en quête de différence, de liberté, de révolte mais de reconnaissance, de normalisation, de respectabilité. Avant, leurs amours étaient dissidentes, marginales, transgressives ; désormais, elles recherchent à s'intégrer à la société, en se mariant, fondant une famille, etc. Elles y gagnent sûrement en sécurité matérielle, légale et morale ; mais elles y perdent en romanesque, en singularité, en provocation : vouloir être comme tout le monde, quelle tristesse ! Bientôt, les vrais hérétiques, ce seront les hétéros ...

Parmi les nombreux chars, j'ai retenu celui des policiers et des gendarmes (vignette 2), d'abord parce qu'ils m'ont tiré dessus avec leurs pistolets ... à eau. Mais je n'ai pas été touché, puisque j'étais déjà trempé par la pluie. Ensuite parce que le passage devant leurs collègues CRS, vigilant tout au long du parcours, ne manquait pas de piquant. Enfin parce que c'est la preuve qu'il n'y a plus à craindre de désordre moral lorsque les forces de l'ordre elles-mêmes sont gagnées par l'esprit et la pratique LGBT.

Autre char révélateur : celui du mouvement GayLib (vignette 3), les homos de droite, rattachés à l'UDI, c'est-à-dire ce qui était il n'y a pas si longtemps, ce qui redeviendra sans doute prochainement une composante de l'UMP. Voilà comment la gauche remporte des victoires ! Non pas en écrasant l'adversaire politique, mais en le raccrochant à son char, derrière les partis de gauche et d'extrême gauche, les syndicats, les associations progressistes et le petit MoDem. Vous verrez : un jour ou l'autre, ils y viendront tous, Juppé, Fillon, Bertrand, bras dessus bras dessous ... Mais les premiers, ç'aura été nous, les socialos !

Pour finir, je devais satisfaire au folklore, immortaliser deux superbes drag queens (vignette 4). Pour prouver aussi qu'il n'y a nulle décadence dans ce genre d'exhibition, aucun danger pour les moeurs : c'est carnaval, tout simplement, pas plus inquiétant que des Berrichons en costumes qui dansent la bourrée au son de la vielle (là, pour le coup, je me sentirais plus couleur local, quoique le fond soit un tantinet réac). Ceci dit, qu'est-ce qu'un pauvre "hétéro normé" comme moi peut comprendre à tout ça ?

Eko 1er



C'est à minuit pile, hier soir, rue de la Sellerie (vignette 1), que les résultats du Tremplin des musiques actuelles ont été proclamés, sur scène, par Marie-Laurence Maître, adjointe à la Culture, au côté de Claude Estève, animateur de ces deux folles soirées dont l'ardeur n'a pas été entamée par le temps maussade (vignette 4). Le gagnant est ... Eko, groupe saint-quentinois, Charly, Yow, Yann et Loud. En seconde position : LaMiFa, qui nous vient de la Somme. Ils étaient 17 au départ, et 6 sélectionnés. La dernière prestation a été celle de Naevia, les gagnants de l'an dernier (vignette 2). Mention spéciale pour le jury (une partie, vignette 3), qui a bravé les intempéries. Le Tremplin, c'est maintenant l'an prochain.

samedi 28 juin 2014

L'atelier occupe le théâtre



L'atelier-théâtre de la Manufacture nous a offert hier soir, sur la scène du théâtre Jean-Vilar, une belle démonstration de ses talents, en jouant devant un public nombreux et conquis "Se(r)vices publics", sous la direction de Didier Perrier (il faut dire : la "mise en jeu et en espace").

L'intention est dans le titre : une critique de la déshumanisation à l'oeuvre à l'école, la télévision, la Poste ou Pôle Emploi. C'est très efficace, très drôle et très vrai : on se reconnaît sans difficulté dans les situations mises en scène, qui témoignent d'une certaine absurdité de la vie quotidienne. Bravo aux 20 comédiens qui se sont prêtés au jeu, à tous les sens du terme (en vignette, le final).

vendredi 27 juin 2014

Une question de vie ou de mort



En politique, quand on est honnête et cohérent, il n'y a aucune raison de changer d'avis. Seuls les opportunistes modifient leur opinion au gré des situations, soutenant parfois le contraire de ce qu'ils avaient défendu la veille. Mes lecteurs peuvent être en désaccord avec mes prises de position : en 8 ans de blog, elles n'ont guère varié. Il y a tout de même une exception : mon jugement sur l'euthanasie. J'ai été longtemps favorable, sans hésiter : aujourd'hui, je m'interroge, je doute et je serai plutôt contre. Les affaires Lambert et Bonnemaison ont relancé le débat, une loi est sans doute prévue pour l'an prochain, il est temps de faire le point.

Au départ, comme tout le monde, je suis pour le libre choix : continuer de vivre ou non. Surtout, une vie de souffrance extrême et irrémédiable n'est pas une vie. La loi sur l'euthanasie s'imposait donc à mes yeux. Qu'est-ce qui me rend maintenant plus méfiant ? Je ne suis plus sûr du tout qu'on puisse parler de liberté. Dans le coma, il est évident qu'elle n'existe pas. Mais en état de conscience, que choisit-on vraiment ? Quand j'autorise à ce qu'on prélève des organes sur mon corps après ma mort, je le fais en connaissance de cause, dans une situation très précise. Mais demander à être débranché (expression horrible) dans une situation extrême, je ne sais pas très bien d'avance laquelle, nous avons du mal à nous projeter dans un tel drame, à l'anticiper, à décider ce que nous voudrions alors.

Et comment confier, déléguer le terrible choix à une autre personne, parent, famille, médecin ? La liberté ne peut qu'être personnelle, pas assumée par quelqu'un d'autre que moi. Bref, je pense qu'il y a un problème difficile à régler, que je n'arrive pas à surmonter quand j'y réfléchis bien. Ce qui me dissuade finalement, ce sont les arguments des partisans de l'euthanasie : ils se réclament d'une évidence trop facile, le refus de la souffrance, mais leur vocabulaire est contestable. Par exemple, comment peut-on parler d'une "mort douce" ou d'une "mort digne" ? La mort est toujours violente, dégueulasse, indigne, tragique, la vie lui est supérieure. La notion de "suicide assistée" est terrifiante : le suicide est un échec, un drame, une folie que rien ne peut justifier, légaliser.

Il y a autre chose qui me gêne. La loi sur l'euthanasie, de l'aveu de ses défenseurs, ne concernerait qu'un nombre très minime de grands malades en fin de vie. Mais justement, c'est ce qui ne va pas : une loi est une norme générale, elle ne peut pas statuer sur des cas exceptionnels, qui doivent trouver bien sûr une solution humaine et médicale, mais sous une autre forme que juridique. Le débat sur l'euthanasie traduit bien un défaut de l'époque : vouloir tout soumettre à la loi, croire que celle-ci est la réponse à nos drames les plus intimes et les plus insolubles.

