lundi 21 mai 2012

Le tablier de René.



J'aime beaucoup René Dosière, je me sens politiquement très proche de lui, le député de l'Aisne fait un travail formidable sur la moralisation de la vie politique, c'est un élu local qui a réussi à acquérir une stature nationale par ses seuls efforts, ce n'est pas si fréquent. J'en suis d'autant plus libre à le critiquer sur un point, récurrent chez lui : sa dénonciation du "complot maçonnique" dont il serait la victime, encore ce week-end dans L'Aisne Nouvelle. Pourquoi voir l'ombre des loges là où il est tellement plus simple de constater l'affrontement des ambitions ? Si les frères se tenaient les coudes pour écarter tous ceux qui ne sont pas passés sous le bandeau, à Saint-Quentin Xavier Bertrand, Freddy Grzeziczak et Jean-Pierre Lançon tireraient dans le même sens : or c'est le contraire, ils se tirent dans les pattes ! Arrêtons donc avec ce fantasme du complot maçonnique. Les socialistes se retrouvent aussi nombreux dans les syndicats et les associations sans qu'on les accuse de comploter.

Et puis, n'oublions pas que les maçons ont fait partie des victimes du totalitarisme et que les pires soupçons à leur égard sont toujours venus de l'extrême droite. Est-ce la culture catholique de René qui le conduit à cette méfiance et à cette virulence ? Tout de même, l'antagonisme entre les obédiences et la papauté est dépassé depuis déjà un certain temps. A moins que René, mais je ne veux pas le croire, se laisse aller à la victimisation, sachant que les maçons, bien accueillis dans certaines sphères d'influence, n'ont pas une bonne image auprès de l'opinion. Quoi qu'il en soit, pour réconcilier René Dosière avec cette respectable société de pensée qu'est la franc-maçonnerie, je lui offre (en photo seulement !) ce magnifique tablier d'initié qui a été porté par Voltaire.

Le hasard a voulu que je me rende ce samedi à Paris, que j'en ai profité pour visiter le musée de la franc-maçonnerie, rue Cadet. La dernière fois, c'était il y a vingt-cinq ans ! Les vieilles vitrines avec leurs cadres en bois, les objets qui s'accumulaient disgracieusement à la façon de bibelots, les notices interminables et illisibles, l'ambiance désuète et empoussiérée, tout ça a disparu pour laisser place, depuis deux ans, à un espace moderne, aéré, attractif, pédagogique, un mélange très maçonnique de lumière et de pénombre surmonté d'une voûte dont les petites lumières figurent les étoiles, comme le plafond des temples. C'est magnifique, je vous recommande la visite. Et pour augmenter le plaisir, une exposition est consacrée ces temps-ci au personnage de bande-dessinée Corto Maltese, dont j'était loin d'imaginer, quand je lisais, enfant, ses aventures dans Pif-Gadget, qu'il était comme son créateur Hugo Pratt franc-maçon ! René maintenant a son tablier : avec ça, impossible de prendre une veste !

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