mardi 18 avril 2017

Indécents indécis



Le plus anormal de cette campagne anormale, c'est le nombre d'indécis à quelques jours du premier tour. Pourtant, les réunions font salle comble, les émissions de télévision sont multiples et très suivies, le suspense est grand jusqu'à dimanche prochain, les jeux sont ouverts. Voilà qui manifeste un réel intérêt et devrait mobiliser les électeurs. Eh bien non, pour le moment. Car un indécis, s'il le reste jusqu'au bout, se transforme rapidement en abstentionniste. A force d'indécision, on finit par ne plus savoir quoi choisir et donc par renoncer à voter. Il parait qu'un tiers de l'électorat serait atteint par le mal de l'indécision.

Les abstentionnistes, je peux les comprendre, sans bien sûr les approuver : ils ne s'intéressent pas à la politique, ils ne se sentent pas concernés. Pourquoi pas : s'abstenir, c'est aussi une forme de point de vue. Qu'on ne croit pas au système de gouvernement, qu'on se méfie des hommes de pouvoir, qu'on estime qu'il est plus sage de cultiver son jardin ou d'aller à la pêche, c'est après tout une philosophie de vie qui n'est pas réservée qu'aux anarchistes. Mais les indécis, je ne les comprends pas et, pour tout dire, je ne les aime pas : l'hésitation, la pusillanimité, l'incertitude, ce sont de très condamnables faiblesses, dans la vie d'homme comme dans la vie de citoyen.

Les abstentionnistes, au moins, ne faussent pas la démocratie. Ils veulent rester chez eux ? Qu'ils y restent ! De toute façon, leur abstention compte heureusement pour du beurre dans le calcul des résultats. Mais les indécis, eux, perturbent tout. Ils ne savent pas sur quel pied danser et ils risquent de faire tourner le scrutin en bourrique. On se demande même si le pur hasard ou la stupide intuition de dernière minute ne vont pas conditionner leur choix. Car on me dit que certains indécis demeurent indécis jusque dans l'isoloir ! Pas sérieux, ces gens-là.

Et ne me dites pas que l'indécision aurait sa légitimité : elle n'en a aucune, elle est un vice. Qu'on puisse hésiter à quelques mois de l'élection, je l'admets. Mais à quelques jours, c'est une sottise. Les candidats, leur personnalité et leur programme sont connus pour la plupart depuis longtemps. Il n'y a rien de bien nouveau à en attendre. Les citoyens ont largement eu le temps de se faire une idée. Aussi loin que je remonte dans mon existence d'électeur, je n'ai jamais été indécis. Macron, je savais que j'allais voter pour lui avant même qu'il se porte candidat. Je crois même pouvoir dire que j'étais son supporter avant qu'il soit né, puisque le courant politique qu'il incarne a toujours été le mien, sous d'autres visages.

Alors, comment expliquer le boom actuel de cette manie détestable, anti-citoyenne : l'indécision ? Comme le reste, je pense qu'elle est à l'image de notre société. Le choix est si grand que les gens ne savent plus choisir. Ne pas s'engager, passer de l'un à l'autre, n'être satisfait par personne, c'est notre époque ! L'indécision devient presque une forme de décision, le parti pris de ne pas en prendre. Fromage ou dessert ? La vérité, c'est que l'homme d'aujourd'hui veut les deux, et ne surtout pas trancher. C'est politiquement embêtant, c'est moralement méprisable.

2 commentaires:

Philippe a dit…

En effet nous, les indécis, sommes tous des macrons.
Car nous sommes tous des "en même temps".
Il y a qq jours j'ai fait un quizz intéressant de nombreux domaines.
Ce logiciel m'a apparenté selon les domaines à Marine, à Fillon, à Mélenchon.
Jamais à Macron car ... "en même temps" ... j'en suis un, mais candidat à rien de rien !
Nous n'arrivons pas comme Macron à voir la vie en bicolore noir ou plan.
C'est Bien d'accepter tous les migrants je suis Mélenchon "mais en même temps" on ne peut pas nourrir, loger, donner du travail à 100 millions d'africains désireux ou obligés (climat, guerres) de venir en France je suis aussi Marine.
Etc.
Nous sommes tous des macron, des « en même temps », nous les indécis car inaptes à la nécessaire dureté du chef de meute.
Vous avez dit « dureté » mais « en même temps » ...

ch'ti a dit…

Vous fustigez les indécis...
Je suis indécis.
F... vous de moi, donc et suivez votre logique.
Ma logique n'est pas la vôtre.
Aller me faire manipuler parmi la foule ?
Sûrement pas : on a vu le résultat des manifestations fleuves organisées par Hitler and co...
Me laisser intoxiquer par les médias et les sondages imprécis ?
Pas davantage.
J'attends la documentation de type papier...
Pour le moment, je n'ai encore rien trouvé dans ma boîte aux lettres mis à part un tract signé "phi".
Si ça reste en l'état, voterai-je "Mélenchon" ?
Un vieux dicton promet que "ch'ti qui parle en dernier l'emporte" chez les indécis (ça vous va ?) !