jeudi 29 novembre 2012

Nationaliser ?



La proposition d'Arnaud Montebourg de nationaliser le site de Florange d'ArcelorMittal a fait bondir ce matin Laurence Parisot : "scandaleux", "très grave", a-t-elle dit ce matin chez Apathie, suivi d'une argumentation en trois points, que je veux reprendre et contester :

1- "C'est un chantage". Admettons, mais l'économie libérale n'est-elle pas toute entière un immense chantage, qu'on appellera plus sobrement un rapport de forces ? Dans ce jeu-là, les salariés n'ont que l'Etat pour les protéger, qui doit faire son devoir quand il n'y a pas d'autres solutions.

2- "C'est une atteinte au droit de propriété". Doucement : il y a propriété et propriété. Ma maison, ma voiture, mes biens sont à moi, c'est ma propriété, personnelle. Une entreprise, c'est aussi une propriété collective, socialement parlant : elle ne fonctionne pas avec son seul patron, il lui faut des salariés. Et ses produits vont en direction des consommateurs. Laurence Parisot place mal son indignation, en mélangeant deux types de propriété.

3- "C'est coûteux pour l'Etat". Certes, mais la représentante du patronat a-t-elle songé au coût social d'une non nationalisation ? Et puis, ce serait bien la première fois que Laurence Parisot se préoccuperait des charges de l'Etat !

Soyons clairs : il ne s'agit pas de reproduire le socialisme des années 70 et 80, qui voulait nationaliser les grands moyens de production et d'échange ainsi que le système bancaire. On ne reviendra pas sur la conversion social-démocrate du PS. Florange sera, si elle se fait, une nationalisation ponctuelle, conjoncturelle et provisoire. Rien à voir avec les nationalisations générales, structurelles et permanentes du Programme commun PS-PCF d'autrefois.

Et puis, nationaliser est une mesure technique, non idéologique, qui n'appartient pas à la gauche. Des gouvernements de droite en ont fait usage, dans des circonstances particulières, chez nous le général de Gaulle. Savez-vous qui est l'auteur du concept de "nationalisation temporaire" ? DSK ! Relisez son bouquin d'il y a une dizaine d'années, "La flamme et la cendre".

François Hollande, un social-démocrate qui nationalise ? Le penseur atypique Emmanuel Todd a une petite théorie déjà ancienne : le gouvernement de gauche actuel, par essence réformiste, sera obligé de prendre des mesures radicales, à cause de la gravité de la crise économique. Je ne sais pas si Todd a entièrement raison, mais la nationalisation de Florange irait dans son sens.

1 commentaire:

de gauche a dit…

qu'en est-il de la proposition de N.Sarkozy:dans les grandes entreprises cotes en bourse,il devrait y avoir un partage des bénéfices selon la régle des 3 tiers 1/3 actionnaires,1/3 salariés,1/3 investissements
C'est beau comme un poème ou une valse ( à 3 temps) mais où cela est-il appliqué? si des lecteurs ont des infos je suis preneur