mardi 4 avril 2017

Bonne nuit les petits



C'est donc ce soir l'événement politique inédit, le premier débat de premier tour entre les onze candidats à la présidentielle. Vous savez tout le mal que je pense de cette initiative. Elle instaure une fausse égalité. On ne peut pas mettre sur un même pied des candidats qui sont là pour gagner et d'autres qui ne songent qu'à témoigner. On ne peut pas disposer à rang égal des hommes ou des femmes qui se préparent, souvent depuis longtemps, à exercer la magistrature suprême, et ceux qui se servent de ce scrutin comme d'une tribune, sans souci de la fonction qu'ils sont censés briguer. Certains parmi eux sont même hostiles au pouvoir présidentiel ... pour lequel pourtant ils se présentent. On comprend évidemment le faux semblant. Une compétition, n'importe laquelle, doit être sincère pour être valable. Ce soir, ce ne sera pas le cas.

Vous me ferez sans doute remarquer que c'est leur droit, à tous ces candidats, de se présenter aux suffrages des Français, que la loi de la République le leur permet, que l'élection présidentielle n'est pas réservée à un club restreint. Oui, je sais et je ne le conteste absolument pas. L'égalité existe, je la défends : c'est la période de la campagne officielle, à la radio et à la télévision, où le temps de parole doit être rigoureusement réparti entre tous, à durée égale. Mais ce soir, c'est autre chose, qui n'a rien à voir, qui n'est qu'une parodie d'égalité, en réalité une grande confusion, qui ajoutera à l'indécision de nos concitoyens, qui n'aidera pas aiguiser leur discernement. Sous des apparences de démocratie, c'est un mauvais coup porté à la démocratie.

Et ne me parlez pas de mépris ou d'arrogance envers les petits candidats ! Celle-là, on ne me la fait pas, et vous savez où je me la mets, leçon de morale et psychologie de comptoir. Ce soir, les grands candidats seront au contraire disqualifiés, auront tout à y perdre. On les connaît déjà ; ce sont les petits qu'on attend, qui pourront faire leur show, qui créeront sans doute le buzz, qui alimenteront les commentaires d'après et du lendemain. Nous n'aurons d'yeux que pour eux. Il risque d'y avoir de sacrées surprises, je préfère ne citer personne. La politique n'en ressortira pas grandie, c'est le cas de le dire.

La démocratie va mal, la classe politique est discréditée, l'abstention s'annonce importante, les extrêmes ont le vent en poupe : le débat de ce soir, propice au folklore, ne va rien arranger. Vais-je le regarder ? Oui, bien sûr, en grignotant des cacahuètes et en sirotant quelque chose, après une journée de travail, pour me délasser à un spectacle où l'on sait que tout peut arriver, surtout le pire. Je regarderai comme on va au cirque ou à la ménagerie. Ce n'est pas ma conscience de citoyen qui sera en éveil, mais mon désir de voyeur. Je crains que ce soir nous soyons des millions dans cet état-là.

4 commentaires:

Philippe a dit…

La démocratie est une utopie jamais réalisée ...
Au contraire nous avons rétropédalé dans la mesure où nos députés ne font à 80% de leur activité que valider des directives en général initiées par des non élus, inconnus des peuples européens cachés dans les bureaux des Commissaires européens ........ !
Je parie que notre blogueur ne les connait pas !

Anonyme a dit…

Macron n'est pas une chance pour la France. Il fera perdre 5 ans à notre pays pour une véritable alternance.

I I a dit…

Un moment ce blog était squatté par un breton (qu'il se dit car ce n'est pas vérifié) et voilà que même si c'est pour dire et redire les même inanités en voilà deux qui lui ont succédé : le bienheureux Philippe et l'inénarrable Albert !
Quel tandem pour tirer dans les pattes de l'imperturbable Emmanuel §
Chapeau, E M de transcrire leurs logorrhées indigestes !

Philippe a dit…

Tout est prêt pour des élections propres ...
vue d'ailleurs ...
http://www.elwatan.com/divers/dessins.php