samedi 14 juin 2014

La gauche peut mourir



Devant le Conseil national du parti socialiste, cet après-midi, Manuel Valls a tenu des propos très durs, très forts mais très vrais, dont le plus saisissant est sans doute celui-ci : "la gauche peut mourir". Oui, la gauche peut mourir, d'abord parce que rien n'est en soi éternel ; ensuite parce que la montée de l'extrême droite est si puissante qu'elle peut disqualifier le PS lors des prochains scrutins, notamment l'élection présidentielle de 2017. L'exercice de lucidité du Premier ministre est salutaire. Quoi de pire en politique que la satisfaction à bon compte, la consolation facile, l'aveuglement sur ses propres échecs, l'incapacité à se remettre en cause, la faute reportée sans cesse sur les autres ?

Manuel Valls a enfoncé le clou : "la gauche n'a jamais été aussi faible dans l'histoire de la Ve République". Une vérité qu'on a du mal à entendre, mais qu'il faut absolument dire. C'est à partir d'une analyse sans complaisance que la gauche pourra se redresser, reconquérir le coeur et les suffrages des Français. Car la lucidité n'est pas exclusive de l'espoir, elle en est au contraire la condition. Manuel Valls a dit aussi : "Nous sentons bien que nous sommes arrivés au bout de quelque chose, au bout peut-être même d'un cycle historique pour notre parti". Oui, c'est très vrai, là aussi, et je le pense depuis bien des années, avant même les récentes catastrophes électorales : la gauche ne peut plus se contenter d'être ce qu'elle a longtemps été.

A ce terrible "La gauche peut mourir", il faut opposer cette autre formule de Valls : "Nous devons nous réinventer". Il n'y a pas contradiction, mais rapport de cause à effet : c'est parce que la gauche peut mourir qu'elle doit urgemment se réinventer, pour justement ne pas disparaître, ne pas se marginaliser. En écoutant Manuel Valls, j'ai bien sûr pensé à la gauche locale : se réinventer, ce n'est pas exclusivement la tâche du sommet, ce doit être le travail de chaque section socialiste.

A Saint-Quentin, l'échec est ancien, profond, il semble durable. La gauche n'y fait plus envie, mais pitié. Manuel Valls nous invite, chez nous aussi, à changer. Car la gauche saint-quentinoise meurt de ses défaites successives, de ses divisions chroniques, de son inertie phénoménale. Je le dis, je l'écris, je le répète depuis un certain temps déjà : il faut nous unir, nous ouvrir et nous bouger. Pas facile d'être critique envers son propre parti et ses camarades : il serait tellement plus simple pour moi de me montrer rassurant, cajoleur ou hypocritement silencieux. Mais est-ce que ça aiderait mon parti ? Les ego individuels en seraient flattés, mais l'intérêt collectif n'y gagnerait pas. Au bout du compte, il y a pire pour un parti que mourir : c'est de faire le mort, de rester immobile, de ne rien changer, de garder les mêmes et de recommencer. Je n'en veux pas, je ferai tout pour que ce ne soit pas.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

La gauche n'a jamais été aussi faible et pourtant elle a tous les pouvoirs.
Présidence de la République,Sénat,Assemblée Nationale, Majorité des régions et des départements.
Peut etre que la gauche n'est pas faite pour gouverner.

Emmanuel Mousset a dit…

La preuve que si, puisque les Français lui ont confié tous les pouvoirs. Sauf à ne pas croire en la démocratie.

Erwan Blesbois a dit…

Privé de 70 % des matchs de la coupe du monde par Bein sport, une chaîne quatari (1,5 millions d'abonnés). Cela ne va pas arranger la côte de popularité de la gauche au pouvoir. Hollande est-il fou, pour calmer le peuple, il le prive de jeux !!!

Emmanuel Mousset a dit…

Généralement, c'est le contraire : pour calmer le peuple, on lui offre des jeux.

Anonyme a dit…

Et la PICARDIE aussi peut mourir avec le PS ::Invité dans La Voix est libre sur France 3, le président du conseil régional a abordé la question de la réforme territoriale. S'il ne remet pas en question le rapprochement avec la Picardie, jugeant que les deux régions entretiennent de nombreux liens, Jean-Paul Bachy ne serait également pas contre un rapprochement avec la Lorraine.

Une grande région Picardie-Champagne-Ardenne-Lorraine donc. Il a souligné les points communs au niveau géographique mais également historiques.

Emmanuel Mousset a dit…

La Picardie actuelle se meurt. Avec le PS, elle élargit ses frontières, gagne en ambition, renaît.

Anonyme a dit…

Picardie, Champagne, Normandie et Nord pas de calais sont les régions métropolitaines les plus sinistrés.
On ne fera jamais de deux unijambistes un valide.

Emmanuel Mousset a dit…

Des régions sinistrées ne vous obligent pas à être sinistre. Bien au contraire ...

Anonyme a dit…

Le ps, parti auto-proclamé de gauche et qui l'est de moins en moins, peut effectivement mourir. ce serait même souhaitable et que ses restes rejoignent l'ump ce serait plus lisible. La véritable gauche n'a jamais été pro-capitaliste bien au contraire et c'est ce qui la distingue de la droite. Aujourd'hui plus personne, à part des militants naïfs ou lobotomisés, ne voit le ps comme faisant partie de la gauche.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous datez un peu. C'est ce qu'on disait déjà du temps de Staline.