mercredi 21 septembre 2011

L'effet Montebourg.

Arnaud Montebourg progresse nettement dans les intentions de vote pour les primaires citoyennes ; il ravirait même, paraît-il, la troisième place à Ségolène Royal. Ça ne me surprend pas, je l'avais annoncé sur ce blog : Arnaud incarne désormais l'aile gauche du PS, dont la tradition est toujours vivante dans notre parti, dont l'espace politique ne se réduit pas à quelques points.

D'autre part, la ligne anti-mondialisation d'Arnaud Montebourg ne peut que recevoir un accueil positif dans une partie de notre électorat, et aussi au-delà, très hostile à la mondialisation économique et ses méfaits. Enfin, Arnaud est une personnalité charismatique, comme les aime le parti socialiste ; son lyrisme tranche sur le sérieux très convenu des autres candidats. On ne fait pas de politique sans enthousiasme.

Je reste évidemment partisan de François Hollande, le candidat idéologiquement le plus proche de l'héritage de DSK, comme l'a finement souligné Benoît Hamon. Mais je me réjouis des bons scores d'Arnaud dans l'opinion publique. D'abord parce que sa montée va favoriser le débat d'idées au sein des primaires, qui prenaient dangereusement ces derniers jours la tournure d'une querelle de personnes (Ségolène traitant Martine de "menteuse", ce n'est vraiment pas génial !).

Et puis, je vois d'un bon oeil la réactivation d'une aile gauche jeune, intelligente et dynamique. Elle fait partie de notre histoire commune. Au moment du rassemblement de tous les socialistes, on ne pourra pas s'en passer. Ce qu'il m'arrive parfois de déplorer, c'est l'existence d'une aile gauche archaïque, défensive et opportuniste (Guy Mollet en son temps l'a incarnée) mais Montebourg n'est pas sur ce registre-là. Depuis le départ de son représentant naturel Jean-Luc Mélenchon, la gauche du parti était orpheline d'idées et de leaders. Voilà qui est réglé, et c'est tant mieux pour la démocratie interne au parti.

Tout social-démocrate que je suis, j'estime que le parti socialiste est performant et attractif à partir du moment où sa vie idéologique est intense (voyez les années 70 !). Ce qui m'inquiétait dans les primaires jusqu'à maintenant, c'est la proximité politique des "grands" candidats : peu ou prou, Hollande, Aubry et Royal sont sur la même ligne, réformiste modérée. J'applaudis bien sûr, mais il nous faut du débat, et que les français le voient !

Arnaud fait bouger les lignes, c'est très bien. Il réinstaure le vrai clivage qui donne du sens aux confrontations entre socialistes : une ligne social-démocrate contre une ligne socialiste plus radicale, sachant qu'à l'heure de l'union, il faudra prendre en compte ce que les uns et les autres auront dit, car rien ne me répugne plus entre camarades que le jeu mortel des rapports de force qui conduit nécessairement à l'élimination des uns au seul profit des autres. C'est très mauvais, les conséquences sont désastreuses, j'en sais quelque chose ...

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