lundi 12 novembre 2012

La guerre des guerres



Ce n'est plus la der des der, c'est la guerre des guerres ! La polémique est très française, faussement idéologique, inutilement clivante : nous sommes sommés de choisir entre une commémoration commune ou une commémoration séparée des deux derniers conflits mondiaux. En 2014, on fêtera aussi bien le début de la Grande guerre que la fin de la Seconde, avec le débarquement des alliés en Normandie. Derrière les pétitions de principes, il y a probablement aussi des histoires de gros sous et de petits, des économies d'échelle, comme on dit aujourd'hui (deux en une, ça coûte moins cher).

Le gouvernement est favorable à une seule commémo, l'opposition est au contraire favorable à deux sans doute parce que le gouvernement est favorable à une ! Ce n'est plus la guerre, c'est la guéguerre. Les élus des départements les plus concernés optent pour deux célébrations, même quand ces élus appartiennent à la majorité. Bref, on n'y comprend plus rien, les arguments circulent en boucle, aussi valables les uns que les autres, tout le monde semble avoir raison et tort à la fois. Au lendemain du 11 novembre, j'ai voulu revenir sur cette affaire.

D'abord, il est évident que ces deux guerres, 1914-1918 et 1939-1945, sont de nature différente. La première est un affrontement classique avec des moyens modernes : elle commence dans la joie, "la fleur au fusil" et "la tête à Guillaume" au bout, et s'enlise dans l'horreur des tranchées et ses massacres de masses. Jamais une guerre n'aura autant montré son absurdité. La seconde est une entreprise idéologique, celle du nazisme, qui vise, en plus de la conquête de territoires, à l'extermination de certaines populations, en premier lieu du peuple juif. Rien de tel en 14-18. De ce point de vue-là, la confusion des commémorations est préjudiciable à la bonne compréhension des évènements.

Mais faut-il cependant s'enfermer dans leur particularisme ? Il y a tout de même des lignes de continuité, de terribles points communs : la guerre reste la guerre, quels que soient ses motifs et ses moyens. A vrai dire, la distinction et le rapprochement vont de paire. Le XXe siècle est plein de sang, de boue, de fer et de feu. Ce qui est proprement hallucinant, c'est que l'Europe ait pu engendrer en si peu de temps deux conflits qui se sont très vite répandus à travers la planète, faisant des dizaines de millions de morts. C'est sûrement ce que l'Histoire retiendra.

Alors, une ou deux commémorations ? Je ne vois pas la contradiction : la mémoire de tous les morts, de toutes les victimes, de tous les innocents sacrifiés doit être sans distinction célébrée, dans un élan d'unité en faveur de ce qui finalement seul compte : la paix et la démocratie. Mais cela n'empêche nullement les chercheurs, les historiens, les intellectuels, les pédagogues de nous montrer que les mécanismes de ces deux guerres mondiales sont spécifiques, et que les leçons à en tirer ne sont pas les mêmes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Meme si la journée ne serait plus fériée pour raison economique c'est bien de garder une journée differente pour la commemoration des 2 dernieres guerres.
c'est encore trop tot pour les regrouper.
il y a chaque jour du calendrier des journées "de", s'il y en a une à supprimer, je pense alors qu'il y en a d'autres a regrouper avant celles qui commemorent les deux dernieres guerres.