dimanche 12 juin 2011

Quand la droite vote à gauche.

C'est une bonne nouvelle : Chirac votera Hollande, mon candidat préféré après la défection de DSK. A droite, on fait la gueule, évidemment : l'ancien président est populaire, comme tous les anciens présidents. Dans ce genre de situation, on feinte : ce serait une blague, de l'humour sans doute corrézien, avec à la limite une pointe d'ironie envers Sarkozy. Ils ont tout faux : Chirac n'a pas fait une boutade, sa réflexion est construite. Je le cite : "Je voterai Hollande, sauf si Juppé est candidat". Bin oui : Juppé c'est son préféré, "le meilleur d'entre nous" avait-il dit en 1995 avant de le nommer Premier ministre.

Tout ça est normal et pas fantaisiste pour un sou : dans ses mémoires sorties il y a quelques jours, Chirac égratigne Sarkozy, un ambitieux et un ingrat qui lui a pris sa place sans lui demander et sans le remercier. Certes, l'inélégance est monnaie courante en politique, mais ce n'est pas une raison pour ne pas s'en plaindre. Une seule phrase contre Sarkozy au milieu de 600 pages ? Il n'y a que dans "Le comte de Monte Cristo" que la vengeance s'étale sur 2000 pages. Dans la vie ordinaire, quelques mots suffisent.

Chirac votant Hollande, ça ne me surprend pas. Mon camarade n'incarne pas le socialisme traditionnel (la place est désormais prise par Montebourg) mais la social-démocratie (Aubry est à moitié tradi et à moitié soc-dém afin de rassembler tout le monde ; c'est très bien pour le Parti mais pas bon pour la présidentielle). Après tout, Chirac avait de vagues sympathies communistes dans sa jeunesse. On l'a souvent présenté comme un radical-socialiste. A la fin des années 70, il a défendu un "travaillisme à la française", puis s'est fait élire en 1995 sur le fameux thème de la "fracture sociale". Il n'en reste pas moins un homme de droite, mais très modéré si on le compare à Sarkozy.

A gauche aussi, certains font la gueule en apprenant le soutien de Chirac à Hollande. N'est-ce pas un cadeau empoisonné ? Notre candidat ne devient-il pas aussi celui de la droite ? Mais non ! Au lieu de gémir, pourquoi ne pas se réjouir ? Chaque jour qu'un homme de droite vote à gauche est un jour de fête, car c'est comme ça qu'on gagne une élection. La gauche en France a toujours été sociologiquement minoritaire ; elle ne peut l'emporter que si elle détache vers elle une partie de l'électorat du camp adverse. Chirac avec nous, c'est cadeau !

A Saint-Quentin, c'est pareil. Pour le moment, c'est la gauche qui vote à droite. Mais j'attends le moment où la logique va s'inverser et nous faire gagner. Évidemment, ce n'est pas en restant avec la maison Lambert et compagnie, qui représentent cacahuètes, que la gauche va renverser la vapeur. Imaginez un peu que Pierre André, qui est chiraquien, prenne modèle sur Jacques Chirac et vote pour moi aux prochaines municipales, contre le sarkozyste Xavier Bertrand. Pas mal, non ? La gauche sortirait enfin de la mouise et aurait cette fois de sérieuses chances de gagner.

Vous m'avez compris : depuis que Jean-Paul Lesot a reçu vendredi des mains de la première adjointe Monique Ryo tous les pouvoirs sur la ville, je me mets à rêver, je crois moi aussi que tout est permis, en ces fêtes du bouffon. Profitons-en, la municipalité de Saint-Quentin retrouvera ses prérogatives entières ce soir.

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