samedi 23 mars 2013

Les réformistes et l'école



Depuis maintenant cinq ans, je dénonce la ligne politique suivie par l'opposition municipale à Saint-Quentin qui, en choisissant de s'allier avec l'extrême gauche, a renoncé à notre identité réformiste. L'une des contradictions les plus violentes en a été donnée cette semaine lors de la séance du Conseil municipal. Michel Aurigny (POI) est intervenu à deux reprises sur l'école, en défendant des positions diamétralement opposées à celles des réformistes. C'est d'autant plus inacceptable que l'école est un thème cher aux socialistes et que la majorité de droite a applaudi à cette division au sein de la gauche.

Je veux revenir sur le fond de ce débat. Michel Aurigny refuse qu'on équipe en numérique les écoles de Saint-Quentin (j'ai relaté dans mon billet de mardi ses arguments). Se faisant, l'inégalité se retrouverait renforcée entre les enfants qui peuvent dans leur famille s'approprier l'outil informatique et ceux qui ne le peuvent pas, faute de moyens. L'école est là pour corriger cette inégalité, permettre la maîtrise d'une technologie qui fait la société d'aujourd'hui et qui fera encore plus la société de demain.

Historiquement, la gauche a toujours défendu le progrès technique, pourvu qu'il soit mis au service des hommes et de leur émancipation. C'est à l'école d'apprendre à utiliser à bon escient les nouvelles technologies, en sachant aussi ne pas en abuser, savoir quand il le faut s'en méfier et éventuellement les critiquer. Mais les refuser, leur interdire d'entrer dans les écoles, non ! En son temps déjà, Platon (encore lui !) reprochait à la lecture de figer et de dénaturer la pensée : il lui préférait l'échange philosophique oral, à la façon de Socrate dialoguant avec disciples et adversaires. Mais Platon n'était pas réformiste, ni personne dans cette lointaine époque !

Aujourd'hui, l'usage du livre est au contraire encouragé pour fortifier l'intelligence et développer la culture. Il en sera de la lecture électronique comme il en a été de la lecture manuscrite. N'ayons pas peur des machines, qui ne sont que des machines ! "Les Lumières oui, les écrans non !", c'est un habile mais très mauvais slogan. Michel Aurigny, dans son rejet de la numérisation des écoles, me fait penser à l'anarcho-syndicalisme d'il y a plus d'un siècle, dont les militants détruisaient les machines dans les usines, croyant ainsi lutter contre le chômage et l'exploitation. C'est peut-être, à voir, une logique révolutionnaire ; ce n'est pas, de toute façon, une logique réformiste.

Mais il y a encore plus grave : c'est toute une conception de l'école publique qui oppose les réformistes aux radicaux tels que représentés par Aurigny et le parti ouvrier indépendant. Sa charge, en Conseil municipal, contre la loi Peillon est insupportable pour n'importe quel socialiste authentique, réformiste. Ce n'est pas d'une simple divergence technique sur les rythmes scolaires dont il s'agit, mais d'une véritable opposition à cette école chère au coeur des réformistes, PS, SE-UNSA, SGEN-CFDT, FCPE et mouvements laïques d'éducation populaire, à laquelle Michel Aurigny s'est livré et qui repose sur une idée principale : l'école doit être un lieu d'instruction, pas d'éducation. D'où son hostilité à ce que l'école inclut, dans l'après-midi, des activités périscolaires, complémentaires à l'enseignement des disciplines.

Qu'on me comprenne bien, une fois de plus (mais en politique comme dans la vie, il ne faut pas, par nécessité, hésiter à se répéter) : je respecte Michel Aurigny et le POI, dont les points de vue sont honorables et argumentés, mais ce ne sont pas les miens ni ceux des réformistes. En revanche, j'en veux beaucoup à Jean-Pierre Lançon, soutenu par Anne Ferreira (qu'il me faut là aussi précisément citer, parce qu'ils sont responsables), d'avoir entraîné malgré elle une section dans une voie qui n'est pas celle du réformisme et qui devient, depuis la victoire de Françoise Hollande, carrément antigouvernementale dans certaines de ses expressions, comme celle de Michel Aurigny sur l'école.

L'élection du secrétaire de section aurait été l'occasion de clarifier nos positions et de trancher quant à la ligne politique à suivre. J'en ai été illégalement écarté, le débat n'a pas pu avoir lieu. Mais il aura lieu, il ne pourra pas très longtemps être différé : ce sera, dans l'idéal, à l'occasion de primaires citoyennes, où tous les électeurs de gauche de Saint-Quentin seront appelés à donner leur avis, à défaut dans le cadre d'une désignation seulement interne. Mais le débat aura de toute façon lieu, parce que sans lui, aucune victoire ne sera possible. On ne gagne jamais une élection dans l'ambiguïté.

1 commentaire:

PAPI 2 a dit…

Savez-vous qu'une réunion publique est organisée le 2 avril au Champs Elysées à 19 heures . Sujet : les rythmes scolaires ?

PS Je vous en prie, n'écrivez plus
2 013, mais 2013.
Il ne s'agit pas d'un nombre ! Merci.