Autre chose me fait carrément peur : c'est la facilité à laquelle notre société pourrait succomber en adoptant une telle loi. On règle un problème, non pas en lui apportant une solution, mais en supprimant le problème. Quelqu'un qui sombre dans un état végétatif ou dont le handicap est extrême coûte cher à la collectivité et est une charge matérielle et psychologique pour les familles. Alors, la mort règle tout, mais à quel prix moral et humain ! L'histoire de l'humanité a souvent montré que les individus sont capables du pire, y compris sous les meilleures intentions du monde. Se tuer par amour, faire le sacrifice de soi, j'y crois. Mais tuer l'autre par amour, c'est un mensonge, une hypocrisie, un crime. On peut sans doute être amené à tuer quelqu'un pour des tas de raisons plus ou moins légitimes, l'intérêt, la haine, la pitié : mais pas l'amour ! L'amour veut la vie de l'autre, pas sa mort.

Un sondage annonce que 9 Français sur 10 seraient pour une loi sur l'euthanasie. Dans une société qui se divise très facilement sur n'importe quoi, qui s'est récemment divisée sur cet autre débat de société qu'a été le mariage homosexuel, l'euthanasie passerait comme une lettre à la poste, alors que c'est la question la plus grave, la plus complexe qui soit, une question de vie ou de mort ? C'est bien ça qui m'inquiète, qui me fait hésiter : le consensus trop rapide, trop facile qui s'établit autour de ce sujet. Il y a des formes d'unanimité qui sont suspectes, qui en tout cas conduisent à s'interroger. Ce sera précisément l'objet du débat, qui peut encore modifier mon point de vue.

jeudi 26 juin 2014

Lavrilleux le Maudit



Presse, radio, télévision, le Saint-Quentinois Jérôme Lavrilleux est devenu en quelques jours une vedette nationale, dans l'affaire Bygmalion. Il avait fait parler de lui, mais brièvement, lors de l'élection contestée de Jean-François Copé à la tête de l'UMP. Depuis, sa confession en direct sur BFMTV a marqué, et il n'est plus question que de lui quand sont évoquées les mésaventures financières du parti. Mais ce vedettariat est négatif : les jugements portés sur Jérôme Lavrilleux, venant des journalistes ou même de certains de ses amis politiques, sont durs, sévères, parfois cruels.

Je ne vais pas joindre ma voix à cet hallali. Quand quelqu'un est à terre et détesté par presque tous, en voie d'être exclu de son parti, je n'augmente pas la meute. C'est une question de principe. Mais il y a d'autres raisons. D'abord, c'est une affaire de justice : fausses factures, dépassement des comptes de campagne, les tribunaux doivent instruire le dossier, faire leur travail et juger. Les politiques ne doivent pas se substituer à eux, utiliser ce scandale à des fins partisanes. Ce devrait être une ligne de conduite permanente : distinguer strictement le politique et le judiciaire.

D'autant que l'exploitation de l'affaire Bygmalion ne rapportera pas une voix à la gauche. Le gagnant, c'est toujours le même, c'est celui qui profite des dérives de la République : le Front national, évidemment, qui alimentera ainsi sa rhétorique anti-système. Surtout, Jérôme Lavrilleux joue dans cette affaire, volontairement ou pas, le rôle de bouc émissaire, de fusible, un paratonnerre derrière quoi se cachent les véritables responsables. Car qui est Lavrilleux ? Pas essentiellement un leader politique, bien qu'il soit conseiller général et maintenant député européen. C'est un brillant second, un fidèle lieutenant, un technicien, un organisateur au service de ses patrons, Copé et Sarkozy. Les responsables, ce sont eux, et lourdement responsables, si la justice confirme ce qui a été révélé.

Je ne plaindrais pas non plus Jérôme Lavrilleux. Il n'est pas une victime, il a fait des choix, il s'est retrouvé à un niveau forcément à hauts risques. De plus, tout n'est pas fini pour lui : ce genre de vie est fait pour rebondir. Mais il est inutile de l'enfoncer encore plus.

mercredi 25 juin 2014

En finir avec les notes



En pleine période de correction des copies du bac, je suis particulièrement sensible au débat lancé hier par le ministre de l'Education nationale sur la notation des élèves. Mon avis : Hamon a complètement raison, il faut critiquer et faire évoluer le système de notation. Au préalable, une précision : évaluation et notation, ce n'est pas la même chose. Tout travail d'élève doit être évalué, ça fait partie du métier et de la mission d'un enseignant. Evaluer, c'est-à-dire rendre compte de sa valeur, l'expliquer, porter un jugement. Mais cette tâche se traduit-elle nécessairement par une note ? Non, pas forcément.

Ceux qui suivent ce blog savent que j'y dénonce fréquemment la dictature des chiffres, propre à notre société, qui se targue ainsi d'une objectivité apparente, d'une fausse scientificité. C'est le cas avec les notes, la manie de tout noter et de tout classer, qui laisse parfois croire que notre société est devenue une immense école, ou plutôt ce qu'il y a de plus contestable dans le système scolaire, la notation. Car il y a quelque chose de barbare, de sommaire, de réducteur à vouloir accoler un chiffre à des qualités intellectuelles et humaines, pour lesquelles les mots sont beaucoup plus appropriés. Une appréciation est plus fine et plus riche qu'une note sèche, abrupte, péremptoire.

J'ai trois reproches essentiels à faire à ce système :

1- La notation est injuste. Quand les professeurs, de toute discipline, comparent leurs notes, ils constatent souvent des écarts importants. C'est que la note souffre de sa trop grande précision, pour un travail sur lequel il serait plus juste de porter un jugement général, diversifié, nuancé. Pour tout dire, la note a quelque chose de bête dans sa simplicité même. Elle n'est pas assez intelligente pour qualifier l'intelligence d'un travail. Son obsession de l'exactitude la condamne. Quand elle s'interroge gravement sur les demi-points, elle confine au ridicule. La notation embarrasse le professeur et peut induire en erreur l'élève, qui se contentera d'un 10, croyant que le chiffre magique de la moyenne est suffisant, que la barre symbolique franchie est réconfortante, alors qu'il n'en est rien du tout. Le drame d'une note, c'est qu'on croit qu'elle est parlante : en réalité, elle ne dit pas grand chose, tout chiffre étant relatif (une note ne peut pas être isolée des autres notes de la classe ; elle n'a pas la valeur absolue qu'on lui prête couramment).

2- La notation est inefficace. A part pour une petite minorité d'élèves, j'ai remarqué que les notes ne faisaient guère progresser ceux qui en ont le plus besoin. Au contraire, elles font souvent stagner, végéter. Il y a un côté désespérant chez les élèves en difficulté à voir que leurs notes n'avancent pas beaucoup, alors que chez les meilleurs elles se contentent de plafonner tout au long de l'année. Les notes écrasent ceux qui ont besoin d'évoluer et elles confortent dans leur supériorité ceux qui ont moins d'efforts à faire que les autres. Il y a aussi le phénomène, assez fréquent, des notes en dents de scie, qui ne prouvent pas grand chose. La notation à répétition n'en dit pas plus sur l'élève et ne l'aide pas mieux. Pour un enseignant, tout ce qui ne permet pas de progresser n'est pas vraiment utile. De ce point de vue, les notes sont plus souvent des freins, des dissuasions que des boosters, des encouragements.

