samedi 30 mars 2013

Philippe, de chez Léo



Nous avons ce matin porté en terre Philippe Blot, mon âge, chez lui, à Veslud, charmant petit village près de Laon. Le nom ne vous dit peut-être rien, il n'était pas connu du grand public, mais très présent et influent dans le réseau associatif de l'éducation populaire. A ses obsèques ont pris la parole, entre autres, Jean-Jacques Thomas et Alain Reuter, ce qui suffit à marquer l'importance de celui qui nous a si tôt quittés.

La cérémonie était "singulière", comme l'a remarqué Alain. Pas de messe, pas de cérémonie religieuse mais un "hommage" ... dans l'église de Veslud, mise à disposition par le diocèse, et remplie de laïques fervents, athées notoires, libres-penseurs militants, maçons et anticléricaux actifs ... et de beaucoup d'autres personnes qui n'étaient rien de tout ça. Pourquoi ce choix ? Philippe l'a voulu, parce que l'église de son village incarnait à ses yeux la créativité et la souffrance des hommes, le talent et la peine de ceux qui l'ont construite.

Parmi les beaux témoignages, il a souvent été question de camaraderie : quand l'amour de Dieu est absent, il reste l'amitié des hommes. Pas de religion ? Si, tout de même un peu, et la plus surprenante qui soit, sur le mode animiste, quand les tambours africains ont rappelé à la fin, dans une dernière intervention, que Philippe s'était engagé dans ce continent, au sein de chantiers de jeunes, et que des cérémonies en sa mémoire avaient lieu au même moment au Togo et au Bénin, que son esprit survolait alors la savane ... La poésie rejoint parfois la spiritualité.

Plus prosaïquement, je dois vous dire que Philippe Blot était un inlassable animateur de la fédération Léo Lagrange, qu'il était président de la CPCA (conférence permanente des coordinations associatives) de Picardie, une structure essentielle du monde associatif. Il était aussi militant et responsable socialiste. De l'église au cimetière, il n'y avait qu'un pas, puisque celui-ci jouxte celle-là, comme dans les villages d'autrefois. Chaque enterrement me fait méditer sur la mort : on est peu de choses, tout ce qu'on fait s'efface très vite. Si nous avions très fort conscience de ça, nos comportements et nos pensées changeraient rapidement, la mort nous apprendrait à mieux vivre. Quand on la regarde dans les yeux, tout le reste devient dérisoire.

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