vendredi 8 mars 2013

Savoir régler un conflit



Je voudrais aujourd'hui, dans le prolongement de mon billet d'hier, aborder la forme et non plus le fond de cette triste affaire, afin d'en tirer des leçons positives pour l'avenir, en matière de règles et de méthodes. Le conflit fait partie de la politique et même de la vie, ce n'est pas ce qu'il faut craindre. Tout le problème, surtout en politique, c'est de savoir comment on règle un conflit, et c'est ce dont j'aimerais vous entretenir.

Qu'est-ce que la politique, sinon l'art et la manière de régler des conflits ? Etre leader, tête de liste ou maire, c'est avoir cette capacité ; gérer une municipalité, c'est constamment régler des conflits. Si on n'y parvient pas dans l'opposition, on n'y parviendra pas mieux en situation de responsabilité, avec cette fois-ci des conséquences autrement plus graves que celles qui découlent de l'élection ratée d'un simple secrétaire de section. Je veux donc vous proposer trois principes simples, trois règles de gestion des conflits, trois points de méthode qui seront les miens dans la campagne électorale et après la victoire, si les Saint-Quentinois nous font cet honneur :

1- La règle de l'urgence : un problème se transforme rapidement en conflit s'il n'est pas traité dès le début. Il faut donc réagir très vite, au moindre contentieux, apporter tout de suite une réponse, proposer une solution. Dans l'affaire de l'élection ratée du secrétaire de section, nous en sommes au cinquième mois de crise, sans décision officielle ! Plus un conflit dure, plus il est difficile à résoudre. A la règle de l'urgence s'oppose la règle de l'attente : on fait traîner en longueur, on reporte la décision, on compte sur l'usure et sur l'oubli. Mais c'est tout le contraire qui se produit : le temps qui passe ne règle pas un conflit, il l'envenime, il l'exaspère.

2- La règle de la concertation : dès qu'un conflit s'engage, il faut immédiatement mettre autour d'une table ses principaux protagonistes, pour échanger, s'expliquer, éventuellement s'engueuler mais tout mettre en oeuvre, de part et d'autre, pour trouver une solution commune, passer les compromis nécessaires. A Saint-Quentin, à aucune moment les quatre ou cinq acteurs du conflit ne se sont retrouvés pour en discuter. A cette règle s'oppose celle du rapport de forces, qui exacerbe l'affrontement : les prises de contact sont individuelles, cloisonnées, bilatérales, discrètes et téléphoniques, il ne s'agit plus d'aller au compromis mais d'éliminer un des protagonistes afin d'éliminer le problème (croit-on).

3- La règle de l'arbitrage : la discussion ne règle pas tout, loin de là. Elle permet de déblayer le terrain, écarter les malentendus, préciser les points de vue de chacun. Mais il y a un moment où il faut trancher, où l'on ne peut plus discuter indéfiniment. A ce moment-là, un arbitrage est nécessaire, venant d'une autorité indiscutée, reconnue par tous, qui sera suivie dans ses décisions. A Saint-Quentin, cette autorité n'existe pas ; c'est pourquoi les conflits y traîne toujours en longueur, jusqu'à épuisement des forces (on l'a vu lors de la préparation des dernières municipales, en 2007-2008).

Urgence, concertation, arbitrage, j'ai bien conscience que ces règles ne sont pas dans la culture historique de la gauche saint-quentinoise, qui les reçoit avec dédain, leur préférant l'attente, le rapport de forces et l'évincement. Ce n'est pas une question de personnes ou de psychologies, ce sont vraiment deux cultures politiques différentes. La mienne est tirée de la social-démocratie, du réformisme, même s'il s'y ajoute un tempérament, un état d'esprit personnel plus porté à la conciliation qu'à la confrontation.

"Il faut savoir terminer une grève", disait Maurice Thorez. Il faut aussi savoir régler un conflit. Les Saint-Quentinois jugeront la gauche locale là-dessus. Car qui voudrait confier les clés de la mairie à un parti incapable de régler ses propres conflits ?

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