samedi 28 décembre 2013

J'y suis ... j'y reste ?



Sur sa page Facebook, à la date du 24 décembre, Michel Garand a fait sa première proposition précise et chiffrée de campagne, à la suite d'un article du Courrier Picard de ce même jour, donnant la parole aux six derniers locataires de la cité Villard de Honnecourt, qui ne souhaitent pas quitter leur maison. Tous les autres ont été relogés, la cité étant vouée à disparaître. Pour le bailleur social, Habitat Saint-Quentinois, son directeur David Jonnard estime que la réhabilitation est impossible, parce que les maisons sont trop vétustes et mal isolées (ce sont des préfabriqués des années 60).

Michel Garand pense au contraire que le quartier est éligible à la réhabilitation, que les habitations sont bien isolées et fonctionnelles, d'autant que le chauffage collectif a été remis à neuf il y a peu. Le candidat socialiste à la mairie de Saint-Quentin estime le coût de la réhabilitation à 800 euros le m2, contre 2 800 euros dans ce qu'il appelle des "cages à poules" (des immeubles collectifs de type HLM). L'expression est aussi utilisée par un des locataires réticents à partir, Laurent Lepage, qui a carrément apposé des cartons de protestation sur la façade de sa maison : "J'y suis, j'y reste !"

Jean-Pierre Besançon, qu'on a bien connu au centre-ville lorsqu'il était le patron du Café français, fait lui aussi partie des derniers résistants. Leur crainte, c'est d'être relogés à des tarifs plus élevés, notamment en matière de chauffage, tant il est vrai que les conditions matérielles ne pouvant qu'être meilleures, l'augmentation est quasi inévitable. Mais il y a autre chose : l'inquiétude du déracinement, que nous connaissons tous quand on doit partir pour aller s'installer ailleurs ("on sait ce qu'on perd, mais on ne sait pas ce qu'on gagne", dit l'adage populaire), et aussi une forme de nostalgie, une idéalisation d'une cité perçue comme humaine, à taille réduite, avec des maisons individuelles et de petits jardins, un village dans la ville, que Michel Garand décrit très bien.

J'ai fait connaissance avec la cité Villard de Honnecourt il y a dix ans, lors des élections cantonales, puisque le secteur fait partie du canton Nord. Le porte à porte m'a appris que ce quartier populaire était aussi un quartier pauvre, avec des conflits de voisinage que l'habitat de proximité parfois attise. Avec aussi des problèmes de sécurité, de mises aux normes. Mais le pire, c'est surtout son isolement, sa localisation très excentrée, à une sortie de ville. A l'époque, il n'y avait aucun commerce ; aujourd'hui, le plus proche est le magasin discount. L'environnement est d'une géographie singulière, entre les noctambules du Smart (discothèque aujourd'hui fermée), les spectateurs du stade Paul-Debrésie et l'aire des gens du voyage.

Faut-il réhabiliter ou pas cette cité ? La Municipalité pense que non, Michel Garand que oui. Outre la rénovation de l'habitat, il propose de raser l'immeuble collectif, qui serait remplacé par un local technique, un équipement de restauration, de réunions et de loisirs. Son modèle est la résidence de l'amitié, à Gauchy, construite dans les années 70. Le débat est donc lancé. La question du logement social doit aussi être abordée de façon plus globale, à l'échelle de toute la ville. La réhabilitation du quartier Artois-Champagne est une belle réussite. Le problème, c'est que chaque quartier a sa spécificité, qu'il est difficile d'adopter une position générale. Il y a néanmoins un principe universel : là où l'on est bien, on a envie d'y rester !

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