mercredi 23 mai 2012

Antoine Lécuyer a 80 ans.



Hervé Cabezas, conservateur du musée Antoine-Lécuyer à Saint-Quentin, a commencé hier soir sa conférence sur les 80 ans de son cher établissement en se désolant du nombre de participants : une trentaine de personnes. Mais c'est une bonne affluence pour une manifestation de ce genre ! A la fin, il s'inquiétait de voir quelques uns quitter la salle, l'interprétant comme une désapprobation. Mais non, c'est normal, il y a des gens qui n'attendent pas ! Hervé Cabezas est un bon conférencier qui a l'habileté ou le complexe de se croire piètre orateur. Mais non ! Sa prestation, et je le dis sans habileté ni complexe, était passionnante.

Le musée Antoine-Lécuyer est pour les Saint-Quentinois comme la Tour Eiffel pour les Parisiens : des monuments qu'on croise fréquemment et qu'on connaît mal. Moi, habitant pendant huit ans rue des Frères Desains, je me suis réveillé chaque matin en apercevant à la gauche de ma fenêtre la rotonde d'angle, ses trois baies, sa terrasse, ses mascarons sans savoir que ce style architectural, qu'on doit à Paul Bigot, a fait fureur en son temps, qu'on le retrouve à l'identique dans le parc de Sceaux près de Paris.

Hervé Cabezas, mine de rien, est un pédagogue. L'instituteur a sa baguette, le conservateur a ses lunettes, qu'il ne porte pas dans la vie mais qu'il chausse quand il veut expliquer. Bien sûr, elles lui servent pour consulter ses notes. Mais pas seulement, pas essentiellement : Hervé Cabezas a tout un jeu de lunettes comme le footballeur a un jeu de jambes ou le séducteur un jeu de mains. Cabezas est d'ailleurs, lui aussi, séducteur à sa façon, enlevant et remettant sa monture tout au long de son propos, ce qui donne de la vie, du mouvement à ce qu'il dit. Et puis, quand une photo est à commenter sur l'écran, le conservateur pointe, de la branche de ses lunettes, le détail qu'il faut observer.

Le premier musée saint-quentinois, au XIXè siècle, était un bric à brac sombre et poussiéreux installé dans le palais de Fervaques. Son fonds d'objets rares était financé par deux fondations, les femmes pauvres en couches et les vieillards infirmes ! Le musée actuel a été installé dans l'hôtel particulier d'Antoine Lécuyer, un banquier oeuvrant rue Raspail, exactement là où je place mes sous, la BNP ! Mais la première guerre mondiale n'a laissé debout que la façade. En 1932, le musée tel qu'on le connaît aujourd'hui a été inauguré, en présence du maire socialiste Tricoteaux et du président de la République. Bigot, son concepteur, avait déjà construit les remarquables pont de la gare et monument aux morts. Ce musée est un écrin architectural qui contient ses diamants, les pastels du XVIIIè siècle, ceux mondialement réputés de Maurice-Quentin de La Tour.

Hervé Cabezas a terminé sa conférence par une pique et un projet : l'office du tourisme n'a pas fait figurer dans son catalogue de l'année l'illustre musée ; une association des amis du musée pourrait voir le jour. Pour ces 80 ans, j'ai offert à Monsieur le Conservateur, comme pour tout anniversaire, un cadeau, mon livre évidemment : Hervé Cabezas ne fait-il pas lui aussi partie de ces Saint-Quentinois formidables ?

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