samedi 18 juin 2011

Les nonos.

Il n'y a pas à Saint-Quentin de bobos. Notre ville est trop populaire, pas assez chic pour ça. Les bourgeois bohèmes, c'est pour la capitale ou les grandes villes, pas chez nous. Des bourgeois, oui il y en a, mais des traditionnels, qui vont à la messe et qui votent à droite. Quelques bohèmes aussi, pas des masses. Les deux réunis, non je n'en vois pas, ou alors des faux, qui jouent à faire comme si.

Si nous n'avons pas de bobos, je repère cependant à Saint-Quentin une catégorie sociologique tout aussi intéressante : les nonos. Bon, c'est de mon invention et ça vaut ce que ça vaut, mais je vous en parle quand même. Nonos est le diminutif de nouveaux notables. De qui s'agit-il ? De gens en vu, sollicités par la presse, engagés politiquement, exerçant une certaine influence, dont on parle mais qui ne correspondent pas à l'image classique du notable de province. Leurs réactions sont décalées, inattendues, ce sont des personnages.

Je vois quatre figures connues, des nonos très représentatifs du genre :

- Antonio Ribeiro : il fait beaucoup causer en ce moment, les journalistes se délectent à la lecture de son blog qui est devenu un must, bientôt peut-être collector. Ce conseiller municipal délégué est une créature de la gauche passée à droite, inclinant aujourd'hui à devenir centriste après avoir songé à rejoindre Europe écologie. Les nonos sont très souples, très plastiques dans leurs convictions. Ce sont des hommes d'aujourd'hui, des zappeurs politiques. Très libres aussi : Ribeiro n'hésite pas à s'en prendre aux francs-maçons de son équipe municipale !

- Stéphane Monnoyer : nono lui aussi, jeune, ambitieux et vibrionnant, passant de Philippe de Villiers à François Bayrou, n'hésitant pas à attaquer Xavier Bertrand alors que le MoDem dont il est le représentant local fait partie de la majorité municipale. Mais un nono, ça ose tout, c'est d'ailleurs à ça qu'on le reconnaît. Monnoyer pense maintenant à s'allier à l'opposition de gauche, où il espère peut-être y trouver l'appui de nonos comme lui.

- Daniel Wargnier : plusieurs fois candidat à de multiples élections, c'est un nono vieillissant mais très alerte, jusqu'à en devenir fatiguant. Il est membre de Génération écologie mais pourrait très bien se retrouver ailleurs. C'est un nono taquin, fantaisiste et poète : il accompagne ses rimes d'un jet de postillons qui le fait ressembler à la voiture balai qui nettoie chaque samedi la place du marché. Il est membre de plusieurs associations, connu comme le loup blanc au pelage un peu miteux. Je l'aime beaucoup mais pas longtemps.

- Nora Ahmed-Ali : c'est un nono femme, conseillère municipale d'opposition, responsable des Verts à Saint-Quentin. Elle apporte dans ses interventions une touche de candeur et de fraîcheur qui font son charme. Nora conjugue tout au féminin, sa force et son originalité viennent de là. Le jour où le vicaire à la basilique sera une femme, elle exultera. Les nonos sont aussi des novateurs.

Il y a bien d'autres nonos à Saint-Quentin que ces quatre-là, emblématiques. Nous aurons l'occasion d'en reparler. Mais ôtez-moi d'un doute : ne serais-je pas un nono moi aussi ? Dites-moi que ce n'est pas vrai !

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