jeudi 31 mai 2012

Pause archi


Magnifique, ce musée Antoine-Lécuyer, fleuron de l'architecture saint-quentinoise ! Eh non, la photo n'a pas été prise à Saint-Quentin mais ce dimanche dans le parc de Sceaux, au sud de Paris, où je suis allé à la suite de la conférence la semaine dernière d'Hervé Cabezas, conservateur du musée. C'est à s'y tromper ! Vous voyez ici le pavillon de Hanovre, d'un style alors très en vogue. Dans notre ville même, on le retrouve à deux autres endroits : tout en haut de la rue d'Isle, occupé par la bijouterie de luxe Bollot, et à l'angle des rues le Serrurier et Antoine Lécuyer, habité actuellement par un conseiller municipal.

Bon, je sais, j'aurai pu ce soir vous parler de la campagne des législatives et du duel des réunions publiques qui s'annonce pour lundi soir : Anne Ferreira dans la salle Pablo Neruda du quartier Europe et Xavier Bertrand au Splendid. J'ai préféré faire une pause et vous parler un peu d'architecture. Il n'y a pas que la politique dans la vie !

mercredi 30 mai 2012

Le Che à Tergnier


Ce soir à Tergnier, Marie-Françoise Bechtel, candidate de la majorité présidentielle et membre du MRC, avait invité Jean-Pierre Chevènement pour un meeting de soutien. Le Che à Tergnier ! C'est une figure historique de la gauche qui était de passage, toujours impressionnant à rencontrer, lui qui en a tant vu, tant connu, de ses débuts à la SFIO jusqu'au gouvernement qu'il a deux fois quitté en passant par le congrès fondateur d'Epinay ... Il a souvent fait face à des salles beaucoup plus remplies que celle de Tergnier, mais peu lui importe : il reprend avec éloquence, clarté, précision des arguments qu'il défend depuis si longtemps ...

J'aime beaucoup sa vision globale de la politique, ses incursions dans le domaine international, son expertise économique même si je n'adhère pas toujours à ce qu'il dit. Quoique je trouve qu'il a perdu au fil des années de sa radicalité d'antan ... Mais ce soir, c'est sur la division dans la circonscription Soissons-Chauny-Tergnier qu'il était attendu. Jean-Pierre Chevènement n'a pas prononcé le nom de Frédéric Alliot mais la cible était parfaitement reconnaissable : une "candidature de diversion", un "coucou qui s'installe dans le nid préparé par d'autres". En référence à Jacques Desallangre, qui a été un temps député du MDC (avant que ce parti ne devienne MRC), il a parlé de "népotisme" et de moeurs politiques "du bas empire romain". Jean-Pierre Chevènement n'a pas caché son inquiétude de voir Marie-Françoise Bechtel "trébucher" à cause d'Alliot. Si l'abstention est forte, comme il le craint, le maintien au second tour sera difficile.

A la tribune étaient présents Jean-Jacques Thomas, Patrick Day et Paolo de Sousa. Au premier rang, Michel Vignal, dont Chevènement a fait un chaleureux éloge, Bernard Lefranc, Bernard Bronchain et Laurent Elie. En partant, j'avais un goût d'Histoire dans la tête et de l'espoir pour le présent.

mardi 29 mai 2012

6 contre 7


Vous vous souvenez du numéro 6 ? Patrick Mac Goohan dans "Le Prisonnier", formidable série télévisée. Il affrontait le numéro 2, et on ne savait pas qui était le mystérieux numéro 1 (sauf dans le dernier épisode). A Laon, c'est moins mystérieux : le numéro 6 se bat contre le numéro 7 et tous les deux sont bien connus, René Dosière et Fawaz Karimet. Le hasard est plein d'ironie : ces concurrents socialistes ont des panneaux électoraux voisins ! Je me demande si l'électeur y comprend quelque chose et comment il réagira au moment du choix ...

Le numéro 6 et le numéro 7 veulent devenir chacun numéro 1. C'est le drame de la politique, la vertu de la démocratie et la comédie des hommes : il n'y a qu'une seule place et elle est convoitée par plusieurs ... René est député et veut le rester, il fait du bon boulot et s'est fait connaître nationalement. Normal, non ? Fawaz veut être député, est soutenu par la section de Laon et investi par son parti. C'est normal aussi. Mais est-ce que c'est malin ?

Il était prêt à se retirer, à condition que René le prenne comme suppléant, au nom de la diversité. Je comprends, mais peut-on imposer à un député sortant, qui n'est plus tenu par les règles du parti socialiste dont il a été exclu, son suppléant, d'autant que celui-ci a déjà été par lui choisi, Jean-Michel Wattier, qui préside les élus socialistes de l'Aisne ? Et pourquoi Fawaz tient tant à être suppléant, qui n'est pas une position politique d'une extrême importance ?

Ce qui est fascinant dans cette histoire, c'est que ses deux protagonistes n'ont rien à y gagner mais qu'aucune rationalité ne s'impose pour les sortir du conflit. J'ai souvent eu cette impression-là dans plusieurs situations politiques : chacun est dans son couloir, comme dans une course, ignorant totalement l'autre, ne suivant que sa propre logique dans l'illogisme le plus total. Il n'y a que l'arrivée qui les départagera. Dosière va perdre des voix, Karimet va perdre l'élection mais la machine est lancée et rien ne semble pouvoir l'arrêter, même les apparents rapprochements des derniers mois. Comme si la politique échappait à toute forme d'intelligence, de compromis, d'arrangement : il faut foncer, foncer, foncer ... et on discute après, quand le verdict est tombé, que la discussion ne sert plus à rien. C'est probablement une forme d'intelligence, mais sûrement pas de bonne intelligence.

Fascinant aussi cette puissance de la répétition qu'on trouve en politique comme autrefois, sous l'Antiquité, dans la tragédie grecque : le destin est plus fort que les volontés individuelles, personne n'échappe à la fatalité, rien de fondamentalement nouveau sous le soleil. Dosière et Karimet s'affrontent maintenant comme Karimet et Dosière s'affrontaient il y a cinq ans, dans les mêmes circonstances. C'est la roue de l'existence, l'éternel retour.

Chacun sur son affiche s'attribue le soutien du nouveau président, comme sésame de la victoire. Fawaz ose même en bandeau une "Génération Hollande" avec une tête presque aussi grosse que celle du candidat. René joue sur le bon sens ("Un bon député, on le garde") et ose lui aussi, mais un jeu de mots sur son travail de vérification des comptes publics ("Un député qui compte").

La presse nationale a commencé à s'emparer du conflit local. Le Parisien d'aujourd'hui révèle que le Premier ministre a téléphoné son soutien au député de l'Aisne. Le Monde en a fait il y a quelques jours un éditorial. Ce matin, dans la revue de presse de France-Inter, la première circonscription de l'Aisne a fait parler d'elle. Je n'espère qu'une chose : que ce conflit, dans lequel j'ai depuis longtemps choisi, ne finisse pas par profiter à la droite. Ce serait vraiment ballot. Bonjour chez vous, comme disait le numéro 6 de la série.

lundi 28 mai 2012

La vie à 92 ans.



Maurice Dutel, à la suite de la publication des Saint-Quentinois sont formidables dont il est un des personnages, souhaitait me rencontrer. On s'est vu chez lui vendredi, autour d'une bouteille de porto étiquetée à son nom. C'est sa boisson préférée. Dans une rencontre avec le colonel le plus célèbre de Saint-Quentin, il est très difficile d'en placer une : j'ai eu droit à la bataille d'Alger et à la chute de Dièn-Bièn-Phu. A part ça, inutile de discuter politique : Dutel est de droite, je suis de gauche, ça ne sert à rien de chercher à se convaincre mutuellement. Il déteste les socialistes depuis qu'ils se sont alliés il y a quarante ans aux communistes !

Non, ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment on vit, ce qui se passe dans la tête quand on a 92 ans, un âge que j'atteindrai si tout va bien dans quarante ans exactement. J'ai encore de la marge mais je m'y prépare. On a plus envie de rien, me dit-il, mais on fait encore quelques projets. Pour entretenir l'esprit, il y a les mots croisés. La vieillesse est-elle un naufrage, comme le pensait de Gaulle ? Pas chez Dutel, d'une forme physique étonnante, d'une excellente mémoire. Aucun doute, l'armée ça conserve ... Il se marre : officier sans avoir fait une école militaire, enseignant sans être passé par l'université, commandant des paras affecté au milieu des gauchistes du lycée Henri-Martin ! La clé pour comprendre cet homme : la fidélité à ses origines, fils d'un ouvrier agricole. Dutel est de droite et bien à droite mais pas bourgeois.

Et Dieu dans tout ça ? J'ai fait mon Jacques Chancel. Dutel lit chaque jour l'Evangile mais ne croit pas trop en une vie après la mort, qu'il ne craint pas plus que les "Viets" dont il a été prisonnier. Il trouve dans la Bible une forme de paix, lui qui paradoxalement a horreur de la guerre. C'est donc ça, la vie à 92 ans ? Pas si mal quand on s'appelle Maurice Dutel. Il m'a rempli un dernier verre de porto avant qu'on ne se quittent. "Salut Mousset", à quoi j'ai répondu par "Au revoir mon colonel". Sacré Dutel !

dimanche 27 mai 2012

Tout pour gagner.



Durant ce week-end, deux nouvelles têtes sont apparues sur les panneaux électoraux de Saint-Quentin, et non des moindres : Paul Gironde et Anne Ferreira. Le candidat du MoDem brouille un peu son message avec deux slogans au lieu d'un (b-a ba de la communication : la simplicité). En haut, "Le Centre pour la France" est un peu plat (on croirait presque une pub de mon Berry natal !), en bas, "Une force libre et indépendante" fait plutôt penser à Dupont-Aignan. Tonalités centristes et gaullistes s'appareillent mal. Paul Gironde est le seul à faire apparaître la photo de son leader, François Bayrou, disputant la place à sa suppléante (photo juste au dessus, de même importance, comme si Gironde avait deux suppléants).

Anne Ferreira reprend l'affiche standard du national, sans aucune local touch, contrairement à Xavier Bertrand qui mise tout là-dessus. "Donnons une majorité au changement", l'indication est claire : vous avez voté Hollande, vous voterez Ferreira. En bas, sept logos d'organisations politiques sont alignés, un record dans le genre ! Arithmétiquement, l'un dans l'autre, ça devrait passer, Anne a tout pour gagner, mais comme on dit de quelqu'un qu'il a tout pour être heureux sans connaître forcément le bonheur.

Car la législative dans la deuxième circonscription de l'Aisne est une équation à une inconnue : ce fichu impact local sur lequel compte le maire de Saint-Quentin pour faire mentir les chiffres (et en politique les chiffres sont facilement menteurs). Les deux candidats ont encore quinze jours pour forcer le destin, d'autant que le résultat de la législative aura, pour l'un et pour l'autre, de lourdes conséquences sur l'élection municipale qui assez vite suivra.

samedi 26 mai 2012

Têtes d'affiches.


