vendredi 17 juin 2011

La culture et le reste.

La semaine dernier, à Chauny, j'ai animé un débat à la suite de la projection du documentaire de Régis Sauder, "Nous, Princesses de Clèves", dans le cadre des Chemins de traverse(s) de l'ACAP. Ce film montre combien un roman difficile, celui de Mme de La Fayette, peut être approprié par des jeunes gens, garçons et filles, de banlieues déshéritées. La littérature est une invention formidable : elle permet l'identification à des personnages qui nous font comprendre, aussi lointains et étrangers sont-ils, ce que nous sommes. C'est en s'éloignant de soi, par la lecture, qu'on revient à soi.

On se souvient de la sortie de Nicolas Sarkozy contre "La princesse de Clèves", selon lui inutile à étudier quand on passe un concours administratif. Réaction plutôt étrange d'un chef de l'Etat contre un monument de la culture française qu'il est pourtant censé défendre. Étrange aussi pour un adepte de la valeur travail que de refuser l'effort que demande l'étude de l'oeuvre. De Gaulle et Pompidou en seraient estomaqués. Même Giscard ou Chirac n'auraient pas osé !

Pendant le débat, j'ai pensé à la polémique lancée à Saint-Quentin par son maire sur la culture populaire. Qu'est-ce qui est populaire, qu'est-ce qui ne l'est pas ? Aragon est d'un accès aussi peu évident que Mme de La Fayette, et pourtant le Parti communiste de la grande époque a su populariser son oeuvre auprès des milieux populaires. A vrai dire, la popularité ne se décrète pas, elle se travaille. Ceci dit, les prochaines élections municipales ne se joueront pas là-dessus mais sur l'emploi : bilan de Xavier Bertrand d'un côté, projet de l'opposition de l'autre.

C'est comme au niveau national : mon parti a engagé cette semaine le débat sur le mariage homosexuel et la dépénalisation du cannabis. Pourquoi pas, c'est sans doute nécessaire, mais il ne faudrait pas que la gauche s'enferme dans cette image-là. La présidentielle se décidera sur les thèmes sociaux, pas sociétaux. A Saint-Quentin, avec la population qui est la nôtre, il ne sera question que de ça. La gauche normalement devrait s'y sentir à l'aise.

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