jeudi 3 mai 2012

Chat alors !



J'avais hier soir tout prévu pour le grand débat Hollande-Sarkozy : les coussins sur le canapé, le jus d'orange et les petits gâteaux pour tenir trois heures, le chat dans sa pièce pour ne pas être perturbé, du papier et un stylo pour la prise de notes. De plus, j'avais un invité, Guillaume Carré, du Courrier Picard, qui m'avait proposé, bonne idée, de suivre avec moi le débat afin de recueillir sur le vif mes réactions. Patatras ! Un empêchement de dernière minute a tout gâché : adieu coussins, jus d'orange, petits gâteaux, Guillaume Carré et débat en direct ! Un seul était en joie : le chat !

Ce matin, j'ai voulu voir ce que j'avais raté, sans me laisser influencer par les réactions à la radio et à la télé, dont je me suis abstenu. Voilà mes impressions : d'abord, j'ai été assommé (c'est vraiment le mot) par les chiffres, les statistiques, les pourcentages donnés par les deux candidats. J'ai déjà dénoncé sur ce blog cette manie, cette maladie de notre société, particulièrement saillante lors de cette campagne électorale, mais hier soir c'était le feu d'artifice ! Des pelletées de chiffres qui ne disent plus rien aux citoyens, qui sont dans l'instant invérifiables, qui contredisent autant qu'ils confortent telle ou telle position. J'ai le sentiment que les débats politiques sont devenus des sortes de concours ou d'examens où il faut à tout prix briller de la façon la plus obscure : en alignant en veux-tu en voilà des chiffres. C'est désagréable, technocratique et finalement pas politique, pas démocratique. Quelques éléments chiffrés, oui bien sûr, mais pas autant !

Ensuite, j'ai remarqué la forte réactivité, le sens de la répartie, l'ironie savamment distillée de François Hollande qui le faisaient dominer, contre toute attente puisque Nicolas Sarkozy jouait son va-tout et misait sur la rencontre pour déstabiliser médiatiquement son adversaire. Il a échoué, étant plus souvent sur la défensive que réussissant ses offensives, même s'il a su résister. Le moment de bravoure, c'est lorsque Hollande s'est lancé dans la tirade qu'on retiendra de ce débat : moi, président de la République, répété à de multiples reprises, à la suite, assénant à chaque fois une mesure importante de son quinquennat. Je crois que c'est à cet instant, durant cette séquence, qu'on a compris que le gagnant de dimanche soir ce serait lui, que François Hollande était déjà le futur président.

Au final, je pense que ce débat qui devait tout changer ne changera rien du tout, et c'est bien là l'échec médiatique de Nicolas Sarkozy. Ses partisans l'auront trouvé à coup sûr formidable et les partisans de François Hollande s'enthousiasmeront à la performance de celui-ci. Peu importe la subjectivité des uns et des autres : une dynamique s'est emparée du pays, celle du changement, qu'on s'en plaigne ou qu'on s'en réjouisse. La confrontation d'hier soir ne l'a ni stoppée, ni inversée mais au contraire confirmée et sûrement amplifiée. Même mon chat, qui en a profité pour laper un peu de jus d'orange et grignoter un gâteau, a compris ça.











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