En cette fin de première semaine de campagne législative, les affiches électorales ont commencé à fleurir dans Saint-Quentin (en vignette, les panneaux devant l'école Lyon-Jumentier, ce matin). Des photos et des slogans, c'est toujours intéressant ! A l'heure qu'il est, cinq candidats sur onze dans la deuxième circonscription de l'Aisne s'affichent. Dans l'ordre officiel :

- Yannick Lejeune, FN : il est le seul à ne pas mentionner le nom de son suppléant (pas obligatoire ?). "Pour une assemblée vraiment nationale", tu parles ! Vraiment xénophobe, oui plutôt, avec l'extrême droite. En tout cas, l'assemblée n'a pas attendu le FN pour être "vraiment nationale". Vraiment con comme slogan !

- Guy Fontaine, Front de gauche : le décor est rouge comme la révolution, quoique les visages des candidats soient très sages. La suppléante est très visible mais légèrement en retrait. "L'humain d'abord" : bof, c'est très minimaliste. Un clin d'oeil à Charles Maurras, de l'Action française, qui disait avant guerre : "La France d'abord" ? Non, ça ne rappelle plus rien à personne aujourd'hui ...

- Michel Aurigny, POI : le seul a être en photo à égalité avec sa suppléante, le seul aussi à dérouler un texte aussi long qu'un livre, si long qu'on n'en retient plus le slogan. Y en a-t-il un d'ailleurs ? Les lambertistes sont sérieux et prolixes. Il en ressort tout de même une philippique anti-européenne.

- Antonio Ribeiro, GMR : son nom apparaît en plus gros que n'importe quel autre nom de candidat, comme s'il était un programme à lui tout seul, ce qui est vrai d'une certaine façon. Plus c'est gros mieux ça passe, dit-on. L'homme a d'ailleurs le sens du comique en proclamant : "Mon ambition c'est vous". Drôle d'ambition ! J'avais cru comprendre jusqu'à maintenant que son unique ambition c'était lui.

- Xavier Bertrand, UMP : le logo du parti est le plus petit, presque un timbre-poste. Le visage est souriant mais pas trop, le regard très déterminé. "Engagé pour le Saint-Quentinois" : la démarche est avant tout locale, ce qui n'est pas nouveau à droite. Comme pour le confirmer, la basilique de la ville apparaît au fond et en flou.

Les six affiches à venir dans un prochain billet ...

jeudi 24 mai 2012

La politique au naturel.



La guerre des chefs est de nouveau réactivée à droite, Fillon contre Copé. C'est normal, la politique est ainsi faite : dans la défaite, tout le monde se divise comme dans la victoire c'est la dynamique du rassemblement qui l'emporte. Ce n'est pas une affaire d'hommes ou de mauvaises volontés : c'est le résultat d'une situation quasi stratosphérique. Quand on perd une élection, le naturel combatif s'exerce au sein de son propre camp au lieu de viser l'adversaire victorieux. Le rapport de forces, qui est inhérent à l'activité politique, devient interne une fois qu'il a échoué à l'extérieur.

Fillon a raison de faire remarquer qu'il n'y a pas de "candidat naturel" à l'UMP. Nulle part en politique il n'y a de candidat ou de chef "naturel". D'abord parce que la politique est une activité complètement artificielle, où rien n'est écrit à l'avance. Ensuite parce qu'on ne devient candidat de quoi que ce soit que parce qu'on s'impose, généralement à travers un affrontement puisque chaque place est convoitée par plusieurs. Rien n'est naturel ou ne se fait naturellement en politique.

A travers l'histoire contemporaine, les candidats proclamés "naturels" ont tous échoué ou ont été empêchés : Rocard en 1981, Barre en 1988, Delors et Balladur en 1995, DSK en 2012. Les vainqueurs ne sont pas forcément les meilleurs qu'on attendait ou qu'on espérait. Le seul point commun entre la politique et la nature, c'est que toutes les deux ont horreur du vide, qui ne le reste pas très longtemps. Il y a rarement défaut de candidats. C'est plutôt le trop plein qu'on a à déplorer. L'UMP se refera, peut-être plus vite qu'elle ne le croit, et taira ses divisions quand la perspective du pouvoir se représentera, ce qui ne saurait manquer d'arriver un jour ou l'autre en démocratie. Je le souhaite bien sûr le plus tard possible.


mercredi 23 mai 2012

Antoine Lécuyer a 80 ans.



Hervé Cabezas, conservateur du musée Antoine-Lécuyer à Saint-Quentin, a commencé hier soir sa conférence sur les 80 ans de son cher établissement en se désolant du nombre de participants : une trentaine de personnes. Mais c'est une bonne affluence pour une manifestation de ce genre ! A la fin, il s'inquiétait de voir quelques uns quitter la salle, l'interprétant comme une désapprobation. Mais non, c'est normal, il y a des gens qui n'attendent pas ! Hervé Cabezas est un bon conférencier qui a l'habileté ou le complexe de se croire piètre orateur. Mais non ! Sa prestation, et je le dis sans habileté ni complexe, était passionnante.

Le musée Antoine-Lécuyer est pour les Saint-Quentinois comme la Tour Eiffel pour les Parisiens : des monuments qu'on croise fréquemment et qu'on connaît mal. Moi, habitant pendant huit ans rue des Frères Desains, je me suis réveillé chaque matin en apercevant à la gauche de ma fenêtre la rotonde d'angle, ses trois baies, sa terrasse, ses mascarons sans savoir que ce style architectural, qu'on doit à Paul Bigot, a fait fureur en son temps, qu'on le retrouve à l'identique dans le parc de Sceaux près de Paris.

Hervé Cabezas, mine de rien, est un pédagogue. L'instituteur a sa baguette, le conservateur a ses lunettes, qu'il ne porte pas dans la vie mais qu'il chausse quand il veut expliquer. Bien sûr, elles lui servent pour consulter ses notes. Mais pas seulement, pas essentiellement : Hervé Cabezas a tout un jeu de lunettes comme le footballeur a un jeu de jambes ou le séducteur un jeu de mains. Cabezas est d'ailleurs, lui aussi, séducteur à sa façon, enlevant et remettant sa monture tout au long de son propos, ce qui donne de la vie, du mouvement à ce qu'il dit. Et puis, quand une photo est à commenter sur l'écran, le conservateur pointe, de la branche de ses lunettes, le détail qu'il faut observer.

Le premier musée saint-quentinois, au XIXè siècle, était un bric à brac sombre et poussiéreux installé dans le palais de Fervaques. Son fonds d'objets rares était financé par deux fondations, les femmes pauvres en couches et les vieillards infirmes ! Le musée actuel a été installé dans l'hôtel particulier d'Antoine Lécuyer, un banquier oeuvrant rue Raspail, exactement là où je place mes sous, la BNP ! Mais la première guerre mondiale n'a laissé debout que la façade. En 1932, le musée tel qu'on le connaît aujourd'hui a été inauguré, en présence du maire socialiste Tricoteaux et du président de la République. Bigot, son concepteur, avait déjà construit les remarquables pont de la gare et monument aux morts. Ce musée est un écrin architectural qui contient ses diamants, les pastels du XVIIIè siècle, ceux mondialement réputés de Maurice-Quentin de La Tour.

Hervé Cabezas a terminé sa conférence par une pique et un projet : l'office du tourisme n'a pas fait figurer dans son catalogue de l'année l'illustre musée ; une association des amis du musée pourrait voir le jour. Pour ces 80 ans, j'ai offert à Monsieur le Conservateur, comme pour tout anniversaire, un cadeau, mon livre évidemment : Hervé Cabezas ne fait-il pas lui aussi partie de ces Saint-Quentinois formidables ?

mardi 22 mai 2012

Gonflé !


J'ai failli ce matin, en me rendant au siège départemental de la Ligue de l'enseignement, avoir un accident, à l'entrée de Soissons. C'est toujours comme ça quand on freine un peu trop fort parce que quelque chose vous a tapé dans l'oeil ! Je me suis arrêté et j'ai photographié pour que vous me croyiez. Sur un fond rose pétant (pour rappeler la couleur fétiche du parti socialiste ?), le visage souriant et confiant de Frédéric Alliot, que j'ai connu à Saint-Quentin il y a une bonne dizaine d'années : alors chevènementiste, il faisait la paire avec Freddy Grzeziczak, genre les Dupond(t) dans Tintin et Milou. L'un n'allait pas sans l'autre, Fredo et Freddy. C'est la politique qui veut ça : ne pas être seul, se faire accompagner. Et tous les deux dans le sillage de la députée d'alors, Odette Grzegrzulka.

Alliot est resté à gauche, mais il en fait trop, il est même assez gonflé (d'où ma stupéfaction matinale et mon risque d'accident). L'affiche officielle accolée sur les panneaux électoraux le présente comme "candidat de la majorité présidentielle". Ah bon ? Et Marie-Françoise Bechtel, investie par le parti socialiste, elle est candidate de quelle majorité ? Vous me direz peut-être que Alliot lui aussi a voté et soutenu Hollande. Oui bien sûr, c'est le moins qu'on puisse faire quand on est de gauche. De là à se labelliser "candidat de la majorité présidentielle", non, il y a tromperie sur la marchandise.

Et puis, il y a ce "rassemblement socialiste, radical, écologiste". Alliot n'est pas socialiste, ni radical, ni écologiste ! En bas de l'affiche figurent les partis qui le soutiennent : l'ARG dont il est membre et que personne ne connaît, du moins nationalement. Génération écologie ? C'est un petit parti à l'ombre du grand, les Verts, qui a longtemps frayé avec la droite avant de suivre maintenant la gauche. A la limite, seul le PRG est la vraie caution de gauche : pas de quoi justifier l'idée d'un "rassemblement".

Pour couronner le tout, la suppléante de Frédéric Alliot, Laurence Bruletourte, est maire-adjoint à Chauny, dont le maire n'est pas l'expression la plus limpide de la gauche. Pourtant, Alliot a longtemps campé à la gauche du PS, ralliant aujourd'hui avec insistance le social-démocrate Hollande (il n'est pas le seul à virer sa cuti ces derniers temps, conquête du pouvoir aidant). Jean-Pierre Chevènement sera mercredi prochain à Tergnier, en meeting, pour soutenir Marie-Françoise Bechtel. Il sera intéressant de savoir ce qu'il pense de son ancien partisan qui devrait faire attention : à force d'être gonflé, il arrive qu'on éclate ...

lundi 21 mai 2012

Le tablier de René.