3- La notation est perverse. C'est le reproche le plus grave que je lui adresse. Le système de notation a un caractère immoral, alors même qu'il se veut une forme de moralité, une expression de la justice. Les élèves n'apprennent plus à travailler gratuitement, pour eux-mêmes, mais pour la note qui les attend. C'est l'âne qui avance à la carotte, l'enfant qui réclame son bonbon. En ce sens, le système de notation est infantile, régressif. Il ne prépare pas du tout l'élève à sa future vie professionnelle, où les notes seront absentes.
Tous les enseignants ont fait cette triste expérience : dès qu'un travail n'est pas noté, il perd, aux yeux des élèves, de sa valeur, il n'est pas pris au sérieux. Bref, les notes inculquent l'idée pernicieuse qu'un travail ne serait pas estimable en lui-même, par les efforts déployés ou les qualités requises, mais seulement par sa petite rétribution chiffrée. La note, c'est la petite pièce ou le gros billet donnés au mendiant.
Ainsi se développe un comportement consumériste d'un genre particulier, scolaire : l'élève se concentre sur les devoirs qui sont "payants" en termes de notation. Les plus malins, à la fois intelligents et paresseux, en feront le moins possible, sachant qu'une bonne note les sauvera. Les plus courageux, qui prennent des risques, subissent par conséquent des échecs, seront pénalisés par de mauvaises ou de médiocres notes. Si ça n'est pas du vice !
Et je ne parle même pas des réactions humaines que provoquent les notes : vanité, mesquinerie, jalousie, prétention, rivalité, ... Le meilleur argument contre les notes, c'est que les élèves en raffolent, en redemandent, parce qu'ils sentent bien, tout humains qu'ils sont, le profit qu'ils peuvent en tirer, l'usage de facilité qu'ils peuvent en faire. L'école n'a pas à suivre le désir des élèves, mais leur imposer ses propres normes, qui ne passent pas automatiquement par les notes.

Faut-il en finir avec les notes ? Le titre de ce billet est un peu fort. Disons qu'il faut revoir leur place dans le système scolaire. J'ai trois propositions à faire :

a- Réduire le rôle, le nombre, l'importance des notes, cesser de noter à toute occasion, pour n'importe quel exercice. Développer le travail libre, gratuit, formateur. Les notes ont surtout leur raison d'être pour les examens et concours. En classe, il faut limiter leur usage.

b- Concevoir les notes surtout comme des indicateurs utiles et relatifs pour les enseignants, mais en restreindre leur rôle auprès des élèves, puisqu'on vient de voir qu'il était contre-productif. De même qu'au baccalauréat, le livret scolaire est consultable par les professeurs et sans usage pour les élèves.

c- Resserrer la notation de 0 à 5, si l'on veut absolument attribuer une note, ou reprendre le système plus vertueux et plus juste des lettres A, B, C, D, E : très bon, bon, moyen, mauvais, très mauvais, à la limite c'est suffisant pour juger un travail.

Le ministre de l'Education nationale a été dans son rôle en lançant ce débat. Mais ce serait une catastrophe de le laisser entre les mains des politiques et des parlementaires, qui en feront nécessairement un usage partisan. On connaît la chanson : celui qui veut en finir avec les notes est un vilain laxiste qui veut en réalité détruire l'école, celui qui veut maintenir les notes est un doux nostalgique de l'école d'autrefois ! Non, la question doit être examinée par les professionnels de l'éducation, enseignants et pédagogues, en associant les syndicats et les associations de parents d'élèves.


Au fait, vous me mettez quelle note pour ce billet ?

mardi 24 juin 2014

On est les champion(ne)s !



Sympathique cérémonie de remise des prix aux meilleurs élèves, en fin d'après-midi, au lycée et collège Henri-Martin. La foule est venue nombreuse dans la cour d'honneur (vignette 1) : normal, les parents aiment bien s'entendre dire que leurs enfants sont parmi les meilleurs, ce qui leur permet à eux aussi de faire un peu partie des meilleurs, par progéniture interposée.

Les professeurs, de même, sont heureux de savoir que leurs élèves sont les meilleurs, puisqu'ils se disent qu'ils y sont sûrement pour quelque chose (vignette 2, avec Amandine, Lucile, Ariane, Chloë, Eve, Camille et Salomé, de la Terminale littéraire). La direction, à son tour, se félicite que l'établissement abrite autant de champions. Bref, tout le monde est content, applaudit et s'applaudit.

Mais ce ne sont pas seulement les forts en thème qui sont récompensés : les sportives ont droit à être distinguées (vignette 3, avec M. Tabary, proviseur et principal). L'excellence, c'est la tête et les jambes !

Les adultes n'échappent pas à la reconnaissance publique : Mme Charpentier, pendant de longues années représentante des parents d'élèves, a été récompensée pour son travail par une boîte de chocolats, offerte par M. Dupont, principal-adjoint, accompagné par M. Vallez, principal-adjoint (vignette 4).

Après une collation, nous nous sommes séparés dans la joie et la bonne humeur, très loin du débat initié aujourd'hui même par le ministre de l'Education nationale à propos de la notation scolaire (sur lequel je reviendrai demain) : logique, nous étions entre champions. Mais j'ai aussi une pensée, ce soir, en cette fin d'année scolaire, pour tous mes autres élèves qui ne sont pas, pour des tas de raisons, des champions.

lundi 23 juin 2014

Trois mois de Garand



Je ne sais pas si beaucoup vont penser à cet anniversaire, même parmi mes camarades : il y a aujourd'hui trois mois exactement que Michel Garand devenait le nouveau chef de file des socialistes saint-quentinois. Quand on n'est pas socialiste, je comprend que la date n'intéresse pas. Mais pour moi, c'est important. Avec Michel Garand, c'est un visage nouveau qui s'est imposé à gauche, là où tout le monde s'attendait à voir Anne Ferreira. C'est donc quelqu'un qui reste à découvrir, dans le difficile exercice d'homme public. Trois mois, ça ne suffit certes pas à établir un bilan sérieux. Mais j'ai un principe de vie, qui est aussi une expérience partagée : ce qu'on n'est pas tout de suite, on ne le devient pas plus tard ; ce qu'on ne fait pas immédiatement, on ne le fait jamais.

