vendredi 27 décembre 2013

L'inversion de la courbe



Il y a des courbes qui font rêver ... mais pas celles de la statistique, trop froides. Et la courbe du chômage, c'est le cauchemar : 3,2 millions à l'heure qu'il est ! Quant à son inversion, objectif du gouvernement, si elle ne fait pas rêver, du moins fait-elle espérer, et c'est déjà beaucoup. Bien sûr, l'expression n'est pas très sexy : on ne tombe pas amoureux d'un taux de croissance, disait-on autrefois ; on ne tombe pas non plus amoureux de l'inversion d'une courbe. Mais la politique est-elle faite d'amour et de rêve ? Non, de réalité et d'espoir, et c'est ce qui est en train de se passer avec la diminution du chômage.

Est-on sûr au moins que cette inversion de la courbe soit réelle ? Et comment le savoir ? C'est simple : il y a les chiffres de Pôle Emploi, les inscrits aux chômage. Je ne vois pas d'autres moyens d'en juger. Certes, les chiffres, ce n'est pas mon dada, je m'en méfie. Mais Michel Aurigny, maître en la matière, nous a dit lors de la dernière séance du Conseil municipal, qu'il fallait y recourir avec honnêteté. La droite, par exemple, est honnête quand elle dit que François Hollande a échoué, puisque les chiffres nous ont hier appris que le nombre de chômeurs avait augmenté en novembre de 17 800 inscrits supplémentaires. Ce n'est pas une inversion, c'est le contraire : une progression.

Le problème avec l'honnêteté, c'est qu'il faut aller jusqu'au bout, ne pas s'arrêter en chemin, c'est-à-dire à novembre. En octobre, Pôle Emploi a enregistré une baisse de 20 500 inscrits. L'un dans l'autre, sur les deux derniers mois, il y a donc eu une baisse. Le problème avec les chiffres, c'est qu'il ne faut pas en rester aux chiffres mais faire des calculs, des comparaisons, avoir une approche tendancielle, exponentielle. C'est le monde du relatif, pas de l'absolu. Il faut donc être vigilant sur les paramètres.

Aussi étrange que cela paraisse, dans ce domaine des chiffres, on peut faire du moins avec du plus. Une courbe n'est pas un segment : il faut l'évaluer sur plusieurs mois. Octobre, novembre, ça ne suffit pas. Prenons par trimestre de cette année : au premier, le chômage augmente de 30 000 inscrits ; au deuxième, de 18 000 ; au troisième, de 5 000. C'est le paradoxe arithmétique d'une augmentation en baisse ! Dis en langage de tous les jours : ça va un peu mieux ou, si vous voulez, c'est moins mauvais. La tendance à la diminution du chômage est donc là, la courbe est entrée dans sa phase d'inversion, qui reste à confirmer en janvier et dans la suite de l'année. Voilà ce qu'affirment les chiffres et l'honnêteté conjugués.

La droite explique que cette inversion est artificielle, dopée par les emplois aidés. Et alors ? L'emploi aidé, c'est de l'emploi, provisoire certes, mais de l'emploi tout de même, avec travail, formation et rémunération. En 2014, le gouvernement débloquera 50 000 emplois d'avenir supplémentaires. Pour l'emploi pérenne, il y a le pacte de compétitivité, le crédit d'impôts aux entreprises dont j'ai parlé hier. L'inversion de la courbe du chômage n'est donc pas illusoire, mais bien réelle. Il faut maintenant qu'elle s'inscrive dans la durée.

La droite reproche à François Hollande de s'obstiner, d'être obsédé par cette inversion de la courbe. Mais c'est tout à l'honneur du président de la République : quoi de plus urgent que de lutter contre le chômage de masse, que d'être soucieux à l'extrême du moindre signe de reprise de l'emploi ? Tout est clair : l'orientation est tracée, les moyens sont donnés. C'est le temps qui décidera du reste ... et les électeurs.

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