J'aime beaucoup René Dosière, je me sens politiquement très proche de lui, le député de l'Aisne fait un travail formidable sur la moralisation de la vie politique, c'est un élu local qui a réussi à acquérir une stature nationale par ses seuls efforts, ce n'est pas si fréquent. J'en suis d'autant plus libre à le critiquer sur un point, récurrent chez lui : sa dénonciation du "complot maçonnique" dont il serait la victime, encore ce week-end dans L'Aisne Nouvelle. Pourquoi voir l'ombre des loges là où il est tellement plus simple de constater l'affrontement des ambitions ? Si les frères se tenaient les coudes pour écarter tous ceux qui ne sont pas passés sous le bandeau, à Saint-Quentin Xavier Bertrand, Freddy Grzeziczak et Jean-Pierre Lançon tireraient dans le même sens : or c'est le contraire, ils se tirent dans les pattes ! Arrêtons donc avec ce fantasme du complot maçonnique. Les socialistes se retrouvent aussi nombreux dans les syndicats et les associations sans qu'on les accuse de comploter.

Et puis, n'oublions pas que les maçons ont fait partie des victimes du totalitarisme et que les pires soupçons à leur égard sont toujours venus de l'extrême droite. Est-ce la culture catholique de René qui le conduit à cette méfiance et à cette virulence ? Tout de même, l'antagonisme entre les obédiences et la papauté est dépassé depuis déjà un certain temps. A moins que René, mais je ne veux pas le croire, se laisse aller à la victimisation, sachant que les maçons, bien accueillis dans certaines sphères d'influence, n'ont pas une bonne image auprès de l'opinion. Quoi qu'il en soit, pour réconcilier René Dosière avec cette respectable société de pensée qu'est la franc-maçonnerie, je lui offre (en photo seulement !) ce magnifique tablier d'initié qui a été porté par Voltaire.

Le hasard a voulu que je me rende ce samedi à Paris, que j'en ai profité pour visiter le musée de la franc-maçonnerie, rue Cadet. La dernière fois, c'était il y a vingt-cinq ans ! Les vieilles vitrines avec leurs cadres en bois, les objets qui s'accumulaient disgracieusement à la façon de bibelots, les notices interminables et illisibles, l'ambiance désuète et empoussiérée, tout ça a disparu pour laisser place, depuis deux ans, à un espace moderne, aéré, attractif, pédagogique, un mélange très maçonnique de lumière et de pénombre surmonté d'une voûte dont les petites lumières figurent les étoiles, comme le plafond des temples. C'est magnifique, je vous recommande la visite. Et pour augmenter le plaisir, une exposition est consacrée ces temps-ci au personnage de bande-dessinée Corto Maltese, dont j'était loin d'imaginer, quand je lisais, enfant, ses aventures dans Pif-Gadget, qu'il était comme son créateur Hugo Pratt franc-maçon ! René maintenant a son tablier : avec ça, impossible de prendre une veste !

dimanche 20 mai 2012

Minuit à St-Quentin.



C'était hier la Nuit des Musées, à Saint-Quentin comme partout ailleurs. Avant minuit, je suis allé au musée Antoine-Lécuyer, après minuit à la basilique. Dans le premier, son conservateur Hervé Cabezas était surexcité, allant et venant, passant du sous-sol à l'étage, courant plutôt que marchant, semblant parfois voler à travers la galerie. Etait-ce dû à la charge d'électricité provoquée par l'orage naissant ? Peut-être, mais surtout de recevoir à une heure tardive autant de monde pour partager un même amour, celui de l'art.

D'ailleurs, le musée ne ressemblait plus à un musée mais à un hall de gare où n'arriverait aucun train : du passage et du bruit, pas pénibles, au contraire agréables, le mouvement et le bruissement de ceux qui vont d'une oeuvre à une autre, qui ne se contentent pas de les regarder mais qui en parlent. Pour ça, des "guides d'un soir" attendaient devant quelques tableaux pour les commenter savamment, des élèves du lycée Saint-Jean vêtus sagement comme des élèves de Saint-Jean, look classique et soigné, élocution impeccable. Le public autour d'eux était en partie composé de leur famille admirative.

Au l'entrée, Pomme et Luc Legrand, un peu crevés par plusieurs heures de présence, proposaient aux nombreux enfants de devenir à leur tour des artistes par une technique de gaufrage sous presse à laquelle je n'ai rien compris (c'est normal, je ne comprends jamais rien à la technique). Mais les enfants visiblement oui puisqu'ils étaient ravis et empressés. Annette Poulet, les yeux mi-clos, guidait à travers les pièces un groupe pour la visite. Ce n'est pas qu'elle dormait déjà à l'heure qu'il était, c'est son air, comme moi je donne souvent l'impression d'être triste et fatigué alors que je pète la forme et suis plutôt joyeux. C'est tout de même rassurant de ne pas se voir seul victime des apparences.

A mon heure de passage, Pascale Gruny, Stéphane Lepoudère et Marie-Laurence Maître étaient présents. Un ami m'a murmuré que "XB" était là vers 21h00. Pourquoi beaucoup dans cette ville appellent-ils Xavier Bertrand "XB" ? Est-ce qu'on appelle Pierre André "PA" ou Anne Ferreira "AF" ? Si on le faisait, on sent que quelque chose n'irait pas, que ça ne passerait pas. Mais pourquoi ?

J'ai beau avoir visité le musée Antoine-Lécuyer de nombreuses fois, j'y découvre toujours quelque chose de nouveau même quand rien n'a changé. Hier soir, c'était une assiette décorée en son fond par la scène de la Crucifixion. Manger sa soupe ou couper sa viande et voir apparaître la douleur de Jésus et des deux larrons : je me suis demandé si la profanation, le blasphème n'étaient pas beaucoup plus ici que dans telle pièce de théâtre qui scandalise les catholiques intégristes ...

Et puisque nous parlons religion, je me suis rendu ensuite à la basilique, dont l'intérieur était tellement rempli de petites bougies (pas les traditionnels cierges) qu'on aurait dit un temple hindou. Qui est le maître des lieux ? A Antoine-Lécuyer, c'est Cabezas ; mais dans le plus gros édifice de Saint-Quentin ? Je ne sais pas si son curé est Michel de Hédouville ou Bernard Delaire, tellement celui-ci veille à cette église autant que son pasteur attitré, qui nous a officiellement reçus en précisant, nonobstant la Nuit des Musées, que nous entrions dans un lieu "affecté" (c'est le terme administratif) au culte catholique et pas un musée. Puis la visite a commencé.

Avez-vous remarqué que dans ce genre de situation il y a toujours quelqu'un parmi le public qui se croit plus malin que le guide ? Au moment de traverser la crypte, une dame à qui personne ne demandait rien s'est crue autorisée de préciser que saint Cassien, auprès de saint Quentin, était le patron des enseignants. Je me serais presque signé et mis à prier, sauf qu'il me semble bien que le saint patron de mon auguste corporation est saint Jean-Baptiste de La Salle et pas saint Cassien. La Salle, Cassien, est-ce que la vague proximité syllabique expliquerait le lapsus ? Je n'en sais rien mais une basilique devrait inspirer au silence plutôt qu'au bavardage ...

La soirée s'est magnifiquement terminée dans le jardin, devant les vitraux inhabituellement illuminés de l'intérieur, d'une exceptionnelle beauté, sous un ciel d'orage chargé d'éclairs. L'ambiance était gothique à souhait, il ne manquait plus que quelques revenants, dans la nuit de Saint-Quentin.


PS : mardi prochain, Hervé Cabezas fera au musée une conférence sur le musée, de jour cette fois, et sans gaufrage. Ce sera à 18h00 et à ne pas manquer.

vendredi 18 mai 2012

Y aller ou pas.



A l'instant où je rédige ce billet, nous sommes à une heure de la clôture des candidatures pour les élections législatives. Je suppose que tous les postulants ont fait leur choix ferme et définitif mais nous pourrions encore demain avoir des surprises en découvrant officiellement les noms à la lecture de la presse. Y aller ou pas ? c'est l'une des questions les plus sérieuses qu'on peut être amené à se poser quand on fait de la politique. La réponse est difficile, dans le oui comme dans le non, dans l'engagement autant que dans le renoncement.

L'Aisne Nouvelle a eu la bonne idée de retrouver celles et ceux qui se sont présentés la dernière fois dans la circonscription de Saint-Quentin : ce qui est étonnant, c'est de constater combien peu sont restés fidèles à leur première mission. La plupart n'ont pas continué cette année, alors que la politique est une activité où l'on ne peut escompter gagner que dans la durée, la persévérance. Nos candidats sont pour beaucoup des oiseaux de passage ! Difficile de construire quelque chose de solide et de sérieux dans ces conditions.

Pour 2012, sauf imprévu d'ici une heure, les candidats sont connus. Il y a ceux pour qui la candidature est naturelle, attendue, d'autres qui y vont ou non dans la surprise de ces derniers jours. Je commencerai par Paul Gironde, candidat MoDem. Je n'aurais pas du tout parié qu'il ferait le pas, qu'il oserait affronter Xavier Bertrand. Il y va ! Pas facile pour lui, courageux, risqué. Téméraire ? C'est l'avenir qui le dira. Dans le Courrier Picard d'aujourd'hui, j'ai été surpris des critiques qu'il adressait à son sarkozyste de maire. Il fait tout de même partie de sa majorité municipale ! Serai-je surpris jusqu'au bout, quand je connaîtrai entre les deux tours le désistement de Paul Gironde ?

S'il choisit de soutenir Anne Ferreira, comme son chef a voté personnellement François Hollande, je le vois mal rempiler aux prochaines municipales avec la droite. Et avec la gauche ? Pourquoi pas. Une alliance PS-MoDem, au plan local je suis pour. Martine Aubry l'a bien fait à Lille aux dernières élections ! Il faudra pour ça rompre les alliances avec l'extrême gauche. La politique saint-quentinoise a parfois des touches baroques qui confinent à l'art rococo, mais il y a des limites à tout : Gironde bras dessus bras dessous avec Aurigny, le centriste avec le trotskyste, je le vois mal ! A moins que Gironde n'appelle à voter personnellement pour Xavier Bertrand, en rabatteur de voix du centre-gauche au service de l'UMP, tactique qui ne déplaira alors pas au maire de Saint-Quentin : ça ne m'étonnerait pas !

Une qui n'y va pas en revanche, c'est Corinne Bécourt. Là, je le sentais et je l'ai écrit (je connais bien ma Corinne, j'anticipe ses réactions !). Je me réjouis de son retrait : les dissidences n'apportent rien, sinon au camp d'en face. Et puis, l'absence de la ligne hard du PCF, la candidature plus modérée de Guy Fontaine rendront plus facile en vue des municipales le rapprochement avec le centre et la rupture avec l'extrême gauche (Frank Mousset, du NPA, exprime dans L'Aisne Nouvelle ses incertitudes quant à la reconduction des alliances, il fait bien). D'autant que Corinne affirme sans gêne qu'elle ne soutiendra pas Fontaine ! Alors qui ? A ses yeux, Ferreira c'est de la graine de social-démocrate. Elle et ses amis seront peut-être tentés de voter Aurigny. Politiquement, ce serait cohérent. Mais les choix politiques des uns et des autres sont-ils toujours cohérents ?