Si la désignation de Michel Garand a débouché sur une nouvelle défaite électorale, elle a aussi été, paradoxalement, un espoir pour les socialistes, une rupture annoncée et assumée avec l'opposition précédente, ses alliances extrêmes et son inactivité de terrain. Je reste néanmoins persuadé que j'aurais fait un meilleur opposant à Xavier Bertrand, plus pugnace, plus inattendu et sûrement plus haut en couleur, plus apte aussi à mobiliser et à développer dans la vie publique locale des sections inertes, absentes, microcosmiques. Mais à chacun son style. Et surtout, il y a le choix des adhérents, qui est indiscutable, sans appel : c'est Michel qui les a convaincus, et mon nom a suscité le rejet. Je n'y reviens donc pas.

Trois mois d'opposition, ça donne quoi ? En conseil municipal, il est évident que nous avons un rival plein de talent et d'expérience : le jeune communiste Olivier Tournay. Pour le moment, c'est lui qui tient la dragée haute au maire de Saint-Quentin, du moins qui essaie, tout solitaire qu'il est. Michel Garand est peu intervenu, d'une voix blanche, un peu hésitante, en contraste avec le ton agressif de la campagne des municipales. Il devra hausser la voix, se montrer plus offensif, imposer le leadership socialiste au sein d'une opposition multiforme. C'est sans doute une question de temps et d'adaptation. Les autres conseillers municipaux devront forcément le seconder, l'appuyer, monter au front à ses côtés. La tâche est très difficile, mais ils l'ont voulu, personne ne les a forcés et ils ont été élu pour ça : faire le job, s'opposer à la droite, proposer une alternative.

Faire le job, c'est aussi assurer le travail de représentation. Là, ce n'est pas au point, on est encore dans la continuité de la précédente opposition. La présence dans les événements publics de la ville est, selon moi, insuffisante. Ne croyez pas que je charge le bourricot, que je cède à la critique facile ou que je demande des choses impossibles : non, encore une fois, un élu est un représentant de la population, y compris un élu de l'opposition. A ce titre, il doit effectuer cette fonction de représentation, qui ne se limite pas à de la présence, encore moins de la figuration, mais à rencontrer, écouter, discuter avec les Saint-Quentinois, lors des nombreux événements, de toute sorte, qui constituent la vie d'une collectivité. A quatre élus socialistes, ils doivent quand même pouvoir y arriver !

A Michel Garand, je souhaite aussi de ne pas se cantonner dans un rôle d'élu, mais d'exercer une véritable fonction politique au sein de la gauche locale. D'abord, en faisant tout pour amener à l'unification des sections socialistes du Saint-Quentinois. Ensuite, en procédant au renouvellement nécessaire des responsables : aussi talentueux que pourra être Michel en conseil municipal, il n'arrivera à rien sans le soutien actif d'une section socialiste forte et conquérante. Actuellement et depuis déjà longtemps, c'est l'encéphalogramme plat.

La tâche de Michel Garand est en fait immense : rien moins qu'insuffler un nouvel état d'esprit chez les socialistes locaux, rompre avec l'ambiance mortifère, redonner de la vie, de l'énergie, de l'ambition, de l'espoir. C'est tout ce que je souhaite à Michel, en cette date anniversaire. Et si je peux l'y aider, à mon petit niveau qui est le mien, celui d'un simple adhérent, je le ferai bien volontiers. Nous avons six ans devant nous. C'est long, six ans. C'est bien, six ans, nous avons le temps.

dimanche 22 juin 2014

Une fête qui roule



La Fête du vélo, qui entre dans sa 9e édition, est une affaire qui roule, pas seulement sur le bitume, mais aussi dans les airs (vignette 1). Les grands sont en selle, ainsi que les petits, guidés par Fabrice Leroy et la police municipale à respecter le Code de la route et à bien s'arrêter au feu rouge (vignette 2). A votre avis, sur quoi s'est terminée la Fête du vélo ? Sur un défilé de 200 motos (!), pour la bonne cause, le don du sang (vignette 3). La journée a été conclue par la remise des trophées (vignette 4), entre le champion Martial Gayant et l'adjoint aux Sports Frédéric Alliot, très à l'aise, souriant, appelant chacun par son prénom, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Là aussi, c'est une affaire qui roule.

Une délibération inepte



Claude Gewerc, président du Conseil régional de Picardie, sera demain soir à Athies-sous-Laon, devant l'UDESR de l'Aisne (Union départementale des élus républicains et socialistes), pour expliquer tout le mal qu'il pense de la réforme des collectivités territoriales, spécialement de la fusion entre notre région et la Champagne-Ardennes. Une délibération en ce sens a été adoptée vendredi soir à Amiens, par l'assemblée régionale unanime. Elle est inepte. D'abord, cette unanimité qui va des communistes aux frontistes a quelque chose de politiquement scandaleux. Ils se tirent sans cesse la bourre et là, ils se retrouvent tous pour rejeter une grande réforme gouvernementale. Mais surtout, il faut lire la pauvreté des arguments, que je vous détaille et commente :

1- "Des territoires très éloignés". Ah bon ? Et dans l'actuel périmètre de la région, entre Château-Thierry et Doullens, c'est peut-être tout proche ? A l'heure des liaisons informatiques, je crains que le Conseil régional de Picardie ne raisonne en trajets de diligence.

2- "Des dynamiques divergentes". Non, il y a une véritable cohérence régionale à rapprocher la Picardie et la Champagne-Ardennes, dans le secteur agro-alimentaire notamment. D'ailleurs, les secteurs industriels et agricoles accueillent favorablement cette fusion. Et puis, les convergences, ça se crée, par la volonté politique.

3- "Sans que les populations concernées le souhaitent". Non, les élus régionaux n'en savent rien du tout. Inutile alors de faire parler la population. Quand celle-ci sera correctement informée du projet de réforme territoriale, je ne suis pas certain qu'elle dise non, je pense aussi qu'elle a d'autres préoccupations.

Le texte de la délibération avance des propositions, tout aussi contestables que son analyse :

a- "Un Grand Nord de la France". Non, ça ne va pas, les nordistes ne veulent pas des picards. Le Nord regarde vers le nord de l'Europe, pas vers le sud de la région. Vouloir se marier avec quelqu'un qui ne veut pas de vous, ça rime à quoi ? Claude Gewerc lorgne même vers la Normandie. Mais en quoi les Normands seraient-ils plus picards que les Ardennais ? A vouloir défendre une soi-disant identité régionale, on s'embrouille.

b- "Des coopérations interrégionales", "une mutualisation des moyens", "des délégations de compétences à des agences communes à plusieurs régions". Toutes ces suggestions prouvent au moins une chose : c'est que la région doit être renforcée dans ses pouvoirs et élargit dans son périmètre. Mais nos élus picards n'osent pas aller jusqu'au bout de leur logique. Ils me font penser à ces partisans de l'Europe, qui veulent bien d'un peu d'Europe, mais de pas trop d'Europe. Bref, ce sont des hésitants, des timorés, des mollassons.

La position du Conseil régional de Picardie est d'autant plus inepte que la fusion, de tout façon, se fera. Au lieu d'entrer dans la négociation en position de force, avec un état d'esprit ouvert et la capacité de défendre les intérêts picards, le refus frontal ne débouche sur rien, réduit toute influence possible, écarte du futur projet. Plutôt que de répondre niet, la Région aurait mieux fait de dire chiche !

