dimanche 15 juin 2014

La page blanche est une amie



C'est un lieu commun, qu'évite l'écrivain, de parler d'angoisse de la page blanche. Mais hier soir, en bibliothèque Guy-de-Maupassant, aucune angoisse, des pages noircies et lues, par les participantes de l'atelier d'écriture créative, dirigé par Dominique Saint-Dizier, auteur-plasticien. "La page blanche est une amie", une inspiratrice et, pourquoi pas, aux dires d'un membre, une psy : c'est en tout cas la phrase tirée de l'un des textes proposés. Saint-Dizier est-il leur muse ou leur maître ? Non, un animateur, bienveillant, patient et doux, qui sait se mettre en retrait pour les mettre en valeur. Elles ne sont pas des élèves, encore moins des disciples, mais des "résidentes", selon les termes de Dominique. "Elles", parce que cette année, l'atelier n'était composé que de femmes : les hommes ne ressentent-ils pas le besoin d'écrire ... ou craignent-ils de se dévoiler ?

Les rencontres ont eu lieu à partir de janvier, une dizaine de séances de deux heures, à base d'exercices, d'incipit pour stimuler l'imagination : un thème autour duquel il faut rédiger, les interdits, l'horoscope, les proverbes, faire comme si, le temps qui passe ... Il en ressort des souvenirs, des réflexions, des sensations, des images, tout ça avec des mots. Les interventions, debout ou assises (vignette 2), devant ou dans le public (vignette 3), s'appellent entre elles, et m'évoquent des préoccupations de femmes, craintes et désirs, avec cet humour qui leur appartient et qui sauve tout.

Dominique Saint-Dizier, en préambule, parle d'"énergie gourmande" déclenchée par le collectif. Mais pourquoi s'exposer au public ? Parce qu'il y a le temps de l'écriture et le temps de la lecture, explique-t-il. L'atelier d'écriture créative fait naître le désir d'écrire, le voit grandir, puis incite à la lecture, librement choisie. L'objectif est de se surprendre soi-même et aussi les autres, dans ce défi, intellectuel et physique, qui consiste à se livrer devant un auditoire, quand on n'a pas l'habitude de la prise de parole. C'était très réussi. Les textes recherchent la justesse des émotions : ce n'est pas de l'élitisme (n'importe qui peut s'y adonner), c'est de l'exigence, dixit Dominique.

La soirée s'est terminée sous le double parrainage de Gide et d'Apollinaire, comme il se doit dans une rencontre littéraire : des nourritures terrestres, salées et sucrées, et des alcools, de degré modeste, dans ce lieu public et raisonnable qu'est une bibliothèque municipale (vignette 4). Un alignement de verres conduisait aux plats, confectionnés par ces dames, qui manient aussi bien le verbe que la pelle à tarte. Il a été réclamé, dans la bonne humeur, que l'atelier d'écriture créative puisse se poursuivre l'an prochain, pour la troisième fois consécutive.

Bravo et merci à Mary Langlois (Mano), Marie-Claude Thuilliez (pas présente sur la photo), Geneviève Catillon, Francine Denizart, Bernadette Gagé, Elisabeth Pruvost, Mickaële Caron, Brigitte Bocquet, Marie-Ange Noblecourt, last but not least, Dominique Saint-Dizier (vignette 1), et en guest star Valérie d'Amico, directrice de la bibliothèque.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous mesurez ici le triste bilan de la contre parité , ce concept inventé par des politiques en mal d'idées comme étant la panacée et le remède à tous nos maux ...
photo 1 ...........

Emmanuel Mousset a dit…

J'hésite dans l'interprétation que je dois donner à votre commentaire : humour ou connerie ?

Anonyme a dit…

Vous savez que les femmes sont naturellement plus nombreuses que les hommes ... Tirez en la leçon que vous voulez mais introduire des règles dans un processus naturel c'est un peu voir L’homme se prendre pour dieu ; et si nous étions hermaphrodites la question ne se poserait même pas ...

Emmanuel Mousset a dit…

J'ai ma confirmation : c'est de la connerie ...

Anonyme a dit…

Un peu d'humour dans ce monde de morosité ... Seriez vous maux roses également ???

Emmanuel Mousset a dit…

Oui, un peu, mais je me soigne.