Un dernier qui cette fois y va, à ma grande moitié de surprise ! c'est, dans la première circonscription de l'Aisne, Fawaz Karimet, qui a reçu l'investiture du parti socialiste, en concurrence avec René Dosière. Camarade contre camarade, ça la fiche mal ! Je ne comprends pas pourquoi Fawaz s'obstine ainsi. Déjà la fois précédente, il s'était présenté contre René et avait échoué, malgré son étiquette officielle PS. René qui s'est taillé une stature nationale, qui écrit des bouquins, qui passe à la télé ... Pourquoi recommencer ? Fawaz veut bien se retirer, à condition que René le prenne comme suppléant, qui lui veut en rester à son actuel, Jean-Michel Wattier. Bref, la vie politique est encore plus compliquée que la vie conjugale ! Dans tous les cas, c'est le divorce qui menace et l'éclatement de la famille, et c'est bien triste. Y aller ou pas, c'est aussi difficile qu'un premier baiser ou une demande en mariage ...

jeudi 17 mai 2012

La politique, c'est physique.





La politique, ce n'est pas le débat d'idées ou la défense de valeurs, contrairement à ce qu'on croit couramment. Ce n'est pas une activité intellectuelle ou un exercice de rhétorique mais une pratique physique ! Ce n'est pas un art, encore moins une science mais un sport oui ! Il faut donner de soi, mettre à contribution son corps plus que son esprit. C'est une lutte charnelle, concrète. Il faut avoir de la présence, comme on le dit d'un artiste sur scène : marcher en s'affirmant, en rayonnant, en dégageant quelque chose, circuler d'un individu à l'autre au milieu une foule comme un skieur slalome, croiser les regards de l'adversaire comme l'escrimeur croise le fer, plonger dans les yeux de tous les autres avec aplomb, serrer les mains dans un mélange de sensualité et de virilité. La politique est un style, une allure, une démarche, des gestes auxquels on repère tout de suite le politique de celui qui ne l'est pas, et parmi les politiques celui qui va gagner de celui qui va perdre. C'est physique, je vous dis ! Je vais jusqu'à penser que les grands politiques, les très grands, dégagent une odeur de fauve sur leur passage, comme les lions de la ménagerie Amar (en ce moment sur le champ de foire).

Ce matin, à l'inauguration de l'exposition sur l'histoire de la grande boucle à Saint-Quentin, tout ce que je viens de vous dire se confirmait, à un petit niveau bien sûr, à l'échelon local. C'était d'autant plus physique que la salle de la mairie annexe, rue de Ham, est très petite une fois qu'on y a installé des grilles et des stands et que le public était très nombreux. On ne pouvait contourner personne, c'était la mêlée presque comme au rugby. L'échéance des législatives n'est pas pour rien dans cette affluence. Il y avait des têtes qu'on ne voit pas d'habitude. La droite a fait le nécessaire et la gauche tout son possible. Après le kir, les gâteaux secs et une heure de visite, c'était le sauna, la fin d'un jogging !

Le moment crucial d'une inauguration, ce sont les discours officiels (vignette 1). Claude Cartigny, président de l'association pour le développement du quartier Saint-Martin (organisateur de la manifestation), a ouvert le feu, suivi par Jean-Marie Ledoux, tous les deux vêtus de jaune, Tour de France oblige. Après, selon la règle protocolaire qui évite tout pugilat, surtout en ces temps d'élections, c'est le représentant de la municipalité, Alain Gibout, qui s'est exprimé. Mais après ? Le protocole ne dit pas tout. La conseillère générale Colette Blériot et la vice-présidente du Conseil régional Anne Ferreira avaient visiblement choisi de se neutraliser mutuellement en renonçant chacune à leur discours respectif, d'un commun accord.

Mais voilà, la politique c'est physique et c'est plus fort que soi : Blériot n'a pas pu s'empêcher de prendre le micro pour dire qu'elle renonçait au micro, lançant fièrement un bref "vive le Tour de France !" qui valait bien un long discours mais brisait le gentleman's agreement avec Ferreira. La députée Pascale Gruny a continué dans la lancée, s'emparant à son tour du précieux fétiche qui amplifie la voix et symbolise le pouvoir, comme le sceptre autrefois chez les rois. Anne avait cru signer une opération blanche, elle s'est fait doubler au poteau, c'est-à-dire au micro. Il faut vraiment faire attention à tout en politique et ne faire confiance à personne ! La conclusion est souvent à l'arrache, dans les dernières secondes, au coude à coude, à la façon de Raymond Poulidor et Jacques Anquetil dans le Tour de France 1964 (vignette 2). Cette illustre course est aussi une leçon de politique : coller à la roue de l'adversaire puis s'échapper en tête de peloton, le plus loin possible afin que personne ne vous rattrape.

Pendant tout le temps des discours, les élus de droite ont fait bloc, mur, barrage contre l'adversaire, comme au foot. Pas question d'abandonner un pouce de terrain, un millimètre d'espace : un rude corps à corps qui reléguait la candidate socialiste à l'arrière, hissant désespérément la tête pour sauver celle-ci à défaut du corps, comme le nageur fait surgir la sienne de l'eau dans une épreuve de natation (puisqu'il est question de piscine, une élue semblait à sa chevelure en sortir tout droit !). En politique, il faut se montrer pour exister et cacher ses adversaires pour qu'ils n'existent plus, au regard du public et sur les photos, que le directeur de campagne d'Anne avait bien du mal à prendre tellement la majorité municipale était majoritaire, massive, soudée, compacte. La politique, c'est physique et c'est collectif : il y a toujours une prime aux plus nombreux.

Foin de politique, allez voir cette formidable exposition, accessible jusqu'à dimanche soir. Mon coin préféré : une miniature du Tour de France génialement réussie, avec des cyclistes comme j'en avais pour jouer quand j'étais enfant (vignette 3), et le clou du clou, la reproduction d'Yvette Horner sur sa camionnette, jouant de l'accordéon ! C'est une exposition qui dégage à la fois beaucoup de vie et beaucoup de nostalgie. Vous auriez tort de ne pas y aller, l'entrée n'est que d'un euro !

mercredi 16 mai 2012

St-Quentin à l'Elysée !



Un Saint-Quentinois quitte le gouvernement, un autre y entre ! Après Xavier Bertrand, c'est Yamina Benguigui qui représente en quelque sorte notre ville au sommet de l'Etat, en devenant ministre déléguée des Français de l'étranger et de l'outre-mer. Cette cinéaste est née à Saint-Quentin et y revient régulièrement, notamment pour y présenter ses films.

Sa soeur, Djamila Malliard, fait aussi de la politique mais ... à droite : elle est conseillère municipale déléguée (décidément !), chargée des jumelages dans l'équipe de Xavier Bertrand. Son frère, moins connu, est cependant présent dans la vie locale : Mohammed Belaïdi, "Momo" pour les intimes et pour tout le monde, a travaillé longtemps à L'Aisne Nouvelle, il est aujourd'hui guitariste, anime des spectacles et participe souvent au café philo et ciné-philo.

Yamina Benguigui est amie d'Anna Osman, l'une des fondatrices à Saint-Quentin du ciné-club, qui a contribué à son amour du cinéma. Au début des années 2000, Yamina a remis à Anna les insignes de chevalier des arts et des lettres, au côté de l'autre cinéaste saint-quentinoise Delphine Gleize, à l'initiative de la députée Odette Grzegrzulka.

L'oeuvre de Yamina Benguigui est consacrée à l'histoire contemporaine de l'immigration, notamment algérienne. Son film "Inch'Allah dimanche" a été en partie tourné à Saint-Quentin. On y reconnaît par exemple la place de la Gare et les abords de la rue de la Grange, et de nombreux figurants saint-quentinois ont participé au tournage.

Politiquement, Yamina Benguigui est proche de Bertrand Delanoë, d'ailleurs élue municipale dans un arrondissement de Paris. Pour les primaires citoyennes, elle avait soutenu Martine Aubry. Parions que madame le ministre saura réserver une prochaine visite officielle dans sa ville natale !

Une pluie de symboles.



L'investiture présidentielle n'est pas en soi quelque chose de très intéressant. C'est une cérémonie purement protocolaire. Je n'ai pas pu la regarder, j'ai seulement capté des images qui ont retenu mon attention. Ce qui compte, dans ce genre d'évènement, c'est le symbole et l'imprévu. Ce qui m'a bien sûr interpellé, c'est l'hommage à Jules Ferry, un personnage à rouflaquettes qui fait partie de notre imaginaire national, qui parle à la gauche laïque et socialiste, mais au-delà à la France entière. Même les réacs éprouvent de la nostalgie pour l'école de Jules Ferry !

Dans le palais de l'Elysée, j'ai retenu une autre image, quand le tout nouveau président est allé serrer des mains derrière le très présidentiel cordon : deux p'tits gars bien d'chez nous sont apparus, Yves Daudigny et Jean-Pierre Balligand. Mince alors ! (la rumeur dit que le premier pourrait devenir secrétaire d'Etat, mais qu'est-ce que la rumeur ne dit pas !). Et puis, à l'Arc-de-Triomphe, il y a eu cette pluie, Hollande trempé comme une soupe, à tel point que je me suis demandé à quel moment il allait (forcément) prendre un costume de rechange ...

Sinon, quelle différence avec Mitterrand en 1981 ! Ce n'est pas trente-et-un ans qui nous séparent mais trente siècles ! La remontée de la rue Soufflot, c'était une vraie manif du peuple de gauche, la chanteuse populaire Dalida en tête (on ne voyait qu'elle, toute de blanc vêtue). L'hymne à la joie de Beethoven (je crois) donnait allure, grandeur et solennité à la cérémonie. Après, c'était l'entrée en majesté dans le Panthéon, le voyage à travers l'Histoire, la visite des grands disparus, la descente au royaume des morts, une rose à la main, pour Jaurès, Schoelcher, Moulin. C'était géant et émouvant, rien n'égalera jamais cette journée d'investiture quand on est un homme de gauche. Je m'en souviendrai toute ma vie, je l'ai regardée à la télé de bout en bout. Il faut dire qu'à l'époque les socialistes s'apprêtaient à rompre avec le capitalisme et à gouverner avec des communistes pro-soviétiques. C'était autre chose que maintenant ! Les choses ont changé et je ne le regrette pas.

lundi 14 mai 2012

Politique pas perso.



Ce que je déteste le plus en politique, ce ne sont pas les positions des uns et des autres, toutes respectables pourvu qu'elles soient républicaines. Non, ce que je déteste, c'est la dimension personnelle que certains y mettent, parfois avec rage. Etymologiquement, la politique c'est la cité et ses affaires, c'est le bien public, l'intérêt général, la défense de convictions, le débat d'idées. Rien de personnel là-dedans. Les individus y jouent un rôle très secondaire. Ce n'est pas par rapport à eux qu'il faut se déterminer. Sauf que, une fois qu'on a dit ça, on est bien obligé aussi de constater et de déplorer la personnalisation de la vie politique.

