vendredi 18 mai 2012

Y aller ou pas.



A l'instant où je rédige ce billet, nous sommes à une heure de la clôture des candidatures pour les élections législatives. Je suppose que tous les postulants ont fait leur choix ferme et définitif mais nous pourrions encore demain avoir des surprises en découvrant officiellement les noms à la lecture de la presse. Y aller ou pas ? c'est l'une des questions les plus sérieuses qu'on peut être amené à se poser quand on fait de la politique. La réponse est difficile, dans le oui comme dans le non, dans l'engagement autant que dans le renoncement.

L'Aisne Nouvelle a eu la bonne idée de retrouver celles et ceux qui se sont présentés la dernière fois dans la circonscription de Saint-Quentin : ce qui est étonnant, c'est de constater combien peu sont restés fidèles à leur première mission. La plupart n'ont pas continué cette année, alors que la politique est une activité où l'on ne peut escompter gagner que dans la durée, la persévérance. Nos candidats sont pour beaucoup des oiseaux de passage ! Difficile de construire quelque chose de solide et de sérieux dans ces conditions.

Pour 2012, sauf imprévu d'ici une heure, les candidats sont connus. Il y a ceux pour qui la candidature est naturelle, attendue, d'autres qui y vont ou non dans la surprise de ces derniers jours. Je commencerai par Paul Gironde, candidat MoDem. Je n'aurais pas du tout parié qu'il ferait le pas, qu'il oserait affronter Xavier Bertrand. Il y va ! Pas facile pour lui, courageux, risqué. Téméraire ? C'est l'avenir qui le dira. Dans le Courrier Picard d'aujourd'hui, j'ai été surpris des critiques qu'il adressait à son sarkozyste de maire. Il fait tout de même partie de sa majorité municipale ! Serai-je surpris jusqu'au bout, quand je connaîtrai entre les deux tours le désistement de Paul Gironde ?

S'il choisit de soutenir Anne Ferreira, comme son chef a voté personnellement François Hollande, je le vois mal rempiler aux prochaines municipales avec la droite. Et avec la gauche ? Pourquoi pas. Une alliance PS-MoDem, au plan local je suis pour. Martine Aubry l'a bien fait à Lille aux dernières élections ! Il faudra pour ça rompre les alliances avec l'extrême gauche. La politique saint-quentinoise a parfois des touches baroques qui confinent à l'art rococo, mais il y a des limites à tout : Gironde bras dessus bras dessous avec Aurigny, le centriste avec le trotskyste, je le vois mal ! A moins que Gironde n'appelle à voter personnellement pour Xavier Bertrand, en rabatteur de voix du centre-gauche au service de l'UMP, tactique qui ne déplaira alors pas au maire de Saint-Quentin : ça ne m'étonnerait pas !

Une qui n'y va pas en revanche, c'est Corinne Bécourt. Là, je le sentais et je l'ai écrit (je connais bien ma Corinne, j'anticipe ses réactions !). Je me réjouis de son retrait : les dissidences n'apportent rien, sinon au camp d'en face. Et puis, l'absence de la ligne hard du PCF, la candidature plus modérée de Guy Fontaine rendront plus facile en vue des municipales le rapprochement avec le centre et la rupture avec l'extrême gauche (Frank Mousset, du NPA, exprime dans L'Aisne Nouvelle ses incertitudes quant à la reconduction des alliances, il fait bien). D'autant que Corinne affirme sans gêne qu'elle ne soutiendra pas Fontaine ! Alors qui ? A ses yeux, Ferreira c'est de la graine de social-démocrate. Elle et ses amis seront peut-être tentés de voter Aurigny. Politiquement, ce serait cohérent. Mais les choix politiques des uns et des autres sont-ils toujours cohérents ?

Un dernier qui cette fois y va, à ma grande moitié de surprise ! c'est, dans la première circonscription de l'Aisne, Fawaz Karimet, qui a reçu l'investiture du parti socialiste, en concurrence avec René Dosière. Camarade contre camarade, ça la fiche mal ! Je ne comprends pas pourquoi Fawaz s'obstine ainsi. Déjà la fois précédente, il s'était présenté contre René et avait échoué, malgré son étiquette officielle PS. René qui s'est taillé une stature nationale, qui écrit des bouquins, qui passe à la télé ... Pourquoi recommencer ? Fawaz veut bien se retirer, à condition que René le prenne comme suppléant, qui lui veut en rester à son actuel, Jean-Michel Wattier. Bref, la vie politique est encore plus compliquée que la vie conjugale ! Dans tous les cas, c'est le divorce qui menace et l'éclatement de la famille, et c'est bien triste. Y aller ou pas, c'est aussi difficile qu'un premier baiser ou une demande en mariage ...

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