La droite évidemment s'en donne à coeur-joie, trop heureuse d'enfoncer un coin dans les rangs de la gauche. On l'a bien vu lors de la séance du conseil municipal de vendredi à Saint-Quentin. Monique Ryo s'est plaint des difficultés ferroviaires à circuler dans la région à naître, obligeant, pour aller d'un bout à l'autre, de passer par Paris. Pas besoin d'aller chercher aussi loin : depuis longtemps, à l'intérieur même de l'Aisne, pour aller par exemple en train de Saint-Quentin à Château-Thierry, il faut passer par Paris. L'argument de Monique Ryo tombe donc de lui-même. Sa proposition, qui est l'alternative de la droite picarde, est assez stupéfiante : créer une nouvelle collectivité, le Conseil de Picardie, dans lequel fusionneraient les trois départements, sur le modèle de ... Mayotte. Non, merci, je ne souhaite pas que la Picardie s'inspire d'une île lointaine de l'océan indien, aussi respectable soit-elle !

Xavier Bertrand, à la suite de Monique Ryo, a dénoncé le rôle des "barons socialistes" dans le découpage régional. Mais je m'en réjouis, au contraire ! Fallait-il que cette réforme se fasse sans consulter les premiers concernés, les élus régionaux, qui sont en effet, dans leurs exécutifs, à peu près tous socialistes ? Le député-maire de Saint-Quentin propose des référendums régionaux qui seraient simplement consultatifs. Non, le sujet est trop complexe, trop technique, avec des options trop multiples pour être livré à un référendum. Et puis, aussi nécessaire soit cette réforme, je ne pense pas non plus, comme je l'ai dit, qu'elle soit un souci premier de nos concitoyens.

"La classe politique locale ne se fera jamais hara-kiri", affirme Xavier Bertrand. Là, je pourrais être d'accord avec lui, à trois réserves près : d'abord, ce qui est demandé aux élus n'est tout de même pas aussi tragique que le sacrifice rituel des guerriers japonais ; ensuite, on peut aider les récalcitrants à faire le geste fatal, s'ils ont des difficultés à le faire par eux-mêmes ; enfin et surtout, il ne faut pas préjuger du degré de conscience de notre classe politique locale : elle aussi peut avoir le sens de l'intérêt général !

Pour conclure, il me vient deux idées, pour la rentrée : créer un collectif des socialistes pro-gouvernementaux qui militeraient pour la défense des réformes en cours, car je pense qu'il y a nécessité ; organiser un front commun des partisans de la région Picardie-Champagne-Ardennes, qui irait de Pierre André à Jean-Pierre Balligand, en passant par toutes les forces économiques et sociales, pour contrer l'axe Gewerc-Ryo-Guinot. La politique est une guerre de mouvement, où l'on combat parfois à front renversé !

samedi 21 juin 2014

En avant la musique



La fête de la musique entre dans sa phase avancée durant la soirée. D'abord, la fanfare déambulatoire The Batter's fait office d'apéritif (vignette 1). Le plat de résistance, ce sont les Pinailleurs, jazz libertaire et rigolo, rue de la Sellerie (vignette 2). Morceaux choisis : Le croque-mort, Igor le chercheur d'or, Vive la vie ! Avec Jean-Baptiste à la batterie, Bertrand à la contrebasse, Arthur au saxophone et Julien, chanteur et guitariste (qui était attendu à Amiens un peu plus tard dans la nuit !). Rue des Toiles, JJ Lemonn et fiston Léo, rejoints par Jean-Luc, ont interprété, en dessert, les succès des Beatles (vignette 3). Rue Saint-André, le groupe rock Kaiser's Band mettait le feu, un digestif qui brûle, sans que les pompiers aient besoin d'intervenir (vignette 4). Finalement, le recours cette année aux groupes locaux, au lieu des pointures nationales, c'est une bonne idée : la fête de la musique se ressource. A l'origine, chacun venait avec son instrument pour faire sa zik. Vive Jack, quand même !

Pour tous les goûts



Fin d'après-midi, ça y est, la foule a investi le centre-ville. Près de l'Hôtel de Ville, l'orchestre d'harmonie de Saint-Quentin, qui reprend des airs populaires, rencontre un gros succès et nous mène tous à la baguette (vignette 1).

A côté du théâtre Jean-Vilar, le style est tout différent, avec les Skamarades (vignette 2), un groupe venu de Cambrai, très anarchisant, comme son nom le fait comprendre, et ses chansons encore mieux : les Politiciens, où nos dirigeants en prennent pour leur grade, et surtout Chute libre, qui se moque allègrement de trois stars déchues, DSK, Cahuzac et le champion cycliste Armstrong. On en ressort avec des envies de révolution !

Devant Saint-Jacques, les Gun Blast (vignette 3) sont comme des lions sans cage : rugissements garantis d'un rock très métal.

Pour terminer ces coups de coeur forcément arbitraires, je choisis les jeunes qui nous viennent de Saint-Martin, Street Music, dans leur libre démonstration de hip hop, rue des Toiles (vignette 4). Il y en a vraiment pour tous les goûts. Et ce n'est pas fini, la soirée nous attend, jusqu'à 1 heure du matin !

Un départ en cloches



Pas grand monde, pour le moment, dans le centre-ville, au lancement de la fête de la musique. Normal, il est 13 heures, le marché plie bagage, les gens vont déjeuner. Mais Francis Crépin, en haut de l'Hôtel de Ville, carillonne des airs connus. Le premier interprète musical de la journée est invisible, tout comme son public (vignette 1). Pourtant, ses cloches qui s'entendent de loin touchent le plus grand auditoire, qu'aucun artiste d'aujourd'hui n'aura, comme Dieu qui domine tout, qu'on ne voit pas et qu'on prie en silence. Pendant ce temps, chez Regin's, on se prépare pour ce soir (vignette 2).

vendredi 20 juin 2014

Le sacre des trentenaires



La séance du conseil municipal a commencé ce soir par l'élection des délégués pour les élections sénatoriales de septembre prochain. Il a fallu que les frères ennemis, PS et PCF, s'unissent pour ne pas avantager le Front national. Résultat des courses : 27 délégués pour la droite, 3 pour le PS, 2 pour l'extrême droite.

Pour l'adoption du compte administratif 2013, Xavier Bertrand a laissé sa place à Frédérique Macarez, en l'absence de Sylvie Robert. Olivier Tournay (PCF) est monté au créneau pour dénoncer un "triste bilan" : hausse des impôts, diminution de la dotation de fonctionnement, augmentation de la dette, perte du nombre d'habitants, privilèges accordés à certaines associations. Frédérique Macarez a soigneusement tout noté et répondu calmement point par point : pas d'augmentation des taux, augmentation des bases qui n'est pas de la responsabilité municipale, baisse des dotations d'Etat, tendance à la reprise démographique, aide apportée sans distinction à toutes les associations.