Prenons l'exemple du futur gouvernement, que nous connaîtrons mercredi. Je trouve incroyable, jamais vu, que les Verts fassent circuler une pétition pour que leur candidate Eva Joly devienne ministre de la Justice ! Un ministère ne se réclame pas, ne s'exige pas. On n'est pas candidat à ce genre de poste. Il reviendra au Premier ministre de constituer son gouvernement, il fera appel à qui bon lui semblera, selon les engagements de campagne de François Hollande. Mais personne ne doit rien revendiquer pour soi. Je trouve ça indécent.

Autant le combat électoral est noble, autant la lutte pour les places est méprisable. Quand Jean-Luc Mélenchon va se battre dans une circonscription très difficile pour lui, j'approuve. Tant d'autres essaieraient, avec un tel poids électoral, de négocier un siège gagnable, acquis d'avance ! Non, Mélenchon a choisi la ligne des convictions. Bravo !

Mon refus de la politique perso vaut aussi en matière d'opposition locale. Quand j'entends se réjouir que Xavier Bertrand ne soit plus ministre, ça me gêne beaucoup, c'est introduire une dimension personnelle dans un affrontement qui ne devrait être que politique. C'est même gamin comme réaction ! Je suis content qu'une majorité de Français aient choisi une ligne politique porteuse de changement, pas que tel ou tel homme perde son pouvoir, même si l'un entraîne l'autre.

Toutes les personnes sont estimables, compétentes, surtout lorsqu'elles parviennent à un haut niveau de responsabilité. Il n'y a pas à éprouver une joie mauvaise à les voir battues, d'autant que c'est faux : un seul a échoué et l'a reconnu, le candidat Nicolas Sarkozy. La personnalisation du débat politique encourage à la dérision, à la morgue, aux règlements de compte. Franchement, ce n'est pas bon, on peut s'en passer. En foot, il ne faut pas jouer perso ; en politique, ne pas combattre perso.

dimanche 13 mai 2012

Dites-le avec des fleurs.



Ce matin, nous étions confrontés à un terrible dilemme. A la même heure exactement, 11h00 pile, il fallait choisir entre deux inaugurations, aussi importantes l'une que l'autre : soit aller rue de Paris à la grande brocante du quartier Saint-Martin, soit se rendre au parc des Champs-Elysées pour le marché aux fleurs. Habituellement, les deux évènements ont lieu à des dates différentes. Pas cette année ! Impossible de se dédoubler. Même Xavier Bertrand, qui est très fort, n'y est pas arrivé ... Les élus, de droite comme de gauche, ont préféré les fleurs à la brocante. Et moi aussi.

L'inauguration du marché aux fleurs, c'est quelque chose ! Il faut avoir vu ça au moins une fois dans sa vie. Il y a d'abord la coupure du ruban, dont chaque élu garde un petit morceau pour le distribuer autour de lui, comme le prêtre pendant la sainte communion. Le grand maître de cérémonie, c'est Elie Delval. Après les discours officiels, les personnalités et élus, gauche y compris, constituent une sorte de procession conduite par le maire, sous la bannière de l'association du faubourg saint-Jean, pour faire le tour complet des exposants. On a l'impression d'un état-major qui passe en revue les fleurs. Pour la droite, c'est une procession religieuse ; pour la gauche, un chemin de croix : un peu de socialistes au milieu de beaucoup de UMP. Verrai-je un jour le contraire, un peu de UMP au milieu de beaucoup de socialistes ?

Chaque année, je ne suis pas la cohue dans les allées étroites, je fais le même trajet mais à contresens (c'est Odette Grzegrzulka qui m'a appris ça il y a dix ans). Du coup, la voie est libre, les exposants sont disponibles, on peut parler en prenant son temps. Mais c'est il est vrai moins impressionnant que débouler très entouré. Il n'y a que l'exercice du pouvoir qui soit solitaire, selon l'expression de De Gaulle. Sa mise en scène est toujours collective. On n'est pas fort tout seul. Dans l'opposition, il est cependant bon de montrer qu'on est à contre-courant.

Pendant la visite, et depuis quelques temps déjà, certains se sont inquiétés pour moi, me trouvant amaigri, s'interrogeant sur ma santé. Je les en remercie, tout va bien, pas de problème. Simplement, il y a quelques mois déjà, actualité aidant, je me suis mis au régime Hollande. Constatant que son amincissement volontaire et programmé l'avait conduit à se faire plébisciter par le parti socialiste, passant de 5% à 55% aux primaires citoyennes, cette stratégie m'a donné des idées pour Saint-Quentin et je m'y suis mis à mon tour. On verra bien pour les élections municipales si cette décision est porte ses fruits. Sinon, je n'ai aucun problème de ligne (politique) : la mienne n'est pas sinueuse mais rectiligne, depuis des années, allant dans la même direction. En matière de dessin, Hergé appelait ça la ligne claire.

A la fin de son discours, Xavier Bertrand, sans doute inspiré par la beauté et les parfums ambiants, a invité la politique à s'emparer de la poésie, à le dire avec des fleurs. J'ai immédiatement suivi son conseil, en achetant un magnifique bouquet de roses rouges pour fêter, en ce deuxième dimanche de l'élection de François Hollande, la victoire de la gauche. J'ai failli aussi offrir quelques cactus à mes adversaires. Mais il faisait ce matin trop beau dans le parc des Champs-Elysées pour être méchant.

Du soleil et des fleurs.





Vignette 1 : les ciseaux, instruments indispensables au métier d'élu (ce matin, à l'inauguration du marché aux fleurs, à Saint-Quentin)

Vignette 2 : je me suis fait un nouvel ami.

Vignette 3 : on se croirait vraiment à la campagne.

Vignette 4 : la presse fait son travail. A lire demain dans le journal.

samedi 12 mai 2012

Duduche et les dragons.




Qu'ils étaient beaux, ce matin, au dessus de nos têtes, les dragons à l'entrée (vignette 1) et à l'intérieur (vignette 2) de l'espace Saint-Jacques ! C'était cette année le thème retenu pour les Journées de la BD et du livre jeunesse à Saint-Quentin. Ces bêtes fantastiques inquiétaient un peu, avec leur regard perçant, leur gueule ouverte pleine de dents pointues, leurs pattes griffues. Elles observaient la foule en train d'inaugurer, autour de Stéphane Lepoudère, où l'on pouvait reconnaître Marie-Laurence Maître, Colette Blériot, Pascale Gruny, Sylvie Robert, Danièle Deberles, Freddy Grzeziczak, Alexis Grandin, Karim Saïdi, en attendant la visite de Xavier Bertrand, plus tard. Anne Ferreira était là aussi : saura-t-elle faire surgir d'elle le dragon qui terrassera les dragons de la droite ? Car c'est finalement à quoi se résume la politique : un combat de dragons. Tranquille, étrangère à tout ça, la star de la manifestation dédicaçait ses oeuvres (vignette 3) : Cabu, dessinant son grand Duduche, même pas peur des dragons.

vendredi 11 mai 2012

L'usage du drapeau.



Dans une société de polémiques, il fallait bien que le nouveau président de la République en soit, déjà, la victime : la polémique du drapeau, superficielle, absurde et idiote comme le sont toutes les polémiques. Dommage que la droite ait cru bon de s'en emparer. Mais je mets cette erreur sur le compte de la jeunesse et de l'inexpérience : quand on renoue après dix ans avec l'opposition, il est normal de s'y prendre mal. J'espère tout de même que la droite apprendra très vite. En attendant, je réponds à cette polémique, qui ne doit pas laisser indifférent, aussi basse soit-elle.

Que nous dit-elle ? Qu'à la Bastille le soir de la victoire de François Hollande, dans la foule de ses partisans, il n'y avait aucun drapeau français mais plusieurs de pays étrangers. Voilà l'objet du scandale, le fond de la polémique, ridicule évidemment. D'abord, je ne suis pas certain que le drapeau national ait été complètement absent et, de toute façon, je m'en moque : ce n'est pas le tissu qui fait le patriote. L'extrême droite pétainiste, traître à sa patrie, essaie de se racheter une bonne conduite en agitant les trois couleurs. Ca ne change rien sur le fond. Le patriotisme est une affaire de coeur, pas d'ostentation, tout comme le port de la croix ne fait pas forcément le bon chrétien.

Quant à la présence de drapeaux étrangers, peu nombreux au demeurant, ça ne me gêne pas. Au contraire, j'en suis heureux, je m'en réjouis. A la Bastille, lieu symbolique d'une révolution à portée universelle, le nouveau président de la République s'est adressé à la nation et au monde. Cette ouverture me plaît. Que des Français d'origine étrangère ou des immigrés viennent manifester leur joie en revendiquant tranquillement, dans le respect des lois, leurs racines, c'est très bien comme ça. Et quand tout ce peuple reprend et entonne la Marseillaise, ça fait chaud au coeur, c'est le vivre ensemble dans toutes nos différences qui s'exprime là, c'est un grand moment de gauche, un grand moment républicain, un grand moment français. Il faut être bien misérable pour y voir autre chose, une manifestation anti-nationale. C'est à l'inverse une réponse au vent mauvais de xénophobie qui souffle sur la France.

A vrai dire, cette histoire de drapeau me chauffe les oreilles depuis plusieurs années. La belle idée qu'a eu Ségolène de l'introduire en 2007 dans le débat ! Et Sarkozy qui en rajoute en demandant aux syndicalistes de mettre de côté le drapeau rouge ! Nous sommes en pleine confusion des symboles. Un drapeau est une façon d'exprimer une conviction, rouge, verte, orange, noir ou autres, selon qu'on est militant ouvrier, écologiste, MoDem, anarchiste ou autres. Il y a aussi le drapeau des régions ou celui des clubs sportifs. De ce point de vue, un drapeau traduit un engagement, un attachement, chacun a le sien et c'est très bien ainsi en République.

La multiplication des drapeaux dans les manifestations est relativement récente ; elle date du début des années 90, avec la création de la fédération enseignante, la FSU. Avant, les drapeaux ont bien sûr toujours été présents mais moins nombreux. Aujourd'hui c'en devient absurde : dans les meetings, on a l'impression que presque chaque participant a été doté d'un drapeau dans le but de faire masse.

Le drapeau tricolore, c'est très différent : c'est le seul et unique drapeau qui appartient à tout le monde, qui ne traduit pas un choix partisan mais l'intégration dans la communauté nationale, qu'on soit d'ailleurs, sans distinction, Français ou immigrés. Ce drapeau-là, exceptionnel et même sacré (c'est pourquoi il existe un délit d'outrage au drapeau), ne devrait pas être utilisé à des fins partisanes, de gauche ou de droite, mais réservé aux bâtiments officiels de la République, à ses cérémonies et aux défilés patriotiques. A la différence des Etats-Unis d'Amérique où l'immensité du territoire et le système fédéraliste exigent d'afficher son sentiment national à la porte de sa maison ou dans son jardin, la République française, suffisamment forte par son histoire et ses institutions, n'a pas besoin de se rassurer d'une telle façon.

