Un professeur de philosophie est-il un homme intelligent ? Normalement oui. Un professeur de philosophie qui fait de la politique est-il un homme intelligent ? Normalement oui aussi, plus intelligent même qu'un homme politique qui ne fait pas de philosophie. Sauf que tout ça est faux. La philosophie est une présomption d'intelligence mais pas nécessairement sa confirmation.
Je veux bien sûr en venir aux propos de Luc Ferry, d'autant plus bêtes qu'ils sortent de la bouche d'un homme intelligent. Accuser sans preuve, parler pour ne rien dire, se porter garant d'un ragot, c'est inacceptable. En évoquant un ancien ministre qui se serait fait "poisser" (quel langage ! Je ne sais même pas si ce verbe existe ...) dans une "partouze" pédophile, Ferry couvre un crime si c'est vrai et trompe l'opinion si c'est faux. Dans les deux cas, c'est scandaleux, indigne du personnage, et traumatisant dans le contexte actuel que traverse la société française.
Comment un professeur de philosophie, chargé d'apprendre aux élèves à se méfier des préjugés, à analyser les rumeurs, à vénérer la vérité, peut-il se laisser aller, dans une émission de télévision, à une telle négation de sa profession, de sa vocation ?
Un homme public ne devrait jamais s'exprimer par sous-entendus, qui provoquent très vite des malentendus. Des formules telles que "tout le monde sait" ou "je ne citerais personne" sont inacceptables. Un discours politique qui procède par allusions, demi-mots, clins d'oeil est à proscrire. Style implicite, formules ambiguës, remarques de connivence devraient en être expurgés.
On ne peut certes pas tout dire en politique, mais ce qu'on dit doit être clair, précis et nominatif. La peur des noms propres est le signe manifeste d'une difficulté avec la vérité. Luc Ferry aurait dû nommer. "Qu'il parle maintenant ou se taise à jamais", selon la formule rituelle de la cérémonie religieuse du mariage.
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