Frédérique Macarez, Olivier Tournay, l'échange était intéressant. Même génération, des trentenaires, dont nous avons peut-être ce soir assisté au sacre ! Elle, précise, brève, technique, souriante : le successeur de Xavier Bertrand ? Lui, mordant, pugnace, documenté, titillant à de nombreuses reprises le maire, à tel point que celui-ci a lancé à son encontre : "Vous n'êtes plus le même, y aurait-il un leadership de l'opposition à prendre ?" Ces deux-là, Frédérique et Olivier, sont à surveiller : ils ont tout l'avenir devant eux et beaucoup de talent à revendre.

Autre dossier chaud : la réforme des rythmes scolaires. Xavier Bertrand et Olivier Tournay sont autant hostiles l'un que l'autre à cette réforme ... mais parviennent quand même à s'opposer là-dessus aussi ! Le projet du maire (calcul sur l'année, travail le mercredi matin, sauf 7 journées libérées, avec possibilité d'activités périscolaires) se saisit du décret d'assouplissement Hamon, mais ne convainc pas entièrement Carole Berlemont (PS), qui conteste un point : les 3 jours de récupération, consécutifs aux 7 mercredis vaqués, devront être pris sur les grandes vacances, alors que Xavier Bertrand affirme qu'ils seront pris sur les petites vacances (affaire à suivre).

Le conseil municipal s'est terminé par une question orale de Monique Ryo, qui a dézingué en règle la réforme territoriale, en sa qualité de conseillère régionale. Xavier Bertrand en a rajouté une bonne couche. Et mes camarades socialistes ont laissé dire ! Parce que le Conseil régional de Picardie, socialiste, est lui aussi contre cette réforme ? Mon Dieu que la politique est terrible ! Dans cette ville, vais-je être le seul à défendre le gouvernement ?

En conclusion, Xavier Bertrand a taclé L'Aisne nouvelle, à propos d'un article jugé polémique sur la réserve du marais d'Isle. Et dire que certains de mes camarades pensent encore que le journal est au service de la Municipalité !

Entre ici, Jean Moulin



Ce matin, en arrivant à l'inauguration de la plaque consacrée à Jean Moulin, devant le collège du même nom, je n'ai pas échappé à la question ni à la plaisanterie : "les copies de philo du bac qui ont failli être perdues, c'est toi qui les corriges ?" (référence à un fait divers local qui est devenu hier, pendant quelques heures, une actualité nationale). Non, ce n'est pas moi !

Pour honorer la mémoire du grand résistant et martyr, ma collègue Mme Jacquot, professeur de musique, a fait quelque chose d'un peu osé, d'assez original et de très réussi : accompagner la chorale d'élèves à l'accordéon, avec guitare, violon, flûte et clarinette, alors que les officiels se recueillaient en compagnie des porte-drapeaux (vignette 1, au fond à gauche : M. Legrand, principal ; Jean-Jacques Boyer, sous-préfet ; Xavier Bertrand ; Jean-Claude Capèle, conseiller général). Le Chant des Partisans a gagné en éclat, par cette interprétation inattendue (vignette 2).

Après l'allocution du chef d'établissement, c'est François, élève au collège Jean Moulin, qui nous a parlé, avec ses mots à lui, de l'homme qui est mort pour la France et notre liberté (vignette 3). A sa suite, Xavier Bertrand a rappelé que le discours d'André Malraux au Panthéon, lors du transfert des cendres de Jean Moulin, restait une référence indépassable. Jean-Jacques Boyer, au nom de l'Etat, a souligné à quel point le nom de Jean Moulin marquait notre mémoire nationale, puisqu'il est sans doute l'un de ceux qui a été le plus attribué à des collèges et lycées.

Dans vos promenades, passez rue Bellonte, arrêtez-vous devant le collège, ayez une pensée pour Jean Moulin, méditez son exemple : avons-nous tant de héros à honorer dans la France d'aujourd'hui ? (vignette 4)

jeudi 19 juin 2014

Coco look Mao



A Saint-Quentin, la fête des libertés est un événement politique toujours très attendu. C'est en effet le rendez-vous ancien et traditionnel du PCF, une occasion de rencontres, de divertissements et de débats. Il aura lieu dans 15 jours, avec une nouveauté : la fête déménagera du stade Marcel-Bienfait au stade Plein Air. Mais la vraie surprise, c'est l'affiche qui annonce l'événement (voir vignette). Une image politique, ce n'est pas rien, et surtout pas innocent : elle nous apprend beaucoup. Celle des communistes saint-quentinois, cette année, pose pas mal de questions, me laisse un peu dubitatif. En tout cas, devant elle, on ne reste pas indifférent, tant son esthétique est inhabituelle.

Le rouge vif, fréquent chez nos camarades, tourne à l'orange, accompagné d'or, celui des trompettes ( de l'Apocalypse du capitalisme ?) et de la chemise (qui fait un peu uniforme militaire) d'une jeune fille. Son visage est souriant, les traits légèrement asiatiques, les manches retroussées incarnent le courage et le volontarisme, le mouvement du corps est alerte, dynamique, la position des bras fait penser à une danseuse. Il s'en dégage quelque chose de radieux, d'optimiste, d'énergique. Ca ne vous rappelle pas quelque chose ? Moi si, tout de suite, au premier coup d'oeil : un tableau de la Chine de Mao, digne du Grand Bond en avant et de la Révolution Culturelle. Le Grand Timonier aimait à se faire louanger par un essaim de jeunes filles enthousiastes, célébrant les réalisations du communisme oriental et les vertus de son guide suprême.

Pourquoi la section du parti communiste de Saint-Quentin a-t-elle choisi d'illustrer ainsi son affiche, avec cette référence sous-jacente mais très parlante ? Les communistes locaux, depuis quelques années, développent une ligne politique et idéologique assez originale, qui manifestement se cherche des modèles. Dissidents, rebelles ? En tout cas, ils s'opposent fortement à la direction nationale de leur parti, sont très hostiles à la personne de Jean-Luc Mélenchon, critiquent la stratégie du Front de gauche. Ce que j'en comprends, c'est que ces communistes pas comme les autres veulent préserver et retrouver une identité révolutionnaire qu'ils estiment dévoyée depuis déjà pas mal de temps. Autant vous dire que la social-démocratie, c'est vraiment pas leur truc !

Je les observe de près, attentif, curieux, à la fois intéressé et inquiet, bienveillant et critique. Il y a quelques années, leur mentor, c'était Maxime Gremetz, fréquemment invité à la fête des libertés. Maintenant, c'est une figure nationale moins connue, mais à laquelle les communistes de Saint-Quentin sont tout aussi fidèles : Emmanuel Dang Tran, membre du Conseil national du PCF (il sera d'ailleurs présent les 5 et 6 juillet à Saint-Quentin). Aux dernières élections municipales, ils se sont ouverts à l'extrême gauche trotskiste, en prenant sur leur liste l'ancien conseiller municipal NPA Frank Mousset. Les nombreux jeunes qui constituent leurs rangs ont parfois une sensibilité anarchiste ou libertaire. Bref, les rappels idéologiques sont multiples. Il n'en manquait plus qu'un : le maoïsme, qui a connu en France ses grandes heures dans les années 60-70, notamment avec la Gauche prolétarienne, ce qui évidemment de nous rajeunit pas. Mais les jeunes filles chantant des hymnes en l'honneur de Mao Zedong, brandissant le Petit Livre Rouge, ne proclamaient-elles pas que sa géniale pensée était éternelle ?

