vendredi 23 septembre 2011

Et s'il n'en reste qu'une ...

A quoi devons-nous être fidèles ? Ça pourrait être un beau sujet de philosophie, vous ne trouvez pas ? Beau mais terrible ... Fidèles à son conjoint, à ses origines, à ses convictions, fidèles à la parole donnée, à soi-même ... Compliquée, cette affaire. Ce qui semble certain, c'est que la fidélité, étymologiquement fideis, est une forme de foi. Elle n'est pas une contrainte, un devoir, mais un attachement volontaire et vivant à quelqu'un ou à quelque chose.

Pourquoi vous raconter ce soir tout ça ? Parce que j'ai sous les yeux un article de Jean-Michel Roustand intitulé "Claudine Doukhan fidèle à Royal", paru dans L'Union du 17 septembre. Claudine, je la connais comme on connaît quelqu'un qui vous a invité à dîner chez lui. Elle est devenue conseillère régionale, socialiste bien sûr, par la grâce d'appareil, qui en vaut bien une autre. Ségoléniste convaincue, fervente comme peut l'être une ségoléniste, elle l'est restée, jusqu'à devenir la mandataire de Royal dans l'Aisne pour les primaires citoyennes.

J'ai un sale défaut, et ce n'est pas hélas le seul, je juge trop vite : Claudine élue, pour moi elle était passée de l'autre côté du miroir, elle cessait d'être la militante naïve comme l'est tout militant. Ce qui signifie qu'elle allait, je le craignais, désormais "suivre". Eh bien non, je me suis planté, Claudine est, à ma grande surprise, d'une autre trempe : elle a bêtement été fidèle à ses convictions d'antan, qui n'est pas si loin.

La bêtise a parfois du bon. On ne réfléchit pas, on ne calcule pas, on reste cohérent. Évidemment, les malins prétendent que "seuls les imbéciles ne changent pas d'avis". Être malin ou imbécile, il faut choisir : moi aussi, j'ai fait le choix de Claudine, mais le mien porte sur un autre nom (voir mon billet de dimanche dernier, "Strauss le magnifique").

Mon parti, le parti socialiste, est un parti d'élus : la moitié de ses adhérents le sont et l'autre moitié rêvent de le devenir (la boutade n'est pas de mon invention). C'est ce qui fait sa grandeur et son efficacité : sans cela, jamais la gauche ne pourrait battre la droite, nous ne serions qu'un cercle de pensée, un parti de témoignage. Mais cet état de fait a des conséquences, qui n'ont rien de surprenant ou de choquant : les multiples allégeances, sans rapport direct avec des positions idéologiques. C'est pourquoi, pour les primaires citoyennes, la plupart des élus départementaux ont rallié Hollande et la plupart des élus régionaux Aubry (à l'exception notable de Claudine Doukhan), comme le fleuve se déverse dans l'océan et comme les branches de l'arbre montent vers le ciel.

Doukhan, à Roustand, tient des propos assez crânes, presque gonflés : "Je ne m'adresse pas aux élus, ceux qui le souhaitent sont cependant les bienvenus, mais aux gens. Le reste, ce n'est pas mon problème, je ne me situe pas dans une logique d'appareil". C'est presque du Mousset, version ségoléniste ! Et s'il n'en reste qu'une dans l'Aisne, ce sera celle-là, Claudine Doukhan.

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