dimanche 4 novembre 2012

J'ai fait la bise à Sloane !



Un dimanche fou fou fou du côté du quai Gayant, à Saint-Quentin. Le Splendid recevait les belles de Geneviève de Fontenay, pour couronner Miss Picardie. A quelques dizaines de mètres, au cinéma multiplexe, le tapis rouge des grands jours avait été déroulé, pour recevoir trois vedettes du film Stars 80 : Jean-Luc Lahaye, Sloane et Alec Mansion, dans une salle bourrée à craquer, plusieurs centaines de spectateurs reprenant en coeur les chansons de ces années-là, saluant debout l'entrée des artistes.

Le film est, dans son genre, excellent, sans prétentions, léger, amusant, joyeux, à l'image de cette décennie 80. Les comédiens, célébrités d'alors, un peu éclipsés depuis, vont très loin dans l'auto-dérision, et c'est l'aspect le plus agréable, le plus intelligent du film. Ils ne cherchent pas à jouer un rôle, leur rôle, mais se montrent tels qu'ils sont dans la vie. C'est un grand moment de sincérité. Jean-Luc Lahaye, dans ce jeu-là, est le champion, jusqu'à se moquer de son rapport aux femmes et de son côté "grosse tête".

Ces stars sont en réalité des anti-stars, ne cachant rien de leurs petits défauts, dévoilant leur corps, leur âge, leur sexualité avec une heureuse jubilation. Ma scène préférée : le fan qui, dans un restaurant, prend Lio pour Julie Pietri, ce qui encourage les autres vedettes à confondre volontairement et joyeusement leurs noms et leurs visages ! La scène dans l'hôtel, où Cookie Dingler se livre à un désopilant strip-tease intégral qui n'est pas vraiment en sa faveur, n'est pas mal non plus.

Jean-Luc Lahaye a demandé à Xavier Bertrand, présent dans les premiers rangs, de venir rejoindre les stars 80 sur scène, en le remerciant de les avoir fait venir à Saint-Quentin (ils ont l'air tous très copains) pour la dernière séance de promo. Seule fausse note : Olivier Kaefer, le producteur de la tournée des stars 80 (joué dans le film par un Patrick Timsit très ressemblant ), s'est insurgé contre la venue dans notre ville d'une autre tournée année 80, qu'il a demandé de boycotter. Avant de partir, je suis allé faire la bise à Sloane, Peter n'étant pas là, mais je n'ai pas osé fredonner à son oreille son tube préféré, "Envie de rien, besoin de toi".

Mes années 80 ? Elles ne m'ont pas personnellement marqué très fort, tellement les années 70 leur font concurrence dans mon esprit. C'est cette décennie-là qui libère la société et bouleverse le monde. A côté, la décennie 80 fait pâle figure, paillettes et artifices, des variétés un peu bébêtes, des airs souvent anglo-saxons. Et puis, ces années-là ne sont pas si heureuses que ça : le sida fait des ravages, l'extrême droite s'installe dans le paysage politique, la gauche au pouvoir détruit la mythologie révolutionnaire. Le personnage-clé de cette époque, c'est quand même Bernard Tapie. Des années fric, oui ! Mais ce qui les sauve, c'est ce que le film met bien en valeur : l'auto-dérision, alors que la décennie précédente se prenait tristement au sérieux, même si c'était pour de bonnes raisons.

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