Allez savoir si, à la fête des libertés, Corinne Bécourt, secrétaire de la section communiste, ne va pas s'afficher en col mao ? T'as le look, coco !

mercredi 18 juin 2014

La gauche manque à l'Appel



Une cérémonie patriotique est un moment grave, qui a cependant ses anecdotes amusantes. Par exemple, cet après-midi, durant la commémoration de l'Appel du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle. Une organisatrice de la cérémonie, que je ne connais pas (elle non plus, manifestement), me demande si c'est moi le conducteur du bus (qui transporte les participants à la cérémonie, de la place du Marché au boulevard Gambetta). Elle a besoin qu'on déplace un peu le véhicule. C'est la première fois de ma vie qu'on me prend pour un chauffeur de bus ! A cause peut-être de ma chemise blanche ? Je ne portais pourtant pas de casquette ! Je lui réponds bien sûr que non, que ce n'est pas moi.

Quand le sous-préfet Jean-Jacques Boyer, en uniforme et casquette (mais lui, on ne le prend pas pour un chauffeur de bus !), passe devant nous, Jacqueline a ce mot succulent et sincère : "Quand je le vois habillé, je ne le reconnais jamais". Voyons, Jacqueline, vous arriverait-il de le voir nu ? Daniel me lance : "les élus de gauche, y sont où ?" Moi, embarrassé : "euh ..." Heureusement, Jean, juste à côté, me sauve la mise : "à cette heure, ils doivent être au travail" (la cérémonie a lieu à 17h00). Ouf ! Mais quelques minutes plus tard, une connaissance me chambre : "tiens, les voilà, tes élus de gauche !" Frédéric Alliot et Freddy Grzeziczak s'apprêtent à déposer une gerbe (vignette 1). Ce sont deux dissidents qui ont rallié la droite locale. Je ne réponds pas ("le silence est l'arme du sage", a dit un philosophe chinois dont j'ai oublié le nom, ce qui m'arrive fréquemment avec les philosophes chinois).

Maxime Hénocque a fait lecture de l'Appel historique (vignette 2). Au terme de la cérémonie, le sous-préfet est venu saluer les enfants des écoles, pas facile à rassembler en cette fin d'année scolaire, toujours pleine d'activités (vignette 3). Mais Pascal Picqué (tout à droite de la photo) a réussi à mobiliser les élèves des écoles Schuman, Laroche et Paul Bert, qui ont repris en coeur une belle Marseillaise. Le car de la RTA est reparti vers le centre ville, avec ses porte-drapeaux et son chauffeur, qui n'était pas moi, na ! (vignette 4)

Désordres dans la République



En tant qu'homme de gauche, l'ordre et l'autorité ne sont pas mes valeurs de prédilection. Je leur préfère la justice et la liberté. Car je sais que l'ordre peut être répressif et l'autorité injustifiée. C'est pourquoi il est bon de renverser parfois la table et de contester l'autorité. Mais il y a tout de même un ordre et une autorité que l'homme de gauche ne peut pas remettre en cause, qu'il doit au contraire absolument défendre (sauf s'il est anarchiste ou révolutionnaire !) : c'est l'ordre et l'autorité de la République, dans la République, qui sont aujourd'hui mis à mal, à travers trois faits d'actualité :

1- La grève cheminote. Le projet contesté est ancien. Il a été élaboré après de nombreuses consultations et négociations avec les syndicats. Il est aujourd'hui adopté, et soutenu par deux organisations de cheminots, l'UNSA et la CFDT. La CGT et SUD persévèrent dans leur désaccord, pour des raisons qui leur appartiennent et que je n'ai pas à discuter. La grève est un droit inaliénable, quel qu'en soit le motif. Mais c'est le devoir du gouvernement de se montrer ferme avec ce mouvement, qui doit cesser. Sinon, il n'y a plus de République, c'est le règne ou plutôt la dictature des rapports de forces minoritaires. Cette grève est d'autant plus incompréhensible à l'opinion publique (qui forme le socle de la République) qu'elle ne touche pas aux intérêts immédiats des cheminots (salaires, retraites, avantages), mais qu'elle modifie seulement la structure de leur entreprise.

2- La fronde parlementaire. On parle maintenant de "guérilla" de certains députés socialistes, à coups d'amendements, à l'approche du vote du collectif budgétaire. Or, un parlementaire n'est pas un franc-tireur. Il doit son mandat à son parti et à ses électeurs : il n'a pas à en faire un usage personnel, pour défendre des opinions privées, aussi éminentes soient-elles. Un parlementaire est membre d'un groupe, qui se réunit, discute, décide. Toute initiative individuelle est donc condamnable, car elle est irrespectueuse des choix collectifs. Si un député n'est plus d'accord, il doit, en toute responsabilité, démissionner, mais ne pas miner l'unité de la majorité parlementaire dont il fait partie. Comme le gouvernement doit faire cesser la grève à la SNCF, le parti socialiste doit faire cesser la fronde de ses parlementaires indisciplinés.

3- La résistance territoriale. Le gouvernement a décidé de réformer la répartition et les pouvoirs des collectivités territoriales. C'est un projet qui traîne dans les cartons depuis longtemps, qui reçoit généralement l'assentiment populaire, qui fait même consensus, chose rare, dans la classe politique. Mais il y a un hic : l'être humain accepte rarement de scier la branche sur laquelle il est assis. Du coup, certains présidents de région ou de département sont entrés en résistance. Humainement, c'est compréhensible : ils ont des compétences, ils ont bien travaillé pour leurs collectivités, ils veulent continuer. Mais politiquement, ce n'est pas acceptable : un mandat n'est pas un poste de travail, une fonction élective n'est pas une profession, un élu n'est pas propriétaire de sa charge. A tout moment, il doit accepter de la perdre, de s'en démettre, quand l'intérêt supérieur l'exige. Bien sûr, on peut être, pour des raisons politiques et non plus personnelles, hostile à la réforme territoriale du gouvernement. Mais c'est alors au sein du parti que la question se discute, et non plus en vertu des grades et qualités des élus.

