lundi 5 septembre 2011

La grande braderie.



Toute la journée, à Saint-Quentin, c'est la traditionnelle grande braderie, avec ses milliers de visiteurs et ses centaines d'exposants. Xavier Bertrand, maire et ministre, a depuis des années une idée politiquement géniale et sympa : tenir un stand, comme n'importe qui, en toute simplicité, se mettre ainsi au niveau des gens, et surtout croiser, rencontrer, discuter avec un tas de monde à cette occasion.

Je m'étonne qu'une idée aussi géniale et sympa n'ait pas été reprise par d'autres élus ou leaders politiques, toujours préoccupés de renforcer leur notoriété. J'ai donc décidé de penser à leur place et de choisir pour eux ce qu'ils pourraient bien, l'an prochain, brader, en prenant exemple sur Xavier Bertrand, en allant chercher dans leurs caves et greniers ce dont ils veulent se débarrasser.

Vincent Savelli, commençons par lui, doit sûrement avoir, parmi son impressionnante série de cravates, quelques-unes qui sont défraîchies ou passées de mode, qui ne ressemblent plus à rien. Autant revendre ces trophées à la grande braderie. A quoi l'élu pourrait ajouter, sur son stand, quelques maquettes d'avion de son enfance, afin de faire la promotion du troisième aéroport international.

Freddy Grzeziczak, comme nous tous, a probablement gardé au fond d'une malle ou d'un tiroir les derniers exemplaires de la monnaie française, pièces et billets. Ces précieux objets attireraient le chaland et rappellerait à bon escient l'hostilité de Freddy envers l'euro, à la suite de son mentor Nicolas Dupont-Aignan.

Stéphane Monnoyer est un peu jeune pour avoir des vieilleries chez lui, mais il pourrait se rattraper en exposant aux enchères sa petite collection de trois cartes d'adhésion, témoignant de son parcours politique : la carte du MPF, la carte de l'UMP, la carte du MoDem. Je suis persuadé qu'il trouverait acquéreur. Ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur ce genre de documents originaux.

Michel Aurigny, du parti ouvrier indépendant, est trop révolutionnaire pour s'attacher aux témoignages du passé, dont il a dû faire table rase, comme dit la chanson. Mais il doit lui rester quelque part des feuilles de pétition contre le parking payant de l'hôpital, survivances d'un combat perdu mais néanmoins historique, que les nostalgiques peuvent aimer conserver à la façon de reliques.

Le parti socialiste découvrira sans peine des anciennes éditions du Programme commun signé en 1972, plus du tout d'actualité à l'heure où notre parti s'est, avec bonheur, converti à la social-démocratie, Aubry et Hollande en tête. Le parti communiste, lui, aura à coeur de liquider toute la littérature évoquant leur candidat officiel Jean-Luc Mélenchon, qui n'est pas vraiment en odeur de sainteté chez nos camarades saint-quentinois.

Conseiller les autres, c'est bien joli, mais moi, qu'est-ce que je propose ? Pas d'hésitation : il faut que je profite de la grande braderie pour me séparer, la mort dans l'âme, de mes photos, textes et ouvrages de et sur DSK. Ce sera dur, mais je dois tourner la page. Peut-être même que Xavier Bertrand, dont on dit que lui aussi aimerait bien être président, en 2017, viendra sur mon stand m'acheter les restes de celui qui aurait pu, en 2012, devenir président de la République.

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