Je propose donc qu'une loi interdise l'usage public, non officiel, non autorisé, non protocolaire, du drapeau français. Il faut arrêter cette course stupide à celui qui aura le plus de drapeaux tricolores dans ses meetings, qui ne servent que pour la photo et les télés. Ce n'est pas faire honneur à nos couleurs, ce n'est certainement pas les respecter que de les transformer en agent électoral. Cette mode ne peut que renforcer le nationalisme, qui est tout le contraire du patriotisme (il faut toujours se méfier des gens qui en font trop, qui agitent le drapeau pour de sombres raisons). Ma deuxième proposition de loi, c'est que chaque drapeau français soit obligatoirement accompagné d'un drapeau européen, comme cela se fait déjà en de nombreux endroits (dans mon lycée par exemple) : ce serait une excellente pédagogie pour montrer que la France et l'Europe sont liées par une communauté de destin.

Vive la France ! mais par pitié arrêtons avec cette folle histoire et cette inflation de drapeaux ...

jeudi 10 mai 2012

Nostalgie 1997.



Cette fois c'est parti ! la campagne des élections législatives à Saint-Quentin, avec hier soir l'inauguration du local de campagne de la candidate socialiste Anne Ferreira, "en comité restreint", selon ses propres termes et sa volonté (une quarantaine de personnes). Ce lancement de campagne avait un goût de retour. D'abord, retour dans une permanence, rue de la Comédie, qui a été pendant des années celle d'Anne, députée européenne.

Ensuite, retour en force d'IDG, Initiative démocratique de gauche, dont les élus et les militants étaient en nombre, dont le suppléant de la candidate, Stephan Anthony, est membre. C'est donc le retour à la stratégie Grzegrzulka, s'appuyer sur ce mouvement politique dirigé par Roland Renard (lui-même suppléant d'Odette en son temps) pour refaire en 2012 le coup de 1997, la victoire de la gauche contre Charles Baur, comme l'a rappelé dans son intervention le maire de Montescourt-Lizerolles et conseiller général.

Retour enfin d'Anne comme députée, mais cette fois-ci à l'Assemblée nationale et pas au Parlement européen. N'est-il pas vrai que la politique, comme la vie, contient moins de surprises et de nouveautés qu'on croit, se réduit souvent à un éternel retour des mêmes évènements ? Anne Ferreira a reçu le soutien visible des conseillers généraux Thierry Lefèvre et Jean-Claude Capelle, ainsi que celui du MRC, Mouvement républicain et citoyen (chevènementiste), en la personne de Laurent Elie.

Au milieu de cette nostalgie 1997, il y a eu tout de même une touche de fraîcheur, de nouveauté, incarnée par Stephan Anthony : sympathique, drôle, très à l'aise, pas langue de bois pour un sou, ce chirurgien et pompier, militant associatif engagé, a commencé par la jouer modeste, expliquant qu'il avait hésité avant d'aller au feu (oui je sais, elle est un peu facile mais je n'ai pas pu m'empêcher), qu'il a finalement cédé aux sollicitations de ses amis IDG, de celui qu'il appelle "l'ancien" (Roland Renard).

Anthony a ensuite motivé son choix par le peu d'intérêt que portent selon lui les élus à l'insertion, qui est précisément son dada, l'objet de son engagement associatif (à la tête de l'ADERMAS) et qu'il veut manifestement mettre au coeur de la campagne. Enfin, il a dit de lui qu'il n'était pas "un gars facile à porter", de par ses origines, candidat de la diversité dans un contexte où la xénophobie prospère, choix courageux dont il a remercié Anne Ferreira. L'un et l'autre se retrouveront demain pour leur première réunion publique à Moy-de-l'Aisne, fief IDG. C'est parti, je vous dis !

mercredi 9 mai 2012

Comme un chef.


Après la victoire de la gauche, quel est l'avenir de la droite ? Avec 48% des voix au second tour, elle n'a pas de quoi s'inquiéter. Nous ne sommes pas en 1981, où elle était complètement sonnée. Nicolas Sarkozy a fait une belle sortie, dont tout le monde a salué avec raison la dignité. Giscard, c'était minable : la chaise vide sur nos écrans de télévision, les huées en quittant l'Elysée. On juge un homme politique dans la défaite, pas dans la victoire : Sarkozy s'est comporté comme un chef, prenant sur lui l'échec, ne cherchant pas à se défausser sur d'autres. La transition pour le moment est exemplairement républicaine ; en 1981, c'était la guerre entre les deux camps.

J'entends parler d'une possible implosion de l'UMP. Je n'y crois pas et surtout je ne le souhaite pas. C'est le voeu du Front national, cela suffit pour ce que ne soit pas le mien. Le Pen chef de l'opposition, ce serait le pire. Il ne faut même pas y penser. L'intérêt de la République, c'est d'avoir une opposition de droite républicaine. L'implosion de l'UMP serait une vraie catastrophe, non seulement pour la droite mais aussi pour la gauche.

Là où au second tour des législatives resteront en face en face l'UMP et le FN, les républicains ne pourront pas se réfugier dans l'abstention. Comme les fois précédentes, il faudra voter UMP contre le FN. Aucun risque, même minime, ne doit être pris pour favoriser un tant soit peu l'extrême droite. En espérant bien sûr que ces cas de figure soient les moins nombreux possibles. En démocratie, il n'y a que l'affrontement gauche-droite qui soit pertinent.

Ne cédons pas non plus à la facilité d'inclure l'électorat FN parce qu'il serait soit-disant celui de la souffrance et de la colère, dans je ne sais quelle majorité anti-sarkoziste. Un vote xénophobe (car sa réalité est celle-là) ne peut pas être englobé dans une majorité de gauche. Cette majorité, c'est aux hommes et aux femmes de gauche, sur des valeurs de gauche, de la construire, sans faire appel à un électorat qu'il faut certes reconquérir, mais sans accepter le vote extrémiste qu'il exprime actuellement, sans lui accorder la moindre part de légitimité.

Enfin, puisque nous parlons de chef, quel sera le prochain à l'UMP, puisque Nicolas Sarkozy ne refera pas de politique ? Il y aura probablement un duel Bertrand-Copé, annoncé depuis déjà pas mal d'années. En temps que socialiste, je n'ai pas à choisir entre les deux. Mais je remarque que l'un incarne plus une droite sociale et l'autre plus une droite libérale. Alors, tant qu'à faire, autant espérer que le maire de Saint-Quentin l'emporte. Et puis, faire parler de notre ville, même quand c'est grâce à quelqu'un dont je ne partage pas les idées, c'est toujours bon à prendre ...

mardi 8 mai 2012

La bise et le samouraï.



Je crois fermement à la supériorité de l'écrit sur l'image. Par exemple, j'ai posté en début d'après-midi des photos sur les cérémonies du 8 mai à Saint-Quentin, mais qu'en avez-vous appris ? Il n'y a que les mots qui peuvent traduire une ambiance, rapporter des faits intéressants, des anecdotes révélatrices. Il faut donc que je vous raconte ce que j'ai retenu, ce qui m'a marqué de ce 8 mai. La grande interrogation qui traversait tout le défilé était de savoir comment les uns et les autres allaient se comporter, ce qu'ils allaient dire moins de quarante-huit heures après la victoire socialiste. Allaient-ils en parler ? Finalement, il n'en a pas été question, du moins publiquement. Cependant, quelques signes politiques étaient notables :

D'abord, boulevard Gambetta, devant le monument de la Résistance, il y a eu une bise, et pas n'importe laquelle : entre Corinne Bécourt et Guy Fontaine, c'est-à-dire la communiste dissidente et le communiste officiel, tous les deux candidats aux prochaines élections législatives. En politique, tout compte, et les petits gestes sont souvent plus importants que les grandes déclarations. S'embrasser ce n'est pas anodin, c'est qu'on ne se détestent pas complètement (même Judas n'éprouvait pas de haine totale envers le Christ). Les camarades concurrents ne sont donc pas ennemis, c'est toujours ça de gagné dans l'intérêt de la gauche. Bien sûr, je ne fais de cette bise aucune déduction hâtive. Moi-même, qui suis social-démocrate, je prends plaisir à embrasser Corinne, communiste hard, sans que j'y mette un sens politique. Restons par conséquent prudents dans nos interprétations.

Dans la salle des mariages de l'hôtel de ville, le maire Xavier Bertrand a rendu hommage à Christian Huguet, à l'occasion de la remise de sa Légion d'honneur. Le sénateur Pierre André, bon pied bon oeil, était présent, dans un espace tellement rempli que la pièce du rez-de-chaussée avait été ouverte au public et les discours retransmis. Quand un politique parle, quand c'est Bertrand, il faut être attentif, c'est là, en cette période de campagne des législatives, que quelque chose peut se passer. Mais non, rien ou presque, une petite évocation quand même aux "esprits chagrins qui se reconnaîtront", ceux qui reprochent, selon lui, au ministre de la Santé de privilégier l'hôpital de Saint-Quentin. La même allusion avait été faite lors des voeux au centre hospitalier en début d'année, devant Anne Ferreira implicitement visée.

De Christian Huguet, Xavier Bertrand a salué le médecin, l'élu, le militaire de réserve et le citoyen engagé, en dépeignant un personnage hors-norme, "inclassable mais qui sait où il habite". Je vous traduis (je me demande si je ne vais pas me faire bertrandnologue) : Huguet n'est pas adhérent à l'UMP mais néanmoins de droite. Pourtant, en écoutant celui-ci rappeler les grandes étapes de sa vie, je me dis qu'il aurait pu être de gauche. Car il y a du rebelle en lui. Ce médecin n'est pas si classique que ça puisqu'il s'intéresse aux médecines traditionnelles chinoises, pour lesquelles l'ordre des médecins n'éprouve pas une tendresse particulière.

Pendant ses études, il a croisé Kouchner et les french doctors, a participé au mouvement de la médecine humanitaire, de nature progressiste. Je crois même entrevoir une forme de spiritualité chez lui : il aime à dire qu'il est né la même année que le dalaï lama, qu'il a rencontré, il est adepte des arts martiaux, jusqu'à recevoir un diplôme japonais qui le rapproche des samouraïs (!). Le moment le plus émouvant, c'est quand le maire a évoqué ses parents et que Christian Huguet s'est frotté alors le front de son pouce, comme pour éviter d'être submergé par l'émotion.

