lundi 30 mai 2011

La (re)conquête d'une femme.

Je suis allé voir le film de Xavier Durringer, "La conquête", consacré à Nicolas Sarkozy, interprété par Denis Podalydès. Dans le genre, c'est une première et un challenge, que j'ai trouvé réussis : faire vivre des personnages de l'actualité, ce n'est pas facile, la caricature est vite atteinte. J'avoue que j'ai eu un peu de mal les premières minutes, où j'avais le sentiment d'entendre Laurent Gerra et les voix des Guignols. Bref, de l'imitation plus que de l'interprétation. Et puis, on s'y fait, on entre dans l'histoire, les protagonistes deviennent réalistes, crédibles, on oublie qu'il s'agit d'acteurs. C'est très bien fait, très bien joué. Vraiment, une performance !

Mais n'allez pas croire que ce film soit politique ! Il ne l'est que secondairement, en arrière plan, dans les détails (qui sont nombreux). Ce qui trompe, c'est le titre, incomplet et imprécis. Durringer aurait dû l'appeler : "La (re)conquête d'une femme". Car au soir de sa victoire, à quoi pense Nicolas Sarkozy ? Non pas à son destin, ni à la gloire qui l'attend mais à sa femme Cécilia qui vient de le quitter et avec laquelle il veut absolument renouer.

Ce dur de la politique se révèle être un grand sentimental. Et s'il se présente à un moment comme une "bête de sexe", on n'y croit pas un seul instant, on comprend que c'est pour se venger de celle qui ne l'aime plus et qu'il veut néanmoins retrouver. Tout homme politique n'a-t-il pas besoin auprès de lui d'une présence féminine qui l'aide et le guide ? Après tout, qu'aurait été, que serait DSK sans Anne Sinclair ?

Il y a quand même quelques réflexions directement politiques dans ce film d'amour, notamment quand Sarkozy dit et répète à Villepin lors d'un déjeuner : "Je suis seul et je suis libre, c'est pour ça que je gagnerai". La formule est intéressante parce qu'elle contredit le préjugé qu'on se fait sur la politique, où l'homme "seul et libre" semble condamné à ne jamais accéder au pouvoir.

J'ai également aimé le rôle d'Henri Guaino, plume du président, récitant en même temps que lui ses discours, le regard plein d'admiration pour celui dont il est en quelque sorte la voix. C'est tout de même terrible, ce phénomène d'identification en politique ... A vous dégoûter de toute espèce d'admiration ! Je me souviens en son temps de Chevènement : il avait adopté les mêmes intonations, le même phrasé que Mitterrand !

Allez voir "La conquête", encore cette semaine au multiplexe de Saint-Quentin. Vous ne serez pas déçus.

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