vendredi 2 novembre 2012

C'est quoi un couac ?



Il est beaucoup question, ces derniers temps, des "couacs" du gouvernement. Le mot est repris en boucle, il tourbillonne dans les têtes comme une toupie, il s'impose comme une sorte d'évidence. Du coup, plus personne ne s'interroge, ne prend de la distance, ne se demande : c'est quoi un couac ? Le terme sonne un peu bizarre à l'oreille : couac, c'est un mélange de grenouille qui coasse et de corbeau qui croasse. Drôle d'onomatopée, grinçante et rigolote à la fois.

Un couac, on en fait tout un foin mais on sent bien que ce n'est pas si grave. On pourrait dire aussi une bourde, une bévue, une gaffe mais ce serait moins amusant ; alors on prononce ce mot, couac, parce qu'il est plaisant à entendre. C'est presque un mot d'enfant, qu'on aime à répéter dans la cour de récré, même si on ne comprend pas très bien ce qu'il signifie exactement. Les adultes sont souvent de grands enfants avec plein de couacs qui leur sortent en ce moment de la bouche. Et puis, la télé l'utilise, la presse en parle, tout le monde fait chorus.

Pourtant, pas de quoi casser trois pattes à un canard (qui, lui, fait coin-coin et pas couac) : ce n'est ni une faute morale, ni une erreur politique, sinon on emploierait ces deux expressions, beaucoup plus sérieuses, au lieu de celle de couac. Quand le Premier ministre annonce qu'il est prêt à débattre des 39 heures, c'est un geste de démocrate, ça ne signifie pas qu'il renonce aux 35 heures : il n'y a ni faute morale, ni erreur politique. Quand le Premier ministre, pressentant que sa loi sur le logement va être repoussée par le Conseil constitutionnel quelques heures plus tard, en fait état, c'est son droit d'émettre un sentiment, ce n'est pas violer le droit ni transgresser une règle : ni faute morale, ni erreur politique.

Que reproche-t-on donc à Jean-Marc Ayrault en particulier et à son gouvernement en général ? Des couacs, que des couacs ! C'est rassurant, c'est la preuve que la ligne de fond n'est pas, elle, remise en cause. Mais puisque qu'un couac n'est ni une faute morale, ni une erreur politique, je me demande ce que ça peut bien être et pourquoi on lui accorde une si grande importance ? Le débat public, à défaut d'idées, va-t-il être désormais alimenté par ces fameux et mystérieux couacs ? Il y a une raison à tout : si je veux m'efforcer de comprendre ce qu'est un couac, je ne vois qu'une explication et qu'une définition, c'est un manque d'habileté en matière de communication.

Le reproche sous-entend donc que la politique et la communication ne font plus qu'une, et que leur dissonance est l'émettrice des couacs. Je ne doute pas que l'habileté soit une qualité, en politique comme dans la vie ; mais permettez que je place au-dessus d'elle d'autres vertus, de loin supérieures : la sincérité, l'honnêteté, la cohérence. Jean-Marc Ayrault, dans son style à lui, en est doté et c'est cela seul qui compte, pour la gauche, pour la France, pour les Français. Le fond de sa politique doit prévaloir sur la forme du discours. Les chiens aboient, les couacs sont des bulles crevées à la surface de l'étang et la caravane passe.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c est au bilan dans 5 ans qu'on pourra juger de la politique du gouvernement.
Pour moi un seul critere comptera pour renouveler ma confiance à la gauche:
le taux de citoyens vivant sous le seuil de pauvreté.

s'il na pas diminué ou pire agementé alors ce sera un échec.
13.3% en septembre 2012 source insee