samedi 28 mai 2011

Les voisins de nos voisins.

Hier soir, dans le quartier de Oëstres, au bout du bout de Saint-Quentin, j'ai participé à la fête des voisins, organisée par le centre social Saint-Martin et l'association Rencontre Citoy'Aisne. Frédérique Delalande et Guy Douay ont été les chevilles ouvrières de la manifestation ; j'ai animé une discussion sur la solitude (c'est aussi la grande cause nationale de cette année 2 011, la lutte contre la solitude). Des membres de l'APEI (les Papillons blancs) étaient présents, leur foyer n'est pas loin.

Nous avons commencé la soirée en trinquant au "Prévert". Cet apéritif a une belle histoire : Marie-Françoise Lefèvre, l'ancienne directrice de l'école Jacques Prévert, a retrouvé deux élèves en âge de se marier, mais à qui ils manquaient de quoi offrir le champagne. Pour l'occasion, c'est l'apéritif thiérachien (sirop de pamplemousse et vin rosé) concocté par Marie-Françoise qui a remplacé et qui a été baptisé du nom de l'école de Oëstres !

La fête des voisins est une création récente qui répond au principe : les voisins de nos voisins sont nos voisins, et tous se retrouvent. Il n'y a pas si longtemps, c'était inconcevable. Comme me l'a dit Guy, la fête des voisins, c'était alors tous les jours, quand on se mettait par beau temps sur une chaise au pas de sa porte, quand on faisait jouer l'hiver les solidarités naturelles de quartier, qui n'avaient pas besoin d'être célébrées.

Aujourd'hui, d'une rue à l'autre, on peut ne pas se rencontrer pendant une année. Ce n'est pas que les gens sont devenus plus mauvais, c'est que la société a changé : chez soi, on a tout ce qu'on ne trouvait autrefois qu'au dehors ; on ne connaît plus son quartier mais on voyage dans le monde, virtuellement ou réellement.

Mais les angoisses demeurent. Pour preuve, ces faits divers qui marquent l'opinion : cette dame enfermée plusieurs jours dans sa salle de bain sans qu'on l'en délivre, cette personne décédée dont on n'a pas remarqué l'absence. Notre société est passée de la question classique "Que fait la police ?" à "Où sont les voisins ?" Et c'est désormais vers les politiques qu'on se tourne non seulement pour régler les problèmes de voisinage mais pour créer du voisinage, du lien social, du vivre ensemble.

Je ne termine bien un projet que lorsque d'autres le prolongent. Hier soir, après discussion, trois ont été envisagés : un café philo à l'APEI, un débat sur l'indignation (Stéphane Hessel est passé par là !) en vue du prochain congrès des centres sociaux de l'Aisne, une visite guidée et chantée du Père-Lachaise (ma grande spécialité !) avec Saint-Martin. C'est sûr : les voisins de nos voisins sont bien nos voisins ...

Aucun commentaire: