Champagne !

Ca y est, c'est fait : la Picardie se marie avec Champagne-Ardennes. Bon, j'aurais préféré la tour Eiffel (voir billet d'hier) ; mais la cathédrale de Reims, ça me convient très bien aussi. L'essentiel est de sortir de nos frontières tellement artificielles. Le mariage de la betterave et du raisin mérite de porter un toast ! Avec le beffroi de Lille ou la campagne normande, ç'aurait été la carpe et le lapin. Claude Gewerc ne voit pas la cohérence : pas grave, on lui expliquera. Ce découpage, c'est la victoire de Balligand.

L'Aisne et Saint-Quentin ont tout lieu de se réjouir. Géographiquement, nous avons désormais une position centrale, toujours avantageuse. Dans l'ancienne Picardie, nous étions relégués à la marge, dans bien des domaines. Cette nouvelle région, ce sera aussi le désenclavement de notre département, si la volonté politique suit. Son nouveau nom ? Ce matin, à la radio, un auditeur proposait Champicardie : oui, c'est juste et joli.

Mais quelle capitale ? Elle s'impose : Reims, bien sûr, beaucoup plus pétillante qu'Amiens et sa vilaine tour Perret, contradictoire érection d'une cité impuissante. Maintenant, tout reste à faire. Un découpage ne suffit pas. Comme l'a suggéré André Vallini, il faut que les réformateurs de tout bord se retrouvent pour défendre la réforme, la complèter et la faire vivre dans ce que seront les nouvelles institutions régionales. Le parti socialiste devra jouer un rôle majeur pour vendre le projet, en faire la pédagogie. C'est loin d'être gagné. Il y aura forcément des résistances internes. Il ne faudrait pas qu'il en soit de la réforme territoriale comme des 35 heures ou des rythmes scolaires : un enthousiasme unanime qui se transforme au fur et à mesure, dans l'opinion, en hostilité générale.

Ce regroupement régional aura un autre heureux effet : faire bouger la classe politique, bousculer les habitudes, remuer notamment le petit monde socialiste, redistribuer les cartes. Allez, vous reprenez une coupe ? Longue vie à la Champicardie ! Ce n'est pas tous les jours qu'on fête à la fois un mariage et un baptême. Même s'il y aura sûrement des gueules d'enterrement !