jeudi 2 juin 2011

Un problème d'image.

J'ai eu ce matin trois chocs successifs en allant acheter la presse du jour. Je commence toujours par regarder l'affiche qui annonce l'événement local, celle de l'Aisne Nouvelle et du Courrier Picard. Premier choc, en lisant sur cette dernière : "Mais où se cache l'opposition municipale ?" Je me demande sur l'instant de quelle affaire particulière il peut s'agir pour provoquer une telle question.

En achetant le journal et en parcourant sa une, deuxième choc, en découvrant ce titre : "L'opposition locale sort de sa torpeur". Je suis critique envers la gauche locale parce que je ne partage pas sa ligne politique, mais le mot de torpeur est fort, sévère, cruel même ; il suggère l'engourdissement, la léthargie, les animaux qui hibernent et se réveillent.

Le troisième choc, le plus grand sans doute (car les mots ne sont que des mots), c'est la photo de Jean-Pierre Lançon, secrétaire de section, interviewé par Nicolas Totet, non pas sur un sujet en particulier comme je le croyais de prime abord mais sur l'état général de la gauche locale. Le visage est pris d'assez près pour qu'on soit saisi par la bouche crispée, le front creusé et surtout le regard à faire peur, retenant visiblement une colère qui ne demanderait qu'à éclater. C'est en tout cas mon ressenti.

L'image est d'autant plus frappante qu'elle contraste totalement avec celle que donne habituellement de lui le secrétaire de section : débonnaire, jovial, souvent rigolard, la pipe à la bouche complétant ce portrait truculent qu'il aime à donner de lui-même, qui lui vaut en partie la popularité acquise dans le petit milieu socialiste. Là, pipe, rire et truculence ont disparu et l'effet est médiatiquement frappant, du moins pour moi qui connaît le personnage et fréquente assidûment les images de presse.

Qu'est-ce qui a pu produire un tel effet, si négatif ? C'est la lecture de l'interview qui me l'apprend. Les questions tombent comme une hache de boucher, elles frappent, elles font mal. L'une d'entre elles est assez osée, va très loin puisqu'elle suggère que l'effacement de l'opposition pourrait être volontaire et s'expliquer par l'appartenance maçonnique de son chef de file ! On ne peut tout de même pas imputer à un engagement privé, philosophique, des conséquences publiques, politiques. D'autant que le maire n'éprouve réciproquement aucune tendresse maçonnique particulière envers ses frères opposants !

Je parierais que la surprenante photo a été prise après l'interview, toute colère rentrée mais envahissant le visage. Le titre de l'interview est une forme de conjuration, d'exorcisme, presque de lapsus : "On gagnera avec Anne Ferreira aux municipales", formule qui renvoie aussi à la dernière question de Nicolas Totet, la seule qui soit politiquement importante pour un socialiste : "La gauche reprendra-t-elle un jour la mairie de Saint-Quentin ?" Réponse : "Je crois toujours à l'unité de la gauche pour gagner. Et trois ans, c'est encore long pour ceux qui détiennent la mairie". Pour leurs opposants dont je suis, c'est une éternité ...

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