Grève cheminote, fronde parlementaire, résistance territoriale, il faut que le gouvernement et le parti mettent fin à ces désordres dans la République, qui ne conduisent les uns et les autres nulle part, sinon à encore plus de désordre.

mardi 17 juin 2014

Les enfants sont des artistes



Vernissage hier en fin d'après-midi de l'exposition Lez'arts d'enfants 7 et Pastellistes en Herbe, dans le hall d'entrée du Palais de Fervaques, visible jusqu'au 22 juin (vignette 2). C'est une réalisation du CLEA, comité local d'éducation artistique : les écoles primaires produisent des oeuvres et travaux, en partenariat avec des artistes.

Un public nombreux, enfants, parents, enseignants, a écouté Marie-Laurence Maître, maire-adjoint à la Culture, et Françoise Jacob, maire-adjoint à l'Education (vignette 1). Ne pouvant pas tout évoqué, j'ai retenu deux coups de coeur : l'histoire du théâtre Jean-Vilar, par la classe de CE2/CM1 d'Isabelle Reche, de l'école Lyon-Jumentier (vignette 3) ; le roman photos des classes CM1-CM2 de Mme Théron, de l'école Paringault (vignette 4).

Je vous invite à leur rendre visite et à apprécier tout le travail effectué. Le 30 juin, les enfants continueront à être des artistes, mais comédiens cette fois, sur la scène du théâtre Jean-Vilar, à 20h30. Là aussi, je vous incite vivement à venir les encourager.

La dernière séance



Hier soir, dernière séance de la saison pour le ciné philo, avec le film de Georg Maas, D'une Vie à l'Autre. C'est fou comme les histoires d'espionnage donnent lieu à réflexion philosophique : identité, secret, mensonge, les thèmes ne manquent pas ! Claude Baugée a commenté la réalisation, en cinéphile averti. 58 spectateurs, ce n'est pas mal du tout. Certains étaient venus de loin : Jean-Pierre de Chauny, Kim de Soissons et Daphnée de Villers-Cotterêts !

Le pot de fin, offert par Michelle Zann, a obtenu une fois de plus un franc succès. Les discussions se sont prolongées, avec Jean-Pierre Semblat, lise Rauscher, Francis Crépin, Anna Osman (vignette 1). Anna m'a montré la photo de sa rencontre avec Liv Ullmann, la grande comédienne que nous avions quittée il y a longtemps, dans les films de Bergman, et qui nous revient chez Georg Maas (vignette 2).

Nous nous retrouverons à la rentrée, le 15 septembre, avec un film primé à Cannes, pas encore défini. Le 13 octobre, ce sera la traditionnelle séance dans le cadre du festival Les Yeux Ouverts, proposé par la Ligue de l'enseignement de l'Oise, avec le film de Julie Bertuccelli, Depuis qu'Otar est parti (2004). D'ici là, bel été aux cinéphilosophes. A tous les autres, nous restons bien sûr ensemble, chaque jour qui passe, sur ce blog et ailleurs, dans cet éternel recommencement qu'est la vie.

lundi 16 juin 2014

Tout sur le bac philo



Quelques réflexions sur les sujets de dissertation posés ce matin aux candidats du baccalauréat de philosophie. En série littéraire :

1- Les oeuvres d'art éduquent-elles notre perception ?
2- Doit-on tout faire pour être heureux ?


J'aurais pris le sujet 2, plus simple, à condition de bien problématiser la question, en se concentrant sur la notion de totalité : doit-on chercher à être heureux par TOUS les moyens, à n'importe quel prix ? A partir de là, j'aurais abordé les pistes les plus philosophiquement intéressantes : par exemple, faut-il faire le mal pour être heureux ? Ou bien, au contraire, ne rien faire du tout, paresser, rêver ...

Le sujet 1 est plus délicat à traiter. Il fallait définir correctement la perception, qui est d'abord sensible, prendre quelques exemples tirés de la peinture, de la musique ou du cinéma, pour montrer que nos sens ne restent pas seulement passifs devant l'art, mais que leur perception est aiguisée, éduquée par la contemplation et la pratique artistiques.

En série économique et sociale :

1- Suffit-il d'avoir le choix pour être libre ?
2- Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?


J'aurais pris le sujet 1, plus ouvert, plus classique. On pouvait expliquer que le choix a des limites (le fameux embarras du choix) et que la liberté trouve d'autres définitions : liberté du corps (le mouvement), liberté de l'esprit (la pensée et l'imagination), l'indépendance (liberté de moyens), le droit (la loi qui protège).

Le sujet 2 invitait à plusieurs références philosophiques : le "connais-toi toi-même" de Socrate, l'introspection chrétienne (saint-Augustin), l'analyse psychanalytique (Sigmund Freud). Il fallait bien insister sur le "soi-même" pour ne pas commettre de hors-sujet.

En série scientifique :

1- L'artiste est-il maître de son oeuvre ?
2- Vivons-nous pour être heureux ?


Le sujet 1 est compliqué et le sujet 2 ... trop facile. Attention donc aux deux ! Qu'est-ce qui pourrait faire que l'oeuvre échappe à l'artiste ? Quelques éléments de réponse : c'est autant le spectateur que le créateur qui font la valeur d'une oeuvre d'art ; la société joue aussi son rôle. L'artiste se croit le maître absolu de ce qu'il fait, mais des influences extérieures lui disputent cette apparente souveraineté. La notion de maître était à préciser.

Quant au sujet 2, la réponse semble évidente (oui !), il était conseillé de montrer qu'elle ne l'est pas, pour de multiples raisons : le bonheur n'existe peut-être pas, son acquisition est difficile et incertaine, il y a de nombreuses raisons de vivre autres que le bonheur (le plaisir, l'argent, la réussite, la gloire, à distinguer du bonheur). Et puis, la vie n'a-t-elle pas une valeur en soi, ne se suffit-elle pas à elle-même, ce qui la dispense de prendre le bonheur comme finalité ?

Que les élèves ne se tracassent pas sur leur résultat : on ne sait jamais ce qu'un travail va donner, et on a souvent des surprises (bonnes ou mauvaises). Il suffit d'attendre et de se concentrer sur les épreuves suivantes. A toutes et à tous, bon courage !

Ce soir

dimanche 15 juin 2014

Des filles et des dieux



Samedi soir, le paradis est descendu sur terre, au Splendid, pour le spectacle de l'école de danse d'Angélique Didier, intitulé fort justement Mythologie. Au ciel, tout est bleu et il n'y a pratiquement que des filles, comme dans cette prestation des plus petits (vignette 1). Les adultes, c'est différent, en orange et mains levées (vignette 2) : regardez bien, parmi le groupe, quelqu'un d'inattendu, je ne vous en dis pas plus ...

Le paradis, c'est le monde des dieux, mais aussi des anges, qui sont très forts pour le flou artistique (vignette 3). Au final, toutes les participantes sont sur scène, sauf les petits, partis à l'entracte se coucher. Angélique Didier, au micro, conclut la soirée (vignette 4). Le décor a été conçu par Mickaël Portelette : des colonnes antiques sur roulettes, que les danseuses entraînent avec elles ! Le week-end prochain, ce sera au tour de Catherine Petit d'entrer dans la danse, et à la fin du mois Sylvaine Polard.