Pour ma part, j'ai deux souvenirs personnels à propos du docteur Huguet : en 2004, alors que j'étais candidat aux élections cantonales et que je collais mes affiches, Christian Huguet aux commandes de son quatre-quatre attendait au coin de la rue que je termine mon travail pour faire le sien ... sur le mien, soutenant lui Jérôme Lavrilleux ! En 2009, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Charles Darwin, savant tout de même progressiste, nous avons fait ensemble, à deux voix, une conférence sur le grand biologiste à la Maison de la Nature.

Pendant cette cérémonie dans la salle des mariages, un personnage a tout observé, dominant l'assistance, placé en haut de la porte menant à la salle du conseil municipal : Nicolas Sarkozy, la photo officielle du président de la République, pour quelques jours encore présent.

8 mai à St-Quentin.





Vignette 1 : la jeep américaine en tête de cortège.

Vignette 2 : le maire Xavier Bertrand et le sénateur Pierre André de retour du dépôt de gerbes.

Vignette 3 : les enfants des écoles Eugène-Corette et Marcel-Pagnol ont interprété la Marseillaise, en présence de l'inspectrice de l'éducation nationale Chantal Vasselet et leur enseignant Maryan Poidevin. A gauche, l'harmonie municipale et l'Epide, auprès de son directeur Michel Devisscher.

Vignette 4 : discours de remise de la Légion d'honneur à Christian Huguet dans la salle des mariages de l'hôtel de ville, introduits par le colonel Maurice Dutel.






lundi 7 mai 2012

Les 3 défis d'Anne Ferreira.


La victoire de Françoise Hollande n'est pas seulement nationale mais aussi locale : à Saint-Quentin, les conséquences seront très importantes. D'abord, dès aujourd'hui, le parti socialiste cesse d'être un parti d'opposition, essentiellement anti-Sarkozy et anti-Bertrand, pour devenir un parti de gouvernement. Il lui faudra défendre une ligne politique qui avec François Hollande sera social-démocrate, assumer des prises de position forcément difficiles quand on occupe le pouvoir, parfois impopulaires. Dans ces conditions, on voit mal comment le partenariat avec l'extrême gauche, concevable dans la contestation, sera tenable en situation de responsabilités gouvernementales. Nous allons sortir de l'exception saint-quentinoise à gauche, entrer dans la voie de la normalisation.

Et puis, il y a la question que tout le monde se pose depuis hier soir : Anne Ferreira peut-elle battre Xavier Bertrand aux élections législatives ? Si oui, ce serait un véritable coup de tonnerre dans le paysage politique local. Logiquement, la réponse est oui, étant donné l'avance considérable de la gauche sur la droite, sachant aussi que le scrutin aura lieu dans cinq petites semaines, que la dynamique Hollande ne pourra que s'amplifier. En même temps, il ne faut pas se laisser emporter par l'ivresse de la victoire, ni croire qu'une élection en reproduit automatiquement une autre. Je vois trois défis à relever :

1- La gauche saint-quentinoise va partir aux législatives avec beaucoup plus de candidats que la droite. C'est un handicap. L'exemple de François Hollande nous montre que pour gagner au second tour, il faut faire un fort score au premier tour. Dans la division, c'est difficile. A Saint-Quentin où la gauche est fragilisée depuis plusieurs années, la dispersion est préjudiciable. Anne Ferreira devra donc être en capacité d'impulser une dynamique de rassemblement, en commençant par les socialistes et leurs sections, et au-delà l'ensemble de la gauche. L'histoire locale nous montre que l'unité ici est toujours un dur combat.

2- Xavier Bertrand dispose d'un avantage : une grande notoriété, une forme de popularité, une équation personnelle très forte, de solides réseaux sur la ville pour le soutenir. Là aussi, Anne Ferreira a un défi à relever : se forger une image, renforcer sa crédibilité, regrouper les forces qui lui sont favorables. En politique, on doit toujours faire ses preuves, rien n'est gagné d'avance. La campagne sera dure, la droite ne se laissera pas faire, la présence sur le terrain sera déterminante. Il faudra aussi miser sur la communication avec savoir faire et habileté, ne pas laisser ce domaine à l'adversaire.

3- Le troisième défi est sans doute celui qui prête le plus à discussion : il s'agit de la possible triangulaire au second tour entre PS, UMP et FN. Certains camarades la voient comme une aubaine, moi je la redoute. D'abord parce qu'il n'y a jamais à se réjouir un haut score de l'extrême droite, même pour des considérations tactiques. Surtout, une triangulaire n'est profitable à la gauche que lorsqu'elle divise la droite, comme à l'élection cantonale de Saint-Quentin centre en 1998, où Anne Ferreira l'avait emportée. Mais aujourd'hui, un maintien du FN divise les milieux populaires, attire des voix qui pourraient normalement se reporter à gauche. Je ne souhaite donc pas cette redoutable triangulaire qui permettrait à Xavier Bertrand de faire le plein de voix de son côté en en détournant certaines de la candidate socialiste.

Notons enfin que Anne Ferreira a fait un choix courageux, donc risqué, en prenant comme suppléant un candidat de la diversité, Stephen Anthony, conformément à la ligne du parti socialiste, dans une circonscription où le vote d'extrême droite est puissant. La victoire de François Hollande ne doit pas faire oublier le climat de xénophobie qui s'est manifesté au soir du premier tour. C'est donc un effort renouvelé de pédagogie qu'il faudra mener, de défense des valeurs humanistes et républicaines dans une circonscription désormais gagnable mais pas automatiquement gagnée.

dimanche 6 mai 2012

Une victoire normale.



François Hollande est donc, comme prévu, le nouveau président de la République. Je l'avais annoncé sur ce blog il y a quelque temps déjà. C'est la moins surprenante des victoires présidentielles. C'est le contraire qui aurait été stupéfiant. Après cinq ans de sarkozysme, les Français ont voulu tourner la page. Non pas que le pays ait basculé à droite, je n'y crois pas, les valeurs conservatrices demeurent prégnantes. Mais la France a rejeté une forme d'hystérisation de la vie politique qui ne correspondait pas à notre tradition nationale, même si, cinq ans auparavant, la séduction avait fonctionné. C'est toujours ainsi avec toute séduction : ça ne marche qu'au début, le charme finit par s'éventer à la longue.

Dans cette soirée, le moment de joie le plus important pour moi n'aura duré que que deux ou trois secondes, à 20h00 pile devant ma télé, l'annonce du résultat, le nom de l'heureux élu. Finalement, c'est comme l'amour : beaucoup d'excitation avant, beaucoup de détente après et quelques secondes d'orgasme seulement.

J'entends parler de victoire historique. Non, la seule digne de ce nom pour la gauche dans la France contemporaine, c'est mai 1981, que j'ai vécue et qui était très différent de ce qui se passe ce soir : à l'époque, nous sortions d'un quart de siècle de gouvernement de droite, l'arrivée de la gauche au pouvoir était fortement dramatisée. Aujourd'hui, nous assistons à une victoire à l'image de son vainqueur : victoire normale d'un candidat normal, et c'est très bien comme ça. Historique rime trop souvent avec hystérique. Ce soir, c'est la démocratie qui gagne : après dix ans de droite, les Français ont fait fonctionner tranquillement l'alternance à gauche, ni plus ni moins.

Je fais quoi ce soir ? Rien du tout, rien de spécial, je reste normal. A Fervaques, j'ai vu des communistes applaudir un social-démocrate et des militants UMP m'adresser leurs félicitations alors que je n'y suis pour rien dans ce qui se passe. Les gens sont bizarres, pas normaux dans ce genre de circonstances. Une victoire politique, ce n'est pas le résultat d'un match de foot, où l'on s'enthousiasme pour les vainqueurs et où l'on siffle les vaincus. Non, je me fais une image plus digne, plus décente, plus retenue de la victoire électorale : c'est la décision du peuple, la volonté du suffrage universel, quelque chose qu'on ne peut pas réduire à la victoire d'un parti contre un autre.

Il faut ce soir que les socialistes n'aient pas la victoire arrogante, et j'ai été impressionné par la gravité et la maîtrise des représentants du PS sur les plateaux de télévision, qui ne se sont pas laissés aller à une exubérance déplacée. La victoire est toujours facile à vivre ; c'est dans la défaite qu'on est grand, qu'on mesure les tempéraments. Ce soir, il faut respecter chacun dans ses choix, ne pas monter une France contre une autre, ne pas rabaisser l'adversaire, simplement et modestement se satisfaire que notre pays, pour cinq ans, puisse entreprendre les changements attendus dans le sens de la justice sociale. Avoir aussi conscience qu'il n'y aura pas d'état de grâce, à la différence de 1981, se dire que les difficultés de la France sont grandes et qu'il faudra du temps pour les surmonter.

Avant de vous quitter, je veux vous raconter une petite histoire qui a toujours été pour moi un modèle de comportement en situation de victoire : en 1988, François Mitterrand redevient président avec un score qu'un socialiste n'est pas près de retrouver (54%). Dans l'hélicoptère qui le ramène à l'Elysée, son beau-frère Roger Hanin se risque à lui proposer d'ouvrir une bouteille de champagne. Mitterrand, avec la moue qu'on lui connaît, décline et dit se contenter d' "un verre d'eau à température ambiante". Génial, non ? C'est ce que je vais prendre avant de rejoindre mon lit, dès maintenant, un verre d'eau à température ambiante. N'est-il pas vrai que l'avenir appartient à ceux qui se couchent tôt ?





Beaubourg à Cambrai.


Je me suis rendu ce vendredi à Cambrai. Sur l'une des places du centre-ville, vous tombez sur une structure préfabriquée et gonflable assez laide. Mais à l'intérieur, vous y découvrez des chefs d'oeuvre de l'art moderne : Picasso, Dubuffet, Braque, Klein, Calder, Léger, Niki de Saint Phalle (en vignette, sa fameuse vache multicolore !), une vingtaine d'oeuvres en tout. C'est une initiative tout à fait originale et remarquable : au lieu d'aller au centre Pompidou, le faire venir à nous. Le concept pourrait être développé pour d'autres musées. Les merveilles de la capitale dans les villes de province !

Le thème retenu de ce Beaubourg mobile est la couleur. Il faut attendre le vingtième siècle pour que celle-ci, dans la peinture, se mette à exister par elle-même, en se libérant du dessin, de la forme, de l'idéologie et parfois du tableau. C'est l'un des principe de l'art abstrait, en rupture avec la réalité visible. C'est aussi un recentrage sur l'artiste, le spectateur, la subjectivité : une oeuvre devient le réceptacle d'impressions, le monde tel qu'on le perçoit. C'est pourquoi les couleurs sont primordiales. Plus subjectif, cet art moderne est devenu en même temps moins populaire puisqu'on n'y retrouve plus les figures familières du réel. C'est aussi, paradoxalement, un art moins intellectuel au sens où les idées sont absentes (l'art sacré, pendant des siècles, a véhiculé des messages religieux). Il n'empêche que cet art fait beaucoup cogiter : moins une oeuvre d'art en dit, plus elle fait parler !

