dimanche 4 septembre 2011

Neuf minutes de trop.



Dominique Strauss-Kahn est donc de retour en France, depuis ce matin, en homme libre et innocent. Il aurait pu différer, tarder, ou même rester discret : mais pourquoi, quand on est libre et innocent ? A ce retour, je n'attends de Strauss absolument aucune explication, et surtout pas d'excuses : il n'a pas à se justifier de ce qu'il n'a pas commis et nous n'avons pas à connaître neuf minutes de sa vie strictement privée, puisque c'est, d'après les documents officiels, la durée de sa rencontre avec la femme de chambre du sofitel.

Neuf minutes de trop, ai-je d'abord envie de dire : enlevez ces neuf minutes et le destin de DSK aurait été différent, et probablement celui de la France aussi. Cette réflexion est hallucinante ! Qu'est-ce que c'est que neuf minutes, dans une vie constituée de plusieurs dizaines de millions de minutes ? Neuf minutes banales, sans crime ni gloire, neuf minutes comme bien des hommes et des femmes ont pu en vivre depuis qu'il existe sur cette terre des hommes et des femmes. Mais neuf minutes de trop quand on s'appelle Dominique Strauss-Kahn, et peut-être aussi, nul ne le saura jamais et c'est très bien ainsi, Nafissatou Diallo.

Cet avion qui a atterri ce matin à Roissy, c'est celui qui aurait dû atterrir le 14 ou le 15 mai, avec à son bord un futur président de la République, si ces neuf minutes maudites n'avaient pas fait basculer le sort du mauvais côté. Je pense, à l'heure de ce retour, à cette étrange théorie du battement d'ailes de papillon, à laquelle je n'ai pourtant jamais vraiment cru : il paraît qu'un simple battement d'ailes de papillon en Chine peut déclencher un ouragan en Europe ! C'est bien sûr une métaphore, mais tellement proche ici de la vérité : neuf minutes d'ébats consentis mais qui se terminent mal, et c'est l'ouragan médiatique planétaire, l'avenir politique d'un pays contrarié !

Qu'est-ce que j'attends maintenant de DSK ? Qu'il nous parle de tout, notamment de ce qu'il sait parler le mieux, d'économie, sauf de ça, de ces neuf minutes qui intéressent tellement de monde et qui ne m'intéressent pas, neuf minutes que j'aurais aimé ne pas voir exister au décompte d'une vie. Mais remarquez bien qu'il ne resterait peut-être plus grand-chose de nos existences, s'il fallait, pour chacun d'entre nous, en retrancher toutes les minutes dont nous ne voulons pas parce leurs conséquences sont insidieuses. Il faudrait arracher ses ailes au papillon, mais ce serait cruel.

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