jeudi 30 juin 2011

Que le meilleur perde !

La force avancée d'Eva Joly sur Nicolas Hulot dans la primaire écologiste, et donc sa probable victoire, me ramènent à l'un de mes livres politique de chevet : "Que le meilleur perde", de Michel-Antoine Burnier et Frédéric Bon, paru en 1994. Leur surprenante thèse : en politique, on ne cherche pas à gagner mais à échouer, on ne rêve pas du pouvoir mais d'opposition ! Je dois reconnaître que bien des événements, à quelques exceptions près, confirment cette théorie, le dernier en date étant le résultat d'hier chez EELV.

Sauf à penser que la politique est totalement irrationnelle et hasardeuse, des critères objectifs permettent de déterminer un bon candidat. C'est le cas d'Hulot : d'abord, c'est un communicant, un homme des médias, une image qui passe bien. Ensuite, c'est un personnage populaire, apprécié, une figure sympathique. Enfin, il incarne une écologie ouverte, modérée, raisonnable et rassembleuse. De par son histoire, ses engagements, Hulot est beaucoup plus sensible à l'environnement et à ses problèmes que Joly. Mais c'est pourtant elle et pas lui qui est en situation de l'emporter ! Pourquoi ?

Les précieuses qualités pour les uns sont d'irréparables défauts pour les autres. Hulot médiatique ? C'est la preuve qu'il est vendu au système. Hulot populaire ? Le parti ne pourra donc plus le contrôler . Hulot écolo ouvert ? C'est qu'il trahit le noyau idéologique de l'écologie. Voilà comment des vertus se transforment en vices, comment des forces se retournent en faiblesses.

Et puis, un groupe se donne généralement pour représentant celui ou celle qui incarne la moyenne du groupe, pas ce qu'il y a de meilleur en lui, à moins que les circonstances ne soient exceptionnelles. Mais les Verts nous ont habitués : il y a quelques semaines, ils mettaient en minorité Daniel Cohn-Bendit, qui leur avait pourtant donné une victoire historique. Une fois de plus, Burnier et Bon ont hélas raison : que le meilleur perde !

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