Je ne suis pas un grand amateur d'art moderne, abstrait, contemporain, tout génial qu'il soit. Mes préoccupations personnelles du moment me portent vers le figuratif, notamment l'art iconique (rien à voir, comme vous le constatez !). Mais l'évolution, on peut même dire la révolution dans l'art depuis un siècle me fait réfléchir à la société dans laquelle nous vivons, dont l'art est à sa façon un symptôme, heureux ou inquiétant. J'ai même parfois des doutes sur la valeur esthétique de l'art contemporain, quand par exemple Niki de Saint Phalle compose des tableaux en tirant à la carabine sur des sachets de peinture ! Quoi qu'il en soit, ne ratez pas l'exposition à Cambrai, visible jusqu'au 15 mai.


PS : rendez-vous ce soir à partir de 20h00 pour le commentaire des résultats, nationaux et locaux, de l'élection présidentielle.


samedi 5 mai 2012

Collector.



Pas de politique jusqu'à demain 20h00, tradition oblige. Je vais donc vous parler de timbres, de cartes et de monnaies. C'était ce matin à l'espace Matisse la fameuse bourse organisée par Jean Dufour, autant influent dans le monde de la pêche que dans celui de la philatélie. Il y a des hommes qui collectionnent les femmes, d'autres les échecs, moi tout ce qui a trait à Batman : Jean, ce sont les timbres postaux. Il en a 4 000, beaucoup plus que le séducteur n'aura de conquêtes. Les jeunes paraît-il n'ont pas la passion. Quel dommage ! C'est une occupation vertueuse, patiente, minutieuse et instructive.

Alain Gibout, représentant le maire, a fait un petit discours très enlevé, n'oubliant pas de citer ses collègues présents, Stéphane Lepoudère, Colette Blériot et Marie-Laurence Maître. Il a demandé à ce que le président Dufour soit applaudi, a prôné audacieusement l'union du sport et de la culture, rappelant que ce soir le match de SQBB était retransmis à Pierre-Ratte. Il a terminé en évoquant la tragédie de Furiani. Nous étions alors très loin des timbres, des cartes et des monnaies. Qu'importe, c'était très bien dit, presque parfait. Car Alain a oublié d'évoquer ... le Tour de France, alors qu'une partie de l'exposition philatéliste lui était consacrée. Pas grave, l'erreur est humaine.

Moi qui ne suis pas un passionné de timbres, de cartes et de monnaies, j'ai quand même trouvé mon bonheur. Un coin bouquins m'a fait redécouvrir un magazine de 1972, "La dernière guerre", auquel j'étais abonné quand j'avais douze ans. A feuilleter les pages, à revoir les photos, tout m'est revenu, je n'ai rien oublié. Et puis, je suis tombé sur deux gros albums du magazine "Spirou" (1975) qui enchantait, dans un autre genre, mon enfance. Enfin, côté timbres et expo, j'ai eu plaisir à voir des vignettes à l'effigie de Sylvain et Sylvette, les héros de mes débuts dans l'existence (consciente) : deux "garnements" (les enfants) vivant au milieu des "compères" (les animaux). Quand on pense que cette BD a été créée en 1941 !

Voilà donc de quoi je parle quand je ne parle pas de politique. Je devrais peut-être toujours faire comme ça ?

vendredi 4 mai 2012

Transgression et sacrilège.



Le choix de François Bayrou en faveur de François Hollande est stupéfiant à bien des égards. La prudence et la décence invitent bien sûr la gauche à ne pas se réjouir ostensiblement de ce ralliement. Mais sa portée aura des conséquences très importantes dans l'inévitable recomposition du paysage politique qui suivra l'élection présidentielle, comme chaque scrutin de ce type l'a montré.

D'abord, en bonne logique centriste, on aurait pu penser que François Bayrou resterait à équidistance de la gauche et de la droite, d'autant qu'il n'a pas été tendre durant sa campagne à l'égard du candidat et du programme socialistes. En 2007, il avait manifesté son refus de Nicolas Sarkozy sans cependant rejoindre Ségolène Royal, dévoilant après coup qu'il avait voté blanc. Qu'il ne réédite pas ce positionnement est révélateur de la puissance de la dynamique engendrée par François Hollande, qui déborde largement les frontières traditionnelles de la gauche.

Le fait que le vote de François Bayrou soit donné "à titre personnel" sans déboucher sur une consigne de vote ne change strictement rien au fond et à sa lecture politique : rien n'est "personnel" dans l'activité publique, Bayrou vient bel et bien de choisir la gauche contre la droite et c'est un évènement d'ampleur, quasiment historique. En effet, il faut remonter très loin dans notre histoire politique pour assister à une telle décision. On pense à Jean Lecanuet en 1965, ce qui n'est pas tout à fait équivalent : le centriste de l'époque avait demandé de battre de Gaulle sans dire explicitement qu'il votait Mitterrand. Quoi qu'il en soit, c'est du jamais vu depuis 45 ans. Et ce n'est pas rien, Bayrou s'étant constitué depuis dix ans un électorat, occupant une place non négligeable, le centre, dans la vie politique française.

Qu'est-ce qui a pu déterminer ce choix si peu évident, si peu conforme à la tradition centriste, dont l'électorat de centre droit n'a pas spontanément de sympathie à l'égard
d'un socialiste ? C'est d'abord la ligne social-démocrate de François Hollande qui a fait tomber les réticences. Lionel Jospin en 2002 était encore dans une logique de "gauche plurielle", Ségolène Royal affichait un comportement trop atypique et incertain pour un centriste. Avec Hollande, l'orientation social-démocrate est claire, incontestable. Une organisation de centre droit, le MoDem, peut parfaitement s'accommoder d'une politique de centre gauche.

Ensuite, il y a la fermeté de François Hollande à l'égard du Front de gauche, pas si évidente que ça il y a quelques mois : pas de négociation, pas de compromis entre les deux tours, c'était à prendre ou à laisser. Jean-Luc Mélenchon l'a dans un premier temps trouvé un peu raide puis l'a forcément accepté. Dans ce refus très net de dealer avec sa gauche, Hollande ne pouvait que rassurer sur sa droite et s'attirer ses faveurs.

Enfin, la droitisation de Nicolas Sarkozy, ses efforts pour récupérer les voix de l'extrême droite ont définitivement fermé la porte aux centristes. C'est d'ailleurs l'explication officielle présentée hier par François Bayrou, mais les précédentes me semblent tout aussi importantes. Que son électorat suive ou pas n'est pas la question : comme en amour, c'est le geste qui compte. Bayrou a fait plus que prendre position, il a brisé un tabou qui interdisait depuis près d'un demi-siècle à un parti centriste d'opter au second tour pour la gauche, contre la droite. C'est plus qu'un évènement, c'est une transgression qui aura des effets sur le quinquennat qui s'annonce. Pour le social-démocrate que je suis, c'est une étape historique, c'est une grande satisfaction dont on ne mesure pas encore très bien l'impact aujourd'hui et pour les prochaines échéances électorales, notamment locales.

Je ne peux pas m'empêcher, pour terminer, de penser à Saint-Quentin et à son MoDem. Stéphane Monnoyer sera sûrement heureux et votera probablement lui aussi Hollande, en toute cohérence. Mais Paul Gironde ? Restera-t-il "injoignable" pour la presse, les problèmes de téléphonie mobile étant décidément nombreux chez certains responsables politiques de notre ville, qui n'est pourtant pas en zone blanche ? Va-t-il à son tour commettre la transgression, qui dans la ville de Xavier Bertrand prendrait carrément des allures de sacrilège ? J'ai du mal à l'imaginer. Même un vote blanc aurait chez le sage Paul Gironde quelque chose de révolutionnaire. Mais allez savoir jusqu'où peut aller la dynamique du changement, y compris à Saint-Quentin !

















jeudi 3 mai 2012

Chat alors !



J'avais hier soir tout prévu pour le grand débat Hollande-Sarkozy : les coussins sur le canapé, le jus d'orange et les petits gâteaux pour tenir trois heures, le chat dans sa pièce pour ne pas être perturbé, du papier et un stylo pour la prise de notes. De plus, j'avais un invité, Guillaume Carré, du Courrier Picard, qui m'avait proposé, bonne idée, de suivre avec moi le débat afin de recueillir sur le vif mes réactions. Patatras ! Un empêchement de dernière minute a tout gâché : adieu coussins, jus d'orange, petits gâteaux, Guillaume Carré et débat en direct ! Un seul était en joie : le chat !

Ce matin, j'ai voulu voir ce que j'avais raté, sans me laisser influencer par les réactions à la radio et à la télé, dont je me suis abstenu. Voilà mes impressions : d'abord, j'ai été assommé (c'est vraiment le mot) par les chiffres, les statistiques, les pourcentages donnés par les deux candidats. J'ai déjà dénoncé sur ce blog cette manie, cette maladie de notre société, particulièrement saillante lors de cette campagne électorale, mais hier soir c'était le feu d'artifice ! Des pelletées de chiffres qui ne disent plus rien aux citoyens, qui sont dans l'instant invérifiables, qui contredisent autant qu'ils confortent telle ou telle position. J'ai le sentiment que les débats politiques sont devenus des sortes de concours ou d'examens où il faut à tout prix briller de la façon la plus obscure : en alignant en veux-tu en voilà des chiffres. C'est désagréable, technocratique et finalement pas politique, pas démocratique. Quelques éléments chiffrés, oui bien sûr, mais pas autant !

Ensuite, j'ai remarqué la forte réactivité, le sens de la répartie, l'ironie savamment distillée de François Hollande qui le faisaient dominer, contre toute attente puisque Nicolas Sarkozy jouait son va-tout et misait sur la rencontre pour déstabiliser médiatiquement son adversaire. Il a échoué, étant plus souvent sur la défensive que réussissant ses offensives, même s'il a su résister. Le moment de bravoure, c'est lorsque Hollande s'est lancé dans la tirade qu'on retiendra de ce débat : moi, président de la République, répété à de multiples reprises, à la suite, assénant à chaque fois une mesure importante de son quinquennat. Je crois que c'est à cet instant, durant cette séquence, qu'on a compris que le gagnant de dimanche soir ce serait lui, que François Hollande était déjà le futur président.

Au final, je pense que ce débat qui devait tout changer ne changera rien du tout, et c'est bien là l'échec médiatique de Nicolas Sarkozy. Ses partisans l'auront trouvé à coup sûr formidable et les partisans de François Hollande s'enthousiasmeront à la performance de celui-ci. Peu importe la subjectivité des uns et des autres : une dynamique s'est emparée du pays, celle du changement, qu'on s'en plaigne ou qu'on s'en réjouisse. La confrontation d'hier soir ne l'a ni stoppée, ni inversée mais au contraire confirmée et sûrement amplifiée. Même mon chat, qui en a profité pour laper un peu de jus d'orange et grignoter un gâteau, a compris ça.