samedi 7 décembre 2013

Bilan et avenir des primaires



Le parti socialiste réunit aujourd'hui à Paris son Conseil national de validation des listes pour les élections municipales et européennes. A l'issue, les candidats disposeront d'un slogan, de thématiques de campagne et d'une charte programmatique, à décliner dans chaque ville de France. C'est donc une étape importante qui va être franchie ce week-end. Nous en saurons un peu plus sur le projet municipal des socialistes. La bataille des idées va vraiment s'engager, à Saint-Quentin comme ailleurs.

Ce Conseil national, c'est aussi l'occasion de faire le bilan des quelques villes qui ont adopté le système des primaires ouvertes pour désigner leur candidat. Vous savez que j'aurais aimé que Saint-Quentin fasse ce choix, afin de mobiliser beaucoup plus notre électorat, de déclencher bien en amont de la campagne officielle une dynamique de la victoire. Au vu des chiffres de participation pour la désignation de la tête de liste puis des colistiers, je crois que la procédure des primaires était nécessaire, ne serait-ce que psychologiquement. Une candidature d'appareil, pré-sélectionnée par les cadres du parti, a certes l'avantage d'assurer la paix des ménages, c'est-à-dire entre les courants. Mais le rassemblement des électeurs me semblait prioritaire.

Au niveau national, le bilan des primaires est-il positif ? Je pense que oui, globalement. Un seul accroc véritable : La Rochelle, où le perdant a été mauvais perdant et a décidé de se présenter quand même, en dissident. A Marseille, la campagne a été quelque peu agitée, mais finalement tous les candidats ont joué le jeu et se sont rassemblés. Ailleurs, les primaires citoyennes se sont parfaitement déroulées. Le point le plus positif est dans la mobilisation des sympathisants : 20 000 à Marseille, 3 000 à Aix-en-Provence, 1 000 à Béziers et au Havre, 700 à Boulogne-Billancourt. Je suis sûr qu'à Saint-Quentin, on aurait tout autant cartonné ! Autre point positif : les primaires ont souvent permis le renouvellement des candidatures, en se portant sur des têtes de liste atypiques, qui n'ont pas le profil notable ou apparatchik. C'est plutôt une bonne chose, étant donné l'état de l'opinion publique, qui rechigne aujourd'hui à suivre des personnes imposées d'en haut.

Les primaires ont-elles un avenir au parti socialiste ? Oui, d'après ce que j'en sais et ce que j'entends dire. Même si, pour ces municipales, le nombre de villes concernées est restreint, l'élargissement aura forcément lieu. Honnêtement, ce sont les résultats de mars qui en décideront. Comme toujours en politique, c'est la victoire ou la défaite qui tranchent les débats. A Saint-Quentin, nous verrons bien si le choix d'une désignation strictement interne aura été pertinent. Il ne faut préjuger de rien, et j'admettrai volontiers mon erreur (ce ne serait pas la première fois !) si les événements me donnaient tort. On pourrait même imaginer appliquer les primaires à d'autres scrutins, tels que les cantonales ou les législatives. En tout cas, les désignations réduites à quelques dizaines d'adhérents sont à terme condamnées. Aux municipales, le seuil de déclenchement automatique de primaires pourrait être de 50 000 habitants.

L'absence de primaires à Saint-Quentin ne voue pas fatalement à l'échec. Mais la dynamique qui n'a pas été impulsée par ce biais doit être trouvée ailleurs, s'appuyer sur d'autres ressorts. Pour le moment, aucun événement médiatique ou militant n'ont boosté la campagne. Les échos dans la presse ont été plutôt modestes et mitigés, en comparaison avec la campagne de désignation interne de juin, qui avait eu un impact assez important dans les journaux. Rien bien sûr n'est perdu. Trois occasions vont se présenter, qui peuvent contribuer à relancer une dynamique :

1- La présentation complète de la liste en janvier, où l'annonce de personnalités de la société civile pourrait aviver la curiosité, susciter l'intérêt et renforcer le crédit de la liste socialiste.

2- La publication du projet, à partir de quoi le débat pourra véritablement s'engager avec la droite (pour le moment, il n'a pas eu vraiment lieu). Quelques propositions marquantes, spectaculaires et novatrices de Michel Garand pourraient déclencher en sa faveur un mouvement d'opinion.

3- L'organisation des premières manifestations publiques, réunions de quartiers par exemple, va lancer réellement la campagne, la rendre visible. Je pense en particulier à la traditionnelle cérémonies des voeux, qui sera un moment très attendu, et peut-être l'occasion opportune pour dévoiler la liste ou exposer le projet.

A ces trois temps pourrait s'ajouter la constitution d'un comité de soutien, qui permettrait d'impliquer les sympathisants dans la campagne et de mettre en avant des personnalités locales qui ne figurent pas sur la liste mais qui veulent manifester leur engagement public auprès des socialistes. Ces personnes-là sont plus nombreuses qu'on ne croit. Enfin, dernière possibilité, mais c'est une redite : un blog ou un site de campagne permettraient plus efficacement qu'une page Facebook de défendre les propositions du candidat et d'attaquer les positions de l'adversaire. Mais j'arrête là mes conseils, car je me rends compte que je suis en train de dérouler le fil de la campagne que j'aurais aimé mener si j'avais été candidat ! Il ne faut pas que j'oublie que la tête de liste, ce n'est pas moi ...

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