mardi 14 juin 2011

Réponse à deux commentaires.

Les commentaires postés sur ce blog sont rarement pertinents, souvent bêtement polémiques ou très personnels. Je suis obligé de les supprimer. C'est pourquoi je suis heureux aujourd'hui de souligner deux récentes interventions, fort intéressantes, qui prêtent au débat. Je leur réponds d'autant plus volontiers qu'elles portent sur un sujet qui m'est cher : l'avenir de la gauche locale.

Lormont est un fidèle lecteur et intervenant de ce blog. Hier, il remarquait qu'Anne Ferreira, pour l'emporter, devra faire oublier qu'elle a milité pour le non lors du référendum européen de 2005. Comme lui, j'ai voté oui et j'ai déploré qu'une minorité de socialistes n'ait pas respectée le choix majoritaire des militants. Mais l'affaire est passée, le Parti socialiste s'est mis au clair sur l'Europe, nous sommes là-dessus unanimes désormais. Anne Ferreira n'a donc pas à faire oublier quoi que ce soit, ni moi à rappeler mes positions d'alors. Le solde est liquidé, le problème est derrière nous.

Simon Dubois-Yassa, membre du Parti de Gauche, est lui aussi intervenu en réaction au billet d'hier, et déjà dans les commentaires du 2 juin, avec une analyse remarquable sur la gauche saint-quentinoise, dont je vous recommande la lecture. Il s'en prend avec raison à la théorie des "cycles", véritable ineptie politique. D'après celle-ci, les échecs de la gauche locale ces dix dernières années seraient dû à une mauvaise passe, un coup du sort, une baraka à rebours : il y aurait des décennies avec et des décennies sans. La gauche locale serait dans les basses eaux : on n'y pourrait rien, il suffirait d'attendre, le cycle nous serait inévitablement favorable un jour, de nouveau.

Cette superstition est évidemment aberrante mais pas complètement idiote : elle permet aux responsables de la Bérézina de s'exonérer de toute responsabilité, sur l'air du "on n'y peut rien, ce n'est pas de notre faute, le cycle ne nous est pas favorable, mais ne vous inquiétez pas, la chance électorale reviendra". Rien n'est plus déprimant, démobilisateur et faux que cette théorie des "cycles". Elle justifie l'inaction, mettant la réussite ou la défaite sur le compte de la fatalité. Simon a bien senti l'imposture derrière un tel point de vue.

A propos des alliances à gauche, Simon a cette réflexion : "le problème ce n'est pas l'autre gauche, c'est certains qui la représentent". Par "autre gauche", je suppose qu'il désigne l'extrême gauche. J'ai ici un léger désaccord avec lui : bien sûr les personnes ont leur importance, mais l'essentiel est tout de même dans la ligne politique suivie. Et c'est ce qui cloche à Saint-Quentin. Prenons l'exemple du Parti Gauche, puisque Simon Dubois-Yassa en fait partie : cette formation n'a aucun représentant dans la ville et le PCF local rejette totalement sa stratégie. Voilà un vrai problème pour le rassemblement des forces de gauche. Et je ne parle même pas de l'extrême gauche, dont on sait quelle considération elle porte au Parti socialiste !

Enfin, je partage la conclusion de Simon : à Saint-Quentin, à gauche, "il faut qu'une vraie dynamique s'engage, avec un projet, avec de nouvelles têtes". Oui, c'est exactement cela, une dynamique, un projet, avec néanmoins un bémol pour les "nouvelles têtes : aux cantonales, on a donné et on s'est cramé. Les "nouvelles têtes" devront être vraiment nouvelles, c'est-à-dire issues de la vie associative et syndicale, de toute cette population de gauche, ces citoyens engagés qui n'appartiennent pas à un parti mais qui voudraient bien qu'un jour la gauche locale accède aux responsabilités.

Simon reporte ses espoirs sur Anne Ferreira, moi aussi mais sous conditions. La vie politique m'a appris à être prudent : les êtres humains sont faillibles, les lignes politiques sont beaucoup plus certaines. Le débat je le crois ne fait que commencer. L'important est qu'il ait lieu, qu'il ne soit ni confisqué ni étouffé. Lormont et Dubois-Yassa y ont contribué à leur façon. Je souhaite que d'autres interviennent et que le mouvement se poursuive. C'est ainsi que la gauche locale pourra progresser et se réformer, à travers la discussion collective.

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