jeudi 8 septembre 2011

Le symptôme Monnoyer.

Monnoyer par ci, Monnoyer par là, on ne parle que de lui, en cette rentrée politique saint-quentinoise, de la terrasse du Carillon aux pages de la presse locale, jusqu'à ce blog, mais comment faire autrement ? C'est l'actualité qui commande, pas moi. Et pourtant, la vérité, tout le monde la connaît, ce n'est pas faire injure à Stéphane de la rappeler : il n'a pas de troupes derrière lui, il a très peu d'influence électorale, il n'est pas en capacité de présenter une liste aux prochaines municipales. Qu'est-ce qui lui vaut donc cette notoriété singulière ?

Vous vous souvenez de l'ouvrage du philosophe Alain Badiou en 2007, De quoi Sarkozy est-il le nom ? L'expression a fait depuis florès. A mon tour, je la reprends : de quoi Monnoyer est-il le nom ? Le jeune centriste, qui fait désormais figure d'opposant n°1 à Xavier Bertrand, est le symptôme de ce que la presse appelle pudiquement la "discrétion" de la gauche locale, son absence médiatique, son retrait de la vie publique, sa seule focalisation sur le conseil municipal. La politique comme la nature ont horreur du vide : en manque d'opposition, la scène saint-quentinoise s'est fabriquée un opposant en la personne de Stéphane Monnoyer.

Ce symptôme est ancien. Il y a quelques années, c'était Freddy Grzeziczak qui occupait la place, qui comblait le vide. Il avait alors aussi peu de surface électorale que Stéphane Monnoyer, mais faisait parler de lui, s'opposait à la droite en place, se substituant à une gauche aphone dont les élus et responsables n'étaient pas ceux d'aujourd'hui. Ce qui confirme que les difficultés qu'elle rencontre sont structurelles et pas personnelles : elle ne parvient pas à se constituer en force crédible de gouvernement de la ville, en dynamique d'alternative à la droite.

Stéphane Monnoyer entretient le mythe du "grain de sable" qui "embête" Xavier Bertrand. Qui osera lui dire qu'il n'embête que la gauche, à laquelle il renvoie en miroir son immobilisme ? A Saint-Quentin, Xavier Bertrand est l'homme qui dort le mieux, et pas longtemps, parce qu'il sait qu'il a une rente de situation pour des années, qu'il n'a rien à craindre d'opposants à la Monnoyer. En politique, les "grains de sable" ne dérangent personne ; il suffit d'un rouleau compresseur pour s'en débarrasser. Tout le reste, c'est de la littérature de gesticulation et de consolation.

Autre mythe entretenu par Stéphane dans la presse d'aujourd'hui : "l'électron libre", qui n'a pas plus d'existence politique que le "grain de sable". Car c'est une particule devenue folle, détachée de son atome, alors que la politique est une pratique d'appareil organisé, de cercles concentriques, de hiérarchie de parti. Stéphane Monnoyer peut en tirer une forme de fierté, mais aucune efficacité. Un "électron libre" est destiné à mourir. Je n'en connais aucun en politique qui ait réussi. Au contraire, le succès est conditionné par la capacité à graviter autour de ce noyau nucléaire qu'est le pouvoir, de s'en rapprocher le plus près possible.

Le destin de Stéphane Monnoyer est tout tracé : tout ce qui dans cette ville s'oppose en solitaire à la droite est récupéré par la droite. L'adhérent MoDem finira conseiller municipal de Xavier Bertrand. La gauche, qui ne pratique pas l'ouverture au centre mais l'alliance à l'extrême gauche, ne l'accueillera pas. Le symptôme durera, sous une forme ou une autre, tant que la maladie sévira.

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