dimanche 10 mars 2013

Surtout pas avec le FN



Il ne faut jamais lire la presse locale en prenant son petit déjeuner. C'est pourtant ce que je fais chaque matin. Mais c'est dangereux, il y a risque de s'étrangler. C'est ce qui s'est passé hier matin, en regardant la une du Courrier picard : "Xavier Bertrand peut-il être battu en 2014 ?" Jusque-là, tout va bien, le café passe. "Les socialistes croient à la victoire ...", oui, normal, quand on se bat, c'est pour gagner. Mais il y a la suite et fin : "... surtout si le Front national parvient à monter une liste". Hein ? Quoi ? Gagner parce que l'extrême droite nous ferait gagner ? Non, pas de ça, pas avec moi ! Qu'est-ce qui a pu raconter une telle horreur à Nicolas Totet, l'auteur de l'article ?

D'abord, je ne veux "surtout" pas que le FN soit en capacité de monter une liste. Ce parti n'apportera rien au débat démocratique, parce que ce parti n'est pas un parti démocratique, nonobstant sa légalité. Ce ne serait pas à l'honneur de notre ville de voir une liste d'extrême droite polluer, empoisonner, pervertir le débat des municipales. Je ne le souhaite vraiment pas.

Et ce serait au déshonneur de la gauche de l'emporter, non pas sur ses propres valeurs, mais grâce à la présence et le maintien au second tour d'une liste frontiste. Quant à une défaite de l'extrême droite dès le premier tour et le report de ses voix sur la liste de gauche au second, ce serait la honte absolue : quand on est de gauche, on refuse de se faire élire avec les voix d'extrême droite !

Tête de liste aux élections municipales, je m'engage à ce qu'il y ait une confrontation loyale avec Xavier Bertrand, projet contre projet, idées contre idées. Pas comme au billard, où une première boule se sert d'une deuxième pour dézinguer la troisième. Je ne m'appelle pas Pyrrhus ! Je crois en la victoire, oui, mais honnête, franche et claire. Je sais que le FN fera tout pour faire battre Xavier Bertrand, parce que celui-ci ne fait pas partie des députés UMP complaisants avec l'extrême droite. Mais je ne me prêterai pas à ce jeu ignoble. Entre victoire honnête et défaite dans l'honneur, il n'y a pas de troisième terme acceptable.

Et puis, et "surtout", quelle ânerie de croire qu'une liste d'extrême droite ferait gagner la gauche ! C'est tout le contraire, et c'est électoralement prouvé. A Saint-Quentin, le vote FN touche essentiellement les milieux populaires, ceux qui normalement votent à gauche. Pour le PS, une liste frontiste, c'est autant de voix de perdues au premier tour ... et peut-être aussi au second.

Croire qu'une triangulaire ferait gagner la gauche, c'est une illusion, on l'a vu aux dernières élections cantonales, où les deux candidats socialistes ont été battus à plat de couture par ... l'extrême droite, et dès le premier tour. Veut-on encore prendre le risque d'une telle humiliation ? Aux élections législatives, il n'y a pas eu besoin du FN pour que l'écart entre le PS et l'UMP se resserre de 222 voix. Alors, laissons tomber ce faux espoir, cette tactique déplorable qui consisterait à miser sur l'extrême droite pour battre la droite. Ce n'est pas ainsi, dans un machiavélisme petit bras, que je conçois le combat politique.

Hier matin, après ce léger étranglement dont je viens de vous expliquer les raisons, j'ai continué de boire mon café et de lire l'article de Totet, au demeurant très bons